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Ladáh n’était pas fière de ce qu’elle avait fait jusqu’à présent pour l’homme qui l’attendait dans la chambre. Par deux fois, elle avait volé pour lui venir en aide. Prendre sans autorisation quelque chose à autrui n’était pas dans ses habitudes, et ne faisait nullement partie de son éducation. Mais c’était nécessaire. Elle n’avait pas pu le laisser dans cette ruelle blessée, parce que ce n’était pas juste. S’il avait été l’une de ses victimes, elle l’aurait achevé sans autre forme de procès, car il aurait été cruel de le laisser souffrir pour rien. Mais il n’était pas sien, et malgré son appartenance à cette secte élitiste, la jeune russe nourrissait encore une certaine neutralité à laquelle elle s’accrochait désespérément. La situation la mettait mal à l’aise, et pourtant, elle en ressentait une certaine distraction nécessaire et un sentiment de satisfaction. Prendre soin de quelqu’un ne lui était pas arrivé depuis longtemps, était-ce même déjà arrivé ? Elle n’en possédait pas le souvenir.

Refermant la porte derrière elle, Ladáh laissa un soupir de soulagement se glisser hors de ses lèvres, détendre ses épaules nerveuses. Elle était revenue au bon moment semblait-il, l’eau de la douche ayant cessé de couler. Son « patient » avait terminé. Sa voix l’obligea à se retourner, la laissant pantoise devant le spectacle qui lui était offert. Silencieuse, les prunelles détaillant l’homme qu’elle avait en face d’elle. Était-il possible qu’elle se soit seulement trompée de chambre ? Ce n’était pas un ours grincheux qui lui faisait face, mais un homme qui, elle l’avait bien présumé, était suffisamment charmant pour laisser n’importe quelle femme rêveuse. Pas un mot ne vient franchir ses lèvres, et il lui fallut bien plus qu’une gifle mentale pour sortir de sa torpeur. Ses ongles furent d’un grand secours, et le faciès n’eut plus qu’à suivre l’évolution d’un réveil mental. « Hum.  » Raclement de gorge, et la décision mentale de ne plus rien laisser paraître. C’était tout ce qu’il fallait pour reprendre leur pseudo-relation. « Oui. Ça n’a pas été facile, mais… j’espère qu’ils t’iront. » Dans tous les cas, ce serait facile d’adapter tout cela à sa taille.

Mais elle n’osa pas bouger. Pas d’un pouce, pas d’un millimètre. Tétanisée par la situation, qui n’avait pourtant rien de tacite, le dos collé contre la porte qui semblait être devenue son garde-fou inutile. Pourtant, ce fut pire encore lorsqu’il repoussa la serviette. Était-ce seulement une sensation, ou un réalité, quand Ladáh pouvait sentir une chaleur néfaste brûler son propre visage. Venait-elle de rougir comme une débutante ? Seconde gifle mentale. Quand bien même était-ce l’endroit, ce n’était certainement pas le moment. Une pensée suffisante, un rappel à l’ordre de son éducation stricte. Son père ne cessait de le leur répéter : on ne dévoile pas ses pensées aussi impunément. Ses paroles furent aidantes, l’obligeant à se décoller de la surface dont elle ne voulait pas se séparer quelques minutes plus tôt. « Oui. » fut le seul mot qu’elle put prononcer, se dirigeant vers le lit. Une voix ferme et assurée. C’était ainsi qu’elle se devait d’être. Déposant les affaires dans un recoin, son attention fut de nouveau tournée vers la blessure. La blessure seulement, comme si un regard ailleurs pouvait être synonyme d’ennuis. Mais n’était-elle humaine ? Il fallait être aveugle pour ne pas voir, pour ne pas se plier au plaisir de la vision.

