❝Sometimes that light at the end of the tunnel is a train❞ Vince & Morgana
« Non. Tu déconnes. » Morgana avait observé son chef de section avec les lèvres pincées. Décidément elle avait contracté une dette irréparable dans une autre vie. Autrement dit elle était poursuivie par la haine et enculée par le destin. Sur la multitude d’agents que ces putains de français détenaient, il fallait qu’il lui envoie la seule qui avant tenté de la tuer. Certes de l’eau avait coulé sous le pont de sa vie et d’autres souches avaient eu le temps de s’y accumuler mais cette fumeuse histoire de plante verte lui restait amèrement en travers de la gorge. Même après trois ans. Elle avait été stupide de s’enticher ainsi. Ce n’avait été tout simplement pas professionnel et ça l’avait mené tout droit dans les bras accueillant d’un filet du diable qui s’était vite épris de son corps. L’amour et la digestion avait plus en commun que ce que les hommes ordinaires pouvaient penser. « Profil bas. Elle t’attend à la gare de Saint Pancras. Son train arrive à 6h30 demain matin. » La sorcière lui renvoya un regard suppliant. « Tu es la seule à savoir conduire ces machins moldus. Pas de discussions Ives. T’arrête de faire ton Magnard à Pointes, tu lui fais un grand sourire et tu la déposes au point de chute. Je ne te demande pas de coucher avec. » Et décidemment, on ne discutait pas avec le chef des Loups.
La première chose que l’ancienne serpentarde avec appris sur le destin c’est qu’il n’était pas cruel. Non, il était juste con. Con comme ce jour de pluie qui venait de réduire ses efforts de préparation à néant. Pourquoi avait-elle pris le temps d’arranger ses vêtements élimés et de coiffer ses boucles de jais en un chignon approximativement domestiqué ? Elle ne savait pas et cela l’avait exaspérée, à un point tel qu’elle avait réussi à se mettre du mascara dans l’œil, ce qui n’avait pas manqué de la transformer en panda. Bien entendu, elle n’était pas persuadée que ça serait ELLE. Pas vraiment. Pourtant, elle se fiait au pincement qui lui tiraillait le ventre depuis l’annonce. La description était sans appel. Floc. Floc. Les deux bottes dans l’eau, elle grogna contre ce putain de sort imperméabilisant qui ne fonctionnait qu’à moitié, contre ce pays de merde, contre Voldemort, contre les gosses, contre les chiens et les flics, et les moldus qui conduisaient comme des tanches ivres et contre les chiards qui pleuraient et contre le destin qui était un odieux connard et contre cette emmerdeuse de pluie qui la glaçait jusqu’au os. Passer l’auguste bâtiment en brique et suivre les indications. Lorsqu’on attendait une personne à cette heure matinale, il fallait avoir de bonnes raisons. Lorsque son regard se porta sur les autres humains en attente, elle réussit à en décrypter quelques uns : Le père de famille qui attendait la grand-mère aigrie, la famille d’accueil qui allait réceptionner le correspondant, la bande d’amis qui attendaient le dernier membre de leur groupe, l’amant éploré, l’amant éconduit dont le bouquet de roses faisaient déjà grise mine et portait en son sein l’idée même de l’échec. Cinq minutes de retard se transformèrent en une heure et demie, ce qui eut pour conséquence de changer sa solide détermination en une mélasse sombre d’angoisse et d’anticipation. Elle dansait d’un pied sur l’autre avec son quatrième café lorsque l’Eurostar trancha sur le gris environnant. Les portes s’ouvrirent et de ces dernières vomirent une foule compacte, passablement froissée et ternies par le voyage en air conditionné. Les mains tremblantes, elle laissa les voyageurs se disperser et repartir chacun vers une destination différente. Morgana resserra rapidement son écharpe pour échapper à la morsure du froid de cette fin octobre puis elle l’aperçut. Un sac matelot sur l’épaule, ses boucles des jais, sa veste en cuir et ses deux prunelles perçantes qui frappèrent la britannique avec violence. Lui revinrent en vrac : sa frustration, sa colère, sa fierté brisée, les deux cicatrices qu’elle portait aux bras, et enfin la douceur de ses lèvres sur sa peau. Juste à la commissure des siennes. C’était ça : enculée par la haine et poursuivie par le destin ou peut-être l’inverse. Ne pas se faire remarquer par les potentiels traqueurs qui pourraient rôder dans les parages. Juste s’approcher de sa cible avec un pas rapide et déterminée avant d’ouvrir les bras en signe de bienvenue, un sourire qu’elle croyait factice sur son visage. L’étreindre et coller sa bouche à son oreille avant de souffler. « Sache que je n'ai rien oublié de notre dernière rencontre mais on m'a interdit de te recevoir comme je l'entendais. "Morgana plante son regard dans le sien, un sourire énigmatique fleurissant sur ses lèvres. "Soit naturelle et suit le mouvement. On est observé. ».Ne pas s’attarder sur son cœur qui venait de jouer une farandole lyrique. Morgana lui offrit un dernier rictus en coin avant de déposer un délicat baiser sur sa joue et de prendre fermement sa main dans la sienne. Elle s’immobilisa un instant avant de murmurer en la tirant vers la sortie : « Bienvenue en Angleterre, Froggy. Je pensais que tu allais manquer notre petite sauterie ».
Morgana & Vincianne Had to be me. Someone else might have gotten it wrong.
(mythical hero) Elle sommeillait, mais d'un oeil à peine. Les réflexes tendus et l'esprit aux aguets. Si elle y réfléchissait, elle n'arrivait plus à se souvenir de la dernière fois où elle avait pu dormir sur ses deux oreilles, sans cette petite voix qui murmurait des et si. C'était comme une seconde nature, se méfier, vérfier les accès de secours, prévoir quatre plans de secours (parce que le plan A ne fonctionnait jamais de toute façon). Garder sa baguette de telle sorte que ça ne prenne jamais plus de trois secondes pour s'en saisir. L'arrivée du contrôleur moldu ne la fit même pas sursauter et elle tendit son ticket et les papiers qui attestaient de son identité. De celle qu'elle emprunterait le temps de sa mission en Angleterre. Sa Majesté Papi avait coupé toute relation avec l'Angleterre depuis l'attaque sur ses émissaires. Ca ne signifiait pas qu'il comptait laisser l'offense impunie. Vincent n'avait pas eu de mal à lire entre les lignes de l'ordre de mission. Il lui disait d'enquêter, d'évaluer la situation et le danger pour la France et de prendre les mesures nécessaires. Elle entendit ça, mais aussi que si elle pouvait, elle devait venger la mort de l'ambassadeur français. Ce qu'elle ne savait pas, c'était s'il s'agissait de réelle affection ou si c'était simplement parce que sa fierté de Roi n'admettait pas qu'on lui voler ses précieux pions. Mais elle s'en foutait un peu au fond. Tout comme elle se foutait des mésententes bruyantes qui avaient émaillé ses rencontres avec l'ambassadeur. C'était un compatriote qui était mort. Alors si elle pouvait prendre sa revanche en passant, elle le ferait. Si elle ne pouvait pas, elle forcerait les circonstances.
A bien y réfléchir, peut-être que c'était surtout elle qui voulait sa revanche. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait lancé les armées françaises contre le Magister anglais pour corriger l'affront.
Le ralentissement, puis l'arrêt du train la réveillèrent totalement, et sa paranoïa avec. Son regard clair parcourut les environs, jouant l'air hébété de celui qui vient de se réveiller, alors qu'elle se redressait sur son siège. Autour d'elle, une bande de gosses s'agitaient, rendus impatients par la durée du voyage de nuit. En face d'elle, une vieille dame râlait sur le manque de fiabilité des transports en commun (et ces parents qui ne savaient plus tenir leurs gosses) en faisant son tricot. Doucement, elle jeta un oeil par la vitre cachée derrière un rideau soigneusement tiré. Ils étaient encore dans le tunnel. Ce qui réduisait les risques d'une attaque de l'extérieur, mais ne les rendait pas nuls non plus. Elle avait étudié les plans du tunnel sous la Manche, une fois qu'elle avait eu à aller voler à un musée gallois un arteface qui intéressait Sa Majesté. Les lignes noires et fines des plans étaient encore gravés dans son esprit. Rappelée en urgence par le Roi alors qu'elle fouillait la forêt amazonienne, il y avait peu de chances que le Magister sache que la France allait envoyer un agent par voie moldue (ces crétins fanatiques du Sang Pur sous-estimaient trop l'intérêt qu'un sorcier pouvait avoir à savoir se fondre dans la masse moldue). Mais on n'était jamais trop paranoïaque. ●●● Pardon ? ● Au milieu de son anglais, son accent français s'entendait à peine. ● Je demandais ce qui vous amenait à Londres. ● Et la vieille dame lui offrit un sourire édenté. ● Oh. Je reviens d'un colloque à Paris. ● Oh, je vois. Vous êtes professeur ? ● Non, j'écris une thèse. Je suis étudiante en sciences sociales. Et vous ? ● Elle n'écouta qu'à moitié la réponse de la vieille dame, pas vraiment intéressée. Le train ne repartait toujours pas et la seule explication qu'ils avaient eu concernait un problème d'alimentation électrique. Massant sa nuque, Vincianne retint l'envie urgente qu'elle avait de se lever et de sortir du train pour parcourir le reste du chemin à pied. Elle n'aimait pas l'attente.
Pourtant il fallut bien attendre. Encore. Et les minutes s'étirèrent en une heure. Et la vieille dame parlait encore. Et il ne se passait toujours rien. Et la française ne pouvait rien faire d'autre dans cette situation. Elle se mit à regretter les tombeaux et autres bâtiments protégés où elle devait s'infiltrer. Où elle imposait son rythme. S'infiltrer en Angleterre était péniblement, douloureusement chiant. Contre son accoudoir, ses doigts se mirent à pianoter, impatients et agacés, lorsqu'une seconde annonce s'excusa pour l'attente. Le problème était réglé, merci de votre patience. Ou alors des Mangemorts s'étaient infiltrés dans le train, avaient pris la place du personnel et n'attendait qu'une occasion de la buter. Parfois elle se disait qu'elle avait regardé trop de ces films d'action que les moldus affectionnaient. Mais son expérience était toujours là pour lui dire que les clichés, sorciers ou moldus, s'incarnaient un peu trop souvent dans sa vie pour qu'elle ait le droit de s'en moquer.
