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Bastus#3 • I'm bound to you
Is there anything I could do Just to get some attention from you ? Oh boy your eyes betray what burns inside you
« Non, Dionie, j’ai dit pas bouger ! » tu pointes un index menaçant en direction du chiot qui ne trouve meilleure réponse que de venir le mâchouiller. C’est que la demoiselle connaît d’ores et déjà tes faiblesses et c’est dans un sourire attendri –le genre que tu n’offres qu’aux chiens de ton espèce- que tu lui ôtes le pain de la bouche et essuies ton doigt tout baveux dans ton blouson. « Tu causeras ma perte, tu l’sais, ça, vilaine fille ? »
Quelques minutes plus tard, tu réussis à refermer complètement la porte, feignant ne pas entendre les couinements de la boule de poils que tu sais avachie juste derrière le battant. « Fais pas ta diva, j’en ai pas pour longtemps ! » juste le temps d’aller racketter quelques passants pour te faire un peu de fric, avant d’aller bosser, histoire de payer ton loy… « Monsieur Murdock ! » Tu fais volte-face, cherchant d’où venait la voix criarde de ton proprio. Sauf qu’il n’y a personne sur le palier, si ce n’était … une beuglante se dandinant juste sous ton nez. Le crissement sous tes godasses t’indique la présence de nombre de cadavres de ses sœurs échouées sur le pas de ta porte. Sachant que t’avais pas quitté le bureau pendant quelques jours, elles avaient dû s’époumoner dans le vide, bataillant contre les aboiements du petit cabot de l’autre côté de la porte.
Vainement, tu essayes de faire taire la lettre, un doigt sur les lèvres « J’ai suffisamment attendu, monsieur Murdock ! » « pas si fort, par les aisselles de Merlin, ça dort à côté » « je me vois donc obligé d’en venir à des mesures plus drastiques ! » foutu discours pré-enregistré, elle t’écoute pas la gueuse « Rah la ferme ! et puis ça veut dire quoi drastique ? » « ça veut dire que vous allez me virer vos affaires de là avant ce soir et fissa, ou je saisis les autorités ! » ah bah non, ça répondait apparemment en direct « mais j’en suis des autorités ! » « dans ce cas, je vous saisis, petit malin, je vous saisis par la peau des fesses et vous jarte de chez les honnêtes gens ! Vaurien ! » et la beuglante de commencer à te becqueter le nez et les oreilles.

Tu bats en retraite dans ton appartement, te laissant glisser le long de la porte refermée, ton propriétaire s’égosillant toujours par enveloppe ensorcelée interposée de l’autre côté, et ton chien venant chercher de l’attention sur tes genoux.
Il ne manquait plus que ça à l’ombre intégrale qu’était le tableau de ta situation actuelle. Le retourneur de temps pété et responsable de tout ça traînant sur la table basse pouvait t’en être témoin. T’étais dans la mouise la plus profonde. ‘Faut croire que ça ne te suffisait plus d’être en proie à des remords, des pulsions et des combats incessants sous ta caboche, il fallait qu’en plus de ça, tu te rajoutes de futiles mais encombrants problèmes matériels et financiers, au sortir de ta convalescence.
Tu te remettais peu à peu d’avoir pris trois ans dans la tronche, puisant sur tes congés sans solde pour te reposer et vérifier auprès de sources plus ou moins fiables puisque plus ou moins médicomages sans diplômes certifiés que ta santé ne courait aucun danger particulier. Ton portefeuille n’avait pas pu se targuer d’une pareille chance.

Ta tête retombe contre le bois vermoulu. Dionie te mordille les phalanges, ses babines roses laissant des taches humides sur tes manches. Tu passes en revue les gens chez qui tu pourrais t’abriter, le temps de te refaire une santé pécuniaire –eût-il fallu que ce soit envisageable cependant. Sauf que t’étais pas suffisamment pote avec la plupart de tes collègues rafleurs pour envisager une cohabitation pacifique. Et que ceux dont tu étais proche avaient pour la plupart déserté les rangs ; Nannie, Jenner et même Reaghan allaient tôt ou tard voir leur portrait fleurir sur les murs de la BPM où ils avaient autrefois bossé, pour ceux pour qui ça n’était pas déjà le cas –pour sûr, tu la voyais tous les jours en peinture, la Nannie ! La Shacklebolt avait suffisamment d’ennuis de son côté pour que tu lui en rajoutes un de plus –et aussi parce que tu refusais de tomber sur Lestrange en caleçon, si jamais tu pieutais chez elle… Dans ta caboche, Imogene vivait encore chez ses parents, et Nott aussi, pas la peine d’essayer de lui forcer la main.

« On est pas dans la merde de troll, ma belle » tu flattes le ventre rebondi du petit chien. Elle au moins, elle avait pas à s’en faire. T’aurais donné cher pour avoir le luxe d’être aussi insouciante qu’elle ; bouffer et chier, rien de plus. Une p’tite bagarre de temps en temps pour garder la forme…

*
Y’a pas à dire, la violence, ça règle rien, mais ça permet de bien décompresser. T’écrases du poing la beuglante contre le mur. La porte se referme sur un foutoir sans nom, un canapé éventré, du bois fendu et des vitres pétées. Après avoir amassé l’essentiel dans un sac ficelé comme un gros sauciflard, tu t’étais déchaîné entre ses quatre murs qui n’étaient plus les tiens, t’explosant les articulations des doigts et te bleuissant le front et les épaules, histoire de laisser la trace de ton passage. Pour une fois, le chat t'avait donné un coup de main en se donnant à cœur joie pour tout saloper. Dionie s’était bien vite prêtée au jeu, d’ores et déjà habituée à tes coups de sang et consciente que ce n’était pas après elle que tu en avais, mais plutôt après le reste du monde, si bien qu’elle avait posé une petite pêche puante dans la cuisine.
Avec toutes nos amitiés monsieur le proprio. Allez au diable.

Haut les cœurs, mon gros, ça aurait pu être pire ! T’arrives pile à l’heure de pointe au Ministère. Mais sachant que d’accoutumée, tu arrivais plus d’une heure en avance, tu étais donc en quelque sorte en retard. Tout était une question de référentiel et d’observation. Et vu que tu arrivais avec un barda monstre, le sac jeté sur une épaule et le chat sur l’autre, le chiot dans la poche, les plantes vertes sous le bras et du sang séché sur les mains comme si t’avais braqué un botaniste, on pouvait clairement pas te louper à l’accueil.
Tu pues la fatigue et la colère et, en un seul regard, tu boucles le bec de la secrétaire faisant un peu trop de zèle à vouloir que tu laisses ton chien dehors.
Tout allait bien se passer, t’allais caler ça dans ton casier par on ne sait quel sortilège, et tu pourrais te remettre au travail, prétextant un caprice du chiot pour que tu l’emmènes avec toi. Tout allait bien se passer, parce qu’on te foutrait la paix, vu que ça se passait visiblement pas bien dans ta vie. On se dirait simplement que ta nana t’avait jeté dehors… petit naïf.

Sauf qu’il avait fallu que tu aboies sur la secrétaire qui allait être de garde cette nuit. Du coup, elle a refusé de te laisser crécher dans les bureaux, sous prétexte d’heures sup’. Te voilà donc en fin de journée obligé de trouver un autre endroit où pieuter.
Tout allait bien se passer ; il n’y avait plus grand monde dans les couloirs, on ne te poserait pas de question. Tu rassembles tes fripes et n’as plus qu’à tracer hors de la Ruche et « ah ! ... patron, vous partez déjà ? » Rookwood n’y aurait vu que du feu s’il ne se tenait pas face à toi. T'as bien failli tout lâcher pour te barrer en courant. Pour la première fois, il était bien la dernière personne sur laquelle tu avais envie de tomber dans cette situation.
Effectivement, haut-le-cœur joli cœur, ça aurait pu être et c’était désormais bien pire que tout.


Dernière édition par Bacchus A. Murdock le Dim 11 Sep 2016 - 10:56, édité 3 fois
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Bastus#3 • I'm bound to you
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Ce jour-là, Augustus était ce que l'on pourrait appeler jovial. Toutes proportions gardées, bien entendu. Il sortait d'un rendez-vous fort enrichissant avec son cher ami Motchaline, où ils avaient parlé en euphémismes, litotes et allusions en demi-teintes de la fin du régime du Lord. Augustus avait pu observer comment les yeux du russe s'étaient éclairés lorsqu'il avait fini par suggérer le fait qu'il cherchait d'autres personnes qui n'en pouvaient plus des erreurs stratégiques et politiques du Lord. Et après au moins une heure à tourner en rond autour de leurs tasses de thé tout en roucoulant des horreurs avec la plus douce des tendresses, ils s'étaient entendus sans jamais véritablement le dire qu'ils allaient fonder un petit groupe sous-terrain au parti afin d'être prêt pour le jour où le Lord serait oh non quelle horreur défait. Ils avaient lancés quelques noms, le jeune Nott, la douce Zaïtseva, le chien de Murdock, bien entendu. Et un des noms qu'Augustus avait eu le plus de plaisir à prononcer avait été celui de la délicieuse Eirene Mayfair, cette jeune femme qui le ravissait toujours plus de son appétit pour le pouvoir, de son professionnalisme, et d'un charisme que, il n'en doutait pas, n'allait pas tarder à convertir toutes les personnes assez intelligentes pour comprendre l'opportunité. La talentueuse métamorphomage serait une parfaite porte parole. Personne n'avait sa présence, et elle était juste à la limite de cette odeur de leader qui serait dangereuse si trop prononcée. Augustus aimait ses disciples intelligents, mais dépendants. Et il ne manquerait plus que l'un d'eux ne se défasse de son charme.
Et pendant que le Rookwood rassemblerait ses monstres d'humains, le Motchaline se chargerait de leurs monstres de mutants.

