HARPER ANDERSON & FRED WEASLEY SEPTEMBRE 21th, 2003 && SUBTERRANEAN QUARTERS
D
epuis que les Américains sont arrivés, il a toujours un peu peur sous la satisfaction affichée de voir que le reste du monde se bouge enfin le cul. Harper a beau dire qu'elle veut rester avec lui avec les Phoenix ; il se dit qu'un jour, elle va vouloir rentrer chez elle - et il sait déjà qu'il ne l'empêchera pas parce qu'on a tous besoin d'un chez soi, Fred ne le sait que trop bien pour avoir été privé du sien. Et quand il s'absente quelques jours de Poudlard, ne parlons même pas d'une semaine entière comme cette fois, il y a toujours cette petite appréhension au creux du ventre dès qu'il passe les barrières. Est-ce qu'elle sera encore là ? Quand il est dehors, occupé, il n'y pense jamais ; mais une fois entre les murailles de son ancienne école, il voit les souvenirs fantomatiques de toutes les personnes qu'il a perdues (George, Lucrezia, son père, Remus, Tonks et les autres, tellement d'autres - et George qui lui manque tellement, George qui est cruellement silencieux, qui le boude depuis qu'il a refoutu les pieds ici). Et, alors, la question n'arrête pas le hanter : Est-ce qu'elle sera encore là ? Fred fait l'air de rien en acceptant de manger un bout avec Lee et Percy, il fait comme si ça ne le tracassait pas un peu alors qu'ils échangent les nouvelles. Il ignore la bière juste à portée de bras, douloureusement conscient que ça l'apaiserait un peu pourtant.
A la place, il peut seulement trépigner en allant informer Kingsley de la réussite de la mission. Et leur entrevue dure une éternité, il peut le jurer. Arrivé de nuit, il voit le ciel commencer à se délaver quand il se lève en annonçant que ça suffit. « Je suis claqué, j'ai pas dormi depuis deux jours - le reste peut attendre que j'aie les yeux en face des trous » explique-t-il avant de quitter la salle du conseil.
Il dévale les étages à toute vitesse, familier plus qu'aucun autre des passages secrets et des raccourcis de l'école de magie. C'est à peine s'il s'arrête à l'étage où grimpe l'escalier vers la tour de Gryffondor. Plusieurs mois en arrière, Bill a réquisitionné l'endroit pour y loger Molly leur mère - ça avait l'air de la rendre plus calme et plus stable d'être dans le décor de son adolescence que dans le reste de l'école. Lui s'est installé dans les cachots, avec Harper. Son excuse, c'étaient les inventions à créer. Les anciens quartiers de Snape étaient équipés pour les expérimentations dangereuses, pas un dortoir pour ados. La vérité, c'est qu'il est incapable de vivre avec eux. Il y a Molly qui lui demande sans cesse quand George va arriver, Bill qui s'acharne à lui coller Espérance dans les bras (et il l'adore sa filleule mais il ne peut pas s'empêcher de penser que Bill a choisi la mauvaise personne, Fred ne sait pas protéger). Et il y a Percy, Ronald et Ginny qui essaient de survivre en attendant de se construire un futur. Est-ce qu'il est prêt à dire à sa famille qu'il ignore où il va ? Leurs tentatives pour le pousser à faire des projets (souvent avec Harper) l'irritent toujours autant, il s'énerve toujours aussi facilement (cette année encore, il a fui le dîner préparé pour son anniversaire - il a carrément refusé de se montrer, il a été introuvable de la journée). Mais il est trop lâche pour leur avouer qu'il ne sait plus faire de plans sur la comète, qu'il n'a pas de futur. Le présent, c'est déjà bien, non ? Ils pourraient faire comme Harper : s'en contenter et arrêter de lui en demander plus. Il fait comme il peut, sans George avec lui pour l'aider. Mais tout le monde croit qu'il peut tenir jusqu'à devenir vieux et ridé. Tout le monde lui accorde beaucoup trop de crédit, et ça lui fout les boules et les jetons, tout à la fois, de ne pas être à la hauteur.