A l'annonce de l'arrivée, elle avait joint la foule impatiente qui faisait la queue devant les portes du train. Se fondre dans la masse comme une ombre, un visage anonyme. Son seul bagage était un sac matelot au tissu vieux et malmené. Elle l'avait jeté sur son épaule, puis fermé son perfecto avant d'affronter l'extérieur. On lui avait dit que son contact porterait une écharpe noire (ce qui était loin de vraiment l'aider dans ce flot de personnes grippées par un automne frisonnant) et qu'elle devait prendre la direction d'un café dans la gare. Jugeant qu'elle aurait plus de chance avec le café qu'avec l'écharpe, elle le chercha du regard tout en surveillant ses alentours. C'est ainsi qu'elle la vit. Un chignon qui se rebellait, des vêtements fatigués. Et même une tentative de maquillage. Dans sa poitrine, son coeur se sentit brusquement plus léger. Morgana. Plus maigre que dans son souvenir. Mais vivante. Après sa petite blague avec le Filet du Diable (honnêtement, elle savait que Morgana ne se laisserait pas tuer bêtement pas une petite plante verte de rien du tout), elle avait utilisé le réseau de sa famille pour traquer l'écossaise. Que son retour en Angleterre coïncide avec un vol de dossiers ultrasecrets et l'impossibilité de savoir où elle se trouvait lui avait foutu les nerfs en boule. Pas tout le temps. Elle-même avait été occupée avec ses missions. Mais chaque fois qu'elle devait faire face à l'échec de ses informateurs en Angleterre, ça avait foutu ses nerfs en boule. Idiote de Morgana.
Les bras accueillants qui lui tendait Morgana firent briller un éclat malicieux dans le regard de la française, au dessus d'un sourire plein de satisfaction. ●●● Sache que je n'ai rien oublié de notre dernière rencontre mais on m'a interdit de te recevoir comme je l'entendais. Sois naturelle et suit le mouvement. ● Oh, elle se doutait vaguement que Morgana n'avait pas le même sens de l'humour qu'elle (fichue Serpentarde), et qu'elle n'avait pas dû apprécier les démonstrations d'affection du Filet du Diable. Mais ça ne l'empêcha pas de serrer plus près l'autre femme et, ses lèvres frôlant à peine la joue pâle, de ronronner avec assurance. ● Je comprends tout à fait la pudeur des british alors j'attendrai sagement qu'on soit dans un lieu privé pour te laisser me démontrer toute ton affection. ● Au sourire de Mona Lisa de sa vis-à-vis, elle répondit par une de ses expressions canailles. De celles qu'elle arborait avant de se lancer dans une nouvelle victoire. ● Soit naturelle et suit le mouvement. On est observé. ● Un instant, Vincent se demanda si elle devait la prendre au mot près et l'embrasser à la française sur le quai de la gare. Par la Couronne, elle avait autant envie de le faire que de voir la réaction de Morgana si elle le faisait. Mais ses pensées déviantes furent fauchées en plein vol par les doigts qui se glissèrent contre sa paume pour l'entraîner vers la sortie.
●●● Bienvenue en Angleterre, Froggy. Je pensais que tu allais manquer notre petite sauterie. ● Bienvenue en Angleterre en effet. Une pluie battante les accueillit quand elles passèrent les portes et la française grogna son mécontentement. Putain de temps de merde. Elle détestait avoir les cheveux mouillés quand elle ne les attachait pas. Après ils devenaient une véritable plaie à domestiquer à nouveau. ● Je me suis dit qu'il vous fallait quelqu'un pour apporter un peu de classe à la française. Eviter les blagues de mauvais goût et tout. ● Comme crever sans lui laisser la chance de finir sa conquête (qu'importe les circonstances, perdre n'était pas une chose qu'elle aimait faire). Ou perdre la guerre. Mais elle ne dit rien, jamais très encline à être celle qui avoue, et se contenta de suivre Morgana quand celle-ci les mena dans une rue adjacente dont le sol était détrempé par l'averse. La voiture n'était pas loin. Heureusement. Cependant, elle jeta un regard dubitatif devant l'antiquité à quatre roues. ● Je sais que tu es férue de romantisme au point d'avoir programmé nos retrouvailles un jour de pluie. Mais cette épave, c'est pousser le cliché un peu loin, chérie. ● Le dernier mot avait le soyeux des mots doux français. Sans doute parce qu'il l'était. Français. Mais Vincianne n'eut aucun doute que Morgana en comprenne au moins l'essence. Impossible de rater son sous-entendu avec le sourire en coin qu'elle affichait et sa tête penchée sur le côté.
Dernière édition par Vincianne de Lancastre le Sam 24 Jan 2015 - 5:27, édité 6 fois
❝Just because I like you doesn't mean I won't kill you.❞ Vince & Morgana
La voix légèrement rauque de Vincianne fit naître un début de sourire niais que Morgana se pressa d’étouffer dans l’oeuf. La française n’obtiendrait pas la victoire aussi facilement. Elle s’en fit la promesse solennelle. Pourtant, il était bien présent, tentant d’affleurer derrière la ligne mince de ses lèvres. Elle les pinça par pur esprit de rebellion. Ne pas se laisser déconcentrer par la chaleur qui mordait son bras là où la femme entrait en contact avec son corps. D’ailleurs, la sorcière était absolument persuadée que Vinciane s’appuyait plus de raison contre elle et ce dans le seul et unique but pervers de la voir perdre ses moyens. Elle lutta avec force contre le besoin impérieux et ambivalent de lui arracher la gorge et de l’embrasser. La sorcière ne se montrerait pas de nouveau faible. Elle préférait se faire arracher les ongles un à un par Alecto que de lui laisser la moindre faille à exploiter. De toute façon, l’écossaise ne se faisait pas d’illusion, cela n’arrêterait pas Vincianne Fucking Pain in the Ass de Lancastre. Elle voudrait chasser cet éclat victorieux qui brille au fond des ses prunelles claires, elle voudrait arracher ce rictus de canaille de ses lèvres. Pourtant sa verve légendaire resta muette alors que sa frustration, elle, monta quatre à quatre les marches de l’explosion nucléaire. Ses lèvres laissèrent passer un soupir consterné. Très bien. La colère. C’était une voie qu’elle connaissait bien. Grèce. Filet du Diable. La sensation de ses côtes qui se broient sous l’étreinte de la plante géante- enfin de feu la plante géante - qui gisait désormais en un tas de charbon rutilant et inutile sur le sol du Labyrinthe de Dedaleus. Tout ce qu’il y avait de plus satisfaisamment mort (enfin mis à part cette bouture que Morgana gardait religieusement contre son coeur pour se souvenir de ce qu’il se passait quand on avait la stupidité de baisser sa garde pour une femme). Le retour au Ministère et la prise de bec monumentale avec sa patronne, la salope antipathique qui portait les couilles de son défunt mari en bandoulière tant elle était castratrice - Cassandre - s'était soldée par une balle de revolver dans l'épaule et son honneur écrasé comme une blonde sur le sol. Le sort de soin que lui avait prodigué la harpie avait un affreux goût d'amertume. Morgana, qui avait frôlée deux fois la mort en une journée, se jura que lorsqu'elle remettrait la main sur cette Bouche-Cousue de malheur, elle lui ferait payer avec les intérêts.
Pourtant ses doigts avaient déjà commencé leur travail de sape. Il n’existait rien de plus dangereux que la peau contre la peau. Les échanges muets demeuraient les plus terribles. L’écossaise était, d’ailleurs, à peu près persuadée que ce qu’elles commerçaient était peu ou prou en totale contradiction avec ce qu’elle s’obstinait à penser. C’est que semblait lui indiquer son pouce qui avait pris l’odieuse décision de venir caresser les phalanges de sa Némésis personnelle. Ce fut sans doute pourquoi, Morgana accueillit la pluie avec gratitude. Peut-être qu’une bonne douche glacée lui remettrait les idées en place. Son affection. SON AFFECTION. Elle lui en foutrait de son affection ! Bien que sous certains aspects, la serpentarde considérait que le sexe était une arme comme une autre, elle savait que le fleuve complexe de ses aspirations profondes ne l’entendrait pas de cette oreille. Et même si le déni qui faisait figure d’éléphant au milieu d’une coursive n’arrivait pas à bloquer cette vérité, c’est que… • Je me suis dit qu'il vous fallait quelqu'un pour apporter un peu de classe à la française. Eviter les blagues de mauvais goût et tout. • Morgana évita de justesse de s’étouffer avec sa propre salive et faillit se faire renverser par une poussette-char d’assaut dont les moldus avaient le secret. Elle glapit en resserrant son emprise sur la main de Vincianne. Si les blagues de mauvais goût de la française ne comprenait pas « pousser une alliée dans les bras d’une créature hostile et reconnue pour sa propension à être fatale » qu’est-ce que comprenait le "de mauvais goût" ? Elle n’osa pas s’aventurer sur ce terrain et se contenta de la contempler avec une mine effarée.