Rookwood revenait donc bien satisfait de son après-midi de travail. Il y avait encore beaucoup de choses dont il devait cependant se charger au Ministère et, notamment, jeter un œil au dossier de la petite Nannie au niveau 2. Il ne manquerait plus que l'enquête marche un peu trop vite. Son petit pion avait bien trop de choses à faire avant de se faire rattraper par son meilleur ami. Ah oui, c'était vrai, que le Murdock avait toujours été proche de Nannie. Il s'en souvenait comme d'un bruit de fond. Il n'en avait jamais parlé avec la brute, depuis son départ, cela lui avait échappé, comme tant de choses le concernant. Cela lui fit réaliser, au passage, que, depuis St-Mangouste, il avait assez peu vu l'animal. Il semblait l'éviter, ou évitait le bureau, il n'en savait rien. Augustus avait l'impression qu'il s'intéressait beaucoup, peut-être même trop, au cas de Nannie. Il allait falloir lui donner un autre os à ronger, et vite, avant qu'il ne trouve quelque chose sur l'histoire. Murdock était bête mais insistant, et Augustus était bien placé pour savoir qu'une fois que le chien avait ses crocs sur quelque chose, il ne lâchait jamais prise. S'il se doutait de quelque chose, cela expliquerait peut-être qu'il l'évite.
Et alors qu'il réfléchissait à comment détourner l'attention de son petit esclave, celui-ci apparu devant lui. L'abysse des yeux de mangemort se posèrent sur lui, et cette vision l'irrita soudain.

Bacchus Murdock était différent. Il était plus vieux,juste un peu plus vieux qu'avant, ce qui n'avait pas de sens. Il avait des bagages, des sacs et l'air fatigué de celui qui avait beaucoup de problèmes. Et puis il y avait le chat avec lui, mais surtout il y avait le chien. Depuis quand Bacchus avait-il un chien ? Depuis quand était-il fatigué sans qu'Augustus n'ai rien eu à y faire ? Depuis quand était-il avec tous ces sacs sans qu'il ne sache pourquoi, et comment ? Et surtout, depuis quand l'animal avait-il l'instinct de fuir devant lui, et pas de se précipiter à ses pieds ?
Pour un pas que Bacchus osa faire en arrière, Augustus traversa l'espace qui les séparait. Il y avait un givre dans son regard alors qu'il fixait celui qui devait être sa possession, son objet, son esclave volontaire. D'un mouvement rapide mais harmonieux, il attrapa la mâchoire de sa victime entre ses doigts, fixant ses yeux qui avaient oser changer, détaillant les quelques différences qu'il savait être présentes. Et pour une fois, les doigts qu'il posa sur lui n'étaient pas gantés de velours, ils étaient des pinces acérées qui gardaient en place l'homme qui avait osé exister sans lui. « Bacchus... » commença-t-il, sa voix ronronnant de terribles menaces et de douces tortures « … que vous est-il arrivé ? » et ses lèvres n'esquissaient qu'un sourire infime face à ses habituelles douceurs. La question, quant à elle, était bien plus une accusation qu'une interrogation. Elle exigeait explication pour toutes ces choses qui se passaient sans lui, pour la vie qui osait faire du mal à l'animal sans son accord. Torturer Bacchus était son plaisir personnel. Sans aucune considération pour les limites qu'ils étaient censés avoir, Augustus modifia légèrement sa poigne, raclant plus que caressant la joue droite du raffleur, continuant ses terribles accusations de sa voix sombre : « Vous sentez la magie noire. » Bacchus sentait rarement la magie noire, sauf lorsqu'il énervait vraiment trop Augustus, certains jours. « A quoi vous êtes-vous mêlé ? » Il ne manquerait plus que la bête fasse quoi que ce soit qui ai de l'impact sur le monde sorcier. S'il avait osé perturber les plans de Rookwood avec son insubordination, le mangemort serait alors dans l'obligation de se montrer terrible avec lui.
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Bastus#3 • I'm bound to you
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En bon chien que tu étais, en sous-fifre un peu effrayant car trop obsédé que tu étais, tu étais devenu très sensible à l’aura dégagée par Rookwood. Comme beaucoup, tu sentais la magie de l’atmosphère s’agiter quand il entrait dans une salle de réunion. Comme personne, t’avais ton air à toi qui palpitait quand il s’approchait, comme la ligne tendue, l’appât noyé mais encore à moitié conscient que le grand requin approche.
De fait, t’aurais dû le sentir arriver. Le chat, terrorisé, se barre aussitôt qu’il comprend qui se tient en face de vous, ses griffes agrippant les muscles de ton dos alors qu’il prend son élan pour se cacher.
Tu ne bouges pas d’un pouce, comme un cerf pris dans les phares d’une voiture. Il t’aura suffi d’un pas en arrière pour qu’il dévore cette insolente distance que t’avais voulu discrètement glisser entre vous.

C’est comme si vous vous retrouviez là où tu l’avais lâchement laissé, à l’hôpital. Ça commençait à faire un moment ; trois mois peut-être, bientôt ? T’avais pas vu le temps passer, t’en avais perdu le fil, à force de le remonter.
Tu n’avais pas tout de suite remarqué les changements que ton petit voyage dans le temps avait occasionnés sur ton apparence, sachant que la glace chez toi était en mille morceaux depuis toujours, semble-t-il. Pourtant, non seulement la couleur de ta barbe et de tes cheveux, mais également celle de tes yeux s’était éclaircie. D’un autre côté, on faisait si peu attention à toi que la seule remarque que tu avais eue à ce propos avait été celle d’une secrétaire qui se remaquillait dans les toilettes –la seule qui t’adresse la parole dans les toilettes d’ailleurs- comme quoi elle aurait juré que t’avais les yeux plus foncés. Un jeu de lumière, sans aucun doute.

Le chien s’agite et veut aboyer, mais tu lui cloues le bec, une main se refermant sur son museau, toujours plus tendre, cependant, que celle avec laquelle Rookwood t’immobilise la mâchoire. Tes yeux trahissent ta culpabilité, et c’est de te sentir coupable que tu te sens le plus coupable.
Il te demande comme une claque ce que tu avais foutu ces derniers temps. Tu pensais que personne n’y prêterait jamais attention. Surtout pas lui qui paraissait parfois se rappeler tout juste ton prénom.
Si lui semblait passer son temps à ne pas penser à toi et à te mentir quand il disait que tu lui avais manqué, toi, tu ne passais pas un instant sans penser à lui, sans qu’il pèse sur toi, comme une ombre, comme un coup de soleil. Même si ça, tu pouvais pas le dire à haute voix.
Tes paupières frémissent comme des papillons de nuit qui se crament à la lumière sans pouvoir s’empêcher de se jeter dedans. Qu’est-ce que tu comptes faire, hein, Bacchus ? Tu n’as aucun moyen de te défiler, pour la simple et bonne raison qu’il a son pouce presque sur ta bouche.

Alors tu lui racontes Nannie. Nannie qui disparaît du jour au lendemain. L’enquête qui tourne en rond, l’enquête qui ne mène à rien. Le temps qui te manque, et le temps qu’on finit par t’ôter parce que trop entêté.
Mais tout ça, Rookwood doit déjà le savoir, en prêtant seulement un soupçon d’attention aux récents dossiers de la BPM. Il se doute bien, Rookwood que c’est pas tout. Que c’est pas ça qui explique les paquetages, le chien et le nouvel âge.
« Me punissez pas, patron » halètes-tu alors que tu sens sa poigne se raffermir légèrement face à ton refus de parler. « j’savais vraiment plus quoi faire »
Alors, après un râle rauque qui témoigne de combien il t’est difficile d’en parler, tu lui racontes la transgression. Le retourneur de temps acquis sur le marché noir contre l’intégralité de ton argent. Le marchand qui s’en va en rigolant après t’avoir dit de ne pas perdre trop de temps dans le temps. Le voyage douloureux que t’as dû écourter au maximum avant que toutes tes forces ne t’abandonnent. Le retour dans le présent, encore plus douloureux, parce que tout ça n’aura servi à rien. Nannie ne reviendra pas.
Et Jenner non plus. Ni Phillips. T’avais pas fait ça que pour Nannie, mais aussi pour tous ceux qui s’étaient enfuis il y a longtemps. Ceux qui s’étaient enfuis récemment. Ses casiers qu’on retrouve sauvagement évidés en arrivant au bureau, comme si on passait ses nerfs sur leurs affaires, avant de pouvoir les étriper eux. Ses avis de recherche qui fleurissaient comme des chrysanthèmes. Chaque fois, c’était un bout de ton monde qui s’effritait, comme la marée qui détruit les châteaux de sable.
Hé… t’as remarqué Rookwood, que dans ce monde qu’il te raconte l’animal, il ne parle pas de toi ? T’entends tous ces noms qu’il pleure comme un chien abandonné sur le bord de la route ? C’est étrange, n’est-ce pas, de se dire qu’il n’a pas eu la tête à penser à toi ? Même s’il n’en finit pas de te dévorer avec ses yeux gloutons. C’est à ne plus savoir où il veut donner de la tête et de la bouche.

