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sujet; (Zavko) Let me lay my head down on the shadow by your side…

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Forever is not enough…
The torturous stars are taking every breath I wish I held. The love in my heart is never ending ...
(play)

Les protections s’affaissent et s’abaissent. Familiers, les obstacles s’écroulent sous le poids de ta volonté, la perspective d’un retour te remplissant de félicité. Des mouvements erratiques de tes articulations, de l’excitation mêlée à de la nervosité. Une boule à la gorge, qui s’accroche et qui te décroche. Aventurier crétin sur le fil de ta passion, tu reviens au responsable de ton aliénation. Tu n’es plus le même, et ce depuis son influence et sa malveillance. Le martyr que tu es devenu, accro aux humeurs et à la douleur. Le spectre de ce que tu étais veille,  abattu par l’écoulement du vermeil. Pulvérisé, déglingué, tu t’évanouis sur l’autel de ta déchéance, sans t’accorder la moindre chance. Il savait que tu reviendrais. Les champs de sécurité te reconnaissent, ils t’étreignent dans une sorte de paresse. Maître sait que son serviteur sera toujours alléché par son odeur et par sa lueur. Il est conscient du fait que jamais tu ne le trahirais, qu’à son manoir tu ne donnerais jamais accès. Tu as beau être du côté des insurgés, il est là dans un coin dans ta tête. Il s’entête. Mais jamais il n’est venu te chercher. Aux griffes de ceux qui relèvent désormais du passé, il t’a abandonné. Tu ne comprends toujours pas les circonstances de ta libération, épreuve psychologique qui a failli causer ta perdition. Mais n’es-tu pas déjà égaré, de cette vie lassé? Au fond, tu es toujours prisonnier, et peut-être le demeureras-tu pour l’éternité. Un chien en laisse, dont la séparation avec sa propriétaire le met en détresse. Tu cries son prénom dans tes cauchemars, dans tes rêves les plus barbares. Tu enfouis ton visage dans l’oreiller afin de ne pas les réveiller. Des hurlements que tu arrives rarement à réfréner, les seules faiblesses que tu te crois possibles de t’autoriser. Tu essaies de colmater le manque, de le réduire en t’adonnant à la cruauté, en te dépouillant de toute pitié. Tu deviens lui. De jour en jour, il te hante avec épouvante. Un processus qui ne peut être interrompu, malgré tous tes efforts pour être fort. Tu t’es endurci, comme il l’a demandé. Et puis, la décision la plus logique pour ton esprit a été d’entamer une métamorphose inespérée. Es-tu sous l’influence d’un sort, es-tu sous son contrôle sans le savoir? Non. Tu sais qu’il n’en est rien, car lorsque tu te retrouves parfois devant le miroir, à te voir, à contempler ta nudité, tu retrouves la vérité. Ce sont tes propres sentiments qui découlent lorsque tes doigts effleurent ta peau, lorsqu’ils comptent tes os. En vain, c’est ta propre personne qui essaie de retrouver le souvenir de son contact, les réminiscences de ses actes. Ici et là, il y a ses marques, que rien ni personne ne peut effacer. Elles qui t’avaient réduit à néant, c’est maintenant leur disparition partielle qui est étrange et qui te dérange. Mais ce soir, tu vas le revoir. Ton myocarde crie la joie, tambourine en émoi. Zahari. Le prénom glisse et promet le supplice. Tu as hâte, tellement hâte, tu sens que tu vas exploser en liesse, que tu vas te réduire en pièces.