Pour conserver sa contenance, la jeune femme tira sa complice dans une rue adjacente où trônait dans une majesté de pluie et de rouille, une magnifique renault super 5, rutilante citadine des années 80. Bien entendu, Morgana préférait la Triumph Street triple R qui dormait paisiblement dans son box non loin de leur destination. Ce fleuron de la mécanique anglaise l’avait charmé au premier coup d’œil et elle ne s’était pas gênée pour la payer en feuille de marronnier. Pourtant, elle n’avait pas souhaité tenter le diable et passer le trajet avec une bombe à retardement collée à son dos. La proximité de son corps contre le sien avait la fâcheuse tendance de la troubler et de lui faire commettre des erreurs irréparables. Comme renverser une grand-mère, se prendre un mur ou percuter un Minotaure en rut au détour d'un croisement. • Je sais que tu es férue de romantisme au point d'avoir programmé nos retrouvailles un jour de pluie. Mais cette épave, c'est pousser le cliché un peu loin, chérie. • Le dernier mot fit tressaillir l’Insurgée. Et elle se força à ne pas aimer le sentiment agréable qui envahit sa poitrine mais elle ne put résister à répondre par un sourire mi amusé, mi troublé à la bouille insupportable de son interlocutrice. Pourquoi se comportait-elle comme une adolescente sous high-hormonal lorsque De Lancastre séjournait dans les parages ? Sûrement parce qu’elle la ramenait à cette période trouble de sa vie où elle cherchait désespérément l’attention de quelqu’un. Et aujourd'hui, bien qu'elle ne l'admettrait jamais, l’attention qu’elle cherchait si désespérément et si inconsciemment, c’était celle de l’ancienne gryffondor. Ancienne gryffondor qui ne manquait pas de lui en accorder sa large part. « Tu as visé juste, darling. J'avais pour objectif de nous perdre dans la campagne anglaise afin de te donner ma version du coup de la panne puis de te faire sauvagement l'amour sur les sièges arrières. Malheureusement, comme tu as mis mes sombres projets à jour, nous allons devoir rejoindre cette magnifique maison de banlieue qui te fera office de palais immédiatement. Morgana roula des yeux exaspérée avant de poursuivre. "Je me suis dit que par ce temps, tu aurais été heureuse d’avoir un toit sur ta noble tête. Vous autres les français, vous n’êtes pas étanches. Et puis que ça te rappellerais la maison. " Elle repoussa légèrement Vincianne sur le côté afin qu’elle puisse insérer la clef dans la portière qui resta ouverte alors que Morgana chassait l’une des mèches ébènes et détrempée du front de la Bouche-Cousue , avant de s’attarder un peu plus que de raison derrière son oreille et de lui offrir un sourire victorieux. Voyant que la jeune femme restait sur le trottoir, Morgana passa la tête par la portière et lui fit une œillade : « Je vous emmène quelque part, princesse ? Ou vous comptez prendre racine ici ? » Son français était certes un peu rouillé mais l’accent britannique qui venait de surgir n’était pas si désagréable et s’accordait assez avec les lourds rochers que sa voix charriait. Raaaah mais par les Saintes Parties des Quatre, pourquoi rentrait-elle dans son jeu ? Elle se donna une immense gifle mentale alors qu’elle démarrait la poubelle sur roue qui crachota comme un fumeur atteint d’emphysème. Morgana pesta et tapa sur le tableau de bord avec sa baguette d’un geste agacé. L’informulé jaillit avec un panache totalement inapproprié ce qui fit pester d’autant plus la sorcière. Elle savait que sa baguette appréciait tout particulièrement la présence de l’autre femme. Son tempérament fougueux et les extrémités vers lesquelles elle la poussait devaient plaire à son caractère particulièrement frondeur ou tout simplement perdait-elle le contrôle de sa magie lorsqu’elle était dans les parages. Honteuse, elle démarra la voiture et fit demi-tour dans un crissement de pneus et d’interjections outrées, ce à quoi elle répondit par un bras d’honneur assorti d’une flopée d’injures hurlées en large partie en gaelique, le reste étant brouillé par un lourd accent écossais qui rendait l’ensemble incompréhensible. Pour le flegme, on repasserait. Morgana se concentra sur la route. Ne pas se focaliser sur l’odeur la pluie et d’agrume qui avait envahit le petit habitacle. Ni le fond de musc blanc. Cette légère touche sauvage et boisée qui la caractérisait. Rester concentrée sur le long ruban d’asphalte. Sur les feux. Sur les cons et surtout pas sur les babillages provoquant de sa voisine.
La voiture finit par s’arrêter dans une rue sans charme particulier, bordée de maisons de ville aussi identiques les unes que les autres. L’écossaise s’extirpa de l’habitacle avec un soupir de soulagement. Le ciel, quant à lui, n’en finissait plus de déverser ses seaux d’eau glacé donnant aux murs en brique gris sale, un aspect particulièrement lugubre. Se serrant sous la porte cochère pour laisser de la place à Vincianne, elle introduisit la clef dans la serrure et repoussa la porte bleue qui s’ouvrit sur un étroit corridor. Les sortilèges de protection n’avait pas encore été installé au cas où des traqueurs auraient eu la bonne idée de se pointer dans le voisinage. « Bienvenue chez toi, Vince. » Elle lui glissa un regard de côté avant de lui laissant le loisir de pénétrer dans sa nouvelle demeure. Tant qu’elle ne lui demandait pas de la porter sur le seuil, tout irait bien. Les mains dans les poches, elle attendit. Lorsqu'elles furent rentrée, Morgana qui avait plutôt un naturel taiseux ce qui lui évitait la plupart du temps de faire des gaffes ne put retenir la question qui lui brûlait les lèvres. "Qu'est ce que tu viens faire ici précisément ?"
Morgana & Vincianne Had to be me. Someone else might have gotten it wrong.
(mythical hero) Elle n'était pas difficile. Elle avait conduit son compte de carcasses de voiture sauf qu'en général, c'était au milieu d'un désert ou dans les coins les plus perdus de la planète. Pas au milieu de la civilisation londonienne ! Honnêtement, cette voiture était une épave qui n'allait pas tarder à abandonner ses roues sur le bord du chemin ou à leur exploser à la gueule. Si Morgana voulait passer inaperçue, c'était loupé : la bagnole était tellement vieille que sa place était dans une décharge. Ou dans un musée. L'espace d'un instant, Vincianne se demanda même si Morgana n'essayait pas simplement de se venger (cette fille avait toujours eu un humour de merde et la française était persuadée qu'elle lui en voulait encore pour le Filet du Diable). ●●● Tu as visé juste, darling. J'avais pour objectif de nous perdre dans la campagne anglaise afin de te donner ma version du coup de la panne puis de te faire sauvagement l'amour sur les sièges arrières. Malheureusement, comme tu as mis mes sombres projets à jour, nous allons devoir rejoindre cette magnifique maison de banlieue qui te fera office de palais immédiatement. ● Oh ... les images que Rainette venait de faire naître dans son imagination étaient tout sauf politiquement correctes. Vincianne s'imaginait plus que bien faire bibliquement connaissance avec Morgana. Avec plaisir. Et elle n'en rougissait même pas, l'insolente gavroche. Tout au contraire, le sourire chargé de sous-entendus qui illuminait son visage et ses yeux clairs plaidait mille fois coupable alors qu'elle avait l'audace de frotter du pouce la main de Morgana. On pourra toujours tester le lit, chérie, voulut-elle rétorquer en approchant sa bouche d'une oreille au lobe tentateur. ● Je me suis dit que par ce temps, tu aurais été heureuse d’avoir un toit sur ta noble tête. Vous autres les français, vous n’êtes pas étanches. Et puis que ça te rappellerait la maison. ● Ses sourcils se froncèrent, une moue charmante d'enfant capricieuse s'empara de sa bouche. Un peu à cause du froid soudain qui lui mordit les côtes quand Morgana la repoussa. En partie, parce que le château des Lancastre était un monument historique, pas une épave qui risquait d'envoyer ses occupantes ad patres ! Petite Vincianne n'aimait pas trop qu'on moque la demeure de son enfance. C'était son petit point de susceptibilité. Mais définitivement parce que le geste de Morgana fit naître un frisson juste à l'endroit où ses doigts entrèrent en contact avec la peau sensible de son oreille. Frisson qui trouva en sa colonne vertébrale un parfait terrain de jeu. Pas qu'elle soit dérangée par les sensations à proprement parler. (Par la tombe de Merlin, si elle était dérangée par une once de désir et trois frissons sur la peau, alors elle n'avait plus qu'à se suicider à cause des choses qu'elle n'avait pas fait que ressentir) Mais Vince était exagérément sensible aux oreilles depuis toujours et elle se demanda comment Morgana avait bien pu découvrir ce point faible chez elle. Elle était presque certaine que l'ancienne Langue-de-Plomb n'était pas au courant la dernière fois. Et si elle n'hésitait jamais à s'amuser avec les points faibles des autres, force était d'admettre qu'elle n'appréciait pas tellement être celle dont on se jouait.
Elle en était là de ses réflexions, toujours à se noyer sous l'averse anglaise et pas décidée à entrer dans l'épave à moteur, lorsque Morgana sembla s'impatienter. ●●● Je vous emmène quelque part, princesse ? Ou vous comptez prendre racine ici ? ● C'était exactement ce qu'il fallait à la française pour se remettre d'aplomb. Avec un grand rire, elle consentit à parier sa vie en s'installant sur le siège passager, son sac calé entre ses jambes (plus facile au cas où elles se faisaient attaquer). Puis elle ferma la portière avec un semblant de délicatesse, avant de se caler au fond du siège défoncé et d'innocemment glisser sa main dans la poche enchantée de sa veste en cuir. Toujours garder sa baguette à portée de main. Ca avait souvent été une question de survie et avec cette mission, Vince sentait qu'elle n'aurait pas uniquement à se défendre face aux agents du Magister. La voiture semblait même la première volontaire à écourter sa vie. ● Je viens de comprendre, et à entendre sa joie faussement naïve, elle s'apprêtait à lâcher une bombe dans l'espace réduit de l'habitacle : Je dois t'embrasser, Rainette, pour que tu te transformes en prince ! ● Si Morgana répondit, la réponse fut noyée dans les râles d'agonie d'un moteur fumant. Et d'ailleurs la baguette qu'elle sortit fit considérer, le temps d'un battement de cœur un peu trop rapide, que l'écossaise était peut-être la première volontaire sur la liste des causes de mort potentielles de Vincianne de Lancastre.
Mais non. Même pas. Morgana chercha simplement à arranger le moteur d'un informulé charmant de panache. Ce que Vincianne ne put s'empêcher de commenter, comparant le fait avec un paon en pleine parade nuptiale. A voix haute, pour faire profiter sa compagne de ses théories. Morgana ne pipa mot. ●●● Tu préfères qu'on joue aux hippocampes sinon ? Vu que tu as décidé de prendre le rôle du prince, ça ne me dérange pas de te refiler nos charmants bébés. ● Toujours pas un mot alors que Vincianne remplissait le silence avec des bavardages qui auraient fait rougir sa mère (la pauvre femme espérait encore que sa fille aînée se comporte en parfaite dame du monde) et fait rire son parrain (parce que chaque jour qui passait n'était qu'une preuve de plus que Vincianne était bien la fille de Léopold de Lancastre). ● Tu sais que puisque qui ne dit mot consent, je vais simplement considérer que tout ce que j'ai dit est désormais vérité vraie ? ● Glissa-t-elle avec un sourire provocateur lorsque la voiture s'arrêta dans une rue de Cambridge.