Rookwood est tout près de toi à te soutirer des explications qu’il aurait pu lui-même piocher dans ta caboche. Et quand tu lui parles, tu parles à sa bouche, scellée, qui ne se fend pas du moindre sourire. Sauf que ses yeux ne sont pas aussi morts que votre première fois, parce que tu te vois dans ses yeux et sur sa bouche.
Et tu te rappelles.
Que même si un jour, tout le monde s’en va avec la marée, lui, il restera éternellement tapi dans les abysses, sans fond que tu ne puisses atteindre. Et ce serait presque délicieux de penser qu’il était là à t’y attendre.
Alors, sans plus tarder, tu y replonges.

Rookwood est si près de toi que tu parles presque dans sa bouche que quand il expire, tu inspires. Tu respires avec difficulté, calant ton souffle affolé sur le sien, plus tranquille qu’une rivière asséchée.
Il est là maintenant, tout va bien. Il te tient à présent, t’as plus à réfléchir par toi-même. Il est de nouveau là pour te dire quoi faire. Il y a du soulagement dans tes yeux troubles.
Hé, relax ; t’as passé près de trois mois à lui filer entre les doigts et regarde, t’es pas mort.
Certes, mais plus encore que l’infime sentiment de satisfaction de te mouvoir sans sa permission, il n’existait rien de plus délicieux au monde à ce moment-là que de se lâcher à corps et âme perdus sous la pression de ses doigts sur ta mâchoire.
Alors au diable la liberté ; ta liberté était entre les mains de ce diable.
T’as juste envie de te laisser aller dans sa poigne de fer. Tes sacs ont glissé de tes épaules mais tu ne t’en es même pas rendu compte.
Une pression se relâche, et une autre te prend à la gorge. La pression de celui qu’on va jeter aux requins laisse place à celle qu’il a quand il se rend compte que, pire que de mourir dévoré, il est en train de se noyer. Rookwood avait vu juste, il n’y avait que lui qui pouvait te tirer vers le fond sans que tu ne te débattes. Parce qu’il n’y avait que lui que tu laissais te marcher dessus ; parce qu’ainsi, il te montrait la marche à suivre. On s’était jamais vraiment demander pourquoi tu te laissais faire de la sorte. Il fut un temps où c’était par peur pure et simple. Et puis, au fil du temps, ta position à la guillotine t’est apparue de plus en plus confortable, à mesure que ta dévotion pour Rookwood grandissait à vue d’œil. Mais une telle affection sortie de nulle part ne pouvait pas être sortie de nulle part et perdurer sans son lot de violence contenue à son égard. Si Rookwood tenait fermement en laisse ta sauvagerie, c’est que sauvagerie il y avait encore.

Ton regard de bête féroce s’éteint lorsque tu remarques avec un certain retard que le chien s’est mis à te bouffer sérieusement les doigts que t’avais laissés sur sa gueule. Sans pour autant avouer que t’aimerais en faire autant avec ceux du mangemort, tu en éponges le sang et la bave dans le revers de ta veste sans quitter Rookwood des yeux.
« Au final, c’est juste que j’ai p’us d’fric, du coup, j’dois virer d’chez moi » tes sacs sont à tes pieds et toi t’es aux siens « mais z’en faites pas, ça change rien ; j’suis toujours à v… pour vous, patron ; j’travaille toujours pour vous » Parce que vous au moins, vous partirez jamais. J’vous laisserai pas partir.
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Bastus#3 • I'm bound to you
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Il était extrêmement facile de devenir dépendant du genre d'obsession qu'avait Bacchus pour son maître. On s'habitue avec une étrange facilité à être ce dont dépend la santé mentale de l'autre, aussi flou que soit le concept dans le cas des deux monstres qui se faisaient face. Et à chaque fois qu'il s'en souvenait, Augustus ne pouvait s'empêcher d'être lui-même fasciné par tout ce qu'il provoquait chez l'animal. Il avait à peine quelques doigts posés sur lui, une légère proximité physique, et il pouvait voir sa proie vibrer avec lui, avide de tout regard, de tout mouvement, de toute parcelle de son attention. Cela lui donnait envie de sourire, le plus souvent, amusé de tout cela. Mais Augustus n'était pas humeur à sourire à cet instant-là, si telle chose était envisageable. Il était d'humeur à enfoncer ses ongles dans la peau, la chair et les os de Bacchus et d'en extirper tout ce qui pouvait lui déplaire chez lui.
La fascination que Bacchus avait pour lui l'enchantait, mais il vomissait sa violence, sa rage, sa bêtise, son gâchis continuel de temps et d'énergie. Ses passions le dégoutaient. L'animal avait l'habitude de s'accrocher à tout ce qui lui passait devant et Augustus ne semblait être qu'une version aggravée de cette tendance obsessionnelle. Bacchus existait à travers les autres, il existait à travers leurs ordres, leurs attentes, leur violence. Il était incapable de prendre une décision pour lui-même et cherchait juste le dominant assez autoritaire pour lui dicter tout ce qu'il pourrait jamais espérer décider de sa vie. En soit, la fascination que Bacchus avait pour lui l'enchantait, mais il ne savait que trop bien qu'il serait bien vite remplacé si quelqu'un de plus performant venait à se présenter devant le rafleur. Tel était le vice de ceux qui fonctionnaient à l'instinct, aux yeux du prédateur qu'il était.
Pour l'instant, cependant, Bacchus lui appartenait parce que personne ne prenait la peine de prendre la responsabilité de la bête. Beaucoup l'aimaient, l'appréciaient, lui donnaient des autres. Mais il n'y avait qu'Augustus pour assumer ses erreurs comme si elles étaient les siennes, pour s'impliquer dans sa vie et ordonner jusqu'au moindre petit détail de sa vie sexuelle. Au fil des années, Augustus n'avait jamais cessé d'asseoir davantage son pouvoir et son contrôle sur lui, parce qu'ils étaient tous les deux satisfaits de la situation, Bacchus qui se voyait édicter sa vie par une créature qu'il adulait, et Augustus qui se faisait aduler par une créature dont il pouvait édicter la vie. Sauf, bien entendu, lorsque Bacchus osait voler de ses propres ailes pendant quelques temps.

Il fallait réparer cela, l'erreur que Bacchus avait osé faire d'agir loin de sa poigne. Il commença donc par l'écouter, attentivement, alors qu'il lui parlait de Nannie, comme si Rookwood ne savait rien, comme si ce n'était pas lui qui avait tout orchestré. Il lui racontait tout sous son regard enfantin de petit chien abandonné et si cela aurait pu attendrir quiconque, Augustus restait à calculer à quel point les doutes du Murdock étaient inquiétants. Il avait l'air de marcher à l'instinct, à l'aveugle, et de ne rien trouver parce qu'il était bien trop imbécile pour arriver à effectuer un plan au delà de ce que son instinct animal lui dictait. Un instinct qui, visiblement, ne l'avait pas poussé à venir se réfugier aux pieds d'Augustus, ce qui lui donnait envie de... « Me punissez pas, patron » voilà, cela, exactement, et cela lui arracha un sourire cruel. « j'savais vraiment plus quoi faire. » Et bien quand on ne sait plus quoi faire, on vient se répandre devant son maître pour implorer de l'aide, on ne va pas trafiquer avec de la magie noire sans supervision. Il ne répondit cependant rien de tout cela, invitant juste l'animal à poursuivre, sans desserrer son emprise, sans que le désir de lui retirer un autre petit bout d'oreille ne se dissipe.
Et l'autre en face continuait de japper, de miauler, de faire des bruits divers et variés avec sa bouche dans l'espoir fou de se faire pardonner son insubordination, ce qui attendrissait presque son bourreau. Yeux rivés dans les siens, il vérifiait à chaque étape de son histoire qu'il disait la vérité, pas qu'il puisse oser lui mentir, juste qu'il pourrait être assez idiot pour se tromper quelque part. Il était presque naturel, aujourd'hui, de se faufiler dans le cerveau de Bacchus pour y fouiller tout ce qu'il pouvait bien vouloir y trouver.

Finalement, le récit toucha à sa fin. Il n'était pas sûr d'avoir déjà entendu Bacchus parler autant, à la suite, sans interruption. Rien que pour cela, il pouvait se sentir s'adoucir un petit peu pour le cas de la bête. La séparation avait été, visiblement, bien plus douloureuse pour l'autre que pour lui. Et cela, étrangement, le rassurait. « Au final, c’est juste que j’ai p’us d’fric, du coup, j’dois virer d’chez moi » Et résumée ainsi, la situation paraissait tellement risible et ridicule qu'elle arracha, enfin, un sourire amusé à Augustus. Il n'avait jamais eu ce problème, excepté à Azkaban, où l'argent n'était pas exactement ton soucis principal. S'il ne s'agissait que de cela...
Augustus, enfin, s'éloigna de sa prise, lâchant la mâchoire, lançant un regard noir à l'animal canin aux pieds de Bacchus qui ne semblait pas capable de connaître sa place ; comme son maître. Augustus se retint de demander d'où il venait, cet animal-là, dans un énième désir de contrôle qui n'avait pas lieu d'être à cet instant. Il se contenta de replacer correctement ses manches le long de ses poignets lorsque Bacchus rajouta quelque chose. C'était quelque chose qu'il avait visiblement arraché à sa gorge, comme il le faisait parfois, ce genre d'éclat de passion qui laissait entrapercevoir l'iceberg de son obsession : « mais z’en faites pas, ça change rien ; j’suis toujours à v… pour vous, patron ; j’travaille toujours pour vous »

