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sujet; (strangebag) Rabastan rhapsody
MessageSujet: (strangebag) Rabastan rhapsody   (strangebag) Rabastan rhapsody EmptyMar 13 Déc 2016 - 22:35

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13 décembre 2003
Is this the real life? Is this just fantasy? Caught in a landslide, No escape from reality.
Tu remontes le courant de Mangemorts qui, dans un dernier élan de désespoir, se jettent à corps perdu dans une bataille qu’ils avaient définitivement perdu. Très peu pour toi. T’avais autre chose à foutre que de mourir baguette à la main. T’étais trop jeune pour ça. Tu voulais v-
Un sort t’avait brusquement désarmé, tandis qu’on te plaquait au sol. T’as pas eu le temps d’avoir peur de mourir qu’on t’assommait d’un coup de coude.
Quelques heures (?) plus tard, le crâne vrillé, tu te réveillais dans les cachots de Poudlard. Tu les as reconnus pour t’y être déjà caché plusieurs fois avec Zach. Smith, t’es où ? Qui l’eut cru qu’un jour, ils récupéreraient leur usage premier ? Tu ne sais pas non plus combien de temps tu y es resté, à croupir, roulé en boule contre le mur du fond.
Le fond, tu avais touché le fond ; à tout moment, un rebelle, un camarade de classe allait venir pour t’achever. Ou pire encore, pour venir te soutirer des infos par la question. Il n’y avait pas d’autres raisons pour laquelle on t’avait laissé en vie, tu en étais certain.
C’est terrorisé et te débattant comme un diable qu’on t’a sorti de ta cellule pour te transférer ailleurs, quelques jours (??) plus tard.

Tu croupissais désormais dans une cellule du Ministère, en attendant ton procès. C’est qu’ils n’étaient pas pressés quant à ton cas ; tu n’étais pas un mangemort éminent, arrivé sur le tard, et on pouvait parier que ton jeune âge témoignerait de la malléabilité de ton esprit, quitte à passer pour un mouton, au moins, tu serais une brebis en vie.
Toi, tu avais été le visage mangemort pour les pucelles et les ménagères : il n’y avait qu’elles de suffisamment naïves pour penser que les sbires du Lord pouvaient être représentés par ton si dynamique et charmant personnage.

Oh, il semble loin à présent, le gendre idéal au brushing impeccable. Il n’a rien à voir avec le gamin entre deux âges, aux yeux grands ouverts par l’insomnie et les pleurnicheries, aux traits tirés d’avoir trop claqué des dents, qui tourne en rond dans sa cellule, comme un poisson dans son bocal.
Voyant que ton tour n’arrivait pas, et que les rebelles chargés de vous surveiller faisaient à peine attention à vous, ta peur a peu à peu laissé la place à un état d’indignité indigné.
Tu te jetais régulièrement aux barreaux pour demander ce qui se passait, ce qu’il allait advenir de toi, si tu avais le droit à des visites, si tu pouvais appeler un avocat. Tu en étais même réduit à les menacer de te laisser mourir de faim, s’ils ne t’avaient pas déjà mis à la diète. On a tôt fait de te rabattre le caquet d’un coup de pompe s’écrasant sur tes petits doigts accrochés aux barreaux. Les ongles bleuis, tu étais retourné plusieurs fois à la charge. « J’t’avais bien dit qu’il avait encore sa langue ! J’crois qu’il est mûr, Joe, sors-le d’là. »

Et Joe de te courir après dans les quelques mètres carrés de ta cellule. C’est seulement après un stupefix et un sort de silence que tu as été monté jusqu’aux bureaux de la BPM pour y subir un interrogatoire, à la place même où tu avais tenu les tiens, dans le rôle du bon flic, tandis que Flint rôdait dans les parages, dans le rôle du mauvais. J’espère que cet imbécile ne s’est pas fait prendre par derrière comme moi (ironie du sort. « Tu vois, Bagshot, c’est ça qui différencie les pédales du reste de la population »).
Mais cette fois, il n’y a apparemment que des mauvais flics. Effectivement, ils essayent de te faire cracher des noms, ou plus exactement où se trouvaient lesdits noms ; les Rookwood, Avery, Flint et compagnie. Tu alignes un ricanement amer, plus aussi charmant sur ta bouche dévorée par l’anxiété et la paranoïa des jours à venir.
Ça leur plaît pas. Ils te font ravaler ton impudence à coups de poing. Et tu en remets une couche, parce qu’ils ne sont même pas fichus de te soumettre à un petit Impardonnable, par simple esprit de vengeance. Tu ris un peu et, quand tu as finalement trop mal et trop peur qu’ils finissent par te casser le nez, tu te mets à pleurer, doucement d’abord, pour les attendrir, puis si fort qu’ils sont obligés de te redescendre dans ta cage pour ne plus avoir à supporter tes gémissements stridents.

Bon, tu avais peut-être fait le malin là-haut, mais tu n’en menais pas large. C’est bien beau de ne pas cafter, c’est tout à ton honneur, même -et c’est bien tout ce qu’il te reste. Tu te dis que, tant qu’ils n’ont pas encore mis la main sur eux, tu avais encore une chance de leur servir… A ceci près que tu n’avais pas la moindre idée d’où ils se trouvaient actuellement. Parce que dans le cas contraire, tu aurais tout lâché en échange d’une libération.
Hé, tu avais des principes, quand même. Enfin ça, c’était avant.
Avant que ton avant-bras ne soit boursouflé d’une seconde cicatrice et que celle à ta gorge soit visible aux yeux de tous après que ton foulard ait été déchiré dans un excès de zèle insurgé. Tu étais complètement vulnérable. Et, puisque c’était comme ça, puisqu’ils voulaient que tu craches le morceau, et bah tu allais cracher.
Et de vomir des insanités à tue-tête, esquivant plus ou moins les sorts de silence, échappant plus ou moins aux coups de bottes sur tes mains. Et le charmant petit jeune homme de devenir une furie, la voix enrouée et éraillée de trop insulter la terre entière, criant aussi fort à mesure que la peur t’étranglait comme ce foulard que tu n’avais plus, et ce, sans prêter attention à ton tristement célèbre voisin de cellule.
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MessageSujet: Re: (strangebag) Rabastan rhapsody   (strangebag) Rabastan rhapsody EmptyMer 14 Déc 2016 - 22:24

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13 décembre 2003

Dignity, always dignity
Mettez un arachnophobe face à une araignée ; ce sera la panique. Refermez les portes d’un ascenseur sur un claustrophobe ; ce sera la panique. Rabastan n’était pas arachnophobe, il n’était même pas claustrophobe, plus que d’être bloqué dans un petit espace, ce qui l’angoissait dans les claquements de portes et les endroits clos c’était simplement la sensation que ça lui rappelait. La sensation d’enfermement. La sensation d’être emprisonné. Mettez un homme terrorisé par l’idée d’être de nouveau privé de liberté en cage ; ce sera la panique. Mais l’esprit humain est tout de même bien fait, plongez une personne phobique des araignées dans une piscine de mygales (si on oublie la donnée potentiellement meurtrière de cette expérience) et elle finira par s’évanouir. Il y avait toujours un moment donné où les plombs sautaient, par mesure de protection.
Dans le cas de Rabastan, cela s’était produit rapidement. Quand il avait fini par comprendre que cette fois, cette fois, y avait pas de moyens de sortie. Quand il avait machinalement passer les paumes de ses mains sur toute la surface des quatres murs qui le serraient ; quand il avait appuyé son front contre les barreaux, comme s’il espérait pouvoir passer au travers ; quand il avait fini par reculer, par s’asseoir dans le coin gauche, par relever ses genoux jusque sous menton et par serrer ses jambes avec ses bras. Il y avait de ses positions qui ne s’oubliaient pas et Rabastan n’était pas surpris de constater que ses muscles étaient toujours aussi imprégné de ce réflexe. Oui, vraiment, les habitudes revenaient très vite. Il ne mangeait pas ce qu’on lui apportait, ne répondait pas aux provocations qu’on lui lançait et restait le plus calmement possible dans son coin. Ça causait justice et audience préliminaire : Rabastan n’y croirait que lorsqu’on le traînera devant un juge. Et même dans le cas de ce qui pourrait ressembler à un procès… il ne se faisait pas d’illusion. Il était déjà passé par cette case et ça ne s’était pas brillamment passé pour lui. À cette époque il n’avait que 23 ans, un passif beaucoup moins lourd et une histoire familiale qui aurait à la rigueur pu lui acheter de la pitié s’il avait eu le sens de la déballer. Et avec ça il s’était pris la perpétuité. Alors aujourd’hui, à 45 ans, avec plus de morts à son actif qu’il n’en pouvait compter, beaucoup d’emprisonnement que le nouveau gouvernement jugerait abusif, son nom de Lestrange, son sang pur, sa réputation, sa présence dans le Cercle et son ancien poste en tant que Directeur de la Justice… autant dire qu’il pouvait commencer à creuser sa tombe.

