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C’était perturbant ; il s’inquiétait, vraiment. Il s’inquiétait pour elle. C’était ennuyant déjà à un niveau pour le moins trivial, celui de la réputation. Non pas qu’il se soit vraiment donné du mal pour acquérir cet aura de agrou agrou le méchant Mangemort étant donné qu’à peu près n’importe quelle personne qui portait la Marque se retrouvait immédiatement poursuivi par cette sombre renommée mais… il y tenait un peu. Ça l’empêchait d’avoir à trop se prendre la tête : si tout le monde partait du principe qu’il ne se souciait pas des autres, pourquoi le ferait-il ? L’opinion publique le poussait à ne pas faire d’effort dans ce sens et il en était ravi. Évidemment il y avait les cas particuliers, ses enfants, sa famille proche, ses amis qu’on pouvait compter sur les doigts d’une main qui aurait subi l’ablation du majeur, annulaire et auriculaire… Alors qu’il se surprenne en train de se faire du souci pour une petite nana qu’il connaissait depuis quelques mois et qui ma foi ne partageait avec lui aucun lien de sang : c’était perturbant. C’était inquiétant aussi. Il savait par expérience et par instinct que si l’on s’inquiétait pour une personne c’était que cette personne susdite représentait une faiblesse. Il en avait déjà trop pour se permettre d’en rajouter une nouvelle. La question simple pour savoir si oui ou non on était parvenu à un point que l’on pourrait qualifier proche du non retour c’était de se poser une très simple question : aurais-tu été perdu si elle était morte aujourd’hui ? Fort heureusement pour Rabastan qui commençait à s’engager sur un chemin beaucoup trop glissant pour être honnête la réponse d’Hécate attira son attention et lui donna une occasion de ne aps avoir trop se plonger dans la psychanalyse de comptoir : « La Bran Tower a ses avantages...j'aurais p-préféré loger ailleurs que dans cet empilement de personnes, mais à ce qu'il paraît, ce n'était pas admissible de la part d'une représentante d'une famille déjà p-peu en vogue...cela aurait paru s-suspect. » Empilement de personnes c’était exactement ce qu’il pensait et Merlin merci il faisait partie des famille contrairement à elle suffisamment bien placée (manquerait plus que ce ne soit pas le cas…) pour pouvoir se permettre d’échapper au luxe très dense de la Bran Tower. Quant aux courses, elle paraissait tout aussi experte que lui, ce qui signifiait très probablement que les placards étaient vides. Et il n’avait absolument rien sur lui, alors que ça pouvait être dans ses habitudes de se trimballer avec quelques carrés de chocolat. Alors qu’elle se levait certainement pour aller jeter un coup d’œil dans les réserves, elle eut comme un moment de prise de conscience. Comme si elle voyait quelque chose, Troisième Œil et tout le tintouin. Rabastan lui ne voyait pas grand-chose, il avait vaguement lancé un regard panoramique en entrant dans l’appartement pour repérer fenêtre et identifier d’éventuelles grosses menaces mais n’ayant rien remarqué de particulièrement effrayant et surtout ayant noté toutes les issues de secours possible il avait baissé sa garde. Et soyons honnête, il avait le regard bien trop fixé sur Hécate pour s’inquiéter d’autre chose. Ah vraiment ? Amusant à quel point ses réflexions étaient toujours interrompues à point nommé par des interventions extérieures qui avaient la grâce de ne pas le laisser se dépêtrer dans toutes les pensées que son cerveau pouvait cracher. « Non ! » s’exclama Hécate ce qui le laissa un bref moment perplexe : qu’avait-il donc encore fait ? Puis un choc au niveau de sa main le mis sur la voie. Enfin un choc c’était un bien grand mot, on pouvait peut être