Un sourire se dessina d'abord sur les lèvres du mangemort, puis finalement il eu un petit rire, et une main qui se leva sur son visage comme pour contenir ce petit éclat d'amusement. Il jeta enfin un regard, particulièrement tendre, à sa créature pour lui dire doucement : « Je me doute bien, Bacchus, vous pensez bien que vos obligations envers moi vous suivront jusqu'à votre mort. Ce ne sont pas de simples problèmes matériels qui vont vous empêcher de payer votre dette. » Aux lèvres d'Augustus, ce n'était pas vraiment une promesse de toujours ou une déclaration d'éternité, bien plus une menace délicate lui promettant exécution sommaire à toute désobéissance. C'est en tout cas ce qu'il répondra si quiconque venait à lui poser des questions sur ce genre de formulation. Et il eu un nouveau amusé à la simple idée que sa brute puisse oser un jour trouver un maître meilleur que lui ; il n'y survivrait pas, et c'était le genre d'humour qui faisait beaucoup rire le Rookwood.
Il dégaina alors sa baguette et, d'un mouvement ample, fit léviter les divers sacs qui accompagnait la bête. « Je vois que vous avez été bien occupé dernièrement, mais que vos erreurs n'ont pas eu d'autre impact que sur vous et vos animaux. » Il n'avait pas porté de problèmes à son maître, et c'était ce qui importait. Bien sûr, il serait puni pour avoir oser l'ignorer, mais ce n'était pas le genre de justification qu'il formulait à voix haute, de peur de trop plaire à celui qu'il voulait torturer. « C'est une bonne chose, et nous pouvons espérer que cela vous empêche par la suite de trainer dans une magie noire sans supervision. » La sienne, de supervision, bien entendu. « Mais nous pourrons en parler une autre fois, nous avons ici un sujet bien plus pressant. » Et il montra d'un air affligé les divers choses sur le sol, englobant le chien qui n'était pour lui qu'une décoration bruyante. « Il nous faut trouver quelque part où vous loger, vous ne pouvez pas vous permettre de venir au travail après avoir dormi sous les ponts. » Puisque c'était, visiblement, la seule option qui restait à son petit bouffon.
Sachant d'avance qu'il allait pouvoir s'amuser de la réaction d'en face, un sourire s'installa chez Augustus en ajoutant : « Bien sûr, je pourrais vous héberger avec plaisir, mais je ne voudrais pas vous forcer à supporter une compagnie que vous n'avez visiblement pas désiré ces dernières semaines. » La pique, malicieuse, sonnait un peu trop juste entre ses lèvres un brin trop acides. « Nous disposons de bien des chambres libres, vous êtes un habitué de mon canapé et j'avoue que cela me rassurerait beaucoup d'avoir quelqu'un pour protéger ma petite Adelaïde par les temps qui courent. » Et puis quelqu'un pour amuser la petite Adelaïde aussi, cela faisait longtemps qu'il ne lui avait pas ramené de jouet...
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Il fut un temps où Rookwood te considérait avec le mépris le plus total, comme si tu n’étais qu’un moins que rien à ses yeux. Quand il souriait, c’était d’ironie, à la simple mention de la rouste qu’il allait pouvoir te mettre, sous couvert de ton comportement revêche, comme celui d’un chien mal élevé.
Tu ne saurais dire quand est-ce qu’il avait commencé à sensiblement rire de tout ce que tu disais. Toujours est-il que tu ne savais toujours pas aujourd’hui ce qui le faisait sourire à chaque fois. Et crois-moi, tu n’aurais su que faire de cette information si elle t’avait été livrée.  
Pourquoi vous vous marrez, patron ? Qu’est-ce que j’ai dit de drôle ? D’habitude, quand je dis un truc drôle, personne ne rit. Je sais que je parle mal, patron, je fais des fautes entre les mots, mais c’est un peu à cause de vous aussi, et de comment vous me regardez en souriant, comme si je venais enfin de comprendre, comme si vous, vous n’en finissiez plus de comprendre et de m’apprendre pourquoi je suis comme ça. Ça t’apprendra.
Que tu étais à lui, une boule de nerfs au creux de sa main tout juste bonne à malaxer pour se détendre.

En tout cas, tu t’en souviendrais de cette dette, même si tu ne savais plus exactement pourquoi il te la faisait payer. Si c’était encore dû à l’affront causé il y a plus de cinq ans. Est-ce que tu te rendais compte que tu te faisais avoir ? Que tu prenais perpèt’ pour une broutille, une insolence qu’il avait été le seul à juger impardonnable. A l’époque, t’aurais dû le voir venir, t’aurais jamais dû te laisser faire, te laisser passer la muselière sans piger qu’elle s’attachait directement à ta peau et dans tes nerfs et que tu pourrais plus jamais la retirer sauf si tu te bouffais toi-même. Ce n’est même plus une question de bêtise et d’intelligence, à ce stade-là. Tu devais forcément avoir conscience de ta situation, tu ne pouvais pas être si con et te laisser condamner à mort pour rien. Condamné à vivre pour lui.

Si ton toi d’il y a six ans constatait la situation dans laquelle pataugeait ton toi d’aujourd’hui, il se serait forcé à penser que tu t’étais enchaîné à lui pour qu’il n’aille plus sévir ailleurs.
Comme si tu avais osé penser qu’à l’époque, c’était toi qui finirais par le faire couler par le fond, et non l’inverse, dans les abysses qu’il peuplait déjà avant que tu ne sois né.
T’es si con que, ouais, y’a bien un moment où t’as cru, au tout début, que tu contrôlerais la situation. Mais ça, c’était avant que tu découvres que ta nature n’était qu’un amas organique d’obéissance ficelée autour d’une violence contenue avec peine.
Un peu plus, et on pourrait croire que tu le laissais tenir en laisse toute cette violence juste pour la lui re-balancer dans la figure le moment venu.
Mais ça, c’était avant que tu découvres que ta nature n’était qu’obéissance à sa personne. Que cette violence, bien que dirigée vers lui, ne serait plus de la même espèce que celle que tu diriges vers les autres. Si la vengeance était un plat qui se mange froid, toi, tu l’aurais bien bouffé aussi tout cru qu’il te bouffait. Et en attendant, tu lui mangeais fébrilement dans la main qu’il détache de ton visage que tu penses qu’il a dû y laisser des petits trous.

Ça pour sûr, on ne t’y reprendrait plus à tremper dans de la magie noire. Ou du moins, tant que ce n’est pas la sienne, de magie noire. Tu faisais si peu la différence entre la magie noire et la magie des autres couleurs que Rookwood aurait pu te bourrer de maléfices que tu n’y aurais vu que du feu –c’est ce qui arrive quand on a les yeux brûlés, à trop fixer le soleil. Tout ce que tu voyais toi c’était lui qui mettait des petits bouts de magie à lui dans toi. Et par Merlin, il n’en aurait pas fallu plus pour t’animer d’une volonté toujours plus profonde de le servir, toi, le petit trou noir à remplir.

Toutefois, Rookwood n’avait pas forcément tort de supposer qu’il y aurait pu en avoir un autre que lui. Et qu’à l’époque, ça avait été lui parce qu’il avait été celui qui t’avait surpris dans la pire de tes conditions et s’était emparé de cet état pour s’en modeler une arme apprivoisée. Certes, il t’avait apprivoisé, mais il n’avait fait que contenir la violence dans ton dedans, prenant soin de cadenasser très serré ton collier à piques. Effectivement, ça aurait pu en être un autre. Parce que ça ne manquait pas de charisme chez les mangemorts, passés trente ans. Parce que t’avais du mal à regarder Moltchaline dans les yeux. Tellement lisse qu’on glisserait sur les angles de sa figure. Parce que ça t’était arrivé de faire du zèle avec Lestrange, à tes débuts chez les rafleurs, juste pour être bien vu. On n’avait peut-être pas suivi ta progressive métamorphose de bête humaine à humain bête, mais on avait su l’apprécier. Parce que c’était toujours bon de t’avoir dans ses rangs, quand bien même on n’avait pas tout de suite su qui tirait sur la chaîne qui te ralliait à la cause.

T’as un mouvement un peu confus pour ramasser tes affaires qu’il fait léviter, alors que tu sembles être parvenu à te faire pardonner, même si ça ne serait pas sans conséquence –tu n’avais même pas à en douter, ça avait toujours été comme ça, le délicieux suspens résidant dans le quand est-ce qu’il allait sévir.
Tu balances les sacs sur tes épaules, un regard en arrière pour voir si le chat ne revenait pas. Bah, il était teigneux, il finirait par retrouver ta trace. Tu ne questionnais plus trop son comportement jugé trop instable.
Comme si toi, tu étais plus stable, à te retourner brusquement vers lui, les sourcils froncés. « Mais non, c’est pas qu’j’vous ai pas dés-… désiré votre présence » et, comme chaque fois que Rookwood faisait vibrer la corde sensible comme un premier violoncelliste, tu te prenais les pieds dans tes propres cordes à toi, ne faisant que parachever de ta passion intestine sa petite farce. « c’est juste qu’j’ai pas eu l’temps… » Mais ta protestation meurt au fond de ta gorge –parce que tu aurais pu continuer longtemps sur combien tu le désirais, lui ou sa présence d’ailleurs-, soufflée par l’explosion qui vient de se produire dans ta poitrine –pour changer, me direz-vous.
Parce que tu viens de piger ce qu’il te proposait. Tu pigeais un peu trop bien –pour une fois, sans piger la raison de cet élan de charité, à ton intention, surtout.
Rookwood doit sans aucun doute apprécier le spectacle de ta combustion instantanée à l’idée de passer plus d’une nuit d’affilée sous son toit, dans l’une de ses chambres, mieux encore, sur son canapé, comme d’habitude, en l’occurrence, sauf que t’aurais pas à t’enfuir comme un voleur au petit matin –quoique, ça donnait presque une dimension sensuelle à la chose.
Il va peut-être croire que tu t’ébroues à l’idée de coller la petite Adelaïde aux talons, quand tu ne faisais que te projeter une fois de plus sur le cuir ou le velours de ses fauteuils, à l’observer travailler, quand la vision se trouble au bord du sommeil.
Après tout, quoi de plus jouissif pour un chien que de savoir qu’il troque la niche dans le fond du jardin pour l’intérieur luxueux de la demeure de ses maîtres.  