Il n’avait pas d’espoir d’y réchapper. Et se rendait peu à peu compte qu’il n’en avait jamais vraiment eu. D’une façon ou d’une autre il avait toujours su que les histoires comme les siennes ne pouvaient pas se terminer tranquillement. Ce n’était qu’une question de temps. Il hésitait simplement entre deux sentences : la perpétuité ? (encore une fois, ironiquement, c’était tout de même beau d’être condamné par deux fois à la prison à vie) ou bien le must ? Même dans sa tête, il ne prononçait pas ces mots. Parce que cela lui faisait bien trop peur. Mais il s’acharnait pourtant, dans son coin de cellule, à penser, profitant de l’absence de détraqueur et donc d’avoir un esprit clair pour peser le pour et le contre.
La perpétuité ? … ce serait une sentence à vie assez courte. Il n’avait plus la vingtaine et il savait qu’il ne tiendrait pas un nouvel hiver à Azkaban. Donc une mort qui s’allongerait sur deux voire trois mois. Ou bien l’autre ? C’était plus rapide certes : une minute ? A peine, il leur fallait quelques secondes pour relever leur cagoule et à peine trente secondes pour tout à fait aspi- Il inspire et expire lentement, comme à chaque fois qu’il y pense et ferme les yeux, comme s’il tentait de voir en lui où elle se trouvait cette âme qu’on pouvait lui voler. Alors que choisir entre la voie rapide ? et la voie lente ? On aurait tendance à préférer la première, mais Rabastan avait toujours eu cette idée idée fixe qui lui retournait le ventre : ils deviennent quoi ? les corps sans âme ? Ils meurent oui mais… ils meurent un peu plus non ?
Et l’âme, une fois aspirée, elle part où ?
Rabastan après quinze ans passé à Azkaban avait fini par être persuadé que les détraqueurs naissaient de ces personnes qu’on avait privé de leur essence même. Qu’ils avaient grandi de la pourriture d’un vivant vide. Qu’ils avaient bouffé le renfermé et le creux pour y prospérer. Évidemment qu’il n’en savait, en réalité, rien. Mais c’était ce qu’il pensait. Il ne voulait pas de ça. Alors va pour la deuxième solution.

C’était toujours la conclusion à laquelle il arrivait, lorsque ses idées tournaient, tournaient. Celle là était de celle qui revenait le plus souvent. Il fallait qu’il échappe à la sentence maximale, qu’il réussisse à obtenir la perpétuité. Et assez souvent, il se disait que s’il devait supplier pour l’avoir, il le ferait. Il n’avait plus grand-chose à perdre non ?
C’était ce qu’il pensait, lorsqu’il était encore à Poudlard : mais on ne les conserva pas trop longtemps sur place et lui ainsi que les autres brochettes de vainqueurs furent déplacés jusqu’au… Ministère. Si Rabastan avait un instant paniqué, pensant retrouver immédiatement et beaucoup trop tôt selon lui la vieille compagnie des gardiens d’Azkaban, il n’avait pas non plus poussé de long soupir de soulagement en retrouvant les murs qui l’avaient abrités ces dernières années.
Quand il pensait que son bureau se trouvait juste à quelques mètres (bon beaucoup de mètres certes mais tout de même) de lui, ça suffisait à le rendre dingue. Mais pire encore, ces cellules n’étaient pas faites pour être correctement isolé et le coin gauche favori de Rabastan donnait directement sur la cellule d’à coté dans laquelle un petit rigolo eut l’excellent idée de foutre… Boris Bagshot en personne. Il ne fit aucune remarque, parce que les remarques sont vues commes des provocations et même si les rebelles tapaient comme des première années, Rabastan n’avait pas spécialement envie de leur donner de nouvelles raisons de l’approcher un peu trop. Même si l’idée d’en énerver un suffisament pour qu’il finisse par le tuer était une perspective alléchante mais qui n’avait jamais fonctionné jusque là. Alors il s’était contenté de se prendre la tête dans ses mains et de tenté d’ignorer les cris du gosse. C’est qu’il en faisait en plus… Rabastan se demanda brièvement s’il avait été comme ça, à ses 23 ans (peut être… il se souvenait d’avoir pleuré mais pas d’avoir autant gueulé) c’est qu’il était près d’en appeler au code pénal moldu. Rabastan soupirait lorsqu’il entendait le bruit caractéristiques des semelles qui s’écraser contre les barreaux, les gémissements du petit et râlait derrière ses mains lorsqu’il entendait qu’il s’acharnait vraiment.

Y a bien un moment où Rabastan pense que Merlin l’a entendu et où il le chope pour l’emmener ailleurs — il ne savait où mais il espérait dans un lieu insonorisé. Les cris ne le dérangeaient pas trop lorsque c’était lui qui les provoquait et qu’il pouvait y mettre fin d’un coup de baguette mais lorsque c’était un compagnon de galère, ça lui tapait sur les nerfs. En taule, y en avait qui criait toute la nuit, à s’en péter les cordes vocales. Il détestait ça, même si ça finissait toujours par se calmer quand au bout de quelques mois la voix étaient véritablement brisée, avec le moral, avec tout ce qu’il y avait à briser chez un humain — et il y en avait des choses. Dans le presque silence qui règne désormais autour de lui, il se détend un peu plus, pose son dos contre le mur plein, accroche sa main aux barreaux à sa gauche, tend les jambes devant lui. Il allait peut être dormir ? C’est que ça commençait à faire longtemps, il n’osait pas se laisser aller au sommeil, ne voulant pas être vulnérable à ce point là. Mais là c’était si calme que c’était certainement le meilleur moment pour… Quoi encore des cris ?
Quoi ils le redescendaient ?
Mais… un peu de pitié ! « Hey, vous pourriez pas le m- » « On t’parle connard ? » Rabastan accuse le coup avec un rictus agressif et alors que le geolier s’approche de la porte de sa cellule il lève les deux mains : « on me parle pas j’ai compris. Je ne dis rien. » « Sale… » Oui oui, on sait, oui oui j’ai tué des gens, oui oui j’ai détruit ta famille, oui oui, je suis la cause du réchauffement climatique, oui oui je sais tout ça. Mais est-ce une raison pour m’infliger Bagshot ?
Faites venir les détraqueurs plutôt.

Il a vraiment pas une bonne mine ; il est pas du style à bien porter les coups, et pas du style à bien les encaisser d’ailleurs, il a une sale gueule. Quoiqu’il ne voyait pas la sienne, mais ça ne devait pas être non plus la grande gloire. Si Rabastan avait décidé de tirer un trait sur l’espoir, visiblement Bagshot avait décidé de rayer le mot dignité de son vocabulaire. Son passage express entre les mains des rebelles l’avait encore plus remonté et il crachait vraiment tout ce qui lui passait par la tête. Comme s’il était devenu dingue. Avant même d’avoir foutu un pied dans la vraie prison. Merlin, le gosse n’allait clairement pas y survivre. Et Rabastan avait relevé la tête et l’observait, à moitié inquiet alors que les gardiens s’amusaient presque à voir qui le ferait taire en premier.
Il ne savait pas de qui il avait le plus pitié : de Boris, des gardiens ou de lui qui devait supporter tout ça. Finalement quand les geoliers s’étaient un peu écartés il se passa la main dans les cheveux avant de donner un coup d’avant bras dans les barreaux : « HEY ! Baghsot ! Tu te calmes ouais ? Tu vois bien que tu les amuses plus qu’autre chose là non ? » Il se redresse, allant même jusqu’à se foutre debout. Il avait la tête qui lui tournait mais c’était certainement la grève de la faim qui amenait ça. « Leur donne pas ce plaisir et pose un peu ton cul. De toute manière qu’est ce tu crois que ça va apporter hein ? Tu penses que tu vas tellement les saouler qu’ils vont te lâcher ? » Il pose son front contre les barreaux frais : « T’es dans la merde et rien t’en sortiras. Alors pour l’amour de Merlin ferme ta gueule ! »
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MessageSujet: Re: (strangebag) Rabastan rhapsody   (strangebag) Rabastan rhapsody EmptyMer 21 Déc 2016 - 12:34

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13 décembre 2003
Is this the real life? Is this just fantasy? Caught in a landslide, No escape from reality.
Tu continues de crier d’une voix capricieuse et difficilement prise au sérieux. Les gardiens feignent ne pas être atteints par tes insultes, ils se chuchotent des messes-basses à l’oreille en te jugeant, insistant sur ton nom en sifflant et, parfois, ils regardent ailleurs, un peu en biais, comme pour prendre la température du côté de ton voisin de cellule. Pour l’instant, la population carcérale plafonnait à un nombre respectable, mais ça n’allait pas durer, puisque dans les jours à venir, vous alliez crouler sous les petits camarades de cellule. Et eux seraient certainement moins tendres ou du moins diplomates que Lestrange qui te somme de te la fermer.

D’instinct -tu étais passé plusieurs fois à portée de son bureau quand il se fumait des insubordinations et t’étais félicité de ne jamais y avoir eu droit - tu te tais, pris de court. Le coup dans les barreaux te fait sursauter, et un gardien profite de ton temps d’inattention pour t’écraser les doigts. De douleur, tu te ratatines aux pieds des barreaux et, avant qu’il n’entame ton joli minois, tu rampes jusqu’au fond de la cellule. Tu te racles la gorge comme pour faire oublier le couinement que cet énième coup t’avait arraché. Pas que tu avais encore quelque chose à prouver à Rabastan Lestrange -après tout, jusqu’à preuve du contraire, il avait dû assister à tout ton petit cirque- mais disons qu’on n’effaçait pas une autorité en un coup d’état et quelques jours. De fait, même si, techniquement, Rabastan Lestrange n’est plus directeur du niveau deux, tu ne peux t’empêcher de réajuster le col de ta veste et d’avorter le geste de resserrer ton foulard -vu que tu ne le portes plus. Tu laisses ta main crispée sur tes clavicules, tandis que tu ramasses tes pieds sous toi avec ce que tu crois qu’il te reste de dignité.

Tu sais pertinemment que t’égosiller ne sert à rien. Vous étiez à présent les êtres humains à qui on prêtait le moins d’humanité et également le moins de crédibilité. Tu aurais pu leur prédire leur avenir qu’ils t’auraient pensé complètement fou. Et là reposait l’idée ; si on te pensait brisé, peut-être se montrerait-on plus indulgent à ton procès ; si procès il y avait, et si tu n’avais pas viré véritablement barjo d’ici là.
Tu te recoiffes, la crasse retenant tes cheveux en arrière. L’autre jour, pour te menacer, ils avaient parlé de te raser la tête, comme pour les femmes ayant pratiqué la collaboration horizontale chez les moldus, lors de la Seconde Guerre mondiale. Ça s’était révélé diablement efficace… pendant une courte demi-heure.

