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sujet; no amount of pain would ever stop me coming back to you - bastus

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Bastus#3 • I'm bound to you
Is there anything I could do Just to get some attention from you ? Oh boy your eyes betray what burns inside you
Beaucoup de rafleurs prêtaient à Augustus Rookwood une attitude détachée, un air de dire qu’il se croyait au-dessus de tous. C’est ce que tu avais pensé aussi, la première fois que son profil s’était découpé parmi les rangs brouillons des rafleurs en face desquels il jurait.
Il n’avait pas l’air d’être du genre à se lier à beaucoup de gens, et jamais sans s’encombrer d’une cordialité qui empêchait tout véritable rapprochement.
Pourtant, tu avais tôt fait de revoir ton jugement. En effet, il y avait du rapprochement ; jamais en des temps ou des endroits appropriés, d’ailleurs, si bien qu’à chaque fois, il te prenait de court. Tu ne semblais vivre que pour ces instants jusqu’à ce qu’ils se produisent.
Cependant, maintenant que tu y avais le droit alors que tu venais de mettre le doigt sur quelque chose qui ne te plaisait pas du tout, tu crois comprendre que Rookwood n’établissait pas de contacts physiques par hasard. A ton avis, il faisait autant dans le spontané que toi dans la délicatesse.
A ce moment-là, en effet, il te paraît soudain évident que c’est pour détourner ton attention de sa réponse.

Il n’y avait pas à dire ; ça marchait plutôt bien, à voir comment le bout de ses doigts semblent détendre les traits de ton visage d’acier, décrispant cette mâchoire qui les mordrait bien.
Néanmoins, ce délice-là est presque gâté par ce qu’il te réserve en guise de réponse.
Une « période de test », vraiment ? Heureusement pour lui qu’il te tenait encore par le menton à ce moment-là, auquel cas tu aurais fait un bond en arrière. Qu’est-ce que c’était encore que ces billevesées ? Une période pour tester quoi, au juste ? Quelle sombre entreprise requérait six ans de période d’essai ?
Voulait-il parler de ta mise au pas ? T’avait-il mis à l’épreuve de ne pas lui résister ? C’était absurde, en sachant qu’au bout d’un an à peine, tu lui mangeais déjà dans la main, à lécher en cachette les plaies qu’il avait ouvertes pour que tu retiennes bien la leçon.
Tu pensais n’avoir plus rien à lui prouver, après lui avoir démontré un peu plus chaque jour, plus ou moins consciemment, que sans lui, tu n’étais rien.
Il n’avait qu’à voir la manière que tu avais de te ratatiner et te tendre en même temps –un exploit, selon lui- dès qu’il posait un doigt sur toi.
Ce charabia ne rimait à rien et te blessait un peu. Heureusement qu’il repassait derrière pour panser ce qui n’allait pas tarder à s’infecter, à grands renforts d’appropriation.  

C’est ça, possédez-moi, patron ; c’est ce que je préfère entendre ; je vous appartenais depuis bien plus longtemps que ça, mais si c’est ce qu’il vous faut pour en être certain, alors allez-y, jE SUIS A VOUS. ET JE VOUS EN SUPPLIE ; NE ME METTEZ PLUS JAMAIS AU DEFI DE VOUS PROUVER QUE JE SUIS OBEISSANT JE LE FAIS TRES BIEN TOUT SEUL JE N’AI PLUS BESOIN D’ORDRES POUR CA
MARQUEZ-MOI AUTANT QUE VOUS VOULEZ TANT QUE VOUS ME REMARQUEZ – c’est terrifiant de ne dépendre que de si peu de choses.