Sortant de la voiture avec la charmante surprise d'être encore et vivante, et entière, Vincianne ne suivit pas immédiatement Morgana, malgré la pluie. Sac jeté sur l'épaule, et une main au chaud dans une poche, elle observa l'endroit. La maison était banale, noyée au milieu de comparses semblables. Pas de cheminée. Parfait. Un petit mantra murmuré lui révéla que les insurgés n'avaient pas protégé la maison et c'était tant mieux. Vincianne ne comptait poser aucune protection magique. Elle se contenterait de pièges localisés aux endroits stratégiques, moins détectables si jamais un sorcier passait dans les environs. Après tout, ce n'était pas vraiment comme si elle voyageait avec beaucoup d'affaires. Le tout tenait dans le sac marin aux coutures fatiguées. Le reste était remplaçable ou serait caché dans d'autres caches une fois qu'elle aurait pris le temps de sillonner la région. Plus tard. En courant, Vincianne rejoignit Morgana sous le porche, ravie de profiter de l'espace couvert réduit pour se coller, littéralement, à l'écossaise en chuchotant d'un air suggestif qu'elle avait hâte d'être au sec et au chaud. ●●● Bienvenue chez toi, Vince. ● On dirait un couple de jeunes mariés. ● Et avec un sourire moqueur, elle se faufila dans le boyau de couloir qui figurait l'entrée. Au bout, elle voyait la cuisine et devinait un vieux frigo. Sur sa droite, la porte qu'elle ouvrit donnait sur le salon et elle devina que la volée de marches à côté du canapé menait à l'étage et à la chambre. La décoration devait dater du siècle dernier mais c'était propre et sec (une belle amélioration par rapport à l'extérieur donc). Et les meubles étaient simples, réduits au strict minimum. Pas vraiment en bon état mais elle s'en foutait pas mal comme le prouva le geste qui jeta sa veste sur la table basse - loupa ladite table et vit ladite veste dégoulinante finir sur le tapis sans que la sorcière fasse un geste pour ramasser le vêtement. Par contre, il y ava- ● Qu'est-ce que tu viens faire ici précisément ? ● Interrompue dans son inspection, la française se tourna pour faire face à sa comparse. Sa tête penchée sur le côté avait jeté sa chevelure lourde de pluie sur son épaule et ses yeux brillaient d'une lueur interrogatrice. ● En tant que noble Gryffondor, je viens donner un coup de main. On n'est pas tous des Serpentards avec des arrière-pensées. ● Non, c'est vrai que dans le cas de Vince, on était parfois des Gryffondors avec des arrière-pensées. Baissant les yeux sur son haut trempé, elle le remonta sur sa poitrine pour commencer à l'essorer. Des années à cavaler dans les lieux les moins civilisés du monde avaient fini par la rendre impudique au possible. ● Quoi ? Tu ne me crois pas ? ● Demanda-t-elle en levant les yeux vers Morgana qui la fixait avec un air dubitatif, sinon franchement suspicieux. ● Est-ce que je t'ai menti un jour ? ● Bon. Elle avait peut-être omis des informations à Morgana plus qu'à son tour. Annoncé quelques vérités qui attendaient encore de devenir vraies.
Dernière édition par Vincianne de Lancastre le Ven 24 Oct 2014 - 2:16, édité 1 fois
❝Just because I like you doesn't mean I won't kill you.❞ Vince & Morgana
Morgana resta un instant tétanisée sur le seuil de la porte. Chaud ? Elle avait l’impression de vivre la douche écossaise. Brûlante et glacée, ses joues s’empourprèrent violemment. Elle pria pour que Vincianne ne s’en aperçoive pas. De toute manière, elle inspectait déjà sa nouvelle demeure. L’ancienne serpentarde, quant à elle, connaissait déjà le lieu. C’était sans doute ce qui c’était le plus rapproché d’un foyer au début de sa fuite. Intégrer le monde des moldus n’avaient pas été une mince affaire et elle s’était révélée être une totale incompétente avec leur informatique. Les appareils grillaient les uns après les autres à son contact et elle s’était tout simplement résolue à vivre simplement, entourée d’une solide armée de monstres mécaniques. Elle avait aimé être avec eux mais n’avait pu s’empêcher de se sentir amputée d’une partie d’elle-même. D’ailleurs, si elle se souvenait bien, avant son départ, elle avait planqué quelques effets personnels dans le conduit d’aération. Toutefois, Son attention était momentanément détournée par la légère tension qui naissait dans sa poitrine. Son trouble grandissant l’exaspérait. Pourquoi avoir envie de sourire comme une bécasse alors que la française ne faisait que jouer ? Tu me fais de la peine ma pauvre fille. Soigneusement, elle ignora la voix criarde de sa conscience en retirant sa paire de boots et ses chaussettes qu’elle posa sur ces dernières avant de les ranger méticuleusement près de la porte du salon. Le contact du plancher en bois brut la rasséréna un peu. Sa baguette fut prestement replacée sans la poche arrière de ses jeans détrempés alors qu’elle laissait sa veste sur le dossier d’une chaise avant de ramasser machinalement celle de sa compagne. Ses doigts errèrent un instant sur le cuir avant qu’elle ne la mette à sécher convenablement. Même si elle n’avait pas hérité entièrement de la froideur clinique du reste de sa famille, Morgana avait toutes les peines du monde à tolérer aussi peu de soin. Oui, peut-être bien qu’elle se comportait comme une jeune mariée ou comme une colocataire agaçante. Elle hésitait sincèrement entre les deux. La jeune femme s’étreignit alors que la chair de poule rampait sur ses avant-bras. Le froid. Un manque agaçant. Elle détestait la manière dont Vincianne arrivait à se glisser sous ses défenses à chaque fois. Certains jours, il lui semblait évident qu’elle aurait dû la laisser mourir de soif en Crète. Peut-être que sa vie aurait été absolument plus simple. Ou affreusement plus terne. Toutefois, une chose était certaine et terrible, la venue de la française allait changer un certain nombre de paramètres. Comme si j’avais besoin de ça…
● En tant que noble Gryffondor, je viens donner un coup de main. On n'est pas tous des Serpentards avec des arrière-pensées. ● Le regard clair de la sorcière perdit encore quelque ton. On en était encore là. A ce stupide conflit entre les vils serpentards et les nobles gryffondors ? Que dire à part que le pire venait sans doute du fait que l’on continuait de la mépriser chez les Insurgés, et ce en sus de sa détestable habitude de recourir à la magie noire et à la violence, parce qu’elle était une vert-et-argent et qu’elle appartenait à une famille qui soutenait le nouveau gouvernement. A la rigueur, il n’y avait guerre que les Poufsouffle pour ne pas avoir produit de mages noirs. Il fallait dire que cette maison lui avait toujours donné de l’urticaire. Tant de bien-pensance et de camaraderie réunies en un seul et même lieu lui avait toujours un peu retourné l’estomac. Elle serait le chevalier noir puisque le rôle de paladin parangon de la vertu et de l’honneur était déjà pris. « Et en tant que créature vouée à ramper dans les cachots, je viendrais vous sauver de l’un de vos faux-pas chevaleresques, votre Majesté. On a toujours besoin d’un plus petit que soi. » Elle lui offrit un sourire grinçant. Au moins, la génétique lui avait attribué trois centimètres de plus que la femme qui lui faisait face et c’était déjà une victoire. Triomphante, l’écossaise lui lança un regard particulièrement venimeux et dubitatif lorsque ses prunelles glissèrent un instant sur sa joue avant de dévaler la pente douce de sa gorge à la suite d’une goutte de pluie qui partit mourir plus bas. Morgana déglutit difficilement. Oh non, elle ne va pas faire…Elle l’a fait… Son regard se détourna de sa peau nue comme brûlée. Par Merlin, avait-elle détruit une civilisation entière, ouvert la boîte de Pandore, voler le pain d’un mendiant pour mériter une telle punition. Morgana avait toujours considéré les plaisirs de la chair comme quelques besoins que l’on pouvait décemment mettre de côtés afin de se consacrer à la Connaissance. Ce n’était pas désagréable et elle avait quelques amantes qui émaillaient son ancien carnet d’adresses mais elle avait toujours gardé sous contrôle la moindre de ses pulsions et autorisé la perte de contrôle à des moments bien définis. Or, Vincianne semblait pouvoir faire exploser ses principes en une fraction de seconde et réduire ses croyances en miette sans que ça ne lui paraisse anormal. Ce qui la rendait affreusement mal à l’aise, pieds nus au milieu de ce salon vieillot alors que le serpent du désir venait méchamment de la mordre la base de sa colonne vertébrale. ● Quoi ? Tu ne me crois pas ? ● Morgana bafouilla quelques paroles inintelligibles, alors que son regard allait se perdre dans une magnifique nature morte représentant un plateau de fruits aussi appétissant que le buffet d’anniversaire de Nick-Quasi-Sans-Tête. Elle s’abîmait déjà dans la contemplation d’une poire tout d’un pourpre maladif et abjecte quand la française revint à la charge. ● Est-ce que je t'ai menti un jour ? ● Menti ? Oui. Plusieurs fois. Sur son identité d’abord. Puis elle avait brisé sa confiance…Que tu n’aurais pas dû lui offrir de toute manière, se morigéna-t-elle avec verdeur. Ses lèvres se pincèrent alors que la gêne disparaissait comme un enchantement qui s’étiolait. Voilà la raison pour laquelle Morgana se refusait obstinément à sa compagnie. A bien des égards, Morgana avait moins trompé son monde que Vincianne de Lancastre. Elle avait toujours été d’une honnêteté terrible. On savait toujours à quoi s’en tenir, notamment dans le pire. Vous aviez le menu dans le détail.