Pourtant, elle fronça les sourcils à la vision de la brûlure en elle-même, relevant les yeux pour affronter l’homme. « Tu as prit une douche trop chaude ! » Pensait-il vraiment qu’elle ne le verrait pas ? « J’aurai mieux fait de rester avec toi. » marmonna t’elle, sans prendre conscience de l’ampleur réelle de ses paroles. Déjà pourtant, elle tenait sa baguette entre ses phalanges, répétant un sortilège sans le lancer, se l’appropriant, se remémorant sous les souvenirs l’art de s’en servir. Il fallait qu’elle refroidisse cette blessure avant qu’elle ne cause d’autres dommages plus internes. Une expiration, puis la prononciation du mot destiné à accomplir l’effet désiré. Puis de nouveau, elle tend sa main, signal silencieux de la reprise des sortilèges destinés à la cicatrisation rapide et accélérée de la plaie en elle-même. Elle devine déjà que ce sera bien plus douloureux. « Deux fois. » annonce t’elle, « puis je laisserai tes blessures tranquilles pendant une heure ou deux. » Le temps qu’il se détende autant qu’elle. Elle pouvait sentir la fatigue l’assaillir, la nervosité nouer plus encore ses épaules. « Après ça, mon royaume pour une douche et un massage. » plaisante t’elle avec légèreté, comme pour détendre cette atmosphère. « Prêt ? » Une fois. Une fois bien plus douloureuse que toutes les autres, puis une mini-pause. Elle peut sentir quelques gouttes se former au niveau de son front, synonyme de son travail trop intense. Puis la deuxième fois. La deuxième qui lui arrache un peu plus de force. La magie possède un prix. Toujours..

« J’ai terminé pour le moment. » clame t’elle sans plus d’entrain, lâchant sa baguette pour finalement se laisser tomber sur le matelas. Elle pourrait presque sombrer, mais son regard acier accroche le plafond, pour finalement se tourner sur le visage de l’autre. « Comment tu te sens ? » réussit elle à décrocher se concentrant sur son visage. Elle l’apprend, le dévisage. Il y a peu de choses désormais qu’elle n’ait vu de lui. Mais elle préfère ne pas y songer, tandis qu’elle se redresse, envisage sérieusement la douche. Froide de préférence. À peine pensée, elle se précipite sur son sac de sport, s’en empare pour se diriger vers la salle de bain. « Ne t’habille pas. » qu’elle lui ordonne, sans plus d’explication.

Elle n’en a pas pour longtemps. Juste le temps de laisser sa peau être frappée par l’eau froide, qui n’atténue en rien la tension de ses épaules, mais la ramène un peu plus sur terre. Le temps de prendre cette douche nécessaire. Elle n’a pas ôté son bracelet qui protège son secret, cache cette marque qu’elle abhorre autant que les lutins de Cornouailles. Il n’y a pas grand-chose comme vêtement dans son sac de sport, à peine un pull qu’elle n’a pas porté et un short, tous deux propres. Mais c’est suffisant  pour ce qu’il se déroule réellement dans cette chambre. Quand elle daigne enfin quitter la salle de bain, elle n’est pas totalement sèche, mais ne la gêne pas outre-mesure. « Le repas n’est pas encore arrivé ? » La sorcière crie famine, multiple et nécessaire.  
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Alan se demanda si la jeune femme n'avait pas échangé sa langue contre les vêtements qu'elle était partie chercher. Aucun son ne franchit ses lèvres avant qu'il ne tourne le regard vers, la clouant presque des yeux contre le battant de la porte qu'elle ne semblait pas décidé à quitter. Elle reprit ses esprits cependant pour ne lui offrir qu'un léger grognement pour toute réponse, avant d'agrémenter son discours de mot pour créer une phrase. Aucun mouvement de sa part, cependant et Alan se demanda s'il allait devoir venir la prendre par la main pour la ramener sur le lit et qu'elle finisse de le soigner.

Se fut pire encore lorsqu'il dégagea la partie de sa jambe qu'elle devait soigner, passant très près de dévoiler quelque chose qu'on ne montre pas impunément à une dame. Le rouge monta aux joues de Ladáh, le genre de rouge que n'importe quel homme aime provoquer chez une femme, le genre que Alan n'avait pas revu depuis bien des années et qu'il avait presque oublié, à vrai dire. Cette vision le perturba, sans doute plus qu'il n'aurait voulu se l'avouer. Il n'avait pas vraiment l'occasion ces derniers temps de se faire regarder comme un homme. Il n'en avait pas ressentit l'envie non plus, trop occupé par les projets des insurgés. Cependant il ne pouvait cacher que l'exercice était agréable. S'il ne se focalisait pas trop sur sa jambe qui semblait continuer de brûler tant la douleur était intense.