Avec les amis, c’était pas la même chose ; pas besoin de marque pour savoir qu’ils seraient toujours là… Ah ouais ? Et tous ceux qui t’avaient abandonné, tu en faisais quoi ? En cela, Rookwood soulevait un point important, puisque ton insubordination avait effectivement été causée par le départ d’une amie.
Tu ne pouvais pas totalement lui en vouloir. C’était au départ, ce que tu avais cherché en t’enchaînant à lui. Certes, à l’époque, c’était davantage séduit par l’idée de lui tenir tête que tu l’avais provoqué. Mais bien vite, et malgré la douleur atroce des corrections que tu te prenais, il t’était un peu trop rapidement devenu indispensable.
Tu n’irais pas jusqu’à dire que tu aimais souffrir par sa main ; tu avais juste cherché à attirer son attention à n’importe quel prix.
Ainsi, même si au cours du temps, l’aliénation avait pris diverses formes, le but premier était resté le même, enterré dans tes viscères ; tu avais besoin de quelqu’un pour te dire quoi faire et te servir de conscience, dans un camp réputé pour en être démuni.
Tu t’étais toi-même placé sous sa terrible responsabilité pour n’avoir à répondre de rien, si ce n’est de ses ordres.
Les mauvaises langues auraient tendance à comprendre par là que tu te cherchais des excuses pour expliquer ta soumission. On t’avait longtemps pensé lâche et trop couard pour t’arracher à ce joug.
Mais ceux-là n’y comprenaient rien. Ils ignoraient de quoi Rookwood était capable. Et pour ceux d’entre eux qui avaient déjà eu à faire aux foudres du mangemort face à l’insubordination, c’est qu’ils ignoraient ce dont toi tu étais capable. Ce que tu étais capable de supporter. Tu étais doué pour endurer pas mal de choses. Tu pâtissais des tares génétiques de tes ancêtres aussi bien que des incessantes moqueries à ton sujet. Tu savais supporter les caprices de Rookwood qui, à certains moments, semblaient t’effacer complètement de sa vie, tandis qu’à d’autres, c’était plus comme s’il ne pouvait pas se passer de tes services. Tu étais doué pour servir et pour obéir parce que tu étais trop con –ou pas tant que ça- pour laisser Rookwood piétiner ta fierté et ton humanité.
C’est qu’on s’y ferait, avec le temps. Tu avais assimilé ton statut de bête humaine et esclave comme une drogue. Tu avais complètement incorporé la notion de haine et de dévotion dans un seul et même concept qui guidait à présent chacun de tes pas. Si bien qu’aujourd’hui, tu ne répondais plus que par ça. Tu avais besoin de lui parce qu’il avait besoin de toi.

Ça continue de pulser dans ta mâchoire et dans ta poitrine, mais il est parvenu à attiser les braises pour te faire ravaler ton échauffement et ton audace qui t’avait fait rougir les joues. « oui patron » tes poings se serrent de frustration et d’excitation. « Faites c’que vous avez à faire avec la marque à l’encre. »
On dit que la cérémonie de la marque des ténèbres faisait extrêmement mal car on y laissait une part de son humanité.
Tu te demandes ce qu’il va bien rester de toi après ça, puis que tu avais déjà tout donné à Rookwood. C’est terrifiant de-
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Bastus#3 • I'm bound to you
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C'était terrifiant de ne dépendre que de si peu de choses. Augutus pouvait voir Bacchus s'ouvrir et se calmer au rythme de ses mots, tout en gardant l'éternelle tension qu'il conservait dès qu'il était à ses côtés. Augustus ne voyait Bacchus réellement détendu que lorsqu'il était endormi, et cette image l'horripilait bien trop souvent pour qu'il se surprenne à l'apprécier. Il aimait voir son chien au bord du précipice, continuellement sous tension, épiant chacun de ses gestes et chacun de ses mouvements. Malgré ses efforts pour rester discret, le Directeur du Département des Mystères appréciait ce genre de fascination. Il sentit son sourire s'élargir alors que, enfin, la créature cédait complètement sous ses doigts : « Oui patron. » Le Murdock disait ce genre de phrase un nombre incalculable de fois par jour, et pourtant il avait réussi à faire sonner celle-ci différemment. Il se donnait véritablement, et sans condition à la torture de son maître. « Faites c’que vous avez à faire avec la marque à l’encre.  » Le serpent hocha doucement de la tête, satisfait. S'il fallait détruire tout ce qu'il restait du libre-arbitre de quelqu'un, il fallait le faire dans les règles de l'art.
Augustus Rookwood n'était pas un monstre, il n'aurait pas forcé Bacchus à faire quoi que ce soit qu'il ne désirait pas lui-même.

« Très bien, » ronronna-t-il en se relevant tranquillement. « Je vous remercie de votre confiance. » Il fit alors le tour de la table autour de laquelle ils s'étaient installés avant de se diriger vers son bureau pour, d'un coup de baguette, dégager tous les dossiers qui y trônaient et y laisser assez de place pour « Assez-vous ici je vous prie. » Il se retourna et affronta le regard, abasourdi de sa proie. Un tendre sourire s'étendit sur ses lèvres. « Asseyez-vous sur mon bureau, Bacchus, je vous prie. Je vous promets qu'il ne vous mordra pas. » La pique sembla suffire pour que le rafleur se redresse séant et obéisse. Augustus le suivit d'un regard amusé avant de se saisir d'une petite fiole sur une étagère de la pièce, avant de diriger sa baguette vers le parchemin du contrat. Il était grand temps de commencer les choses sérieuses.
D'une incantation murmurée tendrement, l'encre se détacha peu à peu et tint en lévitation un instant dans l'air avant de venir se déverser tranquillement dans la fiole entre les doigts d'Augustus. « Parfait, » annonça-t-il d'un claquement de lèvres, en se reconcentrant sur sa victime, qui l'observait de son perchoir, définitivement mal à l'aise.

