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sujet; (duel, Lavande) this is a battleground |
| Daeva était pour le moins abscons — il suffisait d’un rien pour y perdre ses repères. Cet enfer de breuils malicieux ne reconnaissait aucunement l’homme comme son maître et tendait au contraire à se jouer de lui. Dès lors qu’on se croyait rodé au positionnement des baliveaux, un capricieux enchantement les éparpillait aux quatre vents, distillait incompréhension et frustration dans les esprits qu’il se plaisait à troubler. Ainsi les mystères demeuraient intacts, les trésors enfouis et les mortels méfiants, conscients de n’avoir qu’un pouvoir limité au cœur de ces bois que l’on disait damnés. Soit — ce n’était pas suffisant pourtant pour décourager Ivory de partir en quête. Cette nature sauvage avait quelque chose de transcendant et, surtout, l'enjeu en valait la chandelle lorsqu’une bourse pleine couronnait son labeur : elle en avait d’autant plus besoin à présent que la boutique familiale avait été réduite à une montagne de décombres. De fait, alors qu’elle avait jusque-là travaillé par passion et exclusivement accepté les deals qui attisaient son intérêt, Ivy avait temporairement changé de politique pour rafler tout contrat pouvant lui être proposé, graillant peu à peu de quoi pallier les destructions et autres pillages avec lesquels composaient actuellement ses proches. Raison pour laquelle elle se perdait à l’heure actuelle au fin fond de la forêt sinistre, cherchant la trace du Styx, crapahutant sous sa forme goupil pour rentabiliser ce qu’elle considérait comme une perte de temps : elle se dédiait à l’affaire tout en s’entrainant à maîtriser ce corps étrange, pétris d’instincts et de besoins avec lesquels elle n’était pas encore tout à fait familière. Au moins, tout semblait plus familier à travers ces pupilles vives.
Une piste. Son museau fourragea la terre, alerte ; un grondement impatient secoua sa cage thoracique et en un battement de cil trop humain pour ne pas dénoncer le malaise qui persistait lorsqu’elle était réduite à la taille de renard, Ivory délaissa la fourrure soyeuse et reprit corps. Mais quel que soit le geste escompté à cet instant précis, il fut avorté lorsqu’un craquement dénonça une présence alentours et, se fiant immédiatement à ses réflexes aiguisés par l’accointance presque malsaine avec le danger, la jeune femme fit volte-face à brûle-pourpoint, un sort sur le bout de la langue. « Deprimo ! » Le jet de lumière frappa le sol en direction du son perçu. La surface de terre, de roches et de végétation s’affaissa au niveau et tout autour du point d’impact. Elle n’avait pas atteint l’âme présente et tel n’avait pas été son but : l’idée était plutôt de déstabiliser l’adversaire en le forçant à se déplacer, retardant ainsi le prochain coup. Froncement de sourcils. Ivy s’était à moitié attendue à ce que Reghan surgisse des ténèbres mais, loin du cadavre décharné contre lequel elle avait coutume de batailler, c’était une inconnue qui lui faisait face. Inconnue… presque. Ces traits étaient familiers : gravés sur l’une des affiches qui trônaient dans les locaux de la Gazette, également placardée sur quelques murs à travers l’Angleterre. Brown : une Insurgée. Ivy avait notamment glissé son nom dans son dernier article, mentionnant la présence de la jeune femme au sein du labyrinthe durant la Chasse d’Halloween. « L’œuvre d’art avortée de Greyback… quel honneur. On te dit morte ou louve, Brown, mais tu m’as l’air bien humaine. Alors ? Lève le mystère : tu uses encore de ta baguette ou tu préfères attaquer tes victimes à coup de crocs et de dents ? » Rictus amusé, à croire qu’un duel avec une potentielle louve, à l’approche d’une nuit qui serait bientôt parée de sa lune pleine, n’était qu’une vaste blague. |
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| Les nuits de pleine lune, et celles qui les entouraient, étaient les plus éprouvantes. Lavande avait l'impression d'être double : deux entités distinctes semblaient se partager son corps, essayant chacune de faire valoir ses droits, sa supériorité sur l'autre. Il y avait d'abord la part normale, humaine au caractère entêté mais aux défenses friables. Avec désespoir, elle luttait pour faire face à l'autre, la part sauvage, animale, faite d'instinct et d'impulsivité qui se jetait, tel un fauve, contre ses barricades mentales dans le seul et unique but de prendre le dessus. Lavande n'était qu'une semi-louve mais ces nuits-là, lorsque le ciel était emprunt de cette lueur argentée et brillante, la seule chose qui faisait la différente se résumait au simple fait qu'elle, ne se transformait pas. Pour ce qui était du reste, en revanche, même combat. Elle savait qu'elle aurait pu se laisser aller, que ça ne lui coûterait rien – au contraire, certains même de ces amis l'enjoignaient à en profiter, à l'utiliser comme un don, une faculté. Mais elle s'y refusait, elle refusait d'être apparentée, ne serait-ce que dans l'idée, à ce monstre qui avait tenté de la dévorer vivante. Non, jamais, jamais on ne l'assimilerait à Greyback de cette manière. Plutôt mourir.
Elle avait cependant trouver un moyen, ou plus exactement un lieu où la bataille physiologique qui faisait rage en elle semblait moins acharnée : Daeva. Elle n'aurait jamais imaginé, lorsqu'elle se pavanait encore dans la Grande Salle de Poudlard, que cette sombre et lugubre forêt, labyrinthe d'ombres sournoises et de pièges vicieux deviendrait son havre de paix. Elle s'y sentait parfois tellement bien qu'elle en oubliait les dangers qui pouvaient y survenir. « Deprimo ! » Elle sursauta et recula par réflexe, s'emparant aussitôt de sa baguette. L'instinct du loup, lui, la poussa en avant et elle se retrouva à découvert... Elle grimaça. Quel plaisir d'entendre de vive voix les rumeurs qui courraient à son sujet. Certaines lui arrachait parfois un sourire teinté de mépris, d'autres la rendaient simplement hargneuse. « Pouah, le Poison du Ministère en personne. » Lavande avait entendu parlé d'Ivory Burke lorsqu'elle était arrivée chez les audacieux et on n'en disait pas que du bien. « On dit que- oh, mais suis-je bête, on ne dit rien sur toi. Les gens cupides, ça cours les rues... et c'est foutrement inintéressant. » Elle n'était pas vraiment sûre d'avoir envie de discuter avec cette blondasse de la Gazette. Mais, un peu d'entrainement sur le terrain ne faisait de mal à personne. Elle visa un cailloux, à un mètre tout au plus de la belle blonde. « Confrigo. » A peine un chuchotement, ce qui ne provoqua d'une petite explosion - suffisante cependant pour créer un mini cratère dans la terre humide. « Tu as ta réponse, ma chère... » |
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