Enfin elle sembla décidé à venir lui apporter son aide, sur sa demande, tâchant de paraître assuré alors que même l'homme peu observateur qu'il était pouvait sentir son trouble. Peut-être s'en amusait-il un peu, au fond. Depuis combien de temps n'avait-il pas connu ce genre d'interaction, si simple, avec quelqu'un ? Depuis le début de la guerre ? Il était vrai que la seule chose qui occupait son esprit dernièrement n'était que la violence et la destruction qu'il comptait apporter au régime en place. Cependant pour le moment la violence n'était pas une option et la destruction, c'est lui qui l'avait subie. Il pouvait se permettre une pause pour cette fois. Le regard de Ladáh se fait soudainement plus incisif. Elle voit bien qu'il a usé d'eau chaude sur sa jambe.

-Et quoi ? Tu m'aurais accompagné sous la douche ? Lança-t-il avec un air goguenard.

Elle se serait sans doute automatiquement transformée en tomate bien mûre, prête à être cueillie. Ne rougissait-elle pas déjà suffisamment de ce qu'elle pouvait apercevoir ? Quand elle n'était pas occupé à le réprimander, seulement. Il s'étendit en arrière, sur ses coudes, les traits à nouveaux sérieux et tournés vers sa jambe qu'elle tentait de refroidir. Elle ne pouvait pas comprendre à quel point il avait eu besoin de cette douche à cette exacte température. D'ailleurs, le froid qu'elle applique sur sa jambe a beau en calmer un peu les élancement, Alan n'en ressent pas moins une envie de rabattre sa serviette par dessus pour se réchauffer. En cette saison, le froid est un ennemi mortel pour les Insurgés qui n'y prenaient pas garde.

Elle tend sa main et Alan la reprend fermement, se redressant en position assise pour subir la douleur que lui apporterait le traitement contre ses blessures. Il ne réagit qu'à peine à la tentative de Ladáh pour détendre l'atmosphère avant de commencer et serre les dents avant de fermer les yeux lorsqu'elle lance enfin le sortilège. Sa main se serre immédiatement autour de la sienne, plus petite, plus fragile et bien plus douce que la sienne. Autant de choses qu'il ne remarque pas, se contractant tout entier pour ne pas la repousser avec brutalité et faire cesser le supplice qu'elle lui imposait.

Ce traitement semble durer une éternité avant qu'elle ne se laisse enfin retomber sur le lit, visiblement à bout de force alors qu'il peut enfin desserrer les dents. Son premier réflexe fut de se lever pour faire quelque pas, se rappelant au dernier moment de sa serviette qui faillit bien terminer sur le sol avant qu'il ne la rattrape pour l'accrocher autour de ses hanches pour faire quelques pas. S'appuyer sur cette jambe est toujours douloureux, mais supportable. Quand aux élancement, ils sont presque partis.

-Je me sens mieux. Merci, marmonna-t-il.

Il retourna s'asseoir sur le lit au moment ou sa sauveuse en bondissait pour récupérer l'un de ses sacs avant de disparaître dans la salle de bain en lui demandant de ne pas s'habiller. Cependant, tenir sa serviette l'ennuyait et à peine fut-elle partie qu'il la troqua contre le caleçon (propre) qu'elle avait ramené. La douceur du sous-vêtement et sa propreté apparente faillirent arracher des larmes de joie à l'insurgé qui n'avait pas réellement eu l'occasion d'approcher d'une quelconque forme de lessive douce depuis bien trop longtemps.