Tu cherches la formule de politesse appropriée pour accepter ce genre d’offre inattendue, quand le reste du monde flairait, si ce n’est la nouvelle arnaque, au moins le nouveau traquenard dans lequel Rookwood te poussait sans le moindre effort, et qui consistait à te livrer en pâture, non seulement à lui-même, mais également à sa nièce dont tu n’avais croisé que des pointes de cheveux au détour d’un couloir ou des bouts de pantoufle se traînant d’une pièce à l’autre en pleine nuit.
C’est ce moment-là que choisit Dionie pour se rappeler à toi, car la bougresse n’était pas au courant qu’elle avait de la concurrence, humaine en plus de ça. Elle vient chercher le plat de ta main de l’arête de son profil si singulier.
Ton expression se tord un peu et le rouge de ton visage s’éteint. On sent que ça te fait un mal de chien quand l’engouement retombe et que tu réalises là où ça risque de coincer. « Ça aurait été très –aimable à vous, patron… mais comme vous pouvez l’voir, l’truc c’est qu’j’viens accompagné… » T’as malgré tout un sourire attendri pour le petit cabot. « et j’voudrais surtout pas vous les imposer, genre si votre nièce supporte pas ça, par exemple » Parce qu’il ne faisait aucun doute d’après ta logique implacable que Rookwood ne puisse pas aimer les chiens, puisqu’il semblait prendre un plaisir particulier à s’occuper de toi. Quoique, aucun chien n’aurait signé pour le calvaire qu’il te faisait vivre et que tu chérissais. Donc en réalité, il y avait fort à parier que Rookwood n’aimait les chiens dans ton genre que pour les martyriser. « Après, ça m’empêche pas d’venir surveiller vot’ nièce d’temps en temps, si ça peut vous rassurer… » Oui, nan, parce qu’il ne s’agirait pas non plus de ne pas grappiller quelques miettes faute de décrocher le gros lot, dans cette fausse modestie qui t’allait si bien au teint.
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Bastus#3 • I'm bound to you
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Augustus était déjà en train de se préparer à partir lorsqu'il entendit Bacchus essayer de lui parler. Il bégayait plus qu'autre chose et ses phrases n'avaient pas réellement de sens. Il mit un temps avant de réaliser que, concrètement, son chien était en train d'essayer de décliner son offre parce qu'il avait lui-même des animaux ? Pour qui se prenait-il, un être humain avec une opinion, un droit au choix et à la décision. Augustus l'avisa un instant, le regardant avec effarement se dépatouiller dans sa propre mélasse visqueuse, n'osant même pas le regarder dans les yeux dans son audace. Il soupira et, d'un mouvement de baguette, aligna les paquets et valises en suspension dans les airs sur le côté du couloirs, à la file indienne. « Voyons, Bacchus, arrêtez de faire l'enfant. » Il lui souriait tranquillement, visiblement attristé de devoir se charger de menus détails comme de l'opinion de sa proie. La température, pourtant, n'arrivait pas à redevenir véritablement chaleureuse, tant le dédain transparaissait de son regard désintéressé. « Je ne vais pas m'amuser à argumenter avec les excuses dans lesquelles vous semblez déterminé à vous noyer. Considérez que toutes vos remarques ont déjà été prises en compte et, si vous voulez refuser, faites le directement. » Cela lui arracha un petit sourire amusé.
Sans bouger, sans se rapprocher, sans même prendre la peine d'avoir l'air mençanant, il ajouta d'un ton tranquille : « Bien entendu, vous avez appris à considérer mes suggestions comme des ordres et je n'aurai plus à vous reprendre dans ce genre d'insubordination. N'est-ce pas, M. Murdock ? » Il lui sourit tranquillement, et c'était étrange comme le simple fait qu'un homme tel que lui puisse ronronner le mot « insubordination » pouvait facilement devenir terrifiant.

Ne lui accordant plus un regard, il mit son chapeau, enfila son manteau, et remonta tranquillement le couloir, suivi des affaires de son employé. « Nous emprunterons les Cheminées, ce sera plus simple avec toutes vos affaires. » Il avait l'air, en vérité, d'assez bonne humeur, en remontant ainsi le Ministère de son pas glissant, sans nul doute suivi par son ombre habituelle. La satisfaction était en effet à l'ordre du jour, à l'idée d'avoir son souffre-douleur personnel à disposition à longueur de journée, surtout après cette étrange disparition. L'individu lui aurait-il manqué ? Impossible, il l'avait presque oublié ces derniers mois. Alors pourquoi était-il aussi satisfait de l'avoir de nouveau à ses doigts ? Il devait se résoudre à accepter une potentielle affection qu'il ressentirait à l'envers de la créature. En songeant à cela, il revint bien entendu à ses projets pour toujours plus enfermer le Rafleur dans son piège, et il décida, assez unilatéralement, de faire aboutir très prochainement ses préparatifs.
Enfin, ils atteignirent le lieu d'arrivée et de départ d'une partie des employés du Ministère et, enfin, Augustus ralentit sa marche et l'avancée des divers sacs et autres récipients pour les rares affaires de son esclave. Il jeta un regard en arrière, avisant du Murdock, mais n'ajouta rien en dehors de son sourire puis les fit tous rentrer dans l'imposante cheminée. L'irlandais mis un temps avant de le rejoindre, avec ce petit air effrayé qu'il adoptait lorsqu'il devait s'approcher trop près de son maître. Il fut pressé, d'un geste encourageant, puis trouva sa place à sa côté. Toujours silencieux, il lui sourit, puis lâcha les cendres dans la Cheminée, appelant « Le Manoir Rookwood » d'un ton chantant.

Quelques secondes plus tard il émergea dans un des salons presque vides de la bâtisse, inspirant profondément l'air de chez lui. Ces voyages en Cheminée avaient tendance à l'étouffer un peu. Époussetant distraitement son costume il avisa de son invité et l'accueilli, charmant : « Eh bien, bienvenue dans votre nouvelle habitation Bacchus. Je vous présenterais bien la maison, mais je crains que vous ne la connaissiez déjà ? Où souhaitez-vous déposer vos affaires, au rez-de-chaussée, à l'étage ? Nous disposons de quelques chambres libres. » Bien entendu, le choix était bien illusoire, puisque, voyant que l'homme se noyait déjà dans les propositions, il ajouta directement : « Et bien nous allons vous donner celle en face de l'escalier, à l'étage, comme ça vous ne vous perdrez pas et vous serez entre Adelaïde et moi-même. » Comme s'il allait dormir ailleurs que dans le bureau d'Augustus, sur son canapé, ou sur le tapis.
Il allait l'entraîner à sa suite lorsque, en se retournant, il se retrouva face à Lord, le chat d'Adelaïde qui était visiblement curieux de tout ce remu-ménage. Le mangemort dissimula le désintéressé mêlé d'exaspération que lui inspirait cette immense boule de poil inutile, et le contourna sans un regard, lâchant juste un « Vous voyez, vos animaux ne seront pas seuls. » Ce qui le fit rire, d'ailleurs, assez mesquinement.
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Bastus#3 • I'm bound to you
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Il paraît que l'expression « donner un coup d'épée dans l'eau » vient d'une légende dans laquelle un jeune palefrenier se met en tête de défier un monstre tapi au fond d'un lac qui ne se réveillait que pour dévorer les pêcheurs insouciants. Le garçon d'écurie aurait attiré la bête à la surface en frappant la surface de l'eau du plat de son épée.
La légende, dans toute son absurde logique -en effet, quand un monstre rôde dans un lac, on évite, insouciant ou pas, d'aller y pêcher des poissons (qu'il a sans nul doute dévorés aussi)- raconte que son héros venait à bout de l'horreur abyssale. Néanmoins, ce qu'on oublie, bien qu’il s’agisse de la véritable origine de l’expression, c'est que le monstre ne vint à sa rencontre qu'une fois que le palefrenier eut mis les pieds dans l'eau, baguette à la main et épée sur le flanc, l'arme n'ayant strictement servi à rien, si ce n'est à équilibrer la composition du personnage sur la couverture du bouquin.
Tout ça pour dire que dans le genre se faire violence inutilement, tu remportais la palme. En effet, Rookwood balaye d'un revers de la main ton refus, ne prenant même pas la peine de s'en offusquer qu'il y avait fort à parier qu'il s'en offusquait réellement. Il était rare que tu reviennes sur ses décisions ; à vrai dire, ça n'était plus arrivé depuis un moment (tu n'étais même pas arrivé à lui refuser un chat), depuis cette tumultueuse époque où tu avais quelques années de moins sur le menton et encore beaucoup de hargne à revendre. A l'époque où le harnais et la muselière s'imposaient, puisque tu te débattais encore dans ses filets.

C'est donc un magnifique ballet de coups d'épée dans l'eau que tu infliges à l'océan ; petit mollusque qui ne remarque pas que les mailles se resserrent autour de lui. Parce que Rookwood était autant le monstre que le pêcheur. Toi qui te targuais d'un amour inconditionnel pour les eaux, tu ne semblais pas assumer que ton patron ait pris le pouvoir aussi facilement sur ton empire marin. De fait, il ne tolérerait à présent aucune insubordination en son royaume.
Ah, ce genre de mot compliqué, ça calmait tout de suite tes ardeurs, hein ? Ou devrait-on plutôt dire que ça les renvoyait au fond de l'âtre, à ronronner quand il mettait la main au feu pour vaguement te flatter. Mais cette fois-ci, il n'avait fait que te jeter un seau d'eau à la figure, que tu reprennes tes esprits et cesses tes enfantillages. Pire encore, il t'avait indiqué le chemin pour que tu te prennes toi-même les pieds dans le seau.
Vous formiez un bien piètre duo de clowns ; une torture à regarder, littéralement.