« Plus que les amuser, j’avais en tête de les rendre fous avant moi » Le soin et la frénésie que tu mets à t’épousseter, comme si tu étais en tête à tête avec lui dans son bureau pour une promotion, a quelque chose de navrant. C’est comme si tu ne réalisais pas ce qui vous était tombé sur le coin du nez ; à voir l’énergie que tu dépenses inutilement à brailler à tue-tête. Comme si tu refusais de l’admettre, simplement parce que l’un de tes anciens supérieurs hiérarchiques t’adressait la parole. Il n’en avait pas fallu plus que ça pour te faire chavirer. « Cependant, par votre faute, mon plan tombe à l’eau. » Bon, bien entendu, tu ne te serais pas permis d’être aussi impertinent, en temps normal. Cela dit, tu es à bout de nerfs donc pour la bonne tenue, il ne fallait pas non plus trop t’en demander. Après tout, lui ne faisait aucun effort pour avoir l’air ailleurs que croupissant dans une cellule depuis une semaine. « Parce que moi, au moins, je songe encore à essayer de sortir d’ici ; n’en déplaise à votre contagieux pessimisme. » Quelques ricanements ricochent sur les murs humides, et tu te dis que c’est la mauvaise isolation qui te donne des frissons dans le dos. « C’est facile, pour vous, ici, c’est du petit lait par rapport à -Azkaban. » tu déglutis un peu trop bruyamment pour ne pas avoir l’air terrorisé. Jusqu’à présent, cette perspective d’avenir ne t’avait pas effleuré l’esprit. Mais il était connu comme le loup-garou blanc que les directeurs de département partageaient ce passif commun qu’était le séjour à Azkaban. On n’en savait concrètement pas plus et ça n’avait fait qu’amplifier le processus de rumeurs flottant dans l’aura qu’ils dégageaient, comme l’épais brouillard précédant la venue des Détraqueurs. « Je ne sais pas ce que vous y avez vécu, et je ne compte pas attendre sagement qu’on m’y expédie… à condition, bien sûr, que nos vaillants insurgés n’y aient pas déjà fait le ménage en terme de “gardiens”… » En effet, ces créatures de Chaos étaient synonymes de désespoir et de fait, avaient été affiliées au clan des méchants… le noir, les griffes, tout ça, un thème récurrent dans l’esthétique du Lord, hein, d’où les affreux masques quand vous vous rendiez sur le terrain. Cela dit, maintenant qu’il était tombé, on ne pouvait pas se contenter d’enfermer les Détraqueurs dans des cellules… Tu aurais été curieux d’assister aux pourparlers avec eux.

L’état catastrophique de tes ongles réduits en bouillie et de tes mains maigrichonnes te renvoie brusquement à la réalité. Tu avais les ongles noirs comme un revenant et le dos des mains squelettiques… et ça ne faisait qu’une semaine… Au final, à quoi bon s’inquiéter pour Azkaban si tu crevais avant ? Dommage, tu aurais bien voulu contempler la débâcle ridicule qu’aurait été ton procès. « Êtes-vous déjà passé devant la cour ? Je suppose que les grands pontes ont le droit de passer avant tout le monde, quand bien même il s’agisse là d’une mascarade pour leur donner bonne conscience~ Elle a bon dos la justice… »
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MessageSujet: Re: (strangebag) Rabastan rhapsody   (strangebag) Rabastan rhapsody EmptySam 24 Déc 2016 - 17:14

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13 décembre 2003

Dignity, always dignity
La dernière fois qu’il avait vu, conséquemment vu s’entend, Bagshot avant qu’on ne le lui refourgue comme voisin de cellule, c’était sur le champ de bataille quand il avait dû lui remettre sa colonne vertébrale en place. Il aurait dû l’achever à cet instant ; un bon AK dans les flancs et ça aurait abrégé ses souffrances, parce que clairement Bagshot était dans un état de détresse trop disproportionné par rapport à ce qu’ils vivaient. Mais pourtant son intervention le fait enfin taire. Si on ne compte pas ses gémissements. Il lève les yeux au ciel en le voyant reculer des barreaux misérablement — enfin un peu de bon sens, à croire qu’il cherchait à se faire cogner, l’imbécile. Rabastan lui lance un regard en coin alors que la gamin arrange son col : oh Merlin, il y croyait ? Après il ne pouvait pas lui en vouloir d’essayer de faire bonne figure, mais après tout ce cirque lamentable c’était presqu’ironique. Alors que le Bagshot fait mine de se recoiffer, Rabastan passe à son tour la main dans ses cheveux avec une grimace. Il voulait se doucher : avant pré au lard il se douchait presque quatre fois par jour… Il savait très bien d’où venait son obsession pour la propreté et l’idée qu’il allait bientôt refoutre les pieds là où ses habitudes de maniaques avaient commencé lui donnait envie de gerber. Et s’il gerbait peut être qu’il aurait droit à une douche. Sauf qu’il n’avait rien manger, rien à gerber à par sa bile bien noire, bien rageuse. Autant la garder pour l’audience. Il en aurait besoin. « Plus que les amuser, j’avais en tête de les rendre fous avant moi… Cependant, par votre faute, mon plan tombe à l’eau. » Rabastan laisse échapper un sifflement méprisant, sa langue collée contre con palais : « Je préfère t’arrêter tout de suite, le seul que tu vas rendre dingue c’est moi et je n’ai pas envie de perdre la tête à cause d’un braillard. »

Il bouge sa tête pour faire craquer son cou et passe sa main sur l’arrière de sa nuque en fermant un instant les yeux. Les deux seules positions qu’il acceptait de prendre était assis et debout : pour rien au monde il ne se coucherait. Certainement un reste de ce qui devait être sa fierté, et de toute manière il ne dormait pas. Son cou pourtant commençait à réclamer une position plus confortable. « Parce que moi, au moins, je songe encore à essayer de sortir d’ici ; n’en déplaise à votre contagieux pessimisme. » « Ce n’est pas du pessimisme, tu vas finir par t’étouffer sur ton espoir si tu ne fais pas gaffe. Garde le donc pour les détraqueurs, ça fera durer le plaisir, l’espoir c’est ce qui part en dernier. » Il ne savait pas pourquoi il disait ça à Bagshot, mais il avait juste envie que le gamin arrête de s’afficher autant, il le remercierait sans doute un jour d’avoir voulu préserver un peu de sa dignité, quitte à lui faire un peu peur. « C’est facile, pour vous, ici, c’est du petit lait par rapport à -Azkaban. » Il hausse les sourcils et reporte son attention sur Boris, c’était amusant qu’il ait fallu attendre qu’il soit de nouveau enfermer pour qu’on lui sorte ça. L’unique personne qui lui avait parlé en face d’Azkaban depuis sa sortie avait été Avery — une fois, puis il n’avait pas recommencé. C’était bien un signe qu’à peine au bout d’une semaine le respect se perdait. C’était comme ça que ça fonctionnait, au Ministère, ceux qui étaient passés par la case prison pouvaient le mentionner mais jamais personne d’autre. On abordait pas le sujet, tout du moins pas en face d’eux. Histoire de survie. Mais la remarque ne l’énerve pas, de toute manière il allait y retourner (et encore, s’il avait la chance de se prendre la perpétuité seulement) alors mieux valait ne pas commencer à monter sur ses grands Sombrals pour si peu. « Je ne sais pas ce que vous y avez vécu, et je ne compte pas attendre sagement qu’on m’y expédie… à condition, bien sûr, que nos vaillants insurgés n’y aient pas déjà fait le ménage en terme de “gardiens”… » Il hausse les épaules : « Ils ne peuvent pas faire grand-chose d’autre à part les garder à Azkaban. On ne tue pas les détraqueurs, si le gouvernement ne leur donne pas des victimes pour se nourrir, ils se mettront à sillonner l’Angleterre et évidemment personne ne veut ça. » Il a un petit rire « Ce sont un peu des travaux d’intérêt généraux : on sert de bouffe pour que ces démons ne viennent pas importuner les gentils citoyens. Si ça peut t’être utile de penser ça quand tu seras sur place hein… C’est gratuit. »

Il étire un peu plus ses bras en avant, cette fois ce sont ses épaules qui craquent, il tire un peu sur la manche de son bras gauche pour la remonter et regarder la Marque qui était maintenant redevenue plus ou moins indolore et considérablement affadie. Maintenant que la conversation avait commencé, Bagshot semblait en redemander, c’était rare qu’on estime Rabastan de bonne compagnie mais lorsqu’on n’avait pas le choix… « Êtes-vous déjà passé devant la cour ? Je suppose que les grands pontes ont le droit de passer avant tout le monde, quand bien même il s’agisse là d’une mascarade pour leur donner bonne conscience ~ » Eh bien c’est qu’il avait ses petites idées sur la question le petit gamin « Elle a bon dos la justice… » Il ricane, la justice c’était un concept qui lui était à la fois familier et étranger : « Tu sais vu ce que j’ai pu faire quand je gérais cette putain de justice… je ne suis pas le mieux placé pour venir chouiner. C’est déjà assez étonnant qu’on ai le droit d’avoir une audience puis un procès… » Il se souvient de Black, Sirius, qui lui était allé à Azkaban sans passer par la case Magenmagot. Ça les avait fait beaucoup rire en apprenant ça, il aurait suffit d’une goutte de véritasérum pour lui éviter plusieurs années d’enfer. Le gouvernement de 1981 était vraiment une immense blague. « Non, j’ai encore rien eu. Tu sais, ça risque d’être plus rapide que pour les autres encore, j’ai pas grand-chose à dire. Mon dernier procès je me souviens n’avoir strictement rien dit. Alors on va dire que ça va pas trop me dépayser hein ? » Il a un sourire amer alors que le souvenir de son procès lui revenait en tête. « J’avais ton âge. T’as vingt-trois ans c’est ça ? T’es de la même année que Potter si je me souviens bien… » Il soupire « Je sais pas comment ça va se passer pour toi mais quoi qu’il t’arrive tu prendras pas la perpétuité. T’en as pas fait assez. Accroche-toi gamin et arrête de couiner, tu ferais mieux de te remémorer tous tes bons souvenirs une dernière fois au lieu de perdre ton temps à te faire tabasser comme une pauvre petite victime. »
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MessageSujet: Re: (strangebag) Rabastan rhapsody   (strangebag) Rabastan rhapsody EmptySam 28 Jan 2017 - 12:17

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13 décembre 2003
Is this the real life? Is this just fantasy? Caught in a landslide, No escape from reality.
Tu avais fini par te calmer un peu, concentrant ton attention sur les explications un peu rudes de ton interlocuteur. Tu te rendais compte que, si ça ne faisait pas un moment que tu avais ouvert ton clapet, en revanche, ça faisait un moment que personne n’avait discuté avec toi. Les gardiens ne toléraient aucune réponse si ce n’était une obéissance immédiate. Ça faisait un peu trop longtemps, toi qui avais été habitué aux interviews journalières ; la preuve, tu reprenais les mimiques que tu réservais habituellement aux journalistes, à voir comment tu plaques le bout de tes doigts contre ta gorge, les sourcils très hauts sur ton visage. « Encore heureux que je ne prenne pas la perpétuité ; je n’ai heureusement pas sévi suffisamment longtemps en tant que mangemort pour qu’ils puissent me faire porter un chapeau aussi lourd que le vôtre ! » Bon, contrairement aux entrevues avec les médias, tu pesais beaucoup moins tes mots, à manquer d’échauffement et de textes à apprendre par coeur.