La question aurait pu se poser de savoir qui, des deux, avait véritablement passé six ans à être testé. Bacchus, malgré ses maladresses, avait été un esclave servile dès le début de leur seconde année de collaboration. Etait-ce véritablement lui, qui devait prouver quelque chose ? Bien entendu, la créature n'aurait jamais osé remettre son maître en cause. Il n'aurait pas pu réaliser, malgré toutes ses années à l'observer, qu'Augustus n'était pas du genre à se lier aussi profondément aux gens. Il n'était plus le genre d'homme à véritablement s'intéresser aux autres et à leur offrir un pouvoir sur sa vie. Il se savait capable d'abandonner Adelaïde et d'ordonner son exécution si elle se prenait au jeu de vouloir rejoindre leurs ennemis. Il n'irait jamais se perdre à véritablement souhaiter être proche de M. Motchaline. Même son fils, même ses fils, il n'était pas prêt à les faire véritablement entrer dans sa vie. Il avait pu prétendre, dans de nombreuses discours, vouloir les impliquer dans son quotidien et leur offrir un héritage, un nom et une famille. Il n'avait, cependant, jamais cédé le moindre centimètre de sentiment ou d'implication réelle. Il n'aurait jamais  laissé l'un d'eux découvrir une de ses faiblesses, ou pire, les laisser voir à quel point ils pouvaient réellement compter pour lui.
Il pouvait toujours jouer au plus fort et au plus fin avec Bacchus, l'accuser de ne pas mériter son attention, mais au fond ce n'était pas à  lui de la mériter outre mesure. Mille Theodore dévoués n'auraient pas enraillé le désintérêt du Rookwood. Il ignorait, lui-même, quand il avait commencé à vouloir se lier aussi fortement à un autre être vivant. Il n'était pas censé se laisser à des liens aussi bas et mesquins que des sortilèges d'obéissance. Avait-il vraiment si peur que ça de le laisser s'accrocher qu'il devait l'y attacher de lui-même ?
Augustus resta un instant immobile à observer froidement sa chose se dandiner sur son siège, à essayer d'être confortable, tout en sachant qu'il ne serait jamais véritablement en sa présence. Un instant, il se sentit faible, de se laisser aller à de telles sensibleries.

En quelques pas, il chassa ces pensées parasites, se retrouvant soudain juste en face de sa cible. Pour une fois, grâce à  la hauteur du bureau, leurs yeux étaient au même niveau et, lorsqu'il se plaça tranquillement entre ses jambes, il pu voir son regard s'affoler un instant dans une panique qui, peut-être, l'attendrit. D'autant plus doucereux qu'il se sentait en position de faiblesse, il lui murmura : « Je tiens à vous prévenir, cela sera plus douloureux. Au début, cela ressemblera à un simple tatouage mais vous allez perdre quelque chose dans l'opération et cela risque d'être particulièrement désagréable.  » Il eu un petit sourire navré à cette phrase, comme s'il était ne serait-ce qu'un peu concerné par la douleur qu'il allait ressentir. Tranquillement, il approcha le bout de sa baguette du flacon et murmura encore une formulation, qui fit remonter doucement le liquide comme un long fil, une espèce de filet d'araignée qu'il allait à présent marquer à vie sur celui qui avait commis l'erreur de se dévouer à lui.
« Vous avez, bien entendu, la possibilité de crier, de vous agripper au bureau ou toute autre action nécessaire pour endiguer le processus. Je vous prierai cependant de ne pas bouger. »