Les pas sont assurés, la confiance n’est aucunement ébranlée.  Sous terre, tes pensées sont fragmentaires. Elles convergent vers un seul et unique point, ta destination finale et fatale. Comment seras-tu reçu? Zdravko n’est plus, Désiré est revenu. Mais parfois, la faiblesse pointe le bout de son nez, et tu redeviens la propriété. Tu oscilles entre ces deux états, d’un extrême à l’autre, dans une incompréhension de ton propre être. Comme lorsque ces questions fusent et se diffusent dans ton esprit déjà trop déstabilisé. Après tant de mois, va-t-il te blâmer de t’être laissé faire prendre, d’avoir été incapable de te défendre? La logique de l’insurgé revient, implacable, inébranlable. C’est lui qui t’a placé dans une situation de faiblesse où tu n’étais pas en mesure de te battre. C’est lui qui a choisi le mauvais jour pour t’enchaîner, pour te punir pour un crime que tu n’avais pas perpétré. Il y a des moments où tu te dis qu’il l’a fait exprès. Que l’ultime châtiment était de se débarrasser de toi pour te faire souffrir, pour te faire périr. Des frissons qui grimpent les vertèbres de ton dos à cette idée, chaque fois qu’elle vient sournoisement s’imposer. N’es-tu pas présomptueux en revenant ici? Le fait d’y être invité par les sortilèges de défense n’est-il pas un moyen de fustiger l’offense, le cas échéant? Il est temps de choisir. Désiré ou Zdravko. Zdravko ou Désiré. Lequel lui fera face? Quel dernier visage avant que tu ne trépasses? Et puis, tu le vois. Tu as fait taire les alarmes, personne ne sait que tu es là. Et il te donne du dos. Oh, l’imbécile. Oh, le futile. "Hé, Danail." Tu prends une énorme satisfaction à le voir sursauter, à étudier sa réaction qui te fait délirer. Il a l’air tellement choqué, les mots lui manquent et on dirait qu’il va s’étouffer. "Je sais. Tu ne m’as pas manqué non plus, sale rat." Un coup de baguette, et il se trouve à terre. Il n’est pas de taille, même s’il était armé, il se serait pris le sol quand même. Le Petrificus Totalus que tu lui as asséné est la résultante d’un contrôle sur tes nerfs. Tu aurais pu faire bien pire. Mais ce n’est pas ce que tu es venu rechercher. "Ne t’avise pas de venir nous déranger, ou je te le fais payer, déchet." Tenté de le piétiner, de l’écraser comme le vulgaire insecte qu’il est, tu n’en fais pourtant rien, d’autres préoccupations en tête. Il ne se relèvera pas de sitôt, de toute façon. L’atmosphère est lourde, elle t’enveloppe d’une familiarité sourde. Un sentiment divin, une fois confronté au malsain. L’addiction revient à l’assaut, et fait bondir ton palpitant. Tu approches de ton but, et toutes tes émotions se mêlent lorsque tu te rappelles. Les couloirs filent sans que tu ne te défiles. Résolu dans tes envies, convaincu d’aller contre le banni.

Boule à la gorge, violente, dérangeante. La porte se dresse, lugubre. Ton appréhension grandit, et l’apeuré prend le dessus à nouveau. Ta main caresse la poignée, à maintes reprises la sienne s’est déposée. Une sorte de reconnexion progressive avec ton obsession maladive. Les dernières perles de courage rassemblées, tu la tournes résolument, malgré l’anxiété. Les lumières allumées, le bureau ordonné, le lit fait. Il n’est pas là. Et la déception se lit sur ton visage, défiant les présages. Où est-il? Dans son bain, dans le salon à lire, quelque part à écrire? Le manoir est tellement grand, et les recherches ont ce côté perturbant. Le rater, enclencher des mesures de sécurité ou tout simplement gâcher la surprise, tant de facteurs qui font que tu l’attendras ici. Tu oses, tu t’embarques dans la pente glissante de ta folie. Et c’est là que tu te retrouves assis sur le lit. Bravant les interdits. Ceux qui ont été fixés, pour lesquels tu t’es fait châtier. Tu vas au-delà de tous tes blocages, t’étendant sur le matelas qui le reçoit. La fatigue te retombe aussitôt. Où est son odeur? La peur au ventre, tu te demandes si les draps n’ont pas été lavés récemment, te privant de ton plaisir coupable. Affolés, tes doigts rabattent les couvertures et s’emparent de l’oreiller. Dans lequel tu enfouis ton nez, après l’avoir serré avec vénération contre toi. Tu fermes les yeux. Les voilà. Ces effluves particuliers, qui te font soupirer. Ils n’ont pas changé, ils ne cessent de te ravager. Tu t’enivres avec son parfum, t’enfonçant dans le gouffre de l’importun. Quelles souffrances te causerait-il s’il te surprenait? Tu pourrais tout à fait lui demander. "Mmmh…" Non, tu ne l’appelleras pas comme ça. Tu ne lui donneras pas l’avantage, ce serait trop facile, trop inutile. "Tu sens toujours aussi bon, Z-Zahari." Tes iris restent clos, tes narines toujours emplies de ses senteurs. Une nouvelle ambition se dessine, avoir les fragrances à la source. Tu jettes le coussin de côté, et enfin, tes paupières révèlent les merveilles. Le palpitant rate un battement, se perd en travers. Beau, tellement beau, trop beau. Tu cherches la surprise exquise. Tu cherches la contrariété exterminatrice. Le mécontentement sera-t-il de la partie? Tu te lèves, une main nerveuse allant ajouter du désordre dans ta chevelure en bataille. "Je vois que mon remplaçant a fait du bon travail. Tu l’as bien dressé?" Tu écrases les mètres qui vous séparent, qui servent de rempart. Tu as la peur au cœur, mais tu ne montres rien, tu es certain. Ton doigt ose et s’impose, dérape sur le torse tandis que ta lippe est coincée entre tes lèvres. "Tu es toujours aussi fort aussi, ça veut dire qu’il s’assure que tu manges lorsque tu es trop distrait par ton travail." Des platitudes que tu lui sers, la poitrine qui se serre. La jalousie est un poison qui coule dans tes veines, et qui t’entraîne. Personne n’a le droit de s’approcher de lui, de prendre soin de lui comme tu avais l’habitude de le faire. "J’espère qu’il a aussi te contenter d’une autre façon, sinon ce serait dommage." L’index descend le long du tronc, jusqu’au ventre, avant de se détacher, tremblant. Ton autre main serre ton arme, comme si tu pourrais l’utiliser contre lui. Ta magie n’aura aucun effet, elle qui ne pourra jamais le blesser. Tu affrontes ses prunelles, inflexible, impassible. Voit-il tout ton trouble, toutes les imperfections dans ta résolution? Voit-il à quel point il te bousille?
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Forever is not enough…

