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sujet; [MISSION] juillet 2002 ~ l'oeil du scribe (darwen) |
HUNTED • running man Owen Avery | « On ne vous a pas livré le manuel avec le jouet ? » Il fit mine de réfléchir un instant, secoua la tête. Supposa qu'ils devaient simplement savoir où les documents se trouvaient, puis commença à douter de sa propre mémoire. « Snape ne nous a rien dit. » « Ce chien galeux. » fit-il remarquer à Selma, qui jusqu'ici baignait dans la torpeur. La seule chose qui parvenait à tirer les deux Mangemorts de leur ennui était le harcèlement psychologique imposé par Avery. Ce dernier ne comptait certainement pas se priver de cette distraction, d'autant que les limites de Valkov semblaient encore loin. Elle avait ce qu'il fallait de retenue et d'agacement pour l'engager à continuer à la chercher. Aussi laissa-t-il échapper un rire en la voyant lui tourner le dos pour s'évanouir au loin, probablement vexée par la dernière remarque mais trop fière pour lui cracher sa répartie à la figure. Avery n'était pas habitué à ce genre de comportement. Voilà qui changeait agréablement, même si son attitude était celle d'une fuyarde, en fin de compte. Owen quitta les lieux à son tour dans un bruissement de cape, songeant à cette susceptibilité grinçante dont les jeunes gens faisaient montre ces temps-ci.
Avery atterrit les deux pieds dans la cendre en pestant contre ce moyen de transport qui ne lui seyait guère. En dehors du transplanage, rien ne lui convenait jamais. Il souffla et épousseta distraitement son costume en quittant le grand hall. Il dévala les marches jusqu'au deuxième sous-sol, en répondant distraitement aux vagues questions de Selma. Plusieurs employés qui avaient encore le malheur d'être terrés là dessous à cette heure-ci lui jetèrent des regards circonspects. Le Mangemort ne semblait s'adresser à personne sinon à lui-même et ne paraissait pas se préoccuper des murmures qui suivaient son passage. « J'ai toujours détesté le Ministère. » « C'est à cause de la bave des employés qui colle au plancher, à force de lécher les bottes des supérieurs... » ricanement coinjoint à celui de sa jumelle. Il comprenait que des gens comme son frère où cet imbécile de Lestrange se complaisent dans ces bâtiments sordides et fourmillants d'activités. En revanche ce n'était définitivement pas pour lui, et il se demandait bien comment quelqu'un comme Valkov supportait de rester tapi là dessous à longueur de temps. Leur mission devait ressembler à une véritable récréation pour la jeune recrue, pensa-t-il avec un rictus moqueur destiné au vide. En parlant de la jeune femme, il l'aperçut en train de discuter avec bonhomie avec un desdits employés. « ...par ici, Jenner n'a pas encore fait sauter vos bureaux ? » « Valkov, tu traînes, » fit-il remarquer d'une voix enjouée, amusé comme jamais en voyant le vague sourire de la blonde s'effacer à sa vue. Elle sembla se renfrogner de nouveau. Qu'avait-elle espéré, qu'il allait se perdre en chemin et qu'elle allait se débarrasser de lui aussi facilement ? Allons.