comparer ça à une piqûre de moustique… c'est-à-dire qu’on comprenait que quelque chose se passait mais sans vraiment le ressentir. La chose responsable de ça était une… poupée. La Louisiane… Une poupée comme on pouvait imaginer les figurines vaudou du nouveau continent et qui tenait la diabolique arme que représente une aiguille. Pas une aiguille à tricoter hein, plutôt une sorte d’aiguille à coudre. « Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? » demanda un brin curieux, un brin agacé le Mangemort qui attrapa la créature par ses cheveux secs faits dans une matière qui lui échappait pour la reposer un peu plus loin. Mais alors qu’il découvrait cette petite chose il prit conscience qu’elle n’était pas seule mais secondée par toute une armada dont certain était armés de couteaux. Ma foi. S’inquiéter pour quelqu’un était une chose, paniquer devant des poupées en était une autre et c’était là un pas qu’il ne franchirait certainement pas. Avec un haussement de sourcils qui dénotait son étonnement il leva sa baguette, prêt à faire cramer la moindre de ces petites bestioles. Il acheterait un chien à Hécate pour se faire pardonner. Surtout qu’un chien n’irait pas faire des propositions comme ses poupées : « Tu veux qu'on lui arrache les dents, pour t'en faire de beaux ornements ? » L’idée même qu’une de ses choses puissent lui arracher une légère grimace de douleur le faisait rire, c’était tellement petit. Mais heureusement pour la petite armée, Hécate apaisa les choses avant qu’il ne puisse réfléchir à comment faire cramer le tout sans abîmer les rideaux (parce qu’il avait un peu de considération) « Mais vous avez perdu la tête ma parole ! Lâchez le avant de vous faire calciner sur place ! Lâchez le tout de suite ! C'est un ami ! » Ah parce qu’il en avait sur lui en plus ? C’était que c’était léger en plus ces conneries… Mais apparemment en entendant Hécate elles rebroussèrent chemin, enfin plutôt elles se firent moins effrayantes (si c’était possible) et se mirent à faire des commentaires. « Eh ben c’est excité ces trucs là mais pas bien futé. » Il avait encore sacrément envie de les faire brûler rien que pour ne plus avoir à entendre leur voix. Non seulement les poupées débitaient des conneries mais en plus elles avaient des voix étranges qui lui vrillaient les tympans. Il n’arrivait pas vraiment à faire attention à ce qu’elles disaient et c’était peut être mieux ainsi, il comprit toutefois qu’elles avaient veillé à ce que les placards ne soient pas désespérement vides. Imaginer ces petits trucs circuler dans la Tour et voler ce qui leur tombait sous la main le conforta dans sa pensée qu’il valait mieux habiter seul que dans un immeuble. Tout en se félicitant une fois de plus de son investissement immobilier il tentait d’ignorer sciemment la phrase qui était parvenue jusqu’à ses délicates oreilles : « On pensait qu'ils t'avaient tués ceux avec les masques de fer. » On pouvait sans doute pardonner à des poupées leur ignorance quant à la situation politico-sociale de l’Angleterre et au positionnement de leur « maîtresse », quoi que c’était peut être quelque chose à régler… « Tu restes manger ? » Il sursaute et remarque qu’une des nombreuses sœurs à cheveux se tenait juste à coté de lui et l’observait attentivement tout en lui murmurant des paroles avec un débit assez élevé. Si on compte avec le fait qu’une partie de son cerveau n’était pas disponible, trop occupée à se tourmenter sur des questions de travail, qu’une autre (encore plus importante) se torturait pour soit tenter d’oublier toutes les questions qu’il pourrait se poser sur sa capacité à s’inquiéter sur Hécate soit justement pour tenter d’y répondre, il ne