« Ne me pousse pas sur ce terrain là. » Elle venait de faire un pas, ses pieds laissant des traces humides sur le plancher. « Tu n’as pas le droit. » Le coup du Filet du Diable aurait pu être une funeste blague de potache, sauf qu’elle avait bien failli mourir deux fois ce jour-là. Elle avait bien failli échouer parce qu’une gamine avait jugé bon de la tourner en ridicule puisque briser la confiance que leur mission avait construite n’était pas suffisant. Sa voix roulait doucement entre elles comme une promesse d’orage. Un calme avant la tempête. Un autre mètre. « Tu m’as trahie et c’est la pire chose que tu aurais pu faire ce jour-là. Tu m’as abusé et abusé de ma confiance. Tu aurais pu mettre en péril toute mon exfiltration. Alors ton credo sur ton ancienne maison, tu te le gardes. Je ne veux plus l’entendre, tu m’entends ? » La sorcière venait de pénétrer l’espace vital, le visage fermé, les poings serrés contre ses côtés. Est-ce qu’elle allait la frapper ? Non. Même si sa colère était juste. Son corps s’était tendu soudainement avant de d'un soupir elle ne les relâche. Elle passa une main lasse dans sa chevelure sombre et poursuivit plus calmement : "Je suis désolée. Je suis fatiguée et peu patiente. Oublie ça." Morgana se détesta pour les fêlures qu’elle percevait dans sa voix. Elle n’aimait pas les scènes et les drames. C’était absolument ridicule. Elle aurait dû la brûler d’une flamme vengeresse et non avec ce minable plaidoyer de… de pauvre fille en mal d’amour. Elle savait pertinemment que tout ce bordel n’était pas quelque chose de personnel, que Vincianne avait une mission. Ce qui la tuait le plus, c’est qu’elle savait pertinemment qu’elle aurait été incapable de faire la même chose. Foutu orgueil.
Avec un soupir las, la sorcière se détourna en se mordillant pensivement la lèvre inférieure. Elle avait besoin de se calmer et de faire le point. Un grognement sourd provenant de son estomac la rappelèrent à son devoir. Ses pas la guidèrent jusque dans la cuisine où elle sortit de quoi préparer un petit- déjeuner digne de ce nom. On avait pris soin de garnir son placard pour son arrivée. Une privilégiée. Préparer le repas était étrangement une tâche qui lui avait toujours incombé et d'entre tous ses compagnons de lutte, elle était l'unique maîtresse de ces lieux. Certains racontaient qu’elle leur faisait bouffer du mangemorts pour les rendre plus agressif. C’était tout simplement une tâche qui l’apaisait et qui lui permettait de se concentrer. Des gestes répétitifs et précis lui permettaient de se focaliser sur autre chose que la guerre et la destruction. D’une autre manière, la nourriture est un don et les dons apaisent les tensions. Or, il fallait impérativement qu’elles puissent travailler ensemble, n'est-ce pas ? Regarder derrière soi était déjà suffisamment pénible pour qu'on ne rajoute pas d'autres adversaires au grand jeu de la vie. Ce fut sur ces pensées que Morgana faillit percuter Vincianne dans le couloir alors qu’elle sortait de la cuisine avec un plateau garni de thé fumant et du plat proposé. « Des crêpes ? ». Elle lui offrit avec un sourire presque sincère alors qu'elle se dirigeait vers le salon. Une fois installée, l'écossaise s'enroula dans un plaid et se tourna vers l'autre femme. "Plus sérieusement. Comment comptes tu nous aider ? Je ne remets pas en cause tes compétences mais il nous aurait fallu une armée. Sans vouloir t'offenser".
Morgana & Vincianne Had to be me. Someone else might have gotten it wrong.
(mythical hero) Ses esquives trouées de non-dits et tachées de mensonges, semblèrent déclencher un blizzard dans le regard de l'écossaise. Mais si elle le réalisa, elle s'en moqua et continua à jouer la mauvaise mélodie face au serpent. Crois-moi, réclamait-elle. T'ai-je déjà menti ? demandait-elle. Pas de remord au coin des yeux, pas de regret au coin de cette bouche sourire. Vincianne avait menti. Souvent. Plus qu'une personne honnête ne le faisait. Plus que ce qu'un Gryffondor était censé le faire si on s'en référait aux clichés et aux lieux communs. Mais ça ne l'empêchait pas de jouer avec les stéréotypes. C'était comme lorsqu'elle jouait à changer son visage. Un simple jeu. Coller et décoller les étiquettes. Tordre et distordre ces vérités manufacturées pour les servir aux gens en guise d'excuses. Métamorphomage, jouer un rôle était une seconde nature. Depuis l'enfance, elle enfilait une identité comme on choisissait une veste dans un placard. Observer, imiter, puis devenir. Et parce qu'elle avait le don de se travestir, de se déguiser, elle n'avait jamais placé beaucoup de valeur dans ce qui était pourtant si naturel. Etre soi.
Et parfois, comme aujourd'hui, ça la faisait valser sur des terrains minés de ressentis qui n'attendaient que de lui exploser à la gueule. Mais elle en avait l'habitude à force. Les gens n'aimaient pas les trahisons et les mensonges, et Vincianne en avait plein les poches, toujours prête à les offrir de bonne grâce.
●●● Ne me pousse pas sur ce terrain là. ● Le regard clair qui la fixait avait des airs d'ère glaciaire et le ton vibrant charriait des icebergs d'indignation. Surprise, ses mains retombèrent contre ses cuisses sans que la française se soucie de tirer correctement sur son vêtement. ● Tu n’as pas le droit. ● Un sourcil s'arqua, interrogatif. De quoi parlait Morgana exactement ? ● Tu m’as trahie et c’est la pire chose que tu aurais pu faire ce jour-là. Tu m’as abusé et abusé de ma confiance. Tu aurais pu mettre en péril toute mon exfiltration. Alors ton credo sur ton ancienne maison, tu te le gardes. Je ne veux plus l’entendre, tu m’entends ? ● Oh. Mais Morgana comptait faire la même chose cette fois-là, non ? Leurs gouvernements voulaient tous les deux la relique, elles ne s'étaient associées que de façon temporaire. Uniquement pour trouver l'artefact. ● Nous n'étions pas alliées à ce moment, tu aurais fait pareil si je t'avais laissé le temps. ● Commença-t-elle, sourcils froncés. Vraiment, elle ne voyait pas le souci. En la jetant dans ce Filet du Diable, elle avait épargné sa comparse autant qu'elle s'était épargné une tâche pénible. Après tout, si elle n'avait pas agi la première, Morgana aurait fait un mouvement tôt ou tard, Vicianne n'avait absolument aucun doute à ce sujet (c'était comme ça que ça fonctionnait dans le milieu, les associations n'étaient jamais que temporaires), et perdant l'avantage, elle n'aurait pas eu d'autre choix que de l'éliminer de l'équation d'une façon bien plus ... définitive. Est-ce que la Langue-de-Plomb reportait sur elle la frustration d'avoir été, ce jour-là, la perdante ? Elle allait lui poser la question lorsque Morgana clôtura brutalement la conservation. ● Je suis désolée. Je suis fatiguée et peu patiente. Oublie ça. ● Avant de fuir le salon devenu soudainement glacial et une française dubitative, la bouche pleine d'interrogations.
●●● Autant la laisser digérer ça. ● Marmonna la française avant de frissonner, soudain pleinement consciente du froid qui hantait la maison de ville. Alors, d'un geste mécanique, elle jeta son haut mouillé et son soutien-gorge qui s'échouèrent sur le canapé avant d'ouvrir en grand son sac marin et d'en extirper un pull d'un bleu presque noir qu'elle enfila presquement. Dans la cuisine, elle entendit le bruit de placards qu'on ouvrait et qu'on refermait sèchement et après une hésitation, elle sortit un second pull. ● Morgana ? Je peux venir ou - ● Elle s'interrompit brusquement, posant ses mains sur celles de l'écossaise pour l'aider à stabiliser le plateau. ● Des crêpes ? ● Cette femme avait l'art de la surprendre. Elle avait l'air prête à l'égorger tout à l'heure. Ou peut-être que le sourire était un leurre et qu'elle voulait l'empoisonner avec le thé. Vincianne l'avait déjà vu faire ça avec un informateur qui avait tenté de les doubler et qui les avait jetées droit dans un repère de sorciers aussi crasseux que violents. ● Est-ce qu'au moins ça peut être rapide et indolore ? ● Demanda-t-elle, appuyée contre le chambranle en regardant Morgana déposer le plateau sur la vieille table basse. Puis s'enrouler dans un plaid au lieu de lui demander des vêtements secs. Sérieusement ? Un sourire vint courber ses lèvres alors que toutes ses remarques qui dansaient sur sa langue se glissaient silencieusement jusqu'à la fossette creusée. ● Plus sérieusement. Comment comptes-tu nous aider ? Je ne remets pas en cause tes compétences mais il nous aurait fallu une armée. Sans vouloir t'offenser. ● La française n'offrit pas tout de suite de réponse, haussant les épaules alors que ses pieds nus la ramenaient dans le salon. Sans un mot, Vincianne lui jeta au visage le second pull roulé en boule. ● Tu vas chopper la mort dans ces vêtements trempés et usés. ● Expliqua-t-elle sans laisser le temps à Morgana de se plaindre ou de s'énerver. Puis, n'ayant pas réussi à trouver le chauffage, elle se dirigea vers la cheminée. Elle était vieille et manquait probablement d'entretien, mais au fond, c'était toujours mieux que certaines nuits passées dans une grotte ou elle ne savait plus où. ● On ne t'a pas dit pourquoi je venais ? ● Jetant négligemment les quelques bûches abandonnées sous l'âtre, Vincianne réfléchit, faisant rouler les mots sur sa bouche comme pour goûter leur saveur. Comme elle l'avait dit : elles n'étaient pas alliées autrefois. Mais elles l'étaient désormais. C'était une situation inhabituelle pour elle qui avait l'habitude de travailler seule ou avec un compatriote. ● C'est tout comme je l'ai dit : je suis venue vous aider. Percy a dit qu'il vous fallait plus d'intel', et tu sais que je suis la meilleure pour vous dénicher ça. ● Lâcha-t-elle enfin, alors que ses doigts courraient le long de l'épais linteau de bois à la recherche d'allumettes. Puis elle soupira avant de lancer un informulé qui fit craquer les bûches. Autant pour l'empreinte magique à minimiser, elle ne tenait pas non plus à chopper la crève. ● Sa Majesté n'a pas apprécié qu'on tue un de ses émissaires, mais Elle ne va pas risquer ses armées dans une guerre contre votre Magister alors que vous êtes aussi désorganisés que le parti puriste. Et sans vrai leader. ● Vincianne, elle, aurait lancé leurs armées contre les Mangemorts pour corriger l'affront. Attaquer le Représentant d'un pays, c'était fouler du pied les accords et les relations diplomatiques avec ce pays. C'était une déclaration de guerre, ni plus, ni moins. Et Vincianne la leur aurait donnée, cette guerre. Avec plaisir. C'était pour ça que, contrairement à Antoine, elle n'était pas taillée pour être Général. Elle était meilleure tacticienne que stratège, indéniablement.