Alors, aujourd'hui encore, il hésite et se demande s'il doit faire un détour pour aller prendre des nouvelles de tout le monde en personne. Puis, finalement, il se dit que ça peut bien attendre qu'il ait dormi, ça aussi. Tout le monde est sûrement en train de dormir encore, c'est une excuse comme une autre - et il est trop fatigué pour supporter sa famille, les dénis de Molly et les folies de Ginny cette nuit.
Quand il arrive dans les cachots, le vieux bois de la porte craque et les gonds grincent. Dans la pénombre qui règne dans la chambre, il distingue à peine la silhouette qui semble dormir sous la couette. Pourtant, ça suffit pour qu'il respire un peu mieux, qu'il vive un peu plus tranquillement. Elle est là. Silencieusement, les vêtements s'échouent sur le sol, en tas informes, et il se glisse dans le lit, secrètement soulagé de trouver la chaleur de Harper. « Hey you, souffle-t-il quand il glisse le nez dans son cou et l'entend marmonner d'incompréhensibles paroles : désolé, la mission a duré plus longtemps que prévu. » Ils ne sont pas ensemble ; pas vraiment. Fred ne sait pas ce qu'ils sont, mais il est certain qu'ils ne sont pas un couple. No string attached, c'est ce qu'ils ont convenu - pourtant, il s'excuse toujours quand il tarde à revenir ; il ne sait pas bien pourquoi parce qu'au fond, il ne lui doit rien. « Rendors-toi.. » murmure-t-il d'une voix ensommeillé en glissant ses mains sur le ventre de Harper.
Depuis la reprise de Poudlard, Harper ne touchait plus terre. Il y avait trop de choses qui s’étaient passées, qui avaient changé. Et elle préférait se laisser prendre dans le tourbillon qu’était la résistance, le renouveau du Phénix plutôt que s’arrêter et réfléchir. Se stopper, c’était mourir, avait-elle toujours dit et elle se reposerait ou se poserait tout court quand elle serait morte. Il y avait des constantes, bien sûr, tous ces nouveaux visages auxquels elle se faisait, elle s’attachait. De mission de passage pour retrouver son frère, égoïstement et de façon totalement assumée, elle était passée à membre active d’un mouvement qui la dépassait totalement. Ce n’était pas grave. Pas si grave. Le temps qu’elle avait Fred. Le fait qu’ils soient finalement souvent séparés en mission avait d’abord été insurmontable. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’il faisait, à s’inquiéter pour lui à tout moment. Si elle n’était pas là pour le lui rappeler, se nourrirait-il ? Il avait fait des progrès indéniables mais elle n’était toujours pas parvenue à l’extraire des ténèbres visibles qui l’entouraient. Et c’était un crève-coeur. Rien de ce qu’elle faisait n’était suffisant … alors elle faisait autre chose, d’autres missions, d’autres tours pour lesquels elle était douée, juste pour avoir l’impression de ne pas être totalement nulle, au départ, d’avoir une raison de rester (même s’il lui avait dit qu’il ne voulait pas qu’elle s’en aille, cette nuit où tout avait failli éclater). Et au fur et à mesure, elle s’y était faite. Ses missions étaient les siennes. Et même si elle attendait toujours avec la même impatience de le voir, de s’assurer qu’il allait bien (ou aussi bien qu’il le pouvait), elle vivait à son compte également. Et cela aurait pu continuer ainsi longtemps si …
On a merdé, Fred. Faisant les cent pas dans leur chambre, Harper s’arrêta face au miroir (qui avait vu apparemment majoritairement des cheveux gras avant qu’elle ne se reflète dedans) et leva les yeux au ciel. Super, belle entrée en matière. Il n’était pas là, et fort heureusement. Se mordillant la lèvre nerveusement, elle jeta un nouveau coup d’oeil à son reflet. Il avait du s’en rendre compte, que quelque chose clochait chez elle depuis quelques temps. Ou pas. Il fallait reconnaître qu’elle était passée maîtresse dans l’art de ne montrer que ce qu’elle voulait que les autres voient depuis des années … mais certains signes ne trompaient pas. Elle était pâle, ce qui n’était pas franchement sa carnation naturelle et des cernes avaient commencé à se dessiner sous ses yeux. Il y avait quelque chose qui la tourmentait … et ce n’était pas habituel. Elle se passa une main sur le ventre avant de fermer les yeux. Peut-être ferait-elle mieux de ne rien lui dire. Il lui suffirait d’en parler à Bill, par exemple. Il saurait quoi faire. Et en même temps … elle aurait l’impression de le trahir. Piégée. Elle se sentait piégée. Etouffant un hurlement de rage, elle donna un coup dans le miroir. Stupide. Et quitta les lieux. Elle avait besoin d’air.
