Par une étrange intuition, Vyk avait senti qu’ils approchaient de la fin. Que la porte de sortie était toute proche. Pour cette raison, il avait libéré Ysolde, pour qu’elle se dirige justement vers cette sortie de secours. Quitte à affronter un loup, autant qu’un seul des deux y laisse sa peau, non ? Mais voilà, et si ce mystérieux pressentiment laissait présager la mort ? Peut-être que cette impression d’en avoir enfin fini avec le labyrinthe s’expliquait par son décès à lui, dans un futur proche. Après tout, une fois le dernier souffle rendu, tout prendrait fin, définitivement. Vyk ferma les yeux le temps d’une seconde pour ne plus y penser. Il était hors de question qu’il parte défaitiste : toute une vie s’ouvrait à lui. Il avait beaucoup trop de choses encore à vivre pour que tout cela s’arrête aussi brusquement, aussi fatalement. Avec détermination, Vyk serra le poing autour de ce bâton de bois. Il observa fixement le loup, pour s’imaginer un autre à sa place. Un mangemort. Le meurtrier d’Evan, ou encore, celui de la mère d’Ysolde. Le bourreau de cette dernière. Celui qui l’avait capturée puis revendue à l’état de rebut. De la même façon que face aux poupées ensanglantées, la haine monta en lui. Vyk était si concentré qu’il lui semblait que toute sa force reposait à présent dans son bras droit. Le loup se jeta sur lui. Le bâton fendit l’air. Un craquement retentit.

« Merde. Sale clébard. » jura Hawkstone, en pressant une main sur son avant-bras. L’animagus avait eu le temps de planter ses crocs dans la chair de son bras gauche, juste avant de se faire heurter par le coup de bâton dans le flanc. Le craquement sinistre et retentissant était la preuve même que Vyk n’y était pas allé de main morte : les côtes de ce sorcier anonyme étaient probablement brisées. Le Gryffondor ressentit l’envie d’aller jusqu’au bout de ses actes, de tuer, pour la première fois de sa vie. Sa méthode d’associer cet inconnu au bourreau et aux meurtriers de ses proches avait été bien trop efficace. Un élan de pitié, probablement dû à sa trop grande gentillesse, saisit alors Vyk, qui tourna finalement le dos à l’animal blessé pour suivre les pas d’Ysolde. En priant pour la rattraper si, bien sûr, elle était toujours en vie.

Il avait couru, pour distancer le loup. Il n’aurait pourtant pas dû, puisqu’il glissa et tomba violemment sur la glace. En grognant de douleur, il se redressa et fixa avec stupeur son reflet… à l’envers. Sur le moment, ça lui paraissait si étrange et si con à la fois qu’il eut envie d’en rire. C’était ridicule. Avec prudence, Vyk se redressa sur ses grandes jambes, sans cesser de contempler son reflet dans le miroir. C’était déroutant : il n’avait même pas senti le changement de sol sous ses pieds ; auparavant, il y’avait eu un sable sec et provocateur de démangeaisons, à présent se trouvait une glace limpide et propre, malgré les pas de l’homme sur sa surface. Pour le restant du trajet, Vyk se décida à marcher, pour éviter d’autres chutes éventuelles. Mine de rien, ça faisait mal !

Avec soulagement, le jeune homme reconnut au loin la chevelure blonde. Un large sourire étira ses lèvres tandis que ses jambes accéléraient la course naturellement. « Ysolde ! » appela-t-il. Elle ne réagit pas, confondant certainement ce cri à celui des sortilèges. Il était pourtant bien réel… C’était bien de vrais bras qui soulevaient à présent Ysolde, plongée dans l’inconscience. Vyk vérifia si le cœur de la demoiselle battait toujours. Des pulsations, presqu’imperceptibles, répondirent au contact des doigts du jeune homme. Il redressa la tête, alors qu’un intense sentiment de soulagement, plus puissant que jamais, l’envahit entièrement. A quelques mètres de lui, il aperçut sa baguette magique qu’il récupéra tout naturellement. Hawkstone souleva la belle, lui faisant adopter avec un peu de difficulté leur position précédente : à savoir, Yaxley fermement accrochée à lui, les bras autour de son cou. Il franchit les derniers mètres de ce géant miroir, évoluant plus lentement puisqu’il veillait très régulièrement sur Ysolde, effrayé à l’idée du loup surgissant dans son dos ou des acromentules griffant la Serdaigle, comme offerte sur un plateau sur le dos de Vyk. Finalement, l’attention de ce dernier fut attirée par un écran, se découpant nettement dans la nature.

Curieux, intrigué, il s’en approcha prudemment. Et il reconnut là la trace des insurgés experts en runes. Cette faille avait été créée par des complices, et elle menait probablement à… l’endroit de la cérémonie d’ouverture ! Vyk s’accroupit de justesse juste après avoir franchi le portail, évitant le sort d’un des nombreux duels qui se déroulaient tout autour de lui. Egoïstement, sans réfléchir, il courut jusqu’au lieu sacré. Là où se trouvait son portoloin. Il fit descendre Ysolde de son dos, l’enveloppa de ses deux bras d’une étreinte protectrice et, fermant les yeux, il mit la main sur l’objet magique, qui les transporta vers un camp d'insurgés.