Le cristal sonne, le liquide tourbillonne. Un verre dans la main, des pensées qui errent sans lendemain. Il pense à lui et le nie, il lui nuit. Abandon des papiers, des dossiers pour quelques heures, le temps de se trouver un leurre. Un fracas causé par l'esclave sonne le glas. La fin possible des tourments du moment ? Dans les veines où coule la colère pulse une cruauté qui lui sera délétère. L'esclave se fige en le voyant, statue dont les yeux roulent et montrent leur blanc. Il a fauté, il le sait. L'erreur presque fatale, peut-être létale. Affolé, c'est dans ses excuses qu'il se confond, dans un espoir vain de son pardon. Mais il n'aura droit à aucune commisération. Il n'est pas assez bon. Aucun ne l'est jamais assez. Il n'a plus la patience de les dresser, imbéciles incapables d'atteindre le niveau exigé. Déchets inutiles, futiles. Il se contente de les écraser, de les annihiler. Exterminés, c'est en tas qu'ils se morcellent et s'amoncellent. L'humidité de ses yeux ne fait que rendre le maître plus furieux. Qu'il prie, qu'il le supplie. Qu'il s'enfonce, fuie dans ces ténèbres tapissées d'épines de ronces. Assassinant la distance, c'est sur la gorge que les doigts se referment, entamant la sentence. Qu'il ressente la brûlure de l'air qui n'atteint plus ses poumons, qu'il vive la suffocation. L'asphyxie n'est que le commencement, dans la démesure de sa sanction. Haïssant la liberté de ses pensées et son manque de contrôle, il fait de l'esclave coupable la victime qui lui permettra de retrouver son rôle. La proie de l'ire, celui qu'il va détruire, faire souffrir. C'est contre le coin d'une commode qu'il le balance, tandis qu'il les enferme dans le silence.

- Ferme la porte.

L'ordre claque, voix d'une douceur démoniaque. Tremblant, il exécute l'exigence, coupé par l'indolence d'un sort refermant le battant sur ses doigts qui craquent. Premier geignement, prémices de hurlements. Les maléfices fusent et c'est la douleur qui se diffuse. Un, deux, trois, puis quatre. Encore. Et encore. C'est le déchaînement de la rage gardée sous clé, le déferlement d'une cruauté frustrée. Le vermeil s'écoule, menace de l'éternel sommeil. Sur le tissu, un champ de fleurs carmin qui vient tâcher les mains lorsqu'elles l'agrippent pour le jeter hors du tapis sur lequel il gît. Accusé de l'avoir taché, abîmé, le supplice subsiste, souffrances qui persistent. Ce ne sont que des excuses pour assouvir son ire. Pourtant, c'est bien l'esclave qu'il accuse. Se lassant, l'abandonnant sur le plancher vernis par le rouge de son sang, un dernier ordre qui résonne alors que le bruit de ses pas sonne. Disparais. Pas de blessure létale cette fois pour l'esclave recroquevillé en position fœtale. Juste la douleur, la souffrance déchirante. S'il le faut, qu'il se traîne jusqu'à sa chambre en rampant, s'il le faut. Il n'a pas la moindre once d'importance. C'est sans un mot qu'il quitte la pièce et lui tourne le dos. Iskren étant occupé avec son fils, c'est Danail qu'il appelle pour nettoyer le rouge qui trahit la pluie des maléfices.

Immersion, submersion. L'eau caresse la peau, recouvre la nudité du corps. Dehors, il y a des pas que personne ne perçoit. L'air vient à manquer, les poumons à brûler. Délicate douleur dont il savoure la douceur. La légèreté d'une asphyxie qui nettoies les indésirables pensées, juste assez pour rendre sa clarté à l'esprit inassouvi. Il compte les secondes, puis remonte. La bouche se fend, les lèvres se scindent et se séparent. Impatient, l'air se précipite, se faufile dans l'interstice. Les doigts rabattent les cheveux trempés, se glissent entre les mèches puis errent sur le visage. Sur les traits le masque est toujours aussi lisse, l'imperturbable reste insondable. Il quitte l'eau, sèche sa peau. L'humidité adhère à la chemise lorsqu'il enfile les vêtements, colle parfois à l'épiderme. La porte s'ouvre et dans son dos se referme. S'engageant dans le corridor, c'est là qu'il finit par tomber sur le corps. Immobilisé par un sort, il respire toujours et dans ses yeux luit l'ire. Un sourcil qui s'arque dans l'indolence la plus parfaite, l'arrogance fasse à sa défaite. Il ne s'agit pas d'un ennemi.L'alarme aurait sonné, hurlé au moment où les défenses multiples se seraient faites briser, déchirer. Aucun intrus ne passe jamais au travers. Et l'immobilisation de Danail trahit l'identité de celui qui a franchi les barrières. Indice fragile, qui donne pourtant une réponse facile. Tournant les talons, il le laisse sans attention. Les lèvres se parent d'un rictus à l'annonce silencieuse de la fin du hiatus. Dans les yeux clairs tonne l'orage, les éclairs ragent. Le mélange est illisible, incompréhensible. L'énervement, le contentement ? L'impatience, la malveillance ? Dans l'océan de la fureur, une goutte de bonheur. Déjà évaporée, bien trop diluée. Un touche de déraison digne d'un poison. Déjà, il annihile les traîtres ressentis, émotions qu'il nie et détruit. L'esclave dérobé a réapparu, lui est enfin revenu. Il a trop attendu.