Il sombra alors dans le silence. Il lui attrapa d'abord le menton et lui fit tourner la tête sur le côté, dévoilant l'oreille qu'il avait marqué, six ans auparavant, et qui était toujours garnie de la cicatrice qu'il y avait laissé. Songeur, il la caressa doucement, satisfait de pouvoir finir l'oeuvre qu'il avait commencé alors.
Finalement, il déposa le bout de sa baguette juste en bas du lobe de son oreille. Aussitôt, le contact fit se tendre sa victime. Cela signifiait que cela marchait. Dans un sourire, il commença à invoquer le tatouage qui, doucement, commença à sortir de sa baguette. Il y eu d'abord la tête, terrible, du dragon rougeâtre aux pupilles sombres, les écailles finement dessinées, les crocs acérés. Des crocs qui n'hésiteraient pas à s'enfoncer dans la chair de Bacchus s'il osait résister à son pouvoir. Puis le corps s'allongea, longue courbe de sang aux petites pattes discrètes, alors que la tête faisait doucement son chemin sur la peau, gravant son passage dans la chair, arrachant à chaque centimètre chaque parcelle de l'âme de Bacchus qu'elle avait le droit de glaner. Au fur et à mesure que la créature s'enroulait autour de l'oreille de la victime, Augustus sentait la magie noire affluer de plus en plus, noircir sa voix douce, renforcer sa poigne sur la mâchoire, tremblante, de Bacchus. Il n'avait pas prévu que cela lui fasse mal, à lui aussi, et qu'un tel sortilège lui demande une telle poigne sur sa baguette. Il était prêt à lâcher à tout moment, tant l'esprit du Murdock semblait résister à sa marque, malgré toutes ses soigneuses préparations.
Finalement, le dragon, ou plutôt l'ouroboros, vint terminer sa boucle à l'endroit exact où était sa baguette. Le flacon d'encre était vide. Il se détacha aussitôt de la peau du rafleur, trop renseigné sur les dommages qu'une créature pouvait provoquer en essayant de réintégrer sa baguette. Il risquait d'y perdre son libre-arbitre, lui aussi, et il y tenait bien trop, pour l'avoir déjà vendue, pour s'y risquer.

Il se surprit à se sentir haletant et épuisé, le bras de sa baguette descendant doucement le long de son corps alors qu'il essayait de reprendre ses esprits après cette expérience éreintante. Enfin, il pu regarder véritablement Bacchus, avec son oreille rouge du tatouage et de la douleur, et il ne savait pas si ce spectacle lui plaisait ou non. « Comment te sens-tu ? » lui demanda-t-il, dans un murmure.
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Bastus#3 • I'm bound to you
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Tu n’es pas tant abasourdi que soudain pris d’un coup de chaud lorsqu’il te demande de t’asseoir sur le bureau. Parce que toutes les mauvaises blagues de tes petits camarades rafleurs qui te reviennent en tête, comme quoi, tu t’étais attiré les faveurs du Rookwood à grands renforts de passages sous le bureau. S’ils savaient… Tu aurais presque aimé qu’ils aient raison ; pas que tu faisais dans la promotion canapé ; à vrai dire, tu ne foulais son canapé que pour y dormir. Le bureau était donc une première. Tu prends bien le temps de te liquéfier avant de lui obéir, te hissant lourdement sur le bois précieux. Tu vois, ça n’était pas si compli- Rookwood se cale entre tes jambes -là pour le coup, ça risque de se compliquer un peu beaucoup. Surtout qu’il te conseille de ne pas bouger. L’avertissement quant à la douleur passe crème, puisque tu ne fais que dévisager l’ambiguë posture dans laquelle vous êtes agencés. Loin de lui ce genre de futiles préoccupations, puisqu’il prépare tu ne sais quoi et - il n’avait pas dit que ça allait faire m- ?

Le premier contact te tend comme un arc. La seconde d’après, c’est comme si on te décochait une flèche à bout portant. Tu sens aussitôt que ça s’insinue, doucereux, sous ton oreille, mais la douleur est telle que tu te bouffes la lèvre pour pas couiner comme un sale cabot. Ça n’a rien de violent en apparence, rien qu’un mince filet d’encre magique qui s’infiltre sous ta peau. Et pourtant, dans le dedans ça crame et ça hurle.
C’est comme si le serpent te dévorait de l’intérieur. Avoir des bouts d’âme anéanties, c’est comme mourir, mais pas suffisamment pour ne pas souffrir constamment.
Quand on meurt, on devient tout glacé, mais toi, tu brûles, tu te consumes, et tu sais même pas si c’est parce que t’as le regard de Rookwood sur toi, toute son attention comme jamais tu l’avais eu, avec sa mèche qui se défait un peu à cause de l’effort.
Ou si c’est parce que tu lui sacrifies ton âme.
On ne t’ôte pas la vie ; on en retire des petits bouts pour mettre autre chose à la place. Tu meurs et renais aussitôt, comme si on te réanimait en te foutant le feu à la poitrine.