Tu hoches la tête et prends sa suite, jetant des coups d'œil inquiets à tes bagages se mouvant tous seuls. Mais ce n'est rien en comparaison à l'affolement que suscite votre arrivée au pied des Cheminées, et précisément au pied de celle dans laquelle Rookwood s'engouffre, ne laissant définitivement que trop peu de place pour que tu t'y enfournes à ton tour sans établir le contact avec lui.
Tu aurais dû le remarquer, à l'époque, que c'était tout sauf de bon goût de redouter tant qu'il ne te touche. Parce qu'il pouvait aussi bien s'agir d'un émoi fébrile d'amoureux que d'un dégoût pur et simple à son égard. Encore aujourd'hui, tu pouvais l'aimer autant que le haïr, et la frontière semblait toujours plus floue, malgré le temps.
Tu régules ta respiration un peu trop consciencieusement pour que ça ne passe pas inaperçu. Tu n'es jamais plus impressionnant que quand tu ne parles pas. Et pourtant, tu es actuellement sans défense. Ta respiration, parfois, soulèverait des tempêtes. Mais tu finis bien par t'y caler à ton tour, un peu de biais parce que trop large d'épaules. Le chat détale du fond du couloir et s'accroche à ton mollet au dernier moment. Tu lèves le menton pour rentrer le ventre et le poitrail, retrouves non sans appréhension la proximité de Ste-Mangouste quand tu avais bien cru que tu allais l'- « Manoir Rookwood. »

Tu avais obtenu ton permis de transplanage au ras des mandragores et parvenais rarement à la destination prévue, déboulant souvent quelques mètres plus loin. De fait, tu arrivais rarement de cette manière chez ton patron, préférant faire le pied de grue sur le perron. Le temps de savoir si tu toquais ou non, Rookwood finissait par envoyer un elfe de maison t'ouvrir, sentant ta présence comme on sentirait un animal blessé -voire en chaleur. A croire que Rookwood flaire tes phéromones à des kilomètres à la ronde.
Te voilà désormais dans l'antre de la bête, rien de bien nouveau jusque là. Cependant, ta fébrilité est de mise, pour ne pas dire que tu es excité comme une puce(lle). Rien à cirer de la chambre, patron, j'pourrais même dormir dans le jardin, du moment que c'est le vôtre. « entre Adelaïde et vous ; oui, c'est bien ça… » que tu répètes pensivement, inconscient de la pertinence de tes propos, rares, mais viscéraux. Tu amorces un pas, lourd du matou agrippé. Tu fourrages dans ta poche, déposes le chiot sur le parquet glissant. Il tend le museau vers Lord avant de se lancer tout en cliquetis à sa poursuite ; lui au moins, il n'y allait pas par quatre chemins -tu devrais en prendre de la graine, mon gros.

« Ouais, j'espère qu'elle cassera rien. » Vous montez à l'étage et tu libères tes affaires du sortilège de lévitation, simplement pour les caser dans un coin. Elles ne bougeraient pas d'ici. Tu ne froisserais jamais les draps plus qu'en te roulant en boule au bout du matelas. Le chien et le chat investiraient davantage les lieux que toi. T'en voulais pas de cette chambre. T'avais l'air presque vexé qu'il existe tant de chambres dans cette baraque. « Vu tout l'boulot qu'on a -et qu'j'dois rattraper- pas sûr que j'trouverai le temps d'dormir avant un moment... » surtout que ce temps, tu le passerais vautré sur un canapé, sous le regard consterné de ton supérieur.
Ça t’allait bien, de dormir juste à côté de lui. C’était une sécurité, en quelques sortes, un garde-fou –pour toi ou pour lui ? Tu tombais souvent de fatigue, bien entendu, mais disons qu’à certains moments, tu ne cherchais pas à lutter non plus, comme on endormirait une bestiole trop féroce. Ça t’allait bien, de te rendre chez lui très tard la nuit pour t’y endormir.
Aujourd’hui, il n’est pas si tard, et visiblement, il n’y a personne d’autre dans le manoir que vous deux, les elfes de maison et les animaux qui cavalent au rez-de-chaussée.
Alors, peu à peu, comme à chaque fois que tu te retrouves dans une pièce seul avec lui –et particulièrement quand il s’agissait comme dans le cas présent d’une chambre à coucher- tu as toujours plus de mal à tenir en place, feignant admirer les boiseries, les tentures, les motifs du tapis, lui exposant cette nuque tendue et cette oreille bien trop guérie. Tu te débats, sans même t’en rendre compte, comme le nageur insouciant battrait des bras et des jambes, attirant ainsi le monstre.
C’est en te grattant nerveusement l’avant-bras que tu penses mettre le doigt sur un sujet de conversation badin, mais nécessaire à ce silence simplement brisé par ton souffle erratique, comme si tu faisais l’am-
« D’après m’sieur Lestrange » et donc pas d’après toi, m’sieur Rookwood « j’pourrais bientôt recevoir la Marque » la nouvelle roule et s’écrase, énième coup d’épée dans l’eau pour qu’il vienne pas te dévorer.
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Augustus observa le chiot courir après le chat avec un regard désapprobateur. Il espérait que le Murdock aurait la décence de les enfermer dans une pièce ou dans le jardin. Il avait prévenu Adelaïde de ce qu'il arriverait si Lord se mettait à traîner dans ses pièces personnelles. Il ne jugeait pas nécessaire de prévenir son employé. Il comprendrait bien assez vite si un jour il trouvait un de ses amis à quatre pattes écartelé dans la poubelle. Il n'avait pas de temps à perdre avec ces créatures dénuées de parole et de pouvoir.
Il guida Bacchus jusqu'à sa chambre sous ses commentaires plats, il eu même un sourire en le voyant être aussi dédaigneux de ses affaires. C'était si typique de son clébard, de ne pas prêter attention à lui-même. Il lui avait pourtant intimé, de multiples fois, de prendre soin de lui, mais il semblait incapable de diriger son regard vers son propre corps, ses propres habits, sa propre existence. Il était si fasciné, pourtant, par la beauté et la propreté, il ne lui suffirait que de cela pour être bien plus agréable au regard. Il fallait cependant se rendre à l'évidence, un Bacchus qui arriverait à faire attention à ce dont il aurait véritablement besoin n'aurait que peu d'intérêt pour Augustus. Il deviendrait soit atrocement honnête envers ce qu'il désirait du Rookwod ou alors se rendrait compte de la toxicité de leur relation. Dans tous les cas, cela rendrait leur lien atrocement navrant et ennuyeux, alors qu'il était censé l'amuser.
Il était censé l'amuser jusqu'à ce qu'Augustus se sente s'énerver à cause de lui.

L'hôte se permit une rapide présentation des lieux : « Vous êtes ici dans l'ancienne chambre de ma chère sœur, Laeticia Rookwood, alors qu'elle était enfant. Ne vous inquiétez pas, tous ses effets personnels ont depuis longtemps été déplacés.  » Voire brûlés. Augustus ignorait ce que Bacchus savait sur sa famille, ou l'avait oublié. Le rafleur, malgré toute sa fascination, paraissait ignorer la majorité de son histoire, malgré les multiples rumeurs et informations sur le sujet. Il était certain que le mangemort prenait rarement la peine de parler de sa vie privée, particulièrement passée, trouvant ce genre d'activité fort peu distinguée. « Les fenêtres sont, bien entendu, scellées. Vous aurez cependant accès au jardin que vous pouvez voir d'ici par une porte du rez-de-chaussée. » Il prononça ces mots tout en avisant du chat qui était finalement descendu de la jambe de son maître pour commencer à conquérir les lieux. « Vu tout l'boulot qu'on a -et qu'j'dois rattraper- pas sûr que j'trouverai le temps d'dormir avant un moment...  » Augustus eu un léger rire à ces paroles, ne doutant pas une seule seconde de voir son employé s'endormir durant un nombre obscène d'heures sur son canapé. Oh si, il allait dormir, juste pas entre ces draps. Cette maison n'avait  jamais hébergé de grands dormeurs, de toute manière.
Ils étaient seuls, comme souvent, mais comme cela avait été rarement le cas depuis l'hôpital. Augustus remarqua assez vite la tension chez son animal, et mis quelques secondes avant de comprendre pourquoi, ce qui lui arracha un sourire. Doucement, les mains dans le dos, il s'approcha de lui, se posta à ses côtés, simulant un intérêt pour les mêmes moulures que lui, le regardant commencer à se noyer dans sa propre nervosité. Il avait oublié à quel point sa nervosité pouvait être divertissante. Finalement, il du se décider à perturber le silence qui n'était gênant que pour lui, Augustus profitant pleinement de la situation : «  D’après m’sieur Lestrange, j’pourrais bientôt recevoir la Marque  »

Plait-il ? Depuis quand Rabastan se permettait-il de promettre ce genre de chose à des brutes épaisses sans cervelles telles que Murdock ? Augustus ne doutait pas que Flint et Goyle devaient leur Marque à ce genre d'initiative de sa part. Il se sentait exaspéré, étrangement, que quelque chose de cette ampleur se déroule sans lui. Peut-être, aussi, il était ennuyé de se dire que Bacchus pourrait avoir une allégeance plus haute que celle qu'il avait envers son véritable maître. Il était véritablement temps qu'il ai une discussion avec le jeune homme. Il eu un sourire froid, avant de lui répondre poliment : « C'est une excellente nouvelle, et je suis content de votre réussite. Je ne suis donc pas le seul à apprécier vos capacités. »