Un coup d'oeil dans la chambre, un arrêt sur le seuil. Certain que c'est l'endroit où ses pas l'ont porté, où il s'est arrêté. Les prunelles balaient la pièce, traînent sur les richesses. C'est sur lui pourtant qu'elles s'arrêtent. Elles détaillent le corps dont il se souvient encore. Il semble plus étoffé cependant, partiellement caché derrière l'oreiller. Son oreiller dans lequel le visage de l'ancien esclave s'enfouit, s'enfuit vers d'autres paysages. Pas ''ancien'', il est toujours sien. Entrant dans la chambre, retrouvant un monde en quelques secondes. Aucun effort pour camoufler le bruit étouffés des pas. L'impassibilité est son empire alors qu'il écoute ses soupirs. L'insolence d'un murmure, l'hésitation d'un nom qu'il ne peut prononcer sans risquer de brisures. Jamais Zahari n'a toléré l'impertinence, cette impudence qu'il ose pourtant. C'est un défi imprudent. Une touche de contrariété qui naît, froisse les nerfs, avive la colère. Les traits s'offrent enfin aux yeux, échange mutuel, presque sensuel. Ceux du maître détaillent et retracent les angles, redécouvrent des courbes. Mémoire fourbe, il ne se souvient que trop bien. Si ce n'est de cette détermination nouvelle  qui éveille les pulsions cruelles. Mais sous la beauté évidente, l'assurance impudente, percent toujours les fractures. Encore. Il veut perpétrer les blessures, le briser pour l'aliéner encore. Personne ne se remet jamais de lui et de ses tortures. Étrangement pourtant, savoir que Zdravko a réussi ce que personne n'avait accompli lui est presque plaisant. La prédiction d'Aramis revient à l'avant de ses pensées, hanter son esprit avant qu'il ne s'en débarrasse. Il est son défi, celui qu'il est sûr de gagner. Une main qui passe dans les cheveux, trahissant une pointe de nervosité qui n'échappe pas au regard entraîné du Vasilev. Trop habitué à chercher le détail, à trouver la faille. L'écoute du court monologue, des questions auxquelles il n'aura pas de réponses. Jamais il ne connaîtra la vérité réprimée. Les mètres disparaissent, un de ses doigts s'aventure à des caresses. Zahari laisse faire, le laisse découvrir un peu de ce corps qu'il ne lui a jamais vraiment autorisé à toucher. Il glisse jusqu'au ventre et déjà le déserte. La baguette à beau se trouver dans son autre main, jamais elle ne l'alerte. Pas besoin, il sait qu'il n'osera jamais aller aussi loin. Quoiqu'en dise sa feinte assurance, il y a toujours les réminiscences de ses souffrances, celles que Zahari lui a infligées de nombreuses fois pour le corriger.

- J'aimerais savoir, Zdravko...

Les mots restent en suspend dans l'air, au bout de ses lèvres tandis que montent ses doigts. La voix trop mielleuse, doucereuse. Caresse de mauvais augure, c'est contre sa mâchoire qu'elle se matérialise avant de raviver la blessure. Les extrémités l'ont quitté, et c'est la main qui s'abat de revers, briseuse de rêves. Claque sèche, dureté des os contre sa peau. Le mépris sur les traits, la furie dans les yeux. La cruauté d'un sourire où perce l'ire. Changement brusque, métamorphose éclair.

- Qu'est-ce qui a bien pu te prendre si longtemps pour revenir ?

Les pas arpentent, encerclent son corps alors que la langue c'est faite coupante. La demande n'en est pas une, ordre à peine déguisé par l'interrogation. L'exigence de la question. Retrouver sa peau, peu importe la façon. Un soupçon de douceur, le retour de la douleur. C'est la punition pour sa disparition. Peu importe, encore, que Zahari soit celui qui l'ait orchestrée, préparée. Zdravko n'en sera jamais rien, secret trop bien gardé, à jamais dissimulé. Même s'il faut feindre une partie, il n'empêche qu'il a trop fait attendre. La baguette glisse dans la paume, retrouve son royaume. Le bois passe sur le corps, s'enfonce au creux d'un rein pour caresser la taille, finir sur le ventre.