« J’espère qu’ils ne tarderont pas trop, il arrive de nouveaux détenus chaque jour ; on va finir par manquer de place. » Et tu ne crois pas si bien dire, sachant que les cellules n’allaient pas finir de se remplir, tandis que les procès n’allaient commencer que fin décembre -pour les grands pontes- et que, pire encore, le tien allait traîner jusque fin janvier. Autant dire que tu aurais le temps de connaître chaque grain de crasse de ta cellule et de péter tous les câbles que tu voulais.
Tu ne t’imaginais pas à quel point ça allait se détériorer, une fois que Lestrange serait emmené. Tu ne t’imaginais pas à quel point tu avais eu besoin de t’accrocher à lui, comme tes yeux qui le cherchent dans la pénombre, et toi qui te retiens de lui demander, plus encore, comment c’était passé son procès de quand il avait ton âge et que sa vie avait été mise en suspens, l’étouffant dans le vide de sa cellule. Par Merlin, tu priais pour qu’il ait raison.

Même si ça ne fait pas forcément du bien à ton moral et à ton imagination torturée, tu écoutes ses histoires, le genre d’histoires pour ne pas dormir la nuit, tellement elles font froid dans le dos. Parce qu’apparemment, à ton âge, lui n’avait même pas le droit de nourrir l’espoir de s’en sortir. Tu ne connaissais pas par coeur son tableau de chasse, mais il régnait désormais autour de ce dernier une aura horrifique pour imaginer condamner un gamin -parce que oui, il fallait se résoudre au fait que tu n’étais qu’un gamin à vingt-trois ans- au baiser du détraqueur. C’est une curiosité un peu mal placée qui te donne envie d’en savoir plus. Et une terreur encore plus grande qui t’empêche de lui poser les questions qui fâchent.

C’est à t’entendre parler pour rien qu’il avait fini par ouvrir le bec. Peut-être que si tu réessayais -oui, il fallait que tu sois sacrément dans le déni pour oser croire que tu puisses faire parler par quelque manigance un mangemort de la première heure.
« Tous mes bons souvenirs ? Pour ça, il faudrait déjà que j’en ais... » que tu dramatises, plus pour se plaindre qu’autre chose d’ailleurs. Il ne fallait pas exagérer, ta mère ne passait pas chaque soir dans ta tête pour faire le ménage. Pas besoin, elle avait laissé après son premier passage des migraines qui manquaient de faire exploser ton front sous la pression. Malgré tout, tu avais pu ramasser des bribes çà et là, doucereuses et douloureuses comme des nuits trop courtes. Peu importe au final s’il écoute ou pas, il n’a pas vraiment le choix. « A la BPM, on soutire les infos et les souvenirs de force, je le sais, j’ai vu faire vos hommes, pour ne pas dire que de temps en temps, j’étais dans le fond de la pièce, à prendre la température. » C’est peut-être un souvenir pas si mauvais que ça, en fait. « Qui l’eut cru que je bosserais là-dedans, sachant que ma mère, elle, son job, c’était d’effacer la mémoire des gens. » Tu te tapotes la tempe, préoccupé, à la pensée de ta mère.

Parce que ta mère va passer au tribunal aussi. Ça aussi, ça te fait froid dans le dos, de vouloir si fort qu’on la juge pour ce qu’elle a fait, pour ce qu’elle t’a fait, parce que toi-même tu n’as pas eu le cran de le faire.
« Franchement, vous en avez de bons souvenirs, vous ? » Tu aimerais bien ne pas en avoir, ne pas à sourire en te rappelant les soirées mondaines à médire sur la haute bourgeoisie au bras d’Astoria, en te rappelant les imbécilités de Flint et des autres rafleurs quand Davis avait le dos tourné. Vous faisiez partie des méchants, désormais, et tu aurais bien voulu ne rien avoir à partager avec eux, si ça pouvait t’aider, une fois que tu serais sorti de là, à ne pas regretter, la vie d’avant.
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MessageSujet: Re: (strangebag) Rabastan rhapsody   (strangebag) Rabastan rhapsody EmptySam 18 Fév 2017 - 17:55

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13 décembre 2003

Dignity, always dignity
En vrai, Rabastan espérait simplement lui faire assez peur pour qu’il se roule en boule dans un coin de sa cellule et se taise. Ce n’était tout de même pas trop demander ? Un peu de calme ? De le laisser profiter des derniers moments où il n’avait pas à supporter la présence trop familière déjà des immondes gardiens. Mais vraiment, Boris ne lâchait pas le morceau et s’il était angoissé ça ne se voyait pas assez : pourquoi ça ne lui serrait pas la gorge au point de le rendre muet ? Incroyable comment les gens pouvaient être bavard, même dans les pires situations. C’était sans doute faire preuve d’un peu de mauvaise foi sachant que Rabastan pouvait être un homme à longs discours mais… en l’occurrence, ce n’était pas lui qui avait lancé le débat. Il devait avoir perdu la main — il avait en réalité perdu bien plus que la main, c’était assez frustrant de voir qu’avant les gens se la fermaient quand vous les regardiez de travers non pas parce que votre regard était terrifiant mais juste parce que vous aviez une baguette et que l’interlocuteur savait que vous saviez vous en servir. Dans un sens ce n’était pas bien étonnant : Bagshot était protégé de Rabastan par des barreaux, alors il pouvait bien continuer de parler et de le saouler jusqu’à ce que Lestrange en crève sans que ce dernier ne puisse faire grand-chose. Bon, s’il fallait faire peur au gamin jusqu’aux larmes pour qu’il se la ferme, Rabastan était prêt à se sacrifice, ce ne serait pas bien difficile… même s’il était étrangement plus solide que ce que sa petite silhouette et sa petite trogne laissait paraître, ça ne devrait tout de même pas relever de l’impossible de lui foutre assez les jetons pour qu’il se fasse dessus. Just sayin’, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a.

Rabastan était donc prêt à en rajouter une couche, question futur glauque et horrible, mais visiblement une de ses remarques faisaient déjà écho dans l’esprit du gosse : « Tous mes bons souvenirs ? Pour ça, il faudrait déjà que j’en ais... » Oh, douce Viviane, il était tombé sur un bon là visiblement. Le jour où Rabastan Lestrange estime que vous exagérez, c’est le moment où on se rend compte que quelque chose cloche. La remarque lui arrache un long soupir et le pousse à lever les yeux au ciel : « Tu vas m’arracher une larme là. » Même lui, à vingt trois ans, ne se serait pas permis ce genre de remarque. Parce que même si ta vie est merdique, tu dois bien en trouver quand même, des petits moments sympathiques que tu ne voudrais pas perdre. Pas de chance, c’est ça qui se fait la malle en premier en taule. Mais là il n’y était pas encore. S’il partait avec cet état d’esprit c’était certain qu’il ne passerait pas trois semaines. « Ben écoute si t’en as pas, tu verras pas de différence entre maintenant et quand tu seras avec des Détraqueurs. C’est ptet tant mieux. » s’il voulait la jouer comme ça, hein… Mais ce n’était pas conclusif pour deux noises. Et le voilà qui commence à se la jouer Père Licorne raconte-nous une histoire en se remémorant le temps béni où ils n’étaient pas au chômage « A la BPM, on soutire les infos et les souvenirs de force, je le sais, j’ai vu faire vos hommes, pour ne pas dire que de temps en temps, j’étais dans le fond de la pièce, à prendre la température. » Mmh… c’est… intéressant sans doute, mais Rabastan ne voyait pas vraiment où ça les conduisait cette conversation, à part dans les abîmes de l’ennui. Ouais on soutirait les infos de force, ça s’appelle un interrogatoire, on va pas faire genre on est les seuls à l’avoir fait tout de même ? « Tu veux une chocogrenouille pour tous tes bons et loyaux services ? » Mais visiblement ce n’était pas ce qu’il recherchait. Il voulait juste parler. « Qui l’eut cru que je bosserais là-dedans, sachant que ma mère, elle, son job, c’était d’effacer la mémoire des gens. » Ben qu’est ce qu’il en sait de qui l’eut cru ou non lui hein ? Est-ce qu’il avait fait des études du psychomagie ? Est-ce qu’il avait la tête d’un thérapeute ? Non, parce qu’il était moins doué pour comprendre ce qui se passait dans la tête des autres que pour faire sauter ces mêmes têtes justement. Ne parlons même pas de la sienne. Il essaye pourtant de se rappeler de la mère du gamin : Bagshot ?... Bon, non ça ne reviendrait pas. Il regarde son petit geste et a un très bref moment de compassion : « Ah, tu fais partis de ceux qui ont pu tester les compétences parentales de près alors ? » C’était quelque chose de récurrent : les parents aimaient bien faire sur leurs gosses ce qu’ils faisaient à une plus grande échelle. Sans trop partir dans l’introspection il pouvait penser à plusieurs collègues qui avaient cette tendance. « Pleure donc pas, c’est fini maintenant, si ta mère s’est faite chopée, elle y passera comme tout le monde. Au moins une petite consolation pour toi non ? » Rabastan ne présumait jamais trop de l’affection des enfants pour leurs parents. Pas son genre.