Le gardien de nuit se ferma comme une huître lorsqu'il posa son regard sur lui, vaguement intéressé par sa présence. Il le toisa de la tête aux pieds, circonspect. « Hé bien quoi, on attend quelque chose ? Tenez, on aurait besoin de savoir où se trouvent les archives de la Main du Scribe pendant que vous êtes là. Rendez-vous utile par Merlin, il faut bien que l'argent des contribuables serve à quelque chose. » Il secoua la tête, comme s'il trouvait absurde que l'on paye des sorciers à ne rien faire pendant les nuits. Le sorcier sembla traversé par un frisson et les guida jusqu'à un petit bureau encombré de parchemins classés par lettres alphabétiques. Avery laissa filer un sifflement à mi chemin entre la surprise et le désespoir en laissant couler son regard sur les étagères blindées. « Lets see. » Sourcils froncés, le Mangemort chercha l'annuaire de tous les noms. Chaque dossier recelait les informations portant sur l'identité de tous les rebelles enregistrés grâce à la Main du Scribe. D'un coup de baguette, il attira à lui le parchemin long de plusieurs dizaines de centimètres, où une liste ininterrompue de noms étaient inscrits les un à la suite des autres. Sur une petite table coincée contre un mur, il l'y déposa et sortit l'Oeil qui s'anima au contact du papier. Deuxième coup de baguette, et la bille recommença à rouler, scrutant les patronymes avec minutie. En attendant qu'elle fasse son œuvre, il se retourna vers le gardien de nuit. « Inutile de babiller à tout va sur notre présence ici ce soir. » – où vous me reverrez dans des circonstances moins sympathiques. Ultime regard perçant. La paranoïa prête à sortir les griffes à chaque occasion le faisait douter de la fiabilité et du silence de ce sorcier qui ne leur devait rien. Les missions du Seigneur des Ténèbres devaient rester secrètes. Rwick hocha la tête et recula jusqu'à sortir de la pièce, les laissant seuls. « Pourquoi être si mécontente lorsque je fais appel à tes relations, Darja ? Ce n'est pas comme si les Ollivander étaient une famille qui fait tâche sur le carnet de bal. » Avery appuya sa question impromptue d'un coup d'oeil prudent en direction de sa jeune compagne. Il y avait là quelque chose qu'il ne comprendrait certainement jamais à son sujet : cette ombre qui s'abattait sur son visage lorsqu'on avait le malheur d'évoquer sa situation sociale, enviable aux yeux de beaucoup. Un genre de profonde tristesse sur laquelle il n'arrivait pas à mettre le doigt. « Ça n'avait rien d'offensant. – Oh, finally. » L'oeil avait cessé ses recherches, et s'était immobilisée sur une ligne précise en surbrillance verte. Avery s'approcha et décrypta le nom calligraphié en pattes de mouches. Il n'y avait pas idée d'écrire aussi mal sur des documents officiels.
Grogan Toke.
« Attrapes son dossier Valkov. » Sa voix trahissait l'excitation d'avoir obtenu un résultat de cette traque insensée. La chance qu'ils avaient le sidérait. « Beau travail. Comme quoi être bien vue par les gens qu'il faut peut servir, parfois. » Un privilège qu'il avait depuis longtemps perdu, en ce qui le concernait. |
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| La plaisanterie ne devait pas durer longtemps. Bien entendu, il fallait qu'Owen débarque et refroidisse l'atmosphère bon enfant qui régnait jusque-là, les grands méchants aux masques de fer ne blaguent pas, ne sourient pas, et surtout sont absolument supérieurs au reste de la populace. Voilà donc que la fatigue et l'ennui de Darja revenait. Rien d'étonnant, au final, à ce que cela l'ait consommé toute sa vie : elle n'avait été entourée que par ce genre de personnes, qui vous rappelle sans arrêt quelle est votre place – quelque part entre en-dessous d'eux mais loin au-dessus des autres -, qu'il faut s'en montrer digne à coups de sourcils froncés et de mots acerbes. Afin de mettre en œuvre ses pensées, Avery s'engagea donc sur le chemin de la brutalisation verbale de Rwick. Darja ne put s'empêcher de se sentir mal à l'aise, malgré les années écoulées à voir ce petit jeu se dérouler, elle n'était jamais parvenue à s'y habituer. Le fait est qu'il s'exécuta, les menant dans une pièce faite d'étagères et d'innombrables dossiers. « Génial. » Elle avait toujours aimé la lecture, mais celle-ci promettait d'être ennuyeuse à mourir. Heureusement qu'ils avaient l'Oeil du Scribe, sans quoi la tâche aurait été plus qu'ardue. Et alors que ce dernier avait commencé à rouler, son camarade de mission n'avait trouvé d'autre occupation que celle de reprendre l'examen de la potionniste. « Pourquoi être si mécontente lorsque je fais appel à tes relations, Darja ? Ce n'est pas comme si les Ollivander étaient une famille qui fait tâche sur le carnet de bal. » Elle prit le temps de réfléchir avant de répondre. Elle savait qu'elle n'avait pas là n'importe qui face à elle. Avery était un membre du Cercle, il faisait partie des petits chanceux siègeant au Conseil du Magister, en d'autres termes, si toutefois celui-là estimait avoir besoin de quelconques avis extérieurs – elle en doutait fortement, bon disons la crème des larbins, alors ?