Six années auparavant, Rookwood découvrait l’intérieur de ton esprit et y chamboulait tout pour savoir à qui il avait à faire. Cette fois-ci, il s’y installe définitivement, semant çà et là des bouts de lui comme on poserait des cadenas. Et même si à tes yeux, il n’est plus un intrus, tu n’en ressens pas moins l’impression d’être écartelé par le dedans. Comme si, non content d’y entrer, Rookwood forçait le passage par précipitation, comme une vague qui déferle et ravage tout sur son passage, comme si sa vie en dépendait.
Six ans auparavant, il pénétrait dans ta tête ; cette fois-ci, c’était comme dans ton coeur.
Ça remue en toi le toi d’il y a six ans, qui avait été enchaîné tout au fond de toi et qui voyait de nouveau un intrus pénétrer dans votre cachette, sans rien pouvoir y faire. Alors il cogne, pour sortir, et ça palpite dans tes tempes, dans ta mâchoire, parce que tu sers très fort les dents, tes yeux fous comme ceux d’un animal pris au piège. Toi, crier ? Et puis quoi encore ? Tu ne lui donnerais pas ce plaisir ; tu donnais déjà beaucoup, voire trop, bien trop.
Tes poings s’agrippent au bois, raclent le vernis, tu renâcles, respirant si fort que ton torse se bombe, flirtant avec la cravate de Rookwood. Pourquoi dès qu’il est si près, c’est obligé de faire si mal ?

Tu peines à rester immobile, si bien que tu fais trembler le mobilier, comme si tu étais prêt à réaliser l’exploit de le soulever alors que tu étais toi-même assis dessus. Tu aurais voulu porter ton corps, le projeter de part et d’autres de la pièce, si seulement ça pouvait stopper la douleur. Dans un dernier élan de désespoir, ton corps le refuse, les miettes de ton toi encore libre s’insurge contre l’envahisseur… avant de se faire avaler tout cru. Aspirées, les dernières miettes ; à présent, il n’y avait plus que toi, le docile, qui accueille Rookwood si fort que tu ne le laisserais pas partir.
C’est seulement quand l’enragé se tait que tu te rends compte que Rookwood a l’air de déguster un peu aussi. Ce n’est pas seulement qu’il est intimement concentré sur ta mâchoire que la sienne qui se crispe, imperceptible, sous les traits de son visage taillé à la serpe. C’est que ça rendrait presque ta propre souffrance plus supportable, séduit à l’idée qu’il se salissait les mains pour toi, qu’il en bavait pour toi, pour t’obtenir. Y’a le coin de tes lèvres qui se soulèvent, mais tu as les yeux tellement embués et les joues tellement rouges qu’on aurait tôt fait d’accuser le délire provoqué par l’enchantement.

La créature continue de faire le tour de ton oreille, jusqu’à s’y enrouler et se refermer sur elle-même. Tu ne la vois pas mais c’est comme si tu sentais chaque bruissement d’écailles. Comme si tu sentais ses yeux de braise zyeuter la veine de ta carotide palpitant à quelques grains de peau de sa mâchoire. Tu le sens tournoyer, sans s’arrêter ; c’est subtile et désagréable, c’est frustrant, comme quand il te caresse du bout des doigts alors que tu voudrais qu’il pose ses mains à plat sur toi pour te pousser, te foutre par terre, te faire tomber et tomber sur toi, oh, que tu aimerais l’attirer dans ta chute-