- Je vois que tu t'es entraîné. Qu'on t'a bien traité... Est-ce l'ineptie et l'inconvenance de ceux qui t'ont ramassé qui t'es monté à la tête pour que tu fasses preuve d'une telle stupidité ? Dois-je te rappeler que je ne tolère pas l'insolence, куче ?
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Tes sens s’éveillent et s’émerveillent. Tu es vivant, devant le spectacle ébahissant. Pour le pire à nouveau, tu soupires. L’atmosphère s’alourdit et t’étourdit. Il est là. Il est à portée de tes bras. Tu voudrais tellement le serrer contre toi, avoir son corps qui te met en émoi. Les interdits ressurgissent et s’immiscent dans tes pensées torturées. Et tu les braves, tu te dépraves, toi l’épave sans lui, sans ta lumière qui luit dans l’obscurité de ton existence qui se résume à la souffrance continuelle et éternelle. Une existence qui était en pause, pour que les espoirs se décomposent. La décadence en apothéose. Il n’est jamais revenu, il ne t’a pas retenu. Et maintenant, enfin, tu respires, tu délires. Tu te saoules avec l’air qu’il expire. Victime facile de tes désirs débiles. Martyr imbécile, qui se complait dans les cicatrices indélébiles. Tu ne cesseras jamais de ne pas être à lui. Tu lui appartiens, tu es sien. C’est une douce musique qui emplit tes tympans, qui assourdit ton ressentiment. Tu es emporté par le courant de ta convoitise, renforçant ainsi la hantise. Le revoir est comme un boulet de canon qui pénètre ta poitrine, qui arrache les racines de ton sentiment de trahison et qui te prive de ta raison. Trahi par tes propres réflexions sournoises, tandis que tu le toises. Avec l’imagination qui court sans recours. Sa beauté te frappe en plein cœur, elle apaise les peurs et domine les saveurs. Dans ta bouche s’égare le goût de l’amertume, remplacé par des réminiscences que tu assumes. Et puis son prénom quitte tes cordes, une liberté que tu t’accordes. Dans un éclair de folie meurtrière, tu défies le maître. Tu cherches à exciter sa colère. Ton objectif est de provoquer une réaction, synonyme d’attention. Savoir que tu comptes toujours, que tu as la chance de posséder de l’importance. La détermination intacte, encore moins disparate depuis que tu l’as vu, tu ne supportes plus les mètres que tu empiètes sans retenue. Et dans un courage dont tu ne soupçonnes pas les origines, tu effleures la musculature loin d’être anodine, te faisant impertinent et prêt au serment. Les corrections ne te font pas trembler, il n’y a que la séparation qui s’assure de te tuer. Et cela à petit feu, le poison odieux se répandant en conquérant. Mais elle n’a plus lieu d’être, tu as su t’en défaire et dans les retrouvailles te complaire. Tu te recroquevilles, vaincu par la jalousie, détruit par tes envies. Elle se lit dans les trémolos de ta voix qui traduisent l’étendue de ton désarroi. Dans un nuage de ravages, tu t’assassines, tu dessines les contours d’un avenir incertain où tu promets de répandre la violence et la déchéance. Ceux qui ont osé le toucher se retrouveront bien assez tôt sur le bûcher que tu comptes leur offrir, où tu seras en mesure de les détruire. Un crime que tu ne leur pardonneras jamais, du bas de ta possessivité brimée.