« Franchement, vous en avez de bons souvenirs, vous ? » Non mais ce gosse était hallucinant, c’était dingue. Déjà qu’en régle générale on osait qu’à peine le regarder dans les yeux, lui, juste parce que la situation actuelle le protégeait, en profitait pour lui poser des questions de ce genre. On était où là ? Et le respect ? Il est parti où ? Mais encore une fois, faute de pouvoir taper du poing sur la table (par manque de mobilier) et parce qu’il avait vu que même s’il restait silencieux, Bagshot pourrait soliloquer jusqu’à ce que le sommeil vienne le râfler, Rabastan renonce à toutes mesures de rétortion « Visiblement plus que toi pauvre petite licorne meurtrie par le hasard et les tempêtes. » Quel poète, mais ça allait bien au teint du gamin. « Tu peux pas tenir aussi longtemps si t’as rien pour te raccrocher de toute manière. Après c’est pas forcément des bons trucs, mais… des trucs qui te font continuer. » Il le regarde cette fois avec un peu plus d’attention « Crache pas sur ce que tu as de bien dans ta tête, sinon tu vas vraiment le regretter quand tu ne le retrouveras plus. » Il en savait quelque chose, en fait c’était pas tant qu’on regrettait les souvenirs, puisqu’on ne les avait plus, mais le fait de savoir que des moments manquaient c’était le plus perturbant. « Pense pas que c’est en lâchant prise sur tout ce que tu as vécu et que tu ne pourras plus jamais retrouvé que ça ira mieux. Tu tomberas juste plus vite. » Il hausse les épaules : « Et puis tu te reconstruiras hein, j’te dis que tu vas pas crever en taule. Tu ressortiras et tu reprendras ta vie. Y en a d’autres qui l’ont fait avant toi. » Même si lui n’était pas un bon exemple, mais en creusant il était certain qu’on pouvait trouver, non ?

Y a un des sorciers qui les surveillaient qui s’approche pour regarder Boris dans le fond de sa cellule avant de regarder Rabastan qui lui adresse un petit rictus de bonjour, ou de bonsoir pour ce qu’il en savait. « Bon, on va mettre le gosse avec Lestrange, et libérer celle là pour quand on ramènera les autres. » Ah, donc maintenant il allait se le taper directement dans son périmètre direct ? Au moins s’il était trop gavant il pourrait lui retourner une bonne raclée. Il sourit à Bagshot « Je te jure que si tu cries ou que tu protestes quand ils vont te bouger, je te fais bouffer ta langue. J’aime pas les scènes. » C’était pour son bien, il n’avait pas envie pour le gamin qu’il donne une nouvelle bonne raison aux autres de le cogner. Méritait pas ça. Pauvre gosse.
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MessageSujet: Re: (strangebag) Rabastan rhapsody   (strangebag) Rabastan rhapsody EmptyDim 5 Mar 2017 - 15:21

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13 décembre 2003
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« ...elle y passera comme tout le monde. Au moins une petite consolation pour toi non ? » « Je ne vous permets pas » que tu réponds aussitôt, comme un réflexe, infatigable, toujours là malgré le temps, la condition et le fait -accessoire- que c’était de la faute de ta chère et tendre mère si tu avais dû prendre la Marque. Tu ne sais plus trop, en vérité, si tu dois lui pardonner ou pas, parce que franchement, pour le coup, ta mère n’était pas là pour te rassurer, te sortir de là et surtout, surtout, de dire que tout ça, c’est de sa faute. Lestrange était là, lui, même si c’était un peu à ses dépens. Ceci dit, Hermione était une femme aussi fière que ses enfants homos ; de fait, tu pouvais toujours te brosser pour qu’un jour, si vous vous revoyiez, elle vienne s’excuser. A ce stade, elle devait être persuadée que ce qu’elle avait fait, elle l’avait fait par conviction, en plus de vouloir te protéger et t’assurer une place dans un régime dans lequel elle avait jugé bon d’investir à long terme.
Si à présent tes sentiments à son égard étaient plus mitigés que jamais, c’était depuis que tu avais découvert que, non content de te faire devenir mangemort, elle t’avait fait devenir hétéro et fiancé à Astoria, ou Margaret ou n’importe quelle autre jeune femme de bonne famille. Et que, pour le coup, elle n’aurait pas dû s’en mêler, ni toucher à ça, d’autant plus pour en faire une honte et un vice à dissimuler.
Elle avait cru faire ça pour ton bien, alors pourquoi ça avait fait si mal ?

Les remarques grossièrement lyriques de Lestrange n’ont pas fini de t’excéder. Qu’est-ce qui lui prenait ? S’il voulait que tu cesses de lui faire la conversation -que tu monopolisais la plupart du temps, cela va sans dire-, il n’avait qu’à te le dire directement, au lieu de fourbement t’envoyer balader ; dans votre condition, il n’était plus question de manière, et ce, seulement parce que tu en avais pris l’initiative, aux risques et périls de tes petits doigts sur les barreaux. Tu en avais conscience, même si tu t’en désolais. Ainsi, tu fais semblant de ne pas rebondir sur ses remarques ; parce que toi, pour le coup, t’avais bien envie de converser avec quelqu’un encore un minimum civilisé.

Il cède, encore une fois, quelques remarques, fort constructives ma foi, si tu avais eu la bonne initiative de les prendre pour toi. Seulement, il ne répond pas le moins du monde à ta question, comme s’il résistait face à l’appel de la complainte. Il avait alors trop raison et aurait dû te clouer le bec pour de bon.
Tu es conscient qu’un type comme lui traîne son lot d’histoires pas drôles. Toutefois, tu n’es pas suffisamment toi-même pour te taire sur ton propre sort. Tu avais besoin de déballer tes petites affaires, au risque de devenir fou dans le cas contraire, et il était le seul que tu jugeais digne pour t’assister, pour ne pas dire que tu n’aurais pas pu plus mal choisir.
« Laissez-moi deviner : vous êtes bien placé pour le savoir, c’est ça ? Ça fleure bon le véc- » « Bon, on va mettre le gosse avec Lestrange, et libérer celle là pour quand on ramènera les autres. » Tu ne tiltes pas tout de suite que c’est de toi qu’on parle, quand bien même on n’avait pas hésité à te rappeler l’insignifiance de ton jeune âge. Tu te recroquevilles d’instinct quand l’Auror entre dans ta cellule et te figes au sol quand il t’attrape le bras, avant de te rappeler la mise en garde de Lestrange, certainement plus efficace que toutes les menaces aurors du monde.

Comme quoi, on n’efface que difficilement la docilité d’un employé du Ministère. L’Auror profite de l’autorité de Lestrange pour te mettre à mal et te manipuler brusquement. « T’as entendu, gamin ? Un mot, et tu dégustes. » Tu ravales tes paroles, mais ton visage n’en dit pas moins, à rouler des yeux en essayant subtilement de dégager ton épaule. Tu ne te remets à respirer que lorsqu’il referme la porte sur toi, contre laquelle tu restes appuyé. Il n’y avait plus de barreaux pour te sauver si jamais tu sortais une nouvelle absurdité. « Vous voyez, quand je veux. » hausses-tu de l’épaule, en t’époussetant l’épaule.

Tu regardes autour de toi comme si tu faisais la visite de ton nouveau lieu de villégiature alors que la cellule est à peine moins humide que la tienne. A croire qu’elle t’inspire cependant un discours encore plus dramatique, puisque tu t’élances. « Vous avez sans doute raison : je pourrais effectivement me souvenir de ma grande soeur. » Tu relèves soudainement la tête, la bouche en coeur. « Oh ! mais j’avais oublié qu’elle est partie du jour au lendemain quand j’avais six ans. » Tu commences à faire des allers et venues le long des barreaux, toujours à l’autre bout de la cellule exiguë. « A Poudlard peut-être ? A ceci près que Potter et compagnie avaient le don de tout gâcher, mais ça, je ne vous apprends rien. » tu appuies ta réplique d’un coup d’oeil entendu dans sa direction, comme si, déjà à l’époque, vous étiez tous les deux dans le même camp. « J’aurais bien aimé oser regretter la période vécue auprès des Insurgés, cela ne vous en déplaise. Seulement, j’ai brusquement découvert que je n’y étais pas venu de mon plein gré. » « Par Merlin, la ferme, Bagshot ! » Non, tu ne te rends absolument pas compte que tes jérémiades ne sont rien comparées au tiers de sa vie à lui. Tu es crevé, tu as peur de crever, tu n’as pas changé de vêtements depuis trop longtemps, alors on ne t’arrête plus. « De fait, il ne me reste plus que ma courte expérience au milieu des rafleurs et des mangemorts. » Tu replies le dernier doigt avec lesquels tu énumérais tes mésaventures. « Il est vrai que c’était relativement la belle vie, quand on aime se vendre en public ; j’ai cru, réellement, que j’aimais ça… Tant que je pouvais leur vendre ce qui me plaisait, ça allait, dira-t-on : avoir le sentiment d’être on ne peut plus intégré, c’est rassurant… » Même si tout se basait sur un énorme mensonge, manigancé par maman. Il suffisait de sourire et d’attraper le bras d’Astoria au bon moment.