lui restait pas une grande part cérébrale dédiée à comprendre ce que lui disait le petit bidule. Alors il comprit en vrac qu’elle était timide (pas la poupée, Hécate) et une princesse (pas la poupée, Hécate) et qu’elle était lourde (pas Hécate, la couronne), qu’elle parlait trop (pas la couronne, la poupée) : bref c’était compliqué et ses cours d’étude des Runes bien que lointain lui semblait plus clair que le discours qu’on venait de lui servir. Et comme il triait lentement les informations, ce fut au tour d’Hécate d’en rajouter une couche : « Je suis désolée je ne voulais pas qu'ils vous agressent... c'est... je comprendrais que vous vouliez partir, mais... j'espère que vous voudrez bien accepter de… enfin de passer outre. Ils ne recommenceront plus. » Il haussa les épaules en réponse : « Agression c’est un bien grand mot. Ils faisaient leur travail, c’est le même principe que les chiens de garde non ? » Il avait l’impression de risquer bien moins gros en se faisant sauter dessus par cent petites poupées même armées de couteaux que par un Philibert en manque de câlin. « Ils sont juste trop bavards franchement… Je ne sais pas comment tu survis avec ça dans les pattes quand tu rentres chez toi. » Il s’aperçut qu’il tenait toujours sa baguette de manière offensive, après un dernier coup d’œil alentours pour vérifier qu’aucun membre du mobilier ne risquait à présent de fondre sur lui il la rangea à sa ceinture : « C’est plutôt rassurant remarque de savoir que tu es bien protéger. Enfin bien… Que tu n’es pas seule en tout cas. Mais je ne vais peut être pas m’éterniser. Tu es bien rentrée, tu n’es pas seule, je suis rassuré. Je ne veux pas te fatiguer encore un peu plus. » Retraite stratégique ? Il ne fallait pas pousser trop loin, jusqu’ici il pouvait justifier son comportement par un souci tout patronal, mais maintenant qu’il savait que tout irait pour le mieux, il n’avait plus aucune raison de rester. Aucune raison autre que son éventuel plaisir personnel. Et il ne voulait pas en arriver là. Parce que c’était mauvais signe. Sans doute. « Il va te falloir un peu de temps pour récupérer de ces jours à l’hôpital. Tu devrais vite manger, et te reposer. Reprendre les activités physiques comme les longues marches petit à petit. » Tu donnes des conseils maintenant ? En fait il essayait surtout de meubler la conversation tout en avançant imperceptiblement vers la porte d’entrée. Il ne voyait pas pourquoi il n’arrivait tout simplement pas à tourner les talons et à partir avec un simple : « Au revoir » en guise de salut, mais apparemment c’était au dessus de ses forces. Ou peut être qu’il se répendait en conseils parce que la petite poupée avait insinuer qu’elle avait besoin d’aide ? « Et si tu as un problème… n’hésite pas hein. Tu sais où j’ha… où je suis joignable. » Au bureau quoi. De toute manière il y passait 80% de son temps. « Ce n’est jamais facile de se relever. On ne peut pas le faire tout seul. »
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trop de mouvement en un seul coup, il avait pris peur et elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle aurait juste voulu qu'il reste encore un peu. Qu'il la reprenne dans ses bras juste une min...
Hein.
Ca y est. Commotion cérébrale, elle perdait complètement les pédales, bientôt elle serait comme sa grande tante Alihosi : complètement défoncée à la sauge des marais, fumant la pipe du matin au soir et discutant avec les arbres en leur donnant des petits noms.
Les petites chevelues avaient visiblement perçu la quasi-invisible expression de regret lorsque Rabastan s'était approché de la porte et l'une d'entre elle posa sa petite main sur celle d'Hécate, discrètement.