Quand il te demande comment tu te sens, tu es tellement abasourdi que tu ne sembles pas relever qu’il te tutoie, à moins que ça ne soit ça qui, justement, te laisse pantois. Tu te sens alors incapable de lui mentir, comme si tu nourrissais le pressentiment que quoi que tu fasses, le serpent saurait à présent si tu révélais la vérité ou non.
« A l’étroit. » que tu réponds, les yeux plissés, lourds de tes paupières moites. Tu ne te rendais qu’à peine compte de la pertinence de ta réponse. Parce qu’à présent, tu possédais moins d’âme pour toujours autant d’états d’âme, parce que le serpent te tenait entre ses anneaux, pour le reste de ton existence… et parce qu’il semblait que la proximité de Rookwood ne t’ait physiquement pas laissé indifférent…
En effet, dans la lutte que vous aviez mené de concert pour guider le dragon jusqu’à ton âme, tu avais inconsciemment enroulé tes cuisses autour de Rookwood.
Sans oser y jeter un oeil, comme si tu espérais naïvement détourner davantage son attention de la pression que tu exerçais autour de lui, tu le dévisages, finissant de te colorer en rouge souafle.
« Désolé… Allez pas croire que j’vous ai pris pour l’bureau… » ahanes-tu, le temps de reprendre ton souffle. C’est moi ou le serpent se fout de ta gueule ? Tout en déroulant précautionneusement tes jambes, tu portes une main à ton oreille, sans risquer de toucher l’animal sifflant doucereusement. « Si ça vous dérange pas, j’vais p’t’être prendre une douche… » tu secoues ton tee-shirt tout tiède d’émotions fortes. « Et vous ? j’vous avais jamais vu faire d’la magie noire. » Ou peut-être que si ; mais pas sur moi. J’vous avais jamais vu risquer un tel pacte rien qu’pour moi. Vous me voulez tant que ça rien qu’pour vous ? Moi aussi, Aug-
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Un sourire s'étouffa dans un faible rire au fond de la gorge d'Augustus. « A l'étroit, » qu'il disait. Sauf que c'était Augustus qui, actuellement, était à l'étroit entre ses jambes agrippées contre lui. Même au plus profond de l'horreur, même lorsque la douleur avait été la plus puissante, Bacchus n'avait jamais essayé de se déloger. Il ne l'avait pas rejeté, ne l'avait pas éviter, au contraire, il avait, encore et encore, cherché à le ramener vers lui. Il avait toujours chercher à être plus proche, plus profond. Augustus ne pouvait se dire qu'il avait donc bien cherché son sort. Il n'avait pas à se sentir coupable puisque toujours, même après six ans d'abus, le chien revenait toujours vers son maître, implorant toujours davantage de douleur, de torture. Il avait voulu entrer dans la vie d'Augustus, au plus profond que cela pouvait représenter, et il n'allait pas être déçu.
Finalement, Bacchus sembla réaliser ce qu'il avait fait, dans un rapide coup d'oeil vers ses cuisses tendues. Avec un sourire attendri, Augustus l'observa virer au rouge vif. La main du maître qui était jusque là restée figée sur sa mâchoire se détendit doucement, caressa une joue, se nicha dans un cou qu'il flatta doucement, comme pour féliciter un chien ayant bien travaillé. « Désolé… Allez pas croire que j’vous ai pris pour l’bureau…  » Augustus était étrangement détendu après cette expérience, et se sentit doucement ronronner de rire. « Ne t'excuse pas, je t'ai donné la permission de faire tout ce qui était nécessaire pour endiguer la douleur. Et tu l'as fait. Et tu as bien fait. » Il sentit son autre main, celle gardant toujours sa baguette, l'attraper par la taille, visiblement décidé à déstabiliser complètement sa proie. « Si ça vous dérange pas, j’vais p’t’être prendre une douche…  » Encore une fois, Bacchus essaye de fuir, dès qu'ils sont trop proches, dès qu'il se sent trop sale, dès qu'il a l'impression d'en vouloir trop. Augustus l'avait bien dressé. Il lui avait toujours appris que, à chaque fois qu'il essayerait d'avoir plus, il se le verrait refuser, ou alors accepter par caprice. Il avait bien trop peur du refus dernièrement, et cela faisait sourire Augustus. Il l'avait peut-être un peu trop bien dressé. « Comme tu veux, tu connais la maison. » Et il se décolla doucement, détachant les jambes, lâchant la nuque et la taille.

Il s'étirait doucement après s'être écarté lorsque Bacchus demanda brusquement : « Et vous ? j’vous avais jamais vu faire d’la magie noire.  » Le mangemort sentit, de nouveau, un sourire, cette fois moqueur, s'installer sur ses lèvres. Et lui comment se sentait-il, ou et lui voulait-il prendre une douche ? Il le fixa un instant avec malice, hésitant, avant de répondre tranquillement : « La magie noire fait, comme tu t'en doutes, partie de mon quotidien. Les Impardonnables en font d'ailleurs partie, au cas où tu l'aurais oublié, ainsi qu'une certaine forme de Legilimancie. » Tout comme celle qu'il avait utilisé sur lui lors de leur première rencontre. Oh que cela avait été faible par rapport à cet acte-ci, cependant. « Donc ne t'inquiète pas pour moi, je me sens... bien. » Et c'était étrange comme le sourire qui lui offrit lui sembla honnête, tant il se sentait effectivement à l'aise, et même satisfait. Il ne savait pas qu'il avait autant besoin de marquer de cette façon son Murdock, avant que cela ne soit fait. Il observa un instant son animal commencer à se diriger vers la porte du bureau, lorsqu'il se souvint qu'il devait toujours tester quelque chose.