Elle ne pouvait pas lui dire que la jalousie de ceux qui étaient nés sous une étoile différente de la sienne, un peu moins brillante dans le noir, lui pesait. Elle ne pouvait pas lui dire que, même si loin de se plaindre des fastes de son existence et consciente de certains privilèges qu'elle avait, ce n'était pas de sa faute, si elle était de ce sang-là, qu'elle n'avait rien demandé. Elle ne pouvait pas lui expliquer que de la même manière, elle n'estimait pas qu'une personne sans un sou ou d'un sang différent du sien soit moins bon/bien qu'elle pour autant. Qu'on lui foute la paix avec son nom, comme si c'était un trophée à gagner, quelque chose pour lequel on pouvait se pavaner, comme si elle pouvait en être fière, alors qu'elle n'avait rien fait pour l'acquérir. Elle ne pouvait pas lui dire tout ça. Elle savait déjà qu'il ne comprendrait pas. Peu de Marqués saurait le faire. Et le plus étrange dans tout ça, c'est que malgré ses pensées déviantes, elle restait parmi eux comme un atout, une alliée loyale. Pourquoi ? Elle n'aurait su le dire elle-même – car c'était ce qu'on faisait ? Car elle était une Valkov, après tout ? La voilà, la malédiction de ce nom, et sa destinée tracée. « Et pourtant, ça sonne dans votre bouche comme un reproche. Est-ce de la simple envie, ou plutôt quelque chose comme... des regrets ? » Alors on trouvait une parade, et on paraît à l'attaque du mieux qu'on pouvait. « Mais excusez-moi, la prochaine fois je jubilerai à l'idée d'annoncer une mauvaise nouvelle à ces... relations, comme vous dites, après leur avoir déjà menti et les avoir manipulé pour une plus grande cause. Je l'ai fait de bon cœur, mais ne me demandez pas de m'en amuser. » Ses paroles sonnaient encore le glas de la prétention quand sa voix était étrangement calme, était-ce une manière détournée de lui faire payer cette même arrogance dont il usait contre tous, y compris elle ? Quelque chose l'irritait, c'était certain. Elle misait sur l'impression d'être traitée comme une enfant, impression qu'elle n'avait jamais vraiment eu à ressentir – ça faisait partie du fardeau du nom, ou bien était-ce un cadeau, ceux l'ayant pensé jusque-là s'étant bien gardés de le dire tout haut.
Le gong sonna, le nom était finalement apparu sur le papyrus sans fin. Grogan Toke, donc. Répondant à l'ordre de son supérieur - venait-il de lui faire un compliment ? Elle n'en était pas certaine -, elle alla quérir le dossier du concerné et s'empressa de l'ouvrir. Ses yeux coururent quelques secondes sur les lignes qu'il contenait. « Grogan Toke, 38 ans... Arrêté pour possession d'objets illicites, vols de moindre envergure... Plus rien depuis 1996. Ça pourrait coller. Dernière adresse connue... Tout près du Chemin de Traverse. On est partis ? » Qu'allaient-ils trouver là-bas ? Y avait-il la moindre chance que ce Toke, qui avait multiplié les larcins mais dont on n'avait plus entendu parler depuis près de sept ans, s'y trouve encore ? Il fallait l'espérer, parce qu'ils ne sauraient pas vers quelle autre piste se tourner. |
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