***
Ce fut le bruit de la porte s’ouvrant qui la tira du sommeil agité dans lequel elle s’était plongée en rentrant. Une vague de soulagement déferla sur elle. Il était là. C’était un début. Il n’était pas blessé ou il ne s’était pas enfui pour ne plus avoir à supporter qui que ce soit. Elle savait qu’elle échappait à cette règle - sauf le jour de son anniversaire, qu’elle avait passé à essayer de le trouver en faisant la navette auprès de sa famille. Mais cela allait peut-être changer… Dans un demi-sommeil, elle guetta les sons indiquant qu’il se déshabillait, puis se glissait sous les draps. Hey you Elle murmura quelque chose en retour, de peu clair, incapable de se résoudre à briser le charme maintenant. Elle voulait juste se rendormir dans ses bras, encore une fois, avant que tout risque de changer. Désolé, la mission a duré plus longtemps que prévu. Nouveau murmure alors qu’elle se blottissait contre lui. Il était froid, pour l’instant, mais elle allait le réchauffer. Pas d’attaches, avaient-ils dit, et pourtant, ses bras étaient l’endroit qu’elle préférait. Ce qui ressemblait le plus à un chez-elle, dans toute cette folie qu’était devenu son quotidien. Elle s’était attachée. Oui. Et même si elle continuait à rire au nez de tous ceux qui demandaient ce qu’ils faisaient ensemble … Rendors-toi.. Ses mains sur son ventre nu la firent se raidir instantanément. Un frisson la parcourut, mais cela n’avait rien à voir avec l’émoi que Fred pouvait provoquer chez elle d’une simple caresse. Ses yeux s’ouvrirent sur le mur. Il était là, dans son dos. Il ne voulait que dormir. Mais elle ne pouvait pas se taire plus longtemps. Elle ne pourrait pas se rendormir. Et il y avait de fortes chances qu’il ait remarqué son mouvement involontaire. Et … Fred … Sa voix tremblait. Elle ne portait plus aucune trace de sommeil. D’un mouvement de hanches, elle se retourna délicatement, pour ne pas lui faire mal, les mains du jeune homme désertant son ventre - soulagement. Cherchant son regard dans l’obscurité, elle lança, avant de se débiner : … y a quelque chose dont il faut que je te parle. C’était mauvais, comme entrée en matière. C’était vraiment nul. Mais personne n’avait dit qu’elle était une experte pour les discussions sérieuses. La respiration saccadée, elle attendait qu’il lui répondre. S’il voulait attendre le lendemain … elle passerait une nuit affreuse. Mais ce serait faisable.
#EVENTS & #MISSIONS. NE MANQUEZ PAS LA WIZPRIDE (rp et hrp) !#SCRYNEWS. refonte du ministère (plus d'infos) & nouveaux procès de guerre (plus d'infos)#FORUMATHON.