I've said... I would change my ways

Penelope & Astoria

Le monde n'était pas cette sucrerie si douce se lovant contre notre palais pour nous faire oublier toute la noirceur de notre être. Au contraire, la douce confiserie que pouvait être notre être ne parvenait pas à noyer la noirceur du monde. Et ce dernier, telle une ombre mortifère, une cape mesquine d'un ciel clairsemé de nuages plutôt gris, pour changer de l'humidité broussailleuse de la forêt... ce dernier semblait vouloir rappeler aux âmes naïves que les contes de fées n'existent pas, qu'ils ne sont qu'une chimère trop sucrée pour ne pas en devenir écœurante face au reste du quotidien. Car s'il n'y avait qu'une chose positive à retirer de la dispute qu'Astoria avait eu avec sa sœur quelques nuits auparavant, c'était bien que personne ne viendrait la sauver, qu'il n'y aurait pas de prince sur son cheval blanc qui débarquerait pour lui tendre la main et la ramener à cette vie qui lui échappait irrémédiablement. Brume sculptée, mais bien trop volage pour ne pas déjà se dissiper sans qu'elle n'ait pu ne serait-ce que l'effleurer du bout de ses doigts tremblants. Au lieu de cela, elle devait vivre ici, dans cet univers, ce monde qui ne lui correspondait pas, avec l'idée que Draco avait sans doute tourné la page, qu'il la remplaçait, tant dans sa vie qu'auprès de leur enfant... et avec l'une de ses meilleures amies. De quoi lui perforer le cœur, le jeter au sol et le piétiner avec la rage qui divaguait pourtant sous sa peau, lave incandescente qui lui brûlait les veines. Pourtant rien ne trépassait à travers ses gestes élégants, pas une larme ne ruisselait le long de sa joue, et pas un tremblement n'effleurait son être. Elle était cette princesse égarée que Morgana regardait parfois avec ce venin suffisamment clair pour la laisser présager que si l'insurgée pouvait se débarrasser d'elle sans s'aliéner Daphné, elle l'aurait déjà fait. Après tout, elle savait que si Astoria avait l'occasion de quitter tout ceci, elle la saisirait sans l'ombre d'un hésitation, et elle s'imaginait que ce serait dangereux pour la résistance. Peut-être... mais malgré toute la rancune qu'elle dardait à l'encontre de son aînée, elle ne lui porterait aucun coup fatal, même si à cet instant, elle préférait rester silencieuse et presque taciturne. Rien ne semblait avoir changé, mais les mots avaient coulé comme le sang de millier d'innocents sur cette même terre humide, sur ces feuilles tapissant le sol, sans que le bruit léger de l'eau de l'un des bras du Styx ne parvienne à en faire disparaître la rougeur poisseuse et cet éclat carmin.

Elle prenait tout simplement soin de son apparence sans songer une seule seconde à s'impliquer dans la vie du groupe, à chercher à se rendre utile... elle n'avait pas choisi et c'était sa manière à elle de montrer son mécontentement puisque le reste ne fonctionnait pas. Mais cela aussi devait changer... il fallait qu'elle trouve un moyen de fuir sans attendre une main tendue. Il était nécessaire qu'elle se batte, avant de véritablement tout perdre, avant que l'égoïsme de Daphné lui ai tout pris. Aussi, délaissant le simple miroir dans lequel elle se contemplait, elle se leva, sans prendre la peine de préciser où elle allait. Ce n'était pas comme si, après tout, elle avait réellement une destination, puisqu'elle ne savait pas transplaner et que toute porte de sortie semblait être l'équivalent d'aller crever quelques parts dans ces bois. Daeva. La forêt noire. Cette amante sournoise qui n'avait tant mérité ses légendes que les moldus lui accordent, qu'auprès d'Astoria, qu'elle semblait vouloir enlacer de ses bras... pour l'éternité. Puisque les seuls instants qui la voyait quitter cette prison végétale, se voyaient farder de la présence de Daphné. Mais lorsqu'elle était présente, il était presque inévitable que son aînée ne la perde pas assez longtemps de vue pour lui permettre de fuir... elle en avait fait, malheureusement les frais lors des premiers mois de sa captivité. Non, elle n'avait pas été sauvée d'un destin brutal qui la condamnait à la servitude, tout du moins plus depuis que la drogue ne divaguait plus dans son être et qu'elle avait retrouvé la lucidité de savoir ce qui avait véritablement de l'importance. Draco... ? Non, plus maintenant. Une boule se forma dans sa gorge à la pensée de celui qui pourtant serait encore capable d'éveiller tant de choses en elle, si elle en jugeait sur le fait de ce qu'un simple souvenir lui faisait ressentir. Mais elle avait tant de reproches à lui faire, pire encore avec cette dernière trahison, ce brutal coup de grâce comme une indicible vengeance. D'autant plus qu'elle ne comptait plus. Et... avait-elle seulement eu l'ombre d'une importance comme elle avait pu le croire fut un temps ? Elle n'en était plus certaine... remplaçable. Scorpius alors... ? Oui.

Expiant un soupir en parvenant à la lisière du campement extérieur, ses doigts effleurèrent l'écorce d'une souche sur laquelle elle prit place, savourant presque l’écorchure qui se joua contre sa chair fragile, cette paume de petite fille riche. Avant qu'elle n'actionne de sa baguette la présence d'une brosse dont elle s'empara... Elle n'en avait pas réellement besoin, non. Ses cheveux étaient déjà impeccables, ses lèvres, ses traits... rien ne dérogeait à ce qu'elle était capable de réaliser au milieu des bois, la laissant presque paraître ne pas être à sa place. Et elle s'en réjouissait. Mais à cet instant, à cette frêle seconde, ses prunelles se déversèrent sur le campement, alors qu'elle réfléchissait à un moyen de fuir, de disparaître, de retourner à sa vie. Elle scrutait ces êtres comme s'ils étaient des pions sur un échiquier, cherchant à deviner quel pion serait assez fragile pour l'entraîner... ailleurs. Le tout était de percevoir une faille.