Il y eu un silence, un peu gênant, surtout pour le Murdock que pour lui, avant qu'il n'ajoute. « Suivez-moi donc, j'ai à vous parler. » Il apprécia l'éclair de crainte dans ses yeux, puis quitta la pièce d'un pas souple, se dirigeant, sans surprise, vers son bureau. Une fois la porte fermée derrière eux, il invita son invité à prendre place sur un siège, tout en commençant à parler. « Je ne sais pas si vous pouvez le sentir, mais des forces étranges opèrent depuis quelque temps dans la politique de l'Angleterre. J'ai peur que notre régime, notre ordre, notre autorité ne soit en grand péril et je crains qu'en de telles situations de crise, il nous faille nous rassembler, nous unir, et assurer des alliances durables et claires. » Il appréciait de perdre Bacchus dans ses paroles pompeuses et il le voyait déjà essayer de comprendre le vrai sens de ses phrases tandis qu'il parcourait tranquillement ses tiroirs à la recherche du papier qu'il recherchait. Tout en le ramenant, il continua tranquillement. « Nous arrivons à une période où il faut assurer notre véritable allégeance, et où nous souhaitons véritablement nous diriger. » Tranquillement, il alla s'installer dans le fauteuil en face de sa chose, la table les séparer, croisant négligemment les jambes tout en regardant d'un œil distrait la feuille qu'il tenait entre ses doigts. Sans le regarder, il continua : « Le pouvoir et la méthode en place arrive à son terme, et je pense qu'il nous faut chercher à changer les choses. » Arrivant à l'endroit où cela risquait de se montrer complexe, il plongea de nouveau son regard dans celui, écarquillé, de sa proie : « Nous cherchons, avec M. Motchaline, à savoir qui serait prêt à nous vouer allégeance, ou plutôt à vouer allégeance à une cause qui nous rassemblerait autour d'un monde moins violent, plus tolérant envers l'Elite et, bien entendu, envers les sangs-mêlés. » Sur ces mots, qui allaient certainement déranger son petit sang-pur phobique des moldus, il fit délicatement glisser le papier sur la table pour arriver sous ses yeux.

« Dans ces conditions, j'aurais besoin de votre accord écrit. » D'un mouvement de baguette, il fit parvenir jusqu'à eux une plume et de l'encre. « Vous trouverez ici un contrat, de vous à moi, et personne d'autre, promettant une obéissance absolue et l'interdiction de dévoiler à quiconque le moindre de détail de ma vie, ou de mes projets, ou quoi que ce soit me concernant. » Il souriait, doucement, et expliquait tranquillement toutes les choses qu'il devait abandonner pour lui. Il jugea bon d'ajouter, sachant pertinemment à quel point cela aurait de l'importance aux yeux de sa cible : « Vous êtes et serez la seule personne à qui je demanderai ce genre de chose, Bacchus. »
Il se pencha légèrement en avant, capturant ses yeux dans les siens, l'enfermant dans son expression sérieuse et impliqué, presque implorante. « Vous êtes une part essentielle de la construction de ce nouvel idéal, et je ne souhaite pas me plonger dans cette aventure sans votre participation. » Sa participation, certes, mais quant à son libre arbitre, il pouvait largement s'en passer. Bacchus n'était plus un homme depuis longtemps à ses yeux, s'il l'avait jamais été. Il lui obéirait, qu'il le veuille ou non, et il l'enfermerait éternellement à son service. Cette histoire lui était étrangement extrêmement plaisante. Il avait toujours aimé avoir des personnes à son service, complètement sous son contrôle. Il ne se souvenait cependant pas d'avoir autant apprécié voler le libre arbitre de quelqu'un.
Il jugea bon d'ajouter, même si à ses yeux c'était évident : « Je tiens cependant à vous avertir, si vous ne l'aviez pas compris. Ce contrat n'est pas un simple morceau de papier, et je ferai en sorte que vous ne puissiez jamais vous en détourner. »
S'il lui venait, par exemple, un jour, la pulsion absurde de le trahir.
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Is there anything I could do Just to get some attention from you ? Oh boy your eyes betray what burns inside you
On ne saura jamais si, dans cette histoire, tu balançais ce genre de banalités à propos de Lestrange tout à fait innocemment, et même sans réfléchir, dans l’affolement provoqué par la situation. Ou si, au contraire, tout cela participait de la mise en scène visant à faire céder Rookwood petit à petit, en lui rappelant, l’air de rien –voire l’air hagard- qu’il n’était pas le seul auquel tu obéissais. On eut pu dire qu’une force inconsciente était à l’œuvre, tout au fond de toi, profitant de ta malléabilité pour te faire dire ce qu’elle voulait. Une force assez sombre, ronronnante et rugissante parfois qui, non content de te savoir l’entière propriété de Rookwood, aurait bien voulu renverser la balance.

C’est en tout cas tout à fait ignorant des instincts de rébellion et de domination en œuvre au fond de ton ventre –que Rookwood avait mis plusieurs années à mettre au pas, d’une main de maître-, que tu le suis, l’échine courbée d’inquiétude, comme à chaque –et nombreuses- fois que tu passais les portes de son bureau.

Tu poses ton séant dans le fauteuil qu’il t’indique, ravalant d’ores et déjà un soupir décontenancé quand il se sent obligé de te perdre dans ses grands discours. Tu n’aimes pas particulièrement quand il fait ça, parce que c’est comme ça qu’il parle aux autres, devant les autres ; jamais quand vous n’étiez que tous les deux. Rookwood était le mieux placé pour savoir que, pour capter ton attention, il ne fallait pas y aller par quatre chemins. Tu n’étais pas l’un de ses mignons du neuvième étage. Tu étais sept niveaux en-dessous, dans le pullulement de la Ruche. Et c’était de cette vase qu’il t’avait extirpé de la même main de maître qui avait modelé et rempli le vide intersidéral de ton crâne de piaf.
Mais là, quand il parlait comme ça, c’est comme s’il voulait volontairement te remplir à ras bord d’informations inutiles, quitte à tout faire déborder. Et tu n’aimes pas, qu’il te prenne pour tous les autres.

Tu rattrapes le fil de son discours quand il est question d’allégeance, de Moltchaline et de tolérance envers les sangs-mêlés. Si la première notion t’était familière –pour ne pas dire qu’elle constituait ta ligne de conduite-, un premier frisson te parcourt l’échine à l’évocation de la seconde, et pire encore à celle de la troisième. Si tu craignais le soviétique pour le peu que tu savais de lui, c’était pour ce que tu pensais savoir des impurs que tu en étais terrorisé. Bien entendu, tu savais que Rookwood en faisait partie. Néanmoins, tu croyais bon de t’imaginer que, depuis le temps passé au service du Magister, il s’était racheté. Et puis, il t’avait prouvé à plus de reprises que de meurtres que tu avais commis dans ta vie qu’il pouvait s’avérer bien plus puissant que la plupart des sangs-purs.
Pourquoi donc daignait-il se préoccuper encore des nés-moldus et autres renégats de la société sorcière ?

D’un autre côté, tu te voyais mal remettre en cause sa parole évangélique. Répondant d’un grommellement pas dépourvu de sa pointe de mauvaise foi, tu finis de faire glisser le papier jusque sous ton nez. Sans réellement le lire, tu continues de prêter une oreille attentive –si tu avais su- à son discours.
Le sort des sangs-mêlés te paraît soudain bien dérisoire face à ce qui cloche désormais dans son discours. Et il aura beau te rouler dans son regard le plus velouté et dans ses menaces d’éternité, pisteur que tu es, maintenant que tu avais flairé cet élément de taille qui te faisait froncer les sourcils, tu ne le lâcherais plus.
Docile, tu le laisses finir, l’écoutant comme à ton habitude avec l’attention menaçante d’une grotte. En quelques sortes, tu aimes le soin qu’il met à te faire comprendre qu’il avait besoin de toi, comme on brosserait le pelage hirsute d’un animal sauvage. Tu n’y peux rien ; c’est la seule marque perceptible d’affection dont il faisait preuve –et à multiples reprises- à ton égard. Tu fais grincer les pieds du fauteuil que tu rapproches de son bureau pour tremper la plume. Sans visible hésitation, tu traces même de ton écriture brouillonne les premières lettres de ton nom.
« Y’a que’qu’chose que j’comprends pas, patron » Il devait avoir l’habitude, à force. Tu étais toujours assez long à la détente, et un autre que lui aurait jeté les armes avant de pouvoir te faire rentrer quoi que ce soit dans le crâne. « C’était pas c’que j’faisais depuis tout c’temps… vous obéir absolument… ? » Le menton baissé sur ta signature, tu oses lever les yeux de ta plume pour observer sa réaction. Le ton que tu avais employé était humble, bien entendu, mais pour toi, cette question relevait d’une impertinence intestine. Tu n’avais pas pu t’en empêcher.