« Bacchus. » Aussitôt, il fit volte-face, attentif comme jamais, les yeux toujours un peu brillants. « Tue-moi, je te prie. » L'ordre était clair. Il pouvait voir le dragon rougeoyer à son oreille, doucement se resserrer autour de l'oreille. Sans même avoir à le sonder, il pouvait sentir l'horreur et le refus dans le regard de Bacchus. Il était si beau, soudain, à refuser de tout son être d'obéir à l'ordre qu'il prit même la peine de répéter : « Tue-moi. » Et il ne savait pas s'il avait l'air de davantage souffrir à cet instant, ou lorsqu'il enfonçait le tatouage sous sa peau. Il sentit quelque chose d'étrange et d'insidieux se réchauffer dans sa poitrine, qui se souleva dangereusement, savourant effroyablement la détresse de son esclave. Il était à sa merci, absolument à sa merci, et il adorait cela.
Finalement, après ce qu'il semblait avoir été des heures et qui n'avait du se compter qu'en secondes, il vit Bacchus s'approcher de lui. Il n'avait pas de baguette en main, aucune arme, juste ses poings. Augustus savait qu'ils étaient son arme principale de meurtre. Il n'arrivait plus à sourire, hypnotisé par la vue de son plus fidèle serviteur en train de doucement foncer vers lui pour le tuer.

Il attendit, sans bouger, il l'attendit. Puis il admira les muscles se tendre, les poings se lever, et finalement la masse violente de Bacchus se précipiter vers lui.
D'un simple mouvement de baguette, il dévia la trajectoire du poing, s'écarta d'un pas, et observa l'animal partir dans une roulade, emportée par la force de son élan. Touché par ce poing, le nez d'Augustus aurait certainement volé en éclat.
Il se sentit sourire.
« Stop. »
Aussitôt la brute, qui avait déjà commencé à se relever pour foncer de nouveau vers lui, s'arrêta.
« J'annule mon ordre précédent, tu n'as pas à me tuer, Bacchus. Je suis désolé, je devais essayer l'efficacité du tatouage. » Il lui offrit alors son plus grand sourire. « Tu peux aller prendre ta douche, maintenant. » Et comme il aimait le voir autant souffrir.
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Tu étais en train de retirer ton tee-shirt en l’écoutant te répondre qu’il va bien, et ça sonne étrangement juste, et tu es tout bizarre de te dire que c’est de ton fait, que ça vient de ton obéissance que tu le fais aller bien. C’est tout con mais tu n’avais jamais réellement percuté que ton obéissance exemplaire pouvait être source de contentement, tant elle avait fini par faire partie intégrante de vos deux vies. D’où les sévères remontrances lorsque tu ne répondais pas à l’appel. Mais, d’un autre côté, ce semblant de liberté que tu avais pris vis-à-vis de lui avait été si… grisant ; l’espoir infime que lui ait pu t’attendre quand tu étais parti voir ailleurs. Cela dit, ça avait été pour mieux revenir, la queue entre les jambes, comme si, quoiqu’il arrivait, vous vous en tiendriez aux rôles que vous vous étiez attribués. Oh, mais ça avait été si grisant de les bousculer un peu.
Tu manques de demander à Rookwood si le serpent pouvait lire dans tes pensées ; maigre précaution, sachant qu’il pouvait le faire lui-même. En effet, c’était à se demander s’il serait désormais toujours là à chuchoter dans ton oreille : hé, aucun risque que tu te sentes abandonné à présent. Abandonné par qui ? Par le serpent ?

Tu allais profiter de cette paisible tournure des événements pour prendre congé. Cependant, tu n’aurais pas réellement eu à faire à Augustus Rookwood si ça c’était si bien déroulé -si on passait outre le fait qu’il t’ait condamné sous le sceau de la magie noire à une obéissance éternelle -ton sens du paisible était un peu émoussé avec le temps. De fait, tu lui as à peine tourné le dos, le tee-shirt jeté sur l’épaule, qu’il te rappelle à l’ordre et t’ordonne, par Merlin, de le tuer. C’est certainement dû au fait que le serpent siffle à ton oreille, tu as du mal entendre ; pour dire que tu aurais été moins surpris qu’il te demande de le b-, moins prostré, sans doute. Ton regard vacille du déni à l’horreur lorsqu’il prend soin de réitérer la demande. Et aussitôt, sentant ton refus catégorique, le serpent se remet à crépiter, et à tourner de plus en plus vite, de plus en plus serré.
« N- » demandez-moi ce que vous voulez patron, de buter tous les insurgés, mais pas ça. Demandez-moi de ce que vous voulez, Rookwood, de me buter, mais pas ça. Demande-moi ce que tu veux Augustus, de t’oublier, mais pas ç-