"Ce n'est jamais facile de se relever. On ne peut pas le faire tout seul"


Non on ne pouvait pas, mais souvent, on le devait. On en avait l'obligation. Hécate savait qu'elle avait été seule dans la mort de sa soeur, dans son combat dans le coma, tout comme elle le serait lorsqu'elle réapprendrait à tenir sur ses deux jambes. On était toujours seul. Mais l'entendre dire ça, c'était comme s'il lui...disait qu'il serait là. Lui.
Alors elle lui fit un sourire, sincère, épuisé, mais sincère. Ce sourire là venait du coeur et elle articula:

-Merci.


Puis il hocha la tête, raidement et la porte se referma sur lui.
La jeune femme s'allongea sur le canapé de l'appartement désormais silencieux, alors que les chevelues la recouvraient d'un long plaid de laine douce et chaude, lui calant la tête sous un oreiller. Puis, elles s'installèrent sur son ventre, sur les accoudoirs, ses jambes, dans le creux de son cou.

-Pardon de lui avoir fait peur...
-On pensait qu'il te voulait du malheur...


-Ce n'est pas grave mes chéries. Vous avez fait votre travail, je suis fière de vous. Je me suis énervée, mais ne le prenez pas pour vous.

-C'est pas grave on sait, tu es fatiguée.
-On sait bien ce que tu as traversé.
-On a vu a travers le brouillard.
-On a vu quel étaient tes cauchemars.


Il y eut un silence alors que la pénombre bleutée de l'appartement s'accentuait, le soleil se couchant progressivement sur Londres.

-Alors elle est partie Léda?
-Son âme, jamais plus elle ne reviendra?


Hécate sentit un noeud se former dans sa gorge et une larme silencieuse coula le long de sa joue.

-C'est pas ta faute tu sais.
-C'est le méchant qui l'a fait.
-Et ta grand mère elle le sait.
-Ce n'est pas ton coeur qui est laid.


Elles passèrent leurs petites mains de rafia de toile sur les joues d'Hécate, alors qu'elles se serraient contre elle.

-Ta mamé est au courant, elle sent ces choses là.
-Elle viendra te consoler elle te contactera.
-Moi j'ai plus peur pour ton papa.
-Parce qu'en vrai, c'est de sa faute tout ça.


-S'il vous plaît...est ce qu'on pourrait juste...ne plus en parler, fit la jeune femme d'une voix cassée.

-D'accord. On en parle plus.
-Mais est ce qu'on peut discuter de l'inconnu?


-Rabastan?

-Oui. Tu l'aimes beaucoup hein?
-Ca se voit dans tes yeux.
-Je crois que lui aussi il t'aime bien.
-Qu'il est un peu amoureux.


Cette fois, Hécate se redressa, pointant un index accusateur sur ses poupées.

-Hey! pas de monkey businessles petites vos blagues ne sont pas drôles et ne vous amusez pas à raconter des âneries pareilles! vous n'avez aucune idée de qui il est vous allez me faire tuer avec vos salades!

Les poupées, comme mues par un ordre silencieux, croisèrent toutes les bras et mirent les mains sur les hanches, l'air soudain réprobateur.

-C'est toi qui dit des salades il fait rien que de te regarder!
-Tu serais peut-être au courant si t'apprenais à observer!
-Nous on a vu des gens avant qui étaient très très amoureux!
-Et quand on vous voit vous parler on s'dit que c'est le cas pour vous deux!


-Vous êtes plus tarées de jour en jour.

-C'est toi tarée! c'est toi la teubée!
-Dis lui pas ça, elle est juste pas habituée!
-Elle a fait la guerre, elle a pas fait l'amour!
-Elle a toujours pensé que ça durerait toujours!
-La mort,les blessures tout le long du parcours!


-....JE SUIS JUSTE DEVANT VOUS. ESSAYEZ DE PARLER COMME SI J'EXISTAIS.


-Tu sais pas ce que tu dis t'es juste une petite fille!
-Avec un gros couteau mais niveau coeur, t'es une bille!
-T'es pas moche tu sais, c'est pas vrai ce que mamé disait!
-C'est pas que les hommes t'aiment pas, c'est que tu les effraies!
-Et puis t'as peur aussi, c'est naturel, normal!
-Seulement celui là, l'homme étoile, je crois qu'il est pas mal!
-Tu veux pas l'embrasser voir ce que ça te fait?
-Je paries tous mes cheveux qu'jamais tu t'en remettrais!
-Ca ferait bam et ça ferait boum boum!
-Dans ton petit coeur à toi ça serait comme du loukoum!


-DEGAGEZ MAINTENANT!


Les poupées éclatèrent de rire et sautèrent au bas du canapé avant de se ruer vers le coffre.

Boum boum le coeur qui bat
Boum boum dans tous ses états
Il l'a ramenée chez nous
Il la protège contre tout
Boum boum le coeur en vrac
Boum boum et patatrac
Elle va tomber dedans tu vas voir!
Un coup d'amour et dans le tiroir!


Puis elles refermèrent le coffre, toujours hilares. Hécate leur lança un coussin puis s'allongea, elle ne voulait pas penser. Ni à ces salamaleks, ni à rien d'autre. Elle ferma les yeux, Legba venant se nicher dans le creux de sa poitrine et inspira profondément son odeur douce, appréciant le poil chaud et duveteux sous ses doigts.
Bientôt, tout serait mieux.
Bientôt. Tout serait mieux.

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