Et, avant que Rabastan ne réplique quoi que ce soit -ou avant que tu te prennes un revers dans le pif, tu vas pour admettre « Vous avez raison, j’y survivrai, et je sortirai d’ici. » Tu t’immobilises de nouveau, debout dans un coin, comme si, inconsciemment, ton corps savait qu’il devait se préparer à se défendre contre quelque réprimande. « Sauf que… ce qui m’attend dehors, cette société toute chamboulée… peut-être que je n’ai pas envie tant que ça de m’y intégrer. Quel intérêt de s’en sortir, si c’est pour que certains m’en veuillent éternellement ? Je refuse qu’on me juge pour m’en être sorti alors que ça n’est même pas moi qui l’ai décidé. » Tu te passes une main frénétique dans tes cheveux, ruinant ta coupe de fortune. « J’ignore si je redoute davantage la pitié, le mépris ou l’indifférence… » « Eh oh ! Ça bavarde un peu trop, chez les mangemerdes ! »

Tu soupires, reprends calmement ta respiration, maintenant que tu t’essouffles pour un rien. L’auror t’avait relevé trop vite, et ta tête à l’esprit tout troué n’arrêtait pas de te tourner. On aura qu’à mettre ton aisance à dramatiser sur ce trouble. « Vous dites que je survivrai à la prison, soit. Mais qui vous dit que je survivrai à la liberté ? » Ouh, c’est que tu en serais presque fier, de cette réplique, si fier que tu en oublierais que tu t’adresses à Rabastan Lestrange qui, au vu de son passif (passif plutôt actif, en termes de tueries, cela dit), n’est pas près d’avoir de nouveau droit à un soupçon de liberté.
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MessageSujet: Re: (strangebag) Rabastan rhapsody   (strangebag) Rabastan rhapsody EmptyDim 5 Mar 2017 - 17:34

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13 décembre 2003

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« Je ne vous permets pas » qu’il avait dit, le môme, quelqus minutes auparavant. Il ne permettait peut-être pas qu’on lui foute la vérité en face concernant sa maman, mais lui se permettait à coté moulte autres choses qu’en temps normal les subalternes ne s’autorisaient pas à lâcher face à des supérieurs. Au moins on pouvait lui accorder une chose, s’il pleurnichait métaphoriquement sur sa soit disant catastrophique vie, au moins il avait arrêté de chouiner dans les faits — on l’avait bougé et il était resté assez silencieux même si sa manière de se ratatiner sur lui-même inspirait à Rabastan un étrange sentiment de pitié qu’il aurait préféré ne pas ressentir pour Bagshot. Il n’avait pas que ça à faire, quitte à avoir pitié de quelqu’un, autant avoir pitié de lui-même, vu sa situation c’était ce qui était le plus à faire.
Maintenant qu’il était là, le petit gars, il se collait contre les barreaux comme s’il voulait se tenir le plus éloigné possible de lui. Comportement compréhensible. Rabastan aussi aurait bien aimé être loin de lui-même, si possible dehors. Erf, on n’avait pas toujours ce qu’on voulait. Il espérait donc qu’avec ce petit transfert le bébé Bagshot sentirait l’aura que Rabastan avait mis des années à construire et qui signifiait : ta gueule ou j’te lance un Doloris ce qui ici devenait, puisque privé de baguette ta gueule ou j’t’encastre dans le mur. Il n’avait encore jamais trop essayé de faire ce genre d’exploit physique mais quand on voyait le gabarit de Boris, c’était pas comme si ça devait être compliqué. Et Rabastan se souvenait que son dos ne devait pas être dans un état rayonnant après sa mésaventure à Pré Au lard. Il lui avait peut-être remis les vertèbres en place mais si on pouvait se fier à Lestrange quand il s’agissait de lancer des AK, mieux valait ne pas trop avoir foi en lui pour réparer un nez cassé. Alors encastré un handicapé en puissance dans un mur de cellule… ouais c’était dans ses cordes.

Ce que Rabastan n’avait pas imaginé, c’était que Boris était doté d’une sorte de super pouvoir tout à fait abherrant. Il aurait sans doute dû s’en rendre compte plus tôt mais c’est lorsque le gamin ouvrit sa bouche en commençant à regarder la pièce exiguë qu’il prit pleinement conscience du degré de culot du môme : « Vous avez sans doute raison : je pourrais effectivement me souvenir de ma grande soeur. » Mais ? dans quel univers les paroles de Rabastan lui avait laissé croire qu’il l’invitait à se répandre en complainte et lamentations sur sa famille et son enfance ? On n’était pas au cercle des poètes de mon cul là, on était en taule. Les taulards chouinent pas sur leur papa, leur maman ou leur sœur. Ils se la ferment un point c’est tout. « Oh ! mais j’avais oublié qu’elle est partie du jour au lendemain quand j’avais six ans. » « Anlala… » Mais plutôt que d’être refroidi par la tonalité assez méprisante de Lestrange, Boris prend au contraire la confiance et commence à faire les cents pas, comme s’il était chez lui. Et le voilà qui partait dans les grande considération — alors il fallait savoir que sa sœur l’avait cruellement abandonnée lorsqu’il avait six ans, le pauvre bichon. Ne pas oublier qu’ensuite à Poudlard la petite bande de Potter lui avait gâché ses études (Rabastan laisse échapper un grognement et lève les yeux au ciel, sans plus les rebaisser dans la direction de son co-détenu, moins il le voyait mieux il se sentait certainement, c’était pas bon pour sa pression artérielle). Il pousse même le bouchon jusqu’à parler des Insurgés, Rabastan n’arrivait pas à deviner s’il savait que Lestrange s’en branlait royalement mais continuait quand même parce qu’il était lancé, ou bien s’il pensait sincèrement que Rabastan était intéressé par ses états d’âme. S’il avait voulu écouter les gens se plaindre il serait devenu psychomage et pas tueur en série. C’était quoi qui était dur à comprendre là dedans ? « Par Merlin, la ferme, Bagshot ! » Pendant un moment il pense que son cerveau le hurle si fort que la parole a fini par se matéraliser d’elle-même, mais il s’agissait en réalité de la voix d’un de leur gardien qui était apparemment tout aussi saoulé que Rabastan. Sauf que lui au moins pouvait se consoler en pensant que cette nuit il rentrerait dans sa maison pour aller se blottir contre sa femme, bien loin de Boris Chouineur Bagshot alors que Lestrange lui allait devoir passer la nuit et encore d’autres après avec lui.

Il n’avait pas mérité ça.
Et alors que Rabastan se plaignait mentalement, Boris continuait à haute voix. A la manière d’un perroquet surentraîné. « …j’ai cru, réellement, que j’aimais ça… Tant que je pouvais leur vendre ce qui me plaisait, ça allait, dira-t-on : avoir le sentiment d’être on ne peut plus intégré, c’est rassurant… » Lestrange était à deux doigts de se lever pour vérifier qu’il n’y avait pas de journalistes dans le couloir et que Bagshot ne faisait pas ça juste pour un show, parce que c’était pas loin d’en devenir grotesque. Sauf que s’il se levait, il se rapprochait de Boris et donc de sa voix. … on allait rester assis. Le voilà qui disserte sur la difficulté de se réinsérer et tout ce qui allait avec. Unique avantage, il avait cessé de bouger et le dévisageait à demi du regard comme s’il s’attendait à ce que Rabastan lui saute dessus pour l’étrangler. Pas qu’il en avait pas envie, mais il avait pas suffisament la foi our se bouger. « J’ignore si je redoute davantage la pitié, le mépris ou l’indifférence… » « Seign- » « Eh oh ! Ça bavarde un peu trop, chez les mangemerdes ! » Mais si ça vous gave lancez lui un Silencio ! Rabastan était dans l’incapacité physique de le faire mais les autres là, ils avaient bien le droit non ? S’ils les tabassaient ils pouvaient bien leur lancer un petit sort de mustisme. Mais Lestrange imaginait que Boris continuerait en langage des signes. Après il n’aurait qu’à fermer les yeux. C’est ce qu’il commence d’ailleurs à faire. « Vous dites que je survivrai à la prison, soit. Mais qui vous dit que je survivrai à la liberté ? » Il rouvre ses yeux, doucement.

Y avait un truc là c’était pas possible. Quelqu’un, quelque part était en train de les regarder en se marrant. Est ce que ce petit gosse était en train de se plaindre à l’idée qu’il allait sans doute finir libre ?
Il serre son poing un instant, le desserre et expire profondément avant de faire un petit geste à Boris, pour lui faire signe de s’avancer. « Viens deux secondes ici Bagshot. » Parce qu’il a la flemme de se lever. « … j’ai un truc à te dire. » Et le pire, c’est qu’il vient, le gosse. En plus d’être un bavard invétéré, il a un très mauvais instinct de survie. C’en était sidérant. Avec sa petite tête de jeune premier, ses grands yeux et sa bouche ronde. Et dire qu’il avait été Mangemort. On laissait entrer n’importe qui, vraiment. Et quand il est assez proche de lui, Rabastan tend sa main et l’attrape par l’arrière de la nuque puis le force à se baisser pour être à peu près à son niveau — la flemme, vraiment, de se lever pour ça. Il serre ses doigts sur l’arrière de son cou, juste sous la mâchoire et reste un instant silencieux, comme s’il avait besoin d’enregistrer ce que ce gamin avait eu le culot de débiter. « Parle pas trop vite de survie » il expire doucement, et assez bas « parce que si tu continues comme ça, t’auras pas l’occasion de profiter de la nouvelle société et tout ce bordel de conneries que tu vomis depuis une heure. » Il serre un peu plus « C’est pigé ? » Il le tire vers le bas pour le faire s’asseoir à coté de lui avant de le lâcher. Il lui passe doucement la main dans les cheveux avant de lui taper la joue : « Si j’avais envie que tu me racontes ta vie, je te l’aurais demandé. Est-ce que j’te saoule avec mes emmerdes moi ? »
Il avait un peu de mal à vraiment penser qu’il allait crever.
Il avait un peu de mal à penser que ça avait été ça toute sa vie.
Y en avait qui avait mené des vies, des vraies. En fait, ce gosse était pas loin de lui ressembler — les études et ensuite la merde, continuellement, sans savoir quand ça allait s’arrêter. On continue d’avancer en se disant que ça allait fatalement finir par s’arrêter et c’est juste devant le peloton d’exécution qu’on se rend compte que c’était vers ça qu’on s’était toujours dirigé. « T’as pas eu de chance pour le moment. Arrête donc de cracher sur une deuxième chance. Si tu sors démerdes toi pour pas rater une seconde fois ta vie. » Et il repasse nerveusement sa main dans les cheveux sales de Boris. Parce qu’il avait l’habitude de faire ça à ses gosses. Avant, mais alors bien avant. Pendant une partie de sa vie qu’il avait pas complètement raté. « Juste arrête de pleurer sur ton sort devant moi, tu seras gentil. »
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MessageSujet: Re: (strangebag) Rabastan rhapsody   (strangebag) Rabastan rhapsody EmptyDim 5 Mar 2017 - 22:50