Puis elle se laissa tomber sur le canapé. ●●● Si le vieux fou, et malgré ses mots, sa voix était teintée d'un respect indéniable pour Dumbledore : était encore là, ce serait différent. ● Elle s'était installée plus près de Morgana que les usages ne le recommandaient, mais puisqu'elles parlaient business, la française s'abstint de pousser sa chance plus loin. ● Seulement, à ce qu'on a entendu dire, vous êtes infoutus de vous mettre d'accord. Et maintenant, la seule autorité que vous avez l'air de tous reconnaître, c'est le Gamin et ses deux amis. Je sais que c'est un Gryffondor tout ce qu'il y a plus stupidement Gryffondor mais ça ne fait pas un vrai leader. ● Puis elle se pencha pour piquer une crêpe qu'elle couvrit allègrement de sucre. Depuis l'enfance, elle avait un goût excessif pour les douceurs, et Florentine disait toujours qu'il était heureux qu'elle soit sans cesse à courir le monde vu la quantité de sucreries qu'elle avalait. ● C'est bien le cas ? ● Elle jeta un regard en coin à Morgana tout en mordant dans sa crêpe avec un gémissement de bonheur. Elle n'avait rien avalé depuis son départ de France et ça avait un goût de paradis.
Dernière édition par Vincianne de Lancastre le Ven 14 Nov 2014 - 21:15, édité 1 fois
❝Just because I like you doesn't mean I won't kill you.❞ Vince & Morgana
● Est-ce qu'au moins ça peut être rapide et indolore ? ● Morgana fronça les sourcils d’incompréhension avant de porter son attention sur ses mains qui servaient déjà le thé dans deux tasses ébréchées. Pensait-elle qu’elle était prête à l’empoisonner ? A une époque peut-être. Elle aurait versé assez de goutte du mort vivant dans sa boisson pour la faire dormir cent ans et anéantir son royaume du même coup. La rage l’avait longtemps mordue, la réveillant la nuit sans qu’elle n’en comprenne exactement le sens. Se pourrait-il qu’il ait été question d’ego ? Qu’une blessure narcissique soit l’unique responsable de la colère qui se lovait comme un serpent dans son ventre, sifflant aux moindres contacts, prêt à mordre, les crochets luisant d’un mortel venin ? Si son désir de la voir morte était si fort alors pourquoi donc se contenter de feuler alors qu’elle aurait très bien pu mordre, goûter enfin le sang qui lui revenait de droit. Ainsi, alors qu'elle appliquait la loi du Talion avec un rigorisme presque religieux, elle n’en était présentement pas capable. Elle détesta la pensée que cette incapacité -qu’elle souhaitait temporaire- n’était pas entièrement dues à sa mission. Alors à défaut d’empoisonner son breuvage, la sorcière se contenta d’hausser les épaules avec une moue consternée. « Pour une Bouche-Cousue émérite, vous manquez cruellement de discernement, Miss de Lancastre. Ceci est un accord de paix. Une offrande et comme je n’avais pas de vierge à sacrifier, je vous offre à manger. » Et pour prouver ses dires, elle trempa ses lèvres dans le liquide brûlant avant d’en boire une gorgée et de la tendre à Vincianne. « Tu vois, Toujours en vie. Rassurée, honey ?». Voyant que la française ne daignait pas quitter son poste d’observation, l’écossaise se décida à reposer la tasse sur la table avec un sourire satisfait. Sourire qui s’évapora lorsqu’un objet doux et parfumé la percuta. Elle resta un instant figée sous le vêtement, comme une pierre. Lentement, sa main droite saisit le tissu avant de le tirer délicatement jusqu’à son giron. Elle allait ouvrir la bouche lorsque Vincianne la coupa ● Tu vas chopper la mort dans ces vêtements trempés et usés. ● Les joues de l’ancienne serpentarde s’empourprèrent légèrement. Son regard tomba sur ses jeans usés jusqu’à la corde alors que ses ongles grattaient négligemment un trou qui se formait sur son genou. Il faudrait peut-être qu’elle prenne la peine d’aller jusqu’à la ville moldue la plus proche pour acheter le minimum vital pour survivre à l’hiver. Elle ne comptait pas passer toutes la saison sous sa forme lupine. Elle en avait assez de sentir le chien mouillé. ● On ne t'a pas dit pourquoi je venais ? ● La sorcière secoua légèrement la tête en signe d’ignorance pour enfin écouter attentivement Vincianne, absolument silencieuse, acquiesçant parfois par un simple geste. Elle comprenait. Elle aussi aurait voulu qu’une armée se lève face à l’oppresseur. Pourquoi les anglais avaient-ils attendus que des braves et des enfants se dressent face à l’agresseur sans prendre la peine d’envoyer des forces compétentes ? Elle ne se l’expliquait toujours pas. La jeune femme aurait préféré voir son pays rasé que soumis. Quant à ce que Percy pouvait dire, il était clair qu’elle n’était pas suffisamment dans leur bonne grâce pour être particulièrement informée des tenants et des aboutissants. Elle avait appris une chose : ne compter que sur soi-même. Parce que personne ne viendrait lui tenir la main lorsqu'elle serait en danger et il n'existerait aucun bras pour la tenir lorsqu'elle expirerait son dernier souffle.
Morgana se laissa porter par le mouvement fluide ses pensées que ne troublèrent pas le crépitement des bûches. Ce fut seulement quand le canapé s’affaissa un peu sous le poids de la française que la jeune femme releva enfin la tête. Elle était proche. Assez pour capter la fragrance boisée de son parfum, assez pour que leurs genoux se touchent, assez pour capter la chaleur de sa peau. Son regard clair tomba sur la boule de tissus qu’elle tenait serrée dans ses mains et elle frissonna un instant malgré l’épais plaid qu’elle avait jeté sur ses épaules. ●Seulement, à ce qu'on a entendu dire, vous êtes infoutus de vous mettre d'accord. Et maintenant, la seule autorité que vous avez l'air de tous reconnaître, c'est le Gamin et ses deux amis. Je sais que c'est un Gryffondor tout ce qu'il y a plus stupidement Gryffondor mais ça ne fait pas un vrai leader. ● Morgana laissa un sourire amusé éclore sur ses lèvres. Par certains côté, Vincianne possédait encore l’innocence des enfants. Les attraits physiques en plus et le pire c’est qu’elle en était parfaitement consciente et en jouait avec délice. ● C'est bien le cas ? ●
La chair de poule courut sur la peau de Morgana comme un tsunami sur des plages japonaises. Un être humain ne devrait pas pouvoir produire ce genre de son. Ce n’était pas autorisé par la Convention Sorcière. Jamais. Pour camoufler sa gêne et la rougeur qui venait de coloniser ses joues, elle s'évertua à retirer sa chemise détrempée. Idée à la con, Par Merlin, tu as eu tes ASPICS dans une boîte de chocogrenouilles ? . « Il y a trois grands mouvements qui se subdivisent en plusieurs groupuscules. » Sa voix parut un instant étouffé alors qu’elle luttait avec les premiers boutons. « Les pacifistes sont des idéalistes qui pensent qu’en se terrant dans leur trou tout en prêchant la bonne parole, les choses rentreront dans l’ordre. Si tu veux mon avis, autant danser à poil devant un Magnard à Pointes en espérant qu'il ne te bouffe pas.» Parler lui permettait de se concentrer sur un autre élément que Vincianne de Lancastre et sa proximité dangereuse. « Les Audacieux sont, en partie, mené par le Balafré. Leur politique consiste à mener quelques actions de révoltes urbaines. A savoir qu' Ils sacrifieraient l'ensemble pour un seul et ne veulent pas de morts. Il n’y a sans doute pas de mots pour leur expliquer à quel point leur position est totalement stupide. C'est une guerre pas le club des boursoufflets ! » Elle se tut un instant, louchant sur le dernier bouton qui lui résistait effrontément. Tirer dessus ne servit à rien d’autre qu’à l’agacer encore plus. Ses doigts gourds rendirent grâce. Exaspérée, elle lança un juron en gaélique, laissant ses mains retomber sur ses cuisses. Le contact doux et chaud contre la peau glacée et humide de sa clavicule lui fit fermer les yeux. Combattre le frisson qui venait d’envahir son ventre. Se recentrer absolument. Ne pas lui laisser gagner la partie. Pas comme cela, pas maintenant. Peut-être était –elle destinée à perdre le siège que de Lancastre établissait avec soin devant ses portes mais l’écossaise ne comptait pas rendre les armes aussi facilement. Sa voix trembla lorsqu’elle reprit lentement en ouvrant les yeux : « Saint Potter ne fait pas l’unanimité. Ce n’est pas un guerrier, ni même un bon chef. Il est peut-être l’élu mais ce n’est pas lui qui nous permettra de tailler dans le gras des troupes jusqu’à Tête de Serpent. Nous sommes en guerre et il est grand temps que le gros des troupes prenne ses responsabilité et n’hésite plus à se salir les mains. » Son regard se perdit pendant un long moment dans les deux lacs d’eaux vertes qui lui faisaient face, avant de détourner les yeux, embarrassée. Comment aurait réagi la française si elle avait un peu plus joué ou été en confiance ? Connaissant Vince, elle l’aurait sans doute interprété d’une manière qui lui permettait d’avoir ce qu’elle voulait tout en gardant l’avantage. Alors Morgana prit doucement la main de la française qui se prélassait encore près de son cou avant de la reposer délicatement dans son giron. Elle retira le vêtement mouillé de ses épaules en le laissant tomber sur le sol dans un geste nonchalant. Se focaliser sur des détails primordiaux. Parce que le fait qu’elle soit à demi nue devant sa Némésis personnelle n’avait aucune espèce d’importance, n’est-ce pas ?