Tu la sens à l’oeuvre, la malédiction. Elle ne se contente pas d’insérer un ordre dans ton esprit ; oh non, c’est de la magie noire, c’est plus vicieux que ça, tout est dans les petites lignes en bas du contrat sur lesquelles tu avais signé sans vergogne. La vérité étant qu’elle va piocher au plus profond de toi, titiller là où ça sommeillait depuis six ans, taquiner la partie de toi, infime, terrible, qui le haïssait de t’avoir réduit en esclavage. Et la réveille, et l’exacerbe, si bien que ton toi actuel ne peut rien y faire que de te regarder faire, te regarder te tendre comme un arc, comme une fronde, tes deux poings comme des pierres. Et tu te mets en branle, et ton visage est déformé par la colère et par la terreur. Tu veux pas lui faire de mal. Tu vas lui faire regretter, ça. De t’avoir soumis ; tu vas le regretter, de t’être laissé faire. Et tu es terrible, et tu es impressionnant parce qu’on dirait que vous êtes deux, à vous bagarrer sur ton visage, que tu voudrais te frapper toi-même, mais que le pire que tu puisses faire, c’est le frapper, lui. Si fort. Lui faire ravaler son éternel sourire. Il ne sourit plus, il n’a plus à sourire pour te berner, ni te conquérir. Il est conquis.

Tu lances le poing en avant, en ravalant un hurlement de rage, le ravalant dans un gémissement qui sanglote, et s’écrase avec toi qui roule sur le tapis. Il a esquivé, Merlin merci, il a esquivé ; il va arrêter ça maintenant, qu’il n’arrête surtout pas, ne t’arrête surtout pas.
Et tu te relèves, ce toi que tu ne connais plus se relève ; et c’est pas toi, ça peut pas être toi. C’est peut-être lui, un peu, un peu de lui qu’il a mis en toi. Et il sait, ce bout de lui, il sait comment te faire le plus mal.
Comme si aimer, ça faisait déjà pas suffisamment mal.
Il se relève et Rookwood lève enfin l’ordre. Tu l’entends même pas parce que tes oreilles bourdonnent mais le serpent aussitôt desserre son étreinte.

Dans la foulée, tu t’es approché de lui, en armant ton bras que tu laisses retomber, le relâchement te faisant faire quelques pas vers lui. Tu es tellement tremblant d’avoir lutté de toutes tes forces, d’avoir bandé tes muscles pour frapper, pour t’empêcher de le frapper, que tu captes même pas que très peu de distance vous sépare, vacillante, si bien que c’est presque sur ses lèvres que tu articules difficilement.
« Ne me refaites plus jamais faire ça. » Tu n’es plus sous l’emprise du serpent, et pourtant, ton visage semble toujours dévoré entre le ton implorant de ta voix et de tes yeux et la colère qui fait palpiter tes tempes et mâchoires, tordant sur tes crocs tes lèvres rouges. C’est une menace désespérée, désespérément soufflée sur sa bouche.

Sans demander ton reste, secoué par l’incident, tu t’éclipses dans la salle de bain. Tu fais tomber le reste de tes vêtements et ouvres les robinets à fond, l’eau froide puis brûlante puis de nouveau froide suintant en grosses gouttes sur tes cheveux en épis. Tu poses le front contre le mur de douche, exposant ta nuque de taureau au jet d’eau.
Pourquoi il avait fait ça ? Pourquoi il avait fait tout ça ? Il t’avait attrapé par la taille et tu aurais eu envie de jamais t’en aller, de jamais dénouer tes jambes, de rester accroché, comme le serpent désormais à ton oreille. Tu aurais voulu être comme ce tatouage, à-même sa peau, sur sa peau- tu retiens ta respiration, alors que ta main se referme entre tes jambes- à tourner, sans cesse, frémir, siffler- tu te caresses comme tu aimerais qu’il le fasse- et, sans pour autant avoir à lui donner d’ordres -il n’y avait qu’avec James que tu faisais preuve d’un minimum d’autorité crédible- qu’il t’obéisse, sans même à ce que tu aies à le convaincre de quoi que ce soit. C’est pour ça que tu comprends pas, le serpent, le pacte, c’est pour ça que tu veux pas comprendre, que plus que pour toi, c’était peut-être pour lui. Il t’avait bien fait comprendre que si tu essayais un jour de partir, il ne t’en donnerait même pas l’occasion que tu serais déjà passé de l’autre côté. Mais s’il savait, tu espères qu’il le sait, que si le cas contraire se produisait… il aurait bien besoin de son maudit tatouage maudit pour t’empêcher de lever la main sur lui.
Pour lui faire quoi, avec ta main ? Ça, pour lui faire ça, mais en encore mieux parce que tu te le ferais pas à toi, mais à lui.
Et ce serait bon, aussi bon que de savoir qu’il t’abandonnerait pas, aussi bon que de penser son prénom et même, dans un élan d’audace et un soupir rauque, que de le chuchoter.
« Augustus » pourquoi tu me fais ça ? Pourquoi j’te laisse me faire ça ? Pourquoi je veux te faire ça ?
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