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13 décembre 2003
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Ta petite réplique n’a pas l’effet escompté auprès de Lestrange qui ne paraît pas impressionné le moins du monde. D’un autre côté, à sa place, tu aurais fait pareil ; en tant qu’éminent mangemort, c’était tout à son honneur de ne pas se laisser avoir par un bleu dans ton genre, peu de temps après la chute du régime. Si tu étais encore secoué de temps en temps de réflexe datant de vos jours heureux au second niveau du Ministère, il eût été normal que ton supérieur ait du mal à se détacher de son rôle afin de te traiter comme un égal -ce que tu ne pouvais cacher avoir tenté de faire, en essayant d’attiser sa sympathie. Non, tu n’étais pas très doué pour t’attirer la sympathie de qui que ce soit d’autres que les ménagères sorcières qui lisaient avec passion tes douces aventures avec Astoria.

Néanmoins, s’il ne paraît pas inspiré par ta fine réplique, il ne t’en demande pas moins de t’approcher. C’était la réaction la plus pertinente qu’il avait eu depuis le début de ton petit spectacle, et tu étais persuadé qu’il allait (enfin) se laisser aller à quelques confidences. Tes yeux de biche grand ouverts, tu approches à petits pas, le cou et l’oreille tendus, avec dans les pupilles cette lueur insupportable de celui qui est définitivement trop à l’écoute pour être honnête.
Bien entendu, il aurait pu se lever pour venir te voir, mais tu lui concédais au moins cet acte d’obéissance-là, à t’approcher sans te douter le moins du monde du tournant de la situation. C’est vrai, quoi, il n’oserait tout de même pas lever la main sur toi devant vos gardiens !

Ce n’est que trop tard que tu remarques qu’il lève effectivement la main sur toi. Mais, non content de t’en retourner une, il t’attrape par le col, sa main faisant presque le tour de ta gorge. La proximité de ses doigts noirs avec ta cicatrice mise à nue t’arrache un couinement. « Hé, Lestrange, pas d’magouille, hein ? » Mais Lestrange n’écoute même pas, Lestrange en a effectivement ras le chapeau de sorcier de tes histoires, alors Lestrange va s’adonner à quelques remontrances de derrière les fagots.

Tu te retrouves plié en deux, dans une position des plus inconfortables. Les genoux pliés mais ne se résolvant pas à toucher le sol, comme dans un soubresaut de refus de coopérer. Tu presses un peu l’arrière de ta tête contre sa main, mais sa poigne est bien plus forte que ça et tout ce que tu parviens à faire est de la renforcer pour te maintenir tranquille, comme on le ferait avec un animal effarouché.
Pas de confidence pour toi, si ce n’est le conseil de te la fermer si tu voulais revoir un jour l’extérieur pour pouvoir t’en plaindre comme il se doit.
Il ne te gueule pas dessus, comme tu avais pu le redouter alors que vous souffliez le même air. Il persiffle, grondant, et à ton avis, c’est encore pire, parce qu’il te donne l’impression de pouvoir t’étrangler dans ton sommeil.

Tes yeux sont grand ouverts d’horreur et d’incompréhension. Certes tu avais été plus loquace que d’accoutumée, certes tu lui avais raconté à quel point tu en avais gros sur le cœur. Ceci dit, tu ne l’empêchais pas de faire pareil ! Rien qui ne puisse tant pousser à bout, n’est-ce pas ? « C’est pigé ? » Ah, bah apparemment, si, tu avais poussé le bouchon un peu trop loin. Figé comme une biche prise dans les phares du Magicobus, tu acquiesces précipitamment sans trop réfléchir -à croire que ça te réussissait plus que quand tu marinais dans ton jus.

Satisfait de l’affolement relatif dans lequel il t’a plongé, Lestrange exerce une dernière pression sur ton petit corps faible pour t’asseoir à côté de lui, avant que les aurors ne considèrent la situation comme trop houleuse. Ton derrière s’écrase dans une flaque d’eau croupie et t’arrache une grimace de dégoût. Lestrange en profite pour bien te maintenir en place d’une tape sur la joue et d’une main dans les cheveux intempestive. Tout cela est allé un peu trop vite pour toi, si bien que tu en restes bêtement interdit, à bâiller aux corneilles.

Et c’est parce qu’il n’a ni levé la main ni haussé le ton sur toi que tu réalises, que c’était effectivement absurde de se plaindre sans cesse, sans même prendre le temps de prendre la température auprès de ton interlocuteur.
Tu réalises aussi que lui, il ne s’en sortira certainement pas. Toi qui voulais te targuer d’avoir droit aux confidences de l’un des plus grands mangemorts de sa génération, tu n’avais même pas eu assez de jugeote pour mettre le doigt sur pareille évidence.
C’est parce que sa réaction ne présentait pas la violence suffisante pour que tu te braques et restes hermétique à son discours que tu as pu réaliser tout ça.

D’un autre côté, on ne se refaisait pas. De fait, tu préférais mourir noyé dans la flaque douteuse dans laquelle tu étais actuellement assis, plutôt que d’admettre à haute voix que tu te sentais actuellement très con, que tu avais faux sur toute la ligne, que tu lui avais fait du tort, voire même que certaines de tes paroles aient pu le blesser -ou plus simplement l’importuner.
Au Diable tout ça, tu n’étais pas suffisamment calmé et en bon état pour être si sage.
C’était lui, la grande personne, après tout. Ça fait longtemps que tu ne t’es pas fait rembarré ainsi par une grande personne, pas vrai ?

Une nouvelle caresse brusque dans tes cheveux te tire de ton mutisme. Ton brushing est définitivement ruiné. Tes mèches folles te donnent des allures de petit piaf tombé du nid, à ceci près que le piaf est si petit mais si pimpant qu’on ne saurait dire s’il s’agit encore d’un oisillon ou déjà d’un adulte.
« Vous savez, vous pouvez m’importuner avec vos problèmes, si vous voulez… » Mais c’est que tu ne comptais pas changer de disque, à la fin ! « Je ne vous garantis pas de vous être d’une aide précieuse ; en revanche, ça fait du bien d’extérioriser… » Tu peux parler, toi, le maître de l’introspection. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Vous n’étiez pas si différents, de ce point de vue-là. « Enfin, je dis ça… » Tu parles beaucoup plus lentement, les genoux ramenés contre toi, les bras enroulés autour. « j’aimerais bien que ça me fasse réellement ni chaud, ni froid… » Le souvenir de Flint, complètement brisé, se rappelle à toi, tu t’étais juré de ne jamais y repenser. « La dernière fois qu’on s’est confié à moi, au final, je n’ai ressenti qu’une désagréable et profonde impression d’impuissance. »

Toi aussi maintenant, tu parles tout bas, la voix un peu enrouée. « C’est terrible, quand on vous a promis la puissance magique, voire politique -ou même judiciaire-, de se rendre compte que ça n’empêche pas de ne rien pouvoir faire pour ceux qui importent… Et je ne parle même pas de soi-même. » Parce qu’il résidait là, le fond du problème. Lestrange avait eu un jour l’audace de se préoccuper de toi, sur le champ de bataille. Tu as si peu l’habitude d’être en présence de quelqu’un, dans les moments critiques -bien que la foule ne manque pas, quand ça allait bien- qu’instinctivement, tu t’y accrochais à bras le corps, sans plus faire preuve d’élégance ou de détachement. Et la chute n’en était que plus terrible, lorsque tu t’en rendais compte.