« Nous ne retrouverons jamais notre unité. Il n’y a pas de sorciers suffisamment fédérateur. Dumbledore est mort. Minerva… Minerva est partie également. » La gorge serrée, elle se reprit et répéta avec force. « Elle a subi le baiser du détraqueur et ses salauds gardent son corps vide enchaîné dans le Grand Hall de Poudlard. Comme un putain de trophée de chasse » L'incendie de sa rage et de sa colère enfla si vite qu’elle en oublia un instant d’être vulnérable et ce malgré sa nudité, malgré les cicatrices qui couturaient sa peau , dont cette large balafre qui barrait en une ligne oblique son abdomen, malgré les bleus et les contusions qui semblaient si récents qu’on aurait pu attester qu’elle avait été passé à tabac quelques heures auparavant. Ce qui n’aurait pas été tout à fait faux ni tout à fait vrai. « Nous sommes un peu tous orphelins, ici, Frog’. Ce n’est pas une situation évidente, mais on se bat et on fait ce que l’on peut. » Elle passa le pull et enfouit son nez dans son col, inspirant une bouffée de parfum apaisant. «Ils nous ont pris tout ce qu'ils pouvaient nous prendre, jusqu'à notre statut de sorciers libre mais ça... » Morgana effleura sa tempe. "Il ne pourront jamais nous le prendre. Cet infime espace où nous sommes libres, Vincianne. Là où siège notre histoire. Minerva est morte mais elle existe à travers ce qu'elle m'a appris. Ils ne peuvent plus l'atteindre ni la souiller. Et tant qu'il existera ce lieu, nous continuerons de nous battre. Et viendra un jour où je leur arracherai la gorge avec un plaisir que tu ne peux imaginer. Le chien qui n'a plus que la peau sur les os n'en a pas moins la rage en plus." Peut-être avait-elle abandonné sa dureté, son mépris ou son arrogance. Peut-être avait-elle voulu masquer sa peur ou peut-être avait-elle compris que cette nouvelle avait ébranlée Vincianne de Lancastre. Quelque soit les motivations internes à son acte, Morgana tendit un bras pour lui permettre d’approcher et de se glisser sous le plaid.
Morgana & Vincianne Had to be me. Someone else might have gotten it wrong.
(mythical hero) Le gémissement qu'elle avait laissé échapper en toute innocence occasionna une réaction inattendue mais fort agréable. Comme elle aimait voir Morgana perdre ses moyens, laisser tomber le masque de dignité et de pondération. Les gens trouvaient l'ancienne Langue-de-Plomb belle d'une beauté froide de reines des glaces. Mais ils avaient tous tort. Ils se trompaient tous ces crétins aveugles. Car jamais Morgana n'était plus belle que dans ces moments. Ceux où ses joues se coloraient du rouge sang de la colère ou du carmin coquelicot de la gêne. Jamais. Et Vincianne se délectait de ce secret, elle s'enorgueillissait - stupidement - de savoir faire tomber ces masques et de connaître quelques ficelles qui faisaient s'agiter ce coeur sous son vernis de mesure. Des victoires pareilles, elle les savourait et elle en redemandait. Encore et encore.
Discrètement, sous le prétexte d'attraper sa tasse (dans laquelle elle noya deux sucres), elle en profita pour laisser sa cuisse effleurer celle de Morgana. ●●● Il y a trois grands mouvements qui se subdivisent en plusieurs groupuscules. Les pacifistes sont des idéalistes qui pensent qu’en se terrant dans leur trou tout en prêchant la bonne parole, les choses rentreront dans l’ordre. Si tu veux mon avis, autant danser à poil devant un Magyard à Pointes en espérant qu'il ne te bouffe pas. ● Vincianne acquiesça et dans sa tête, l'étiquette parfaits inutiles s'accola au nom Pacifiste. Comment certains en étaient venus à adopter une telle éthique par temps de guerre était une chose qui la dépassait. Que les enfants et les vieillards soient mis à l'abri était une chose. Mais à moins de vouloir tuer d'ennui le Magister en lui parlant sans fin, elle ne voyait pas comment la bonne parole pouvait ramener la paix vu l'ampleur que prenait le conflit. Peut-être simplement par peur de mourir ? C'était stupide. Cette attitude les désignait d'office pour l'abattoir. Quitte à crever, autant se battre et s'accrocher bec et ongles à la vie. Et les Audacieux avec leurs jolis principes ne semblaient guère mieux. Ralliés derrière Potter, elle les imaginait déjà dans leurs belles armures rouillées par des principes aussi vieux qu'encombrant. Un beau fatras de conneries fantasmées. Certains n'avaient pas encore compris ce que signifiait mourir pour des idées. Ca n'impliquait aucun suicide collectif. Il n'y avait rien d'honorable ou de noble à sacrifier le nombre pour un individu anonyme. ● C'est presque mignon tant d'innocence mal placée. ● Sur sa langue, ses mots avaient laissé une traînée de moquerie acide qui offrait un drôle de contraste avec le regard professionnel, faussement neutre, qu'elle jeta à Morgana et à sa bataille contre la chemise rebelle. C'était, à n'en pas douter, une confrontation digne d'une odyssée et Vince, toujours prête à partir à l'aventure, s'y joignit sans qu'on lui demande son avis.
Avec douceur, ses mains de tueuse jouèrent avec le bouton récalcitrant, le défirent et tirent vers le bas le vêtement dont le tissu trempé collait à la peau. Contre la pulpe rugueuse de ses doigts, l'épaule de Morgana avait un soyeux insoupçonné. Pas celui des soies vierges et sans défaut. Non, comme elle, l'écossaise portait son lot de cicatrices. Une vieille blessure laissait une trace plus pâle au milieu de la blanche porcelaine, un souvenir de peau déchirée que Vincianne effleura, fascinée. Des amantes, elle en avait eues. Des belles et des moins belles. Des corps à enlacer, à savourer. Des corps parfaits, en un sens. Avec sa rigueur qui raidissait une échine trop fière et son histoire gravée à fleur de peau, Morgana était imparfaite. Et face à toutes ces amantes étreintes en hâte et aussi vite oubliées, elle était aussi infiniment plus fascinante.
Jusque dans cette façon de s'arracher à elle, le regard se détournant brusquement comme pour nier plus facilement les évidences que Vincianne avait aperçu au fond des pupilles claires.
Quand Morgana se débarassa de sa main et du pouce qui cherchait à s'égarer ou plus haut, ou plus bas (mais sûrement pas dans cet entre-deux plein de promesses irréalisées), la française l'observa avec la surprise au coin de la bouche. Elle avait espéré qu'elle s'énerve. Ou qu'elle laisse l'instant s'étirer à l'infini. Mais elle ne s'attendait pas à cette douceur (comme de la résignation) et l'observa se lever, sans cacher l'observation coupable de ce corps qu'elle rêvait de faire chanter. ●●● Nous ne retrouverons jamais notre unité. Il n’y a pas de sorciers suffisamment fédérateur. Dumbledore est mort. Minerva… Minerva est partie également. ● Le nom de son ancienne directrice, en faisant tomber une chape de plomb dans l'air, la fit relever les yeux vers le visage de sa vis-à-vis. ● Elle a subi le baiser du détraqueur et ses salauds gardent son corps vide enchaîné dans le Grand Hall de Poudlard. Comme un putain de trophée de chasse. ● La nouvelle était tragique, agitant un quelque chose, brûlant et corrosif, dans ses entrailles. Mais la seule chose qui lui vint à l'esprit, c'était la vieille McGonagall qui lui hurlait dessus, son indignation faisant pencher dangereusement son éternel chapeau vert. Plus que Dumbledore qui n'était, finalement, qu'une figure lointaine, la directrice de Gryffondor était un roc que nul n'aurait su déplacer. Ou du moins se le figurait-elle. ● Donne-moi les noms. ● Nous sommes un peu tous orphelins, ici, Frog’. Ce n’est pas une situation évidente, mais on se bat et on fait ce que l’on peut. Ils nous ont pris tout ce qu'ils pouvaient nous prendre, jusqu'à notre statut de sorciers libres mais ça... Ils ne pourront jamais nous le prendre. Cet infime espace où nous sommes libres, Vincianne. Là où siège notre histoire. Minerva est morte mais elle existe à travers ce qu'elle m'a appris. Ils ne peuvent plus l'atteindre ni la souiller. Et tant qu'il existera ce lieu, nous continuerons de nous battre. Et viendra un jour où je leur arracherai la gorge avec un plaisir que tu ne peux imaginer. Le chien qui n'a plus que la peau sur les os n'en a pas moins la rage en plus. ● La situation était pire que ce qu'on lui avait dit. Que ce qu'on avait cru. La douceur inhabituelle de Morgana en était la preuve. Tout fout le camp. Mais ce n'était pas grave, pas vrai ? Elle avait l'habitude des situations délicates, elle était une Ombre après tout. Pas la première Bouche-Cousue venue. Ce n'était qu'une mission comme les autres, elle était juste ponctuée de quelques griefs personnels qu'elle se ferait un plaisir d'éponger proprement dans du sang chaud.
Répondant à l'invitation de la brune en se lovant contre elle à la recherche de chaleur et de contact, Vincianne soupira d'aise et poussa le vice jusqu'à venir caler sa tête contre l'épaule de Morgana. ●●● On leur fera payer. Le sang français, le sang britannique. La fuite et la douleur. Tout ça, on leur fera payer. ● Ce n'était ni du réconfort, ni de la bravoure qui vibrait dans sa voix. Son ronronnement était celui des félins en chasse, l'instinct du prédateur qui flaire une proie. C'était presque inquiétant tant ça n'avait rien à foutre dans le décor, alors qu'elle trempait un morceau de crêpe dans le thé. ● En France, tu savais qu'on pratiquait encore la chasse sorcière ? Vous la pratiquez encore, vous ? ● Elle haussa les épaules comme si ce n'était rien, comme si elles ne parlaient pas de guerre une minute plus tôt. Comme si son ton impatient et vibrant n'était pas en décalage total avec ses paroles. ● Lorsque je rentre à la maison et que c'est la saison, mon père et mon frère m'emmènent à la chasse et mon parrain vient avec nous. On aime la chasse, c'est de famille, même si ma mère et ma soeur disent le contraire. ● Le rire n'avait rien de chaleureux, il était brûlant et acide. ● Et tu vois, je suis presque certaine que vous ne pratiquez plus la chasse sorcière ici. Parce que sinon, ils sauraient que c'est aux abois que la proie est la plus dangereuse. ● A l'image des enfants, elle se lécha un doigt pour récupérer le sucre qui s'y trouvait. ● Quand ils apprendront cette leçon fondamentale, je serais là pour vous aider à les saigner. ● Une vérité nue et crue. Celle que Morgana lui réclamait depuis son arrivée.