Et puis sa voix t’emporte, elle n’y va pas de main morte. Des graves rudes, dont la somptuosité frôle l’absurde. Tu prends garde, le ton le suggère, tout ça va finir de travers. L’avertissement n’est nullement voilé, on peut presque le tâter. Volontaire, il se glisse dans les inflexions et les hisse en admonestations. Et tout se fige, tout s’embrouille. Zdravko revient au galop. Il courbe l’échine, prêchant la discipline. Il se laisse faire, n’osant même pas évacuer l’air. Incapable de proférer ne serait-ce que le début d’un gémissement, pour que le sort ne soit pas interrompu. Désiré n’est plus là, battu. Et tes contradictions deviennent évidences, la vraie identité ressurgit sous la couche d’insolence. C’est ce que tu es désormais. Tu sais déjà ce qui s’en vient, mais Zahari a toujours su faire les choses bien. Commencer par le plaisir et le désir pour finir en souffrance et en pénitence. Un toucher léger, mais qui promet tellement de choses, qui te rend toute chose. Et lorsque la gifle retentit, tu n’es même pas surpris. Le choc te retourne, tes yeux clignent mais ta conscience était au courant auparavant. Le rouge monte, mais pas celui de l’indignation. Il n’y a qu’une marque là où sa force t’a brutalisé, où son épiderme t’a brisé. Ça fait mal, tout devient bancal. Et pourtant, tu jubiles, petit être fragile. Enfin, c’est lui. Enfin, c’est toi. Enfin, c’est vous. Tu as tellement attendu pour ça que tu en pleurerais volontiers de joie. En attendant, les larmes qui perlent aux coins de tes yeux sont la conséquence de son coup vicieux. La question néanmoins fait revenir l’ire, et c’est des émotions négatives qu’elle te soutire. Comment ose-t-il te demander ça? Comme si tu avais le choix. Comme si ne serait-ce que pendant une seule seconde, tu aurais voulu autre chose que lui de ce monde. "De vraies sangsues. C’est ce qui m’a empêché de revenir aussi tôt que je le pouvais. Elles se sont accrochées, et il m’a été difficile de m’en débarrasser." Tu te situes dans la neutralité, te retenant de te soumettre ou encore de le blâmer.  Les détails louches de ta libération s’entêtent, tournent en boucle dans ta tête. Mais tu prends sur toi-même, t’abstenant de trop le pousser vers ses derniers retranchements. Le but n’est pas de te retrouver à nouveau dans un donjon, mais bien de profiter de sa présence, de contempler sa magnificence. "Je n’étais pas assez fort. Mais maintenant, je le suis." Pas de faille comme si tu es de taille. Pas de craquelure dans les syllabes qui se perdent dans un murmure. Un écho assuré et modéré. Et puis il te tourne autour tel un vautour. Tes nerfs résistent, il ne faut pas qu’ils se désistent. C’est un cercle fatal qu’il trace, faisant de toi un animal. Acculé, pantin désarticulé. Le bâton fait irruption dans une hanche, tes résolutions s’écroulent en avalanches. Sans te faire mal, il arrive à créer un déséquilibre, et tu n’es déjà plus libre. De retour dans ta cage dorée, comme tu l’avais espéré.

L’attirance ne peut plus être combattue. Et par tes propres agissements, tu es déçu. Reprends-toi, il n’est pas loi. Les choses ne peuvent pas redevenir comme avant, il ne peut pas te casser en mille morceaux alors que c’est déjà fait. Et tu refuses de tomber sous son joug, de t’embarquer dans la tempête de son courroux. Il n’est qu’orage, attendant de déchaîner sa rage. De te marquer à nouveau lorsque les cicatrices ont quitté ta peau. "De quelle stupidité parles-tu exactement?" N’oublie pas tes objectifs à cause de tes appétits hâtifs. Dans un doux refrain, la volonté perce en un son divin. "Celle de te retourner, celle de te défier, celle de te toucher ou celle de t’appeler Zahari?" Où est Zdravko? Remplacé par son alter ego. Parfois, tu te demandes si vous n’êtes que deux à l’intérieur, à vous entretuer dans une inévitable rancœur. "Parce que je ne regrette aucun de mes actes, et si c’était à refaire, je ne changerais rien." Dans un souffle en sa direction, tes prunelles se font hardiesse, alors que tu expérimentes la liesse. C’est tellement bon de le récupérer. Les orbes coïncident, faisant vibrer l’atmosphère de pulsations délétères. Tu veux foncer, ignorer ses menaces, te jeter la tête la première jusqu’à ce que tu trépasses. Et dans un flash fugace, tu bouges la main, tu écartes le bout de bois d’un geste incertain. Et avec ton écartement, tes jambes se meuvent et te guident vers lui aveuglément. Le brasier s’allume sous tes pieds, se répandant sous chaque pas inquiet. "Relaxe, Zahari. C’est toujours moi. Il ne faut pas te vexer. Je t’ai toujours rendu la tâche dure, ça n’aurait pas été aussi amusant sinon. Et tu le sais très bien." C’est une confiance en toi qui se propage, qui anéantit tout sur son passage. Feinte, suspecte, elle n’est que la résultante de ta mine défaite. Et ton myocarde est en fête, d’avoir ainsi pu réaliser l’impossible, de ne plus être tout à fait la cible qui subit sans préavis, qui glisse le long du précipice. Même si c’est temporaire, quelle différence? C’est une victoire quand même, pour laquelle ton être danse. "Tu as toujours détesté ça, ne pas pouvoir me contrôler totalement. Zdravko le rebelle, qui n’arrête pas de désobéir, qui ne fait jamais les choses bien." Tu te penches, atteins son oreille où tu murmures, de mauvaise augure. "Mais au fond, tu aimes ça aussi, c’est pour ça que je ne suis ni Iskren, ni Danail, ni même le malheureux qui a pris ma place. Je suis Zdravko, le préféré un peu, celui qui avait l’honneur de se coucher sur le sol de ta chambre" Tes paroles sont ta seule arme, fluctuant avec tes états d’âme. Aucun toucher, aucun baiser, aucune manigance insensée. Il y a juste cette proximité que tu instaures, pour que l’impact n’en soit que plus fort. Oh, tu vas être puni. La première claque, tu l’as bien sentie. La prochaine n’en sera que plus violente. Alors autant pousser le bouchon plus loin encore. "Celui qui a le plus hurlé dans le manoir, mais aussi celui dont les gémissements de plaisir ont atteint des degrés inouïs." Oseras-tu clore par un baiser? La prudence trouve de nouveau son chemin vers ta conscience, et c’est déjà trop tard, rien que la pensée t’effare.
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Après tant de semaines et de jours, Zdravko est là, enfin de retour. Le fait saisit, la pensée exulte et te réjouit. Il était le préféré, il le sait. Ceux qui te connaissaient un tant soit peu savaient eux-aussi ou tout du moins le devinaient. Mais personne ne connaît le secret, le véritable, celui caché au creux des pages de ta Mémoire. Ou, il serait plus exact de dire que plus personne ne connaît ton secret. Ils étaient trois, en plus de toi. Aux deux esclaves éternellement assujettis, c'est toi qui a imposé l'oubli. Quant à Aramis, il s'est séparé des souvenirs de ses visions dangereuses, pernicieuses. Personne ne doit savoir, la seule trace se situe dans ta Mémoire. Plus que personne tu connais le pouvoir qu'une telle information pourrait avoir sur ta personne, car c'est sur les secrets inavouables qu'à été basé l'empire dont tes doigts tiennent aujourd'hui les rênes. Sur ceux des autres, toujours ; et il ne fait nul doute que si qui que ce soit d'autre apprenait ce que tu as fait... il serait utilisé contre toi. Les possibilités sont diverses, mais toutes les finalités se rejoignent et coïncident dans un même fait : elles seraient mauvaises, blessure probablement létale. Parce que les actes que tu caches vont à l'encontre de ce que le Lord avait alors ordonné. Parce qu'ils défient tes idéologies et tes principes. Parce que c'est toi qui l'a fait libéré, ce n'était qu'un coup monté. Chaque étape soigneusement planifiée pour mieux les manipuler. Pour que les insurgés te croient loin de ton manoir tandis que Zdravko était enfermé, enchaîné. La seule difficulté était d'atteindre les bonnes personnes, de distiller les informations et les rumeurs, sans qu'il ne soit aucunement possible de remonter jusqu'à toi. Pour que, pour une fois, on te voit comme la victime, celui dont on s'est joué. Evidemment, ni les remarques qui se voulaient cruelles, ni les commentaires tantôt moqueurs, tantôt d'une offense partagée n'avaient manqué à l'appel ; les idiots avaient sauté sur l'occasion et c'est sans le moindre émois que tu les avais tous ignoré. Contrairement aux apparences recherchées, tu restais maître des fils de marionnettes, omettant pourtant d'observer qui est celui qui bouge les tiens. A moins que, trop sûr de toi, tu ne sois convaincu de n'être rattaché à rien d'autre qu'à toi, seul maître de ta personne. Parce qu'après tout, la seule raison pour laquelle tu l'as fait libéré, c'est pour qu'il ne risque pas d'être exécuté, n'est-ce pas ? Pour ne pas voir le gachi de perdre ton esclave le plus compétant, ton favoris. Et non pas parce que tu ressens quelque forme d'attachement à son sujet.