Tu avais besoin de savoir.
De savoir à quoi tout ce cirque des six dernières années rimait, si ce n’était pas avec une obéissance aveugle. Sans compter que pas une seule fois tu avais révélé quoi que ce soit sur lui, parce que ça ne te viendrait jamais à l’esprit de parler de lui si ce n’est pour bafouiller bêtement à tes collègues rafleurs à quel point il était exceptionnel. Sans compter que tu ne savais rien de lui de plus que ce que tu avais appris de l’extérieur. Il venait certes de te révéler un semblant de complot, mais tu n’étais quand même pas aSSEZ CON pour aller en parler autour de toi. En parler à qui ? A QUI, HEIN PUISQUE C’EST LUI ET LUI SEUL QUI AVAIT SEMBLE-T-IL TOUT FAIT POUR T’ISOLER DU RESTE DE TON GROUPE EN FAISANT APPEL EXCLUSIVEMENT A TES SERVICES ?
Bien sûr, il y en avait d’autres autour de toi, tu n’étais pas aveugle ; Flint, Imogene, Shacklebolt, Nannie. Mais ça n’avait rien à voir. A eux, tu ne leur parlais pas de Rookwood. Avec eux, tu leur parlais d’eux, parce que tu les aimais bien, et même que de temps en temps, tu ne pensais presque plus à lui.

Cependant, il n’en restait pas moins que c’est lui qui t’avait forgé. C’est lui qui le premier avait posé la muselière. C’est lui qui la détachait quand bon lui semblait. C’est lui qui rendait tout à fait irrégulières tes visites à la Ruche. C’est lui qui t’avait réduit au silence, à l’impuissance, à l’obéissance pure et simple.
POUR QUI VOUS ME PRENEZ PATRON ?
Et c’était toi aussi, un peu, qui t’étais laissé forgé ;
juste pour que ses mains battent le fer encore chaud de ton âme.

« Pourquoi vous m’faites signer un papier après tout c’temps ? » continues-tu, vibrant, tout en traçant une ligne mal assurée sous ton nom de famille. TOUT CECI N’A DONC PAS COMPTE A VOS YEUX PATRON ? « c’est à cause de mon insubordination ? » C’EST TOUT CE QUE VOUS RETENEZ DE CES SIX ANNEES ? UNE SEULE FOIS QUE CA S’EST PRODUIT ET C’EST COMME SI VOUS NE SAVEZ PLUS QUI JE SUIS
VOUS AVEZ PAS LE DROIT PATRON
SI VOUS NE SAVEZ PAS QUI JE SUIS ALORS QUI LE SAURA ?

Tu souffles sur l’encre pour la faire sécher. Tes doigts se crispent tant autour du parchemin qu’ils pourraient le réduire en miettes.
Malgré toutes ses explications, tu ne comprenais pas, et dans un sens, c’était une première, venant de lui. Il y avait visiblement quelque chose qu’il ne t’expliquait pas. Et ça piquait un peu dans ta poitrine. Tu lui rends le contrat d’une main tremblante de rage triste. « Et y’a quoi d’autre, en plus du morceau d’papier ? »
QU’AI-JE FAIT, PATRON, SI CE N’EST VOUS PROUVER MILLE ET UNE FOIS QUE JAMAIS JE VOUS TRAHIRAI ? C’ETAIT QUOI TOUT CA, A VOTRE AVIS ?
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Bastus#3 • I'm bound to you
Kick me to the ground break both my hands Every time your hurt me I want you even more
Bacchus ne sembla même pas y réfléchir. Il lui obéit, comme par instinct, attrapant la plume pour commencer à signer de son nom. Un étrange soulagement circula le long de la colonne vertébrale d'Augustus. Il signait et c'était bon, c'était réglé, il n'aurait plus jamais à s'inquiéter de ses - « Y’a que’qu’chose que j’comprends pas, patron. » Il retint, avec efforts, un profond soupir. Comment pouvait-il signer s'il n'avait pas tout compris ? Etait-il véritablement assez bête pour se livrer corps et âme sans même réfléchir aux conséquences ? Il l'était, visiblement. Et sans comprendre pourquoi, Augustus avait visiblement de jeter son dévolu sur lui, le torturant particulièrement, le poursuivant particulièrement. Il réalisait, tout de même, qu'il donnait un véritable traitement de faveur -et de défaveur- au rafleur. D'une manière qu'il n'arrivait pas à comprendre exactement, il était différent. « Je vous écoute, Bacchus. » murmura-t-il tranquillement, le jaugeant de son siège, jambes croisées, mains délicatement posées dessus, dans le plus grand des calmes apparents. « C’était pas c’que j’faisais depuis tout c’temps… vous obéir absolument… ?  » Encore une fois, il réprima un soupir. Il pouvait parfois se permettre des questions vraiment ridicules... Quelqu'un de plus pragmatique n'aurait jamais demandé cela. Il devait, certainement, se vexer d'être ainsi diminué dans sa loyauté. Comme si Augustus réfléchissait vraiment à ne pas heurter ses sentiments avant de faire quelque chose le concernant. Une de ses mains se levant et se massa doucement la tempe, fatigué d'avance de ce débat stérile. « Là n'est pas la question, Bacchus... » Pourquoi prenait-il même la peine de répondre ? Il était à son service, avec ce contrat il ne pourrait plus jamais ne serait-ce que lui répondre de façon déplacée. Il pourrait lui ordonner absolument tout et n'importe quoi. Alors pourquoi prendre la peine de lui répondre ?
Sa politesse sera très certainement sa perte, se dit-il en soupirant intérieurement.

Il pouvait déjà le sentir s'offusquer quelque part dans son cerveau d'imbécile. Moi, Bacchus Murdock, héritier d'une famille de bouffons fidèle, six ans de service, d'obsession, de passion, de fantasmes sexuels, comment peut-on oser douter de mon, blablablabla. C'était certainement moins distingué dans sa tête, mais il sentait pointer son ingratitude sale. Augustus en était exaspéré d'avance. « Pourquoi vous m’faites signer un papier après tout c’temps ?  » Il vibrait de rage. Avec quelqu'un d'autre que son maître, il aurait sûrement déjà cassé quelque chose, sinon un membre, au moins un meuble. Ici, cependant, il continuait de soigneusement fignoler sa signature. Quel chien fidèle et bien dressé il était, derrière toute son indignation. Augustus ne lui répondit pas, attrapant juste du bout des doigts le papier pour le faire parvenir jusqu'à lui, sondant d'un regard intéressé l'écriture bancale de son chien. « c’est à cause de mon insubordination ?  » Cela lui arracha un petit rire moqueur, cruel, du bout des lèvres.
Il finit de vérifier que tout était correct, puis il leva les yeux du papier vers lui, bien assez penché pour s'être rapproché de lui.

Il lui offrit alors un large sourire, à la fois charmeur et narquois. « Je ne questionne pas votre obéissance, Bacchus, au contraire. » Sa voix ronronnait doucement, mielleuse, aveugle de la rage contenue qui vibrait chez son interlocuteur. Il tendit un de ses long bras vers lui et caressa, du bout des doigts, une joue tendue et nerveuse. Qu'il pouvait être attendrissant, lorsqu'il était en colère et cependant, simultanément, terriblement agaçant. Cela lui donnait encore plus envie de lui faire mal.
Faire mal à Bacchus, de plus en plus, le détendait, l'apaisait et le faisait rire. C'était terrible comment, avec lui, il retrouvait ses penchants et ses caprices de jeunesse. Il avait toujours particulièrement torturé ceux qu'il aimait le plus, sans jamais véritablement le réaliser. Il y avait juste, parfois, des personnes qui brillaient plus que d'autres, d'une étrange pureté, d'une absurde passion, d'une beauté étrange qui l'avait attiré. Il avait toujours aimé perturber, déranger, molester ces personnes étranges qui attiraient son regard. Presque toujours des hommes, en dehors de sa sœur. Mais jamais des hommes comme Bacchus. Bacchus ne brillait pas, n'était ni pur, ni intelligent, ni impressionnant, et il ne le fascinait pas, ou presque. Il était cette constante étrange dont il oubliait très souvent l'existence, mais dont il profitait toujours de la compagnie. Pourquoi aimait-il autant le voir se débattre entre ses filets ? Et pourquoi lui faire signer un papier, après tout ce temps.
Le réponse dépassa ses lèvres, sonnant atrocement juste bien qu'il ne la considère que comme un tissu de mensonge.

« Voyez ce contrat comme l'achèvement de votre période de test. » Les doigts, doucement, finissent leur course sur la mâchoire et reviennent vers lui, satisfait de l'effet qu'ils ont provoqué. « Dès que vous aurez fini avec vos questions, je pourrai utiliser l'encre sur ce document pour vous en marquer, et achever de vous y lier. » Actuellement, ce qu'ils avaient sous les yeux n'était qu'un vulgaire petit papier sans intérêt, en tout cas aux yeux d'Augustus. « Et avec cela, personne ne pourra douter que vous m'appartiendrez. » Et les mots sonnaient succuleux à ses oreilles. « Vous serez définitivement, et complètement, ma possession. » Son jouet, sa chose, son monstre personnel. « Vous n'aurez besoin d'aucune autre marque, et n'obéirez plus à quiconque d'autre. » Ni le Lord, ni Lestrange, ni même les engagements qu'il pouvait avoir avec ses amis ne seraient rien à côté de ce qu'il était en train de lui prendre. « Vous vous inquiétez toujours d'être abandonné, Bacchus, et vous vous inquiétez toujours que je préfère quelqu'un d'autre, alors réglons définitivement cette question. » Il lui souriait avec une douce cruauté, et savourait les horreurs qu'il lui susurrait. « Il vous sera littéralement impossible d'être abandonné, car vous m'appartiendrez. Et je ne laisse jamais m'échapper ce qui m'appartient. » Comme il avait pu le remarquer au cours des années, Augustus n'était jamais tendre avec ceux qui le volaient.
« Suis-je clair ? »
Arrêtez de trembler, Bacchus, je n'arrêterai jamais de doucement vous étrangler.
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