Dernière édition par Vincianne de Lancastre le Sam 17 Jan 2015 - 21:47, édité 1 fois
❝Just because I like you doesn't mean I won't kill you.❞ Vince & Morgana
« Donne-moi des noms. » Morgana en avait plein les poches, tous prêts à être sacrifié sur l’autel de la barbarie, holocauste qu’en son sein elle préparait. Tortionnaires, violeurs, violents, impies, hérétiques à leur propre race, cent pièces de bétail qu’elle immolerait avec un rire grandiose de bonheur sanguinaire. Il viendrait le temps où Vincianne les entendrait. Car malgré le vent et la neige et la colère et la rage, ces mots venus de la nuit des temps viendraient s’écraser contre le silence et l’aveuglement de ceux qui se pensaient éternels : « Tout homme est voué à mourir un jour ou l’autre. Je te les laisserai découvrir par toi-même, patience, Mo Chridhe. » Les yeux mi-clos, elle écouta ceux de la française, discernant par moment le phrasé chantant de son accent. « Je ne chasse pas les créatures magiques. » Son ton sembla un instant absent, comme atone. Les flammes dansèrent devant ses yeux, envoûtantes alors qu’elles léchaient languissantes et séductrices les bûches dans l’âtre. La cendre hantait souvent ses rêves, comme un tapis épais et gras sous ses pieds, étouffant tous les sons, ne laissant que le silence sourd où le vide grince et grince encore jusqu’à en devenir assourdissant. Non. Elle ne chasse pas de créature magique. Les dragons, les licornes, les manticores et les moremplis restent tels quels dans la nature. L’ancienne serpentarde n’était pas une chasseresse. Ou du moins, ce n’est pas ce gibier ci qu’elle avait décidé de traquer. «Je ne chasse que les sorciers. Le challenge est beaucoup plus excitant. » Pourtant, Frog avait raison sur un point essentiel : les mangemorts les sous-estimaient. Les insurgés n’avaient pas brillé par leurs actions, certes timides, mais la donne allait bientôt changer. Ils étaient tous plus organisés qu’à l’aube de la guerre et il serait temps de donner un grand coup de poing dans la fourmilière.
Un mouvement capté par sa vision périphérique lui fit quitter un incendie pour un autre. Ses joues brûlèrent d’un joli pourpre alors qu’elle détournait rapidement les yeux du geste que son corps interprétait comme une incitation au crime. L’écossaise réprima un ronronnement de contentement et se força à ne pas paraître trop gênée. C’était sans doute par les actes les plus innocents et anodins que Morgana se laissaient toucher. Ils étaient innocents et sans calcul. Bien loin de ce que la bouche délicieuse de la femme pressée contre elle était capable de produire.
La sorcière s’arracha à sa transe contemplative pour examiner ses propres doigts. Ils avaient jadis eu le délicat et la tendresse des coussinets roses des chiots et même le dur labeur que leur infligeait avant le conflit son poste n’avait jamais réussi à entamer leur délicatesse intellectuelle. Morgana avait des mains de documentaliste, de professeur, de chercheurs pas d’archéomage ni d’aventurière. C’était avant qu’elle ne s’endurcisse dans les bois avec les loups. De leur pâleur diaphane, ne restait plus qu’une douceur incongrue parmi les écorchures et les cales. Elles avaient également trouvé leur place. Tout comme la tête de Vincianne sur son épaule. L’insurgée aurait sûrement arraché la gorge du premier à trouver ce tableau attendrissant et la langue de celui qui suggèrerait l’espace d’un instant qu’elles fussent bien assorties mais dans son fort intérieur, elle ne pouvait que soupirer de contentement. Les moments de paix et de bien-être étaient rares et ne pas en profiter à cause de sa mauvaise foi chronique semblait bêtement puéril. D’un geste liquide, comme si elle avait fait cela toute sa vie et qu’il en était de fait quotidien, la sorcière coula un bras autour des épaules de son ancienne rivale, prétextant un réajustage de plaid tout à fait innocent puis resta ainsi, muette mais presque détendue, baignant dans la présence de l’aristocrate. Son nez s’appuya contre sa chevelure d’une obsidienne pure et en huma l’agrume piquant et le boisé profond. Morgana aurait le temps de la haïr plus tard mais pour l’heure, autant profiter de l’instant.
Morgana & Vincianne Had to be me. Someone else might have gotten it wrong.
(mythical hero) ●●● Je ne chasse pas les créatures magiques. Je ne chasse que les sorciers. Le challenge est beaucoup plus excitant. ● Et ce rire luisant de vitriol. Encore. Les anglais étaient si prévisibles parfois. Le constat l'amusait comme un paternel qui admire les idées bancales de ses rejetons. Ça en ravivait la malice au coin de ses yeux alors qu'elle amenait la porcelaine fendillée à ses lèvres et savourait le brûlant du thé et la chaleur qui irradiait de l'écossaise.
Si la surprise la cueillit quand elle sentit la main de Morgana contre son épaule nue, elle était cependant assez experte dans les arcanes du mensonge pour noyer l'impromptue dans sa tasse. Puis, comme si le geste était naturel, comme si elle l'avait fait des miliers de fois et que ce n'était jamais qu'une fois de plus, ses doigts capturèrent leurs jumeaux et tournant la tête, ce fut eux qu'elle mena à ses lèvres pour en baiser la pulpe avec légereté. Tes mains sont devenues comme les miennes, avait-elle envie de dire. Toutes semblables qu'elles aient pu être pour un oeil extérieur, cals et écorchures étaient son privilège autrefois. Vincianne se rappelait encore de cette fois où elle avait miné les princes charmants et s'était pliée d'un baise-main alors qu'elles s'étaient invitées dans une réception crêtoise à la recherche d'une carte. Un geste innocent qu'elle avait mis sur le compte de leur petite comédie. Mais les mains en disaient toujours beaucoup, Octave le lui avait appris. Et à cette époque, cette main lui avait raconté que les seules aspérités qu'elle rencontrait étaient le grain des grimoires et le soyeux d'un bois de baguette sagement poli. Vincianne, elle, avait toujours eu son histoire littéralement gravée à fleur de peau (la vraie, et pas celles qu'elle enfilait comme des chemises). Et aujourd'hui, à peine dix-huit mois plus tard, Morgana avait des mains comme les siennes. L'espace d'un instant, elle se demanda si Morgana était aussi devenue une chasseuse jusque dans sa moelle ou si ce n'était que la nécessité qui guidait ses instincts.
●●● Tu chasses les sorciers. ● Elle soupira, pas vraiment condescendante, mais une note de tolérance persistait entre ses mots comme une musique d'ambiance. ● Mais ta réponse est typique des gens qui ne connaissent pas vraiment le plaisir de la chasse. ● Ce loisir, certains le qualifiaient de barbare. Un loisir venu d'un autre temps, d'une époque où ce n'était pas un loisir mais une nécessité. C'était ce qu'ils disaient, ces humains dont la moralité n'était que le vernis de leur oisiveté, ces prédateurs domestiqués par la modernité, à cette gamine française qui racontait ses dernières vacances en France, assise avec ses camarades dans le parc de Poudlard. Et ça la faisait rire, maintenant, la gavroche aux boucles corbeau. Parce que s'ils avaient été des chasseurs, les Anglais ne seraient jamais devenus des proies avec autant de facilité. ● Un jour, je te montrerai, darling. ● Ce n'était pas une question d'avoir raison, de se venger. Ce n'était pas même pour tuer. C'était simplement une question de gagner. Ce n'étáit que ça : le plaisir de la conquête, d'être le meilleur, d'être le plus rapide, d'être le plus puissant, le plus futé, le plus vivant, le plus tout. Et Vincianne était une chasseuse naturelle. Quand son frère avait hérité de leur père des talents de stratège, promettant de devenir un grand meneur d'hommes, un conquérant, elle avait hérité l'instinct prédateur des Lancastre dans sa plus pure expression. Sa vie entière n'était qu'une chasse géante, grandeur nature. Elle courrait de proie en proie dans une frénésie folle, le cadavre de l'une encore chaude que son esprit sautait sur la gloire que lui procurerait la suivante qu'on lui disait d'abattre. La traque, la course, la victoire. Même les imprévus que le gibier parvenait à lui lancer au visage comme un défi insolent. L'adrénaline qui lui brûlait les veines. Vincianne aimait tout ça. Elle ne chassait pas pour tuer. La mort, petite ou grande, de la proie n'était que la suite logique, la conséquence naturelle d'une victoire que ne pouvait être que sienne. ● Tu viendras chez moi et je te montrerai. ● C'était autant une promesse qu'une prédiction sur sa langue.
●●● En attendant, je vais te confier un secret. ● Elle se pencha plus près. Près, tout près de cette oreille où elle aurait voulu planter ses crocs. ● Je pratique toute chasse, parce que toutes sont excitantes. ● Ils auraient aussi bien pu l'appeler Atalante plutôt que Vincianne.
... D'accord, virginité mise à part, admit-elle, ses pensées trahies par trois notes d'un rire en fond de gorge alors qu'elle reposait sa tasse.
Soudainement, le miroir posé sur le plateau s'agita sous la magie. Fred Weasley, annonçait le verre étrange, et Vincianne se demanda un instant ce que c'était, comment elle pourrait s'arranger pour le subtiliser à Morgana afin de l'étudier (et peut-être l'envoyer en France). ●●● Morgana ? La carcasse de voiture vous a envoyées dans le fossé ou tu as fini par la tuer ? On vous attend au point de rendez-vous depuis dix minutes. ● La voix du frère de Percy aussi avait changée. Pour avoir fréquenté la moitié de la fratrie Weasley, Vincianne se souvenait encore de la note rieuse dont il ne se départissait jamais. Pas même quand le professeur Severus Gras-du-Cheveu Snape le prenait en flagrant délit en compagnie de George. La guerre change les gens, décida-t-elle et elle rangea ces informations dans un coin de cervelle pour les étudier plus tard. ● Allons-y. ● Le sourire canaille, sa version du professionnalisme, s'était glissé sur ses lèvres et elle s'était déjà levée. ● Et tu devrais vraiment mettre ce pull avec lequel j'ai dormi la nuit dernière, et elle sortit le sourire des grandes conneries en enfilant ses bottes de cuir : Sauf si tu as vraiment besoin que je frictionne ce corps trempé, ma chère. ● Avant de passer la porte d'entrée en riant.
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