Et après des mois, le revoilà, tout près de toi. Il te touche, ose poser ses mains sur ta personne et, un instant durant, tu le laisses faire sans te fatiguer à pousser la réflexion pour chercher une raison. Pour voir jusqu'où il pousse l'impertinence, ou simplement par envie ? Il a cette insolence qui ramène d'anciens souvenirs, réminiscences des débuts. C'en est d'ailleurs un nouveau, différent du premier puisqu'il s'agit de retrouvailles, que tu l'as déjà maté une fois pour en faire ta chose. Ton chien qui loyalement te revient. C'est à ton tour de le toucher, commençant par une caresse, promesse de détresse. Tu sais très bien qu'il devine ce qui va suivre, mais tu n'en fait pas moins. Tu le frappe, et contre sa joue le revers de ta main frappe. Ce n'est que le début de sa punition. Comme s'il y était pour quelque chose dans sa libération, qu'il t'avait volontairement fuit. Evidemment, tu sais très bien que ce n'est pas le cas. Pourtant dans le creux de tes veines coule la colère et dans tes entrailles, c'est la furie qui s'enflamme. Il aurait dû se donner plus de mal, se hâter de revenir pour te retrouver plus rapidement. Les excuses qu'il te sert, tu n'en as que faire. Tu le transperces de ton regard d'éther où se distille ta colère. Ses paroles se font murmure, sans pourtant la moindre trace de fêlure. Tu l'encercles ; autour de lui tu traces un cercle dont il est le centre, prisonnier car il a péché. Un sourcil qui s'arque et marque l'arrogance méprisante, alors que narquois tu remarques :

- Tu te crois devenu fort, Zdravko, vraiment ? Parce qu'il t'a fallut onze mois pour enfin parvenir à te libérer d'imbéciles faciles à leurrer et retrouver ton maître ?