Tu laisses passer un silence. D’habitude, tu ne te confiais qu’en demi-mesure à Tori sur les problèmes de qui tu préférais te concentrer. Quant à ta mère, elle ne semblait plus se préoccuper que du Boris des magazines, celui qu’elle avait soigneusement forgé. Ton père devait de temps à autres grappiller quelques informations que ta mère, exclusive, voulait bien lui céder. « Vous me dites que je n’ai pas de raison de m’inquiéter, et pourtant, je ne peux m’en empêcher. Ce qu’on ne donnerait pas pour avoir des raisons d’avoir peur… »
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13 décembre 2003

Dignity, always dignity
Il avait le visage si rond — si rond. Avec des yeux si grands. C’était certainement mieux quand il était plus loin de lui et quand Rabastan devait plisser des yeux pour pouvoir apercevoir son visage avec plus de détails. Chose qu’il n’aurait jamais fait. Il n’avait pas envie de le voir comme ça. D’aussi près. Aussi bien.
Rabastan détestait le gâchis.
Il était écoeuré. Il en voulait à tout le monde, en avait toujours voulu à tout le monde. Parce que c’est beaucoup plus facile de s’en prendre aux autres plutôt qu’à soi même, et à soi seul. Il avait su développer ce trait là de sa pensée, avant même son emprisonnement. C’était une chose de croire qu’il était un mauvais fils, un mauvais mari, un mauvais père, mais c’était aussi très facile d’accuser son paternel, sa femme et l’ingratitude patentée de ses fils. À force de se le répéter il finissait par le croire. C’était certes de sa faute, mais pas complètement, il n’avait jamais demandé à être comme ça. Il n’avait pas coché un petit formulaire passé ses onze ans pour signifier qu’il avait une folle envie de tuer des gens. Il n’aimait pas ça. On lui avait foutu une baguette dans les mains, mis en face de victimes et on lui avait ordonné de le faire.
Y avait des héros pour refuser et pour crever en héros.
Et y avait les gens comme Rabastan qui avait trop peur, vraiment trop peur de ce qu’on pouvait leur faire s’ils refusaient d’obéir à papa et qui pliaient toujours.
Certes c’était de sa faute, mais pas totalement. Il avait été éduqué pour être manipulable. Il l’avait toujours su, et avait vaguement essayé de se tenir loin du Lord à sa sortie de l’école. Pour ne pas passer du père à un autre maître. Mais dès qu’il avait croisé sa route, ça n’avait pas raté. À croire qu’il avait un boulon de pété dans la partie de son cerveau qui gérait le libre arbitre.
Certes c’était de sa faute, mais il aurait tellement aimé pu faire autrement. Il ne sait pas ce qui est raté chez lui pour qu’il aime autant se couler sous la coupe de grands bonhommes qui pourraient peut-être avoir un semblant d’affection pour lui. Pour compenser celle qu’il avait toujours cherché chez son père. Il ne sait pas ce qui est raté, mais ça le dégoûte. Et il s’en sert pour se dédouaner. Certes, c’était de sa faute, tous ces morts. Mais pas comme s’il avait jamais demandé de l’aide. Pourquoi personne ne l’avait aidé ? A l’école ?
Il tentait bien de se dire plus jamais mais c’était si simple de laisser couler. De se laisser porter. Surtout quand il était en haut de l’échelle. C’était si simple. Et on ne pense pas, on continue. Toi t’es raté de toute manière. Juste à faire gaffe de ne pas répéter les mêmes erreurs. Il avait bien pauvrement essayé avec ses enfants. Mais c’était pas que de sa faute, il y avait Elena.

Voir Boris, ça le dégoûtait. Vingt trois ans. Lui aussi avait quelque chose de cassé, sans doute. Et voilà où il finissait, en taule avec un autre raté, juste deux fois plus vieux. Et là, c’était un peu de sa faute. Presque complètement de sa faute. C’était un ancien employé — il avait contribué à envoyer ce petit gamin là.
C’était dégueulasse. Il avait plongé pour suivre des préceptes que Rabastan ne croyait que parce qu’on lui avait enfoncé dans le crâne à coup de cendrier dans la gueule. Il ne devait pas y croire lui non plus à la suprématie des… Rien que d’imaginer remettre en doute cette pensée suffisait à le rendre malade et il sent son ventre se tordre. Il le met sur le compte de la rage.
Il a pas envie d’être à coté d’un lui-même, au même âge que lui avait quand sa vie a définitivement pris un très mauvais tournant. Le dernier en réalité. Celui dont on ne se remet pas. Il était dégoûté de voir que tout ça se répétait et que même s’il avait envie de rouler des yeux à l’écoute des malheurs de Boris, il devait sans doute en avoir des histoires sales à traîner dans ses basques. Suffisamment assez en tout cas pour atterir là. On ne devient pas Mangemorts quand on vient d’une gentille famille avec un papa et une maman sympathique. Y a toujours une merde quelque part.
C’est plus une excuse pour lui maintenant. C’est lui le bâtard qui entraîne les jeunes. C’est encore une excuse pour Boris.

Il a pas envie de le regarder. Parce que ça fait mal de penser à quel point on peut changer. Parce qu’il se souvient de sa gueule en sortant de taule. Et on redevient jamais comme avant. Il est presque trop mignon pour vivre ça. Pas sûr que ça marche à un procès mais…
Il n’a pas envie de s’intéresser à Bagshot. Parce que c’est juste un Bagshot, même pas un môme qu’il connait, que ses enfants connaissent. C’est personne pour lui. Juste un gosse. Qui peut-être lui ressemble un peu. Trop de trucs qui ont foiré autour de lui et il se retrouve là. Pas de chance, Boris. Et personne ne te pardonnera ce genre de malchance là. « Vous savez, vous pouvez m’importuner avec vos problèmes, si vous voulez… Je ne vous garantis pas de vous être d’une aide précieuse ; en revanche, ça fait du bien d’extérioriser… » Et cette fois, ça ne l’énerve pas. Sans doute parce que le ton de Boris est différent. Plus calme, plus bas et plus triste. Du coup il n’est pas agacé et il a presqu’un sourire triste : « Ça ira. » Même si ce n’était plus pour longtemps, il avait encore une image à conserver et si c’était son style de se dédouaner il ne le ferait jamais à haute voix. Tout du moins c’est ce qu’il espère. Il regarde le gosse remonter ses genoux contre lui et les entourer de ses bras — la même position que lui. Il trouverait presque ça adorable. Et sa voix est tellement plus lente, plus basse, Rabastan a l’impression que c’est presque son cerveau qui fonctionne au ralenti. « La dernière fois qu’on s’est confié à moi, au final, je n’ai ressenti qu’une désagréable et profonde impression d’impuissance. » Et en fait, il dit des choses vraiment pas connes. Et en fait, il dit ce que Rabastan a longtemps pensé. Et en fait il… merde. Évidemment que c’est terrible, mon petit. Tu grimpes, tu t’accroches et tu te niques tes ongle sur la paroi pour arriver au sommet. Tu penses qu’une fois là haut tu pourras enfin être libre mais non, parce qu’il y a toujours quelqu’un au dessus et que de toute manière une fois que la roue est enclenchée elle ne s’arrête pas. La puissance magique, tu ne peux pas l’utiliser pour autre chose que tuer, une fois que c’est à ça que tu es habitué. La puissance politique et judiciaire… c’était la même chose. Rabastan n’avait jamais rien pu faire pour aider ceux qu’il voulait aider. Au-delà de ça, il avait surtout cru que ça l’aiderait lui. Quelle blague. Même avec tous les costards du monde, le titre le plus important du pays en dessous du Magister et une tendance à mettre à mort ceux qui essayaient de se foutre de lui il voyait dans absolument tous les regards des autres qu’ils savaient. Y a un jour dans ta vie, tu as été un moins que rien, juste un sale rebut de l’humanité — personne n’oublie. Alors quinze ans… c’était inscrit sur ton visage et ça se reflétait dans leurs yeux. Il aurait pu devenir Dieu que ça ne l’aurait pas aidé. C’était vraiment trop tard.

Pourquoi il ne pouvait pas décoller ses yeux de ceux de Boris — il ne savait pas. Il avait juste envie de lui prendre le cou et de le lui casser, pour lui éviter le reste à venir. Il avait envie de le rassurer… même si lui avait sans doute plus peur que Bagshot. « Vous me dites que je n’ai pas de raison de m’inquiéter, et pourtant, je ne peux m’en empêcher. Ce qu’on ne donnerait pas pour avoir des raisons d’avoir peur… » Rabastan tend encore la main et frôle la joue de Boris un bref instant avant de lisser le haut du vêtement de Boris, d’un geste lent pour ne pas lui laisser l’impression qu’il pourrait lui retourner une claque. « C’est pas juste ouais. » Il ne sait pas trop quoi lui dire, parce qu’il se souvenait qu’à lui on lui avait dit que de la merde. Il n’avait eu personne à ce moment là, juste des Aurors et son directeur d’école pour venir lui signifier qu’il était déçu. Personne ne comprenait vraiment. Et personne ne voulait comprendre. Pas comme si Rabastan essayait de comprendre les autres non plus, il se contentait à la rigueur de les envier, en faisant mine de les mépriser. Ça donnait bien le change. « Je sais que c’est pas juste tout ça. Même si je suis un connard, même si t’en est p’tet un pour ce que j’en sais. » Il ne doit pas être si petit que ça, mais à coté de lui il lui donne l’impression d’être un gosse de onze ans. « Tu mérites pas d’être coincé là dedans, gamin. Et si je pouvais te faire sortir, je le ferais. » Histoire de se donner l’impression de se sauver soi même. « Mais j’peux pas parce que je ne suis plus tout puissant. » Il soupire « j’l’ai jamais été de toute manière alors… » Et il passe de nouveau trois doigts dans les cheveux de Boris. Il se souvient très vaguement d’Arsenius qui pleure la nuit, les yeux rouges, le nez rouge et plein de cauchemardesques monstres aux lèvres. Là c’était simple de le rassurer, ce môme. Trois doigts dans les cheveux et un baiser sur le front, quelques paroles douces. Trop simple. Boris, là il ne dort pas. Et Rabastan est coincé avec lui dans le cauchemar. « … ouais, je peux juste te dire de ne pas t’inquiéter. Et que ça finira par aller. » C’est ce qu’il avait dit à la gamine de l’hosto aussi, avant qu’elle ne crève. Il a à peine conscience d’être complètement tourné vers Boris et sa main qu’il avait passé dans ses cheveux était sur son épaule maintenant. « C’est pas fameux, mais j’ai jamais su y faire. Pas la réputation d’être un mec rassurant, désolé. »

Il finit par hausser les épaules : « C’est facile pour moi de te dire de tenir le choc, je vais crever. J’aurais plus rien à faire. Et toi tu vas devoir t’accrocher pour vivre. » Et ça, on sait tous que c’est dur. Alors ouais, désolé tu as le droit de te plaindre de ta future liberté. Je te comprends. C’est grisant mais j’ai jamais eu autant envie de me jeter par la fenêtre que lorsque j’étais libre. « Ça va être dur. Et y aura sans doute pas grand monde pour t’aider. Mais quand même, reste en vie. Tu sais que je mens quand je te dis ça, mais je te le dis quand même : ça finira par aller. » Sa main serre son épaule « Pour ceux qu’on pas pu survivre à ce bordel. »
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