Ta baguette s'arrête alors tu avais laissé traîné contre son torse à mesure que tu tournais, le jaugeant comme un animal que tu hésiterais à acheter. Lentement, tu la presses contre sa peau, cruellement tu l'appuie dans le creux entre son ventre et sa hanche, laissant la pointe du bois perpétrer ses maux. Serpent sournois, tu approches tes lèvres de son oreille, lui refusant leur toucher alors que la chaleur de ton souffle s'amuse à s'y échouer.

- Personnellement, j'ai quelques doutes.

Ta voix se pare d'un velours dont le venin prend de court. Souhaites-tu qu'il le sois effectivement devenu, ou le crains-tu ? C'est toi qui l'avait cassé, brisé, profitant de sa faiblesse pour le faire vénérer ta noblesse. En dépit de tes paroles, il n'en a pas moins indéniablement changé. Plus fort oui, ou peut-être un peu guéri. Et sous ton regard qui jauge ses expressions et scrute le moindre de ses gestes, il quitte à nouveau Zdravko pour retourner vers son assurance insolente. Désiré refait surface en dépit des fractures que tu lui avais infligé, en débit du fait que tu l'avais annihilé. Elles sont trop profondes cependant, pour qu'il puisse s'en départir vraiment. Tu vois vois toujours les blessures sous la carapace nouvelle. En vérité, il n'a fait qu'obéir à l'ordre que tu lui avais lancé sur une pulsion, avant de l'abandonner dans le cachot dont on l'a libéré. Il a changé, mais tu restes celui qui l'a créé. Il est toujours tien.

Drapé d'impertinence, il persiste à te tutoyer, à utiliser ton prénom, à te toucher et, comme il le dit, à te défier. Il agit comme s'il était soudainement devenu ton égal, comme s'il ne lui avait fallut que quelques mois pour atteindre une position qui lui est même refusée par son sang. Et d'un geste, ses doigts repoussent la baguette. Il n'en reste que c'est ton attention qu'il cherche, un peu de ta considération. Pour l'heure, tu l'observes en maîtrisant ta fureur, un peu moqueur. Il se rpproche plus près de toi, et le flot de ses paroles à l'insolence sans limite se poursuit. Ponctué par ses respirations de plus en plus proches à chaque étape de son approche calculée. A son tour, la chaleur de son souffle que tu as fait tant de fois fluctuer parfois dans le bonheur, souvent dans la douleur, s'échoue sur ta peau, près de ton oreille. Les affronts qu'il ose sont de ceux que tu ne pardonnes pas, appelant la sentence. Cherche-t-il à souffrir à nouveau ? Il semblerait. Mais même si ce n'est pas là son intention... Le bois de la baguette frôle déjà son ventre lorsque le maléfice la quitte, ne laissant aucun loisir à l'éclair rouge de luire. Le doloris frappe ses entrailles, et tu recules d'un pas sans plus t'éloigner, surplombant sa souffrance, trouvant plaisir dans sa douleur. Sortilège impardonnable et pourtant banal, tu aurais pu en choisir tant d'autres pour le faire souffrir et le punir. Mais tu le choisis pour le rappeler à sa mémoire, ramener les réminiscences d'un passé qui reste gravé peu importe comme il pense avoir changé.

- Apparemment tu n'as pas assez hurlé.

Tu annonces avec une satisfaction cruelle avant de relâcher l'emprise du maléfice sur ton esclave fétiche. Tu te détourne et l'abandonne, t'éloigne vers une table de verre et de bois chêne dans un coin de la pièce. Tu fais mine de l'ignorer, te servant un nouveau verre d'un whisky d'âge, alors que ton attention reste entièrement posée sur lui. L'indifférence se peint sur ton visage aux trompeuses apparences.

- Je ne t'ai pas autorisé pareille familiarité, Zdravko. Effectivement, il semblerait que leur stupidité t'ai atteint. Ne te souviens-tu pas le sort que je réserve à ceux qui osent me défier ? Mais tu as peut-être raison sur un point.

Tu marques une courte pause, le temps de lever le verre de cristal à tes lèvres pour déguster une gorgée. Le temps de te retourner pour jauger, regard  détaché et hautain, un peu assassin.

- Peut-être étais-tu bien le favori, de peu. Mais es-tu naïf au point de croire que tu vas le rester en faisant preuve d'une telle impertinence ? Si tu tiens temps à être brisé... Je ne serais pas aussi clément, Zadravko. Tu n'es ni indispensable ni irremplaçable.

C'est un peu faux, mensonge que tu ignores, persuadé de sa véracité. N'est-ce pas justement parce que tu ne voulais pas qu'on te l'arrache définitivement, que tu as manigancé sa libération ? Tu as beau dire que c'est parce que personne ne te vole quoi que ce soit, que c'est parce que tu ne délaisse tes jouets que lorsque toi, tu l'as décidé, est-ce vraiment la vérité, ou est-ce que ce ne sont que de simples excuses ? Des ruses utilisées pour tromper la cible qui cette fois n'est peut-être nul autre que toi-même...
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