Quelqu'un toqua alors à la porte en s'annonçant comme le room service et Alan bondit sur sa baguette, la cachant dans son dos le temps d'aller entrouvrir la porte, prêt à se défendre contre n'importe quel Mangemort en uniforme d’hôtelier. Ces fichus tatoués avaient des espions et des alliés partout, ça n'était pas impossible que l'un d'entre eux se cache dans un hôtel parfaitement moldu comme celui-ci. Cependant, le type qui se trouvait derrière la porte semblait parfaitement moldu et dévisageait avec un air surpris le grand barbu à moitié nu qui se tenait dans l'embrasure de la porte. Alan l'ouvrit donc totalement, l'air sombre, la baguette toujours dans son dos, prête à servir à attaquer en cas de geste louche, mais l'autre se contenta de rapidement faire entrer un chariot avec plusieurs plateaux de nourriture dessus avant de filer sans demander son reste, flairant probablement le danger.

Alan ferma donc la porte et s'approcha pour examiner les différents plateau, l'eau à la bouche, pas sûr qu'il ai vraiment besoin d'attendre que Ladáh aie terminé sa douche. Après tout, les femmes prenaient toujours beaucoup trop de temps sous la douche. Du moins quand elles en avaient l'occasion. Comme pour lui donner tort, Ladáh sortit de la salle de bain à ce moment là, arrachant un grognement à l'insurgé.

-Ouais, le repas est là.

Il y en avait bien assez pour deux. Voir pour quatre. Alan allait donc probablement manger pour trois et laisser la dernière part à Ladáh. Elle était trop maigre pour avaler plus d'une portion de toute façon, d'après ce qu'il pouvait en juger en admirant ses jambes sur lequel son regard s'attarda. Un peu trop sans doute. Il prit l'un des plateaux et s'assit sur le canapé en grimaçant légèrement à cause de sa cuisse encore douloureuse, puis commença à manger avec appétit, engloutissant rapidement la moitié de son assiette avant de ralentir pour plus en profiter. Il n'avait pas mangé d'aussi bonnes choses depuis des années lui semblait-il. Il n'avait pas mangé avec des couverts propres depuis environs autant de temps. C'était en tout cas l'impression qu'il en avait.

-Pourquoi tu voulais pas que je me rhabille ?

La question lui était venue à cause d'un frisson qui c'était soudainement emparé de lui, hérissant ses poils et lui faisant regretter son pantalon. Il se réchauffa rapidement avec une bouchée de plus, puis se rendit compte qu'il avait déjà terminé ce plateau. C'était presque décevant. Il loucha alors sur celle de Ladáh.

-Je t'échange ton assiette contre un massage.
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Tu m’aurais accompagné sous la douche ? La phrase vint la piquer au vif, s’arrangeant pour créer un trouble plus grand encore que les précédents. Telle une évidence, ses joues reprirent une teinte marquée, synonyme d’un émoi trop grand pour qu’elle puisse seulement tenter de le contrôler. Il ne faisait nul doute que si son père avait été présent pour cette charmante scène, il en aurait eu honte, aurait clamé haut et fort que sa poupée était incapable de s’adresser à un homme sans faire éclater ses propres veines sous peau. Cependant, il n’était pas là, et demeurait la dernière personne à laquelle la jeune femme désirait penser, concentrant toute son attention sur la blessure que ses prunelles d’acier observaient, cherchant à mesurer le degré de danger qu’elle pouvait représenter. Bien trop à son goût. Sans se laisser plus démonter, la russe rétorque « Peut-être bien oui. », mais jamais ne lève les yeux vers l’impudent, se préservant de toute évidence. L’aurait-elle vraiment fait ? La question demeure en suspend. Il y a longtemps qu’elle n’a pas franchit la limite séparant la bienséance de la débauche. Des années que ses yeux n’ont pas caressé la nudité d’un homme. Elle ne pouvait se le permettre sans compromettre sa réputation, sans ruiner les plans des siens pour elle. Mais ce soir, elle est seule avec un inconnu dont elle prend réellement soin. Ce soir, les papillons virevoltent dans son estomac en reconnaissance de cause. Un fait qu’elle tente d’ignorer, qu’elle repousse au loin, parce que tout cela n’a pas sa place en cet instant même.

Dès lors que la main se referme sur la sienne, elle en serre les contours, tel le signe de compassion singulier, ses lèvres proférant l’incantation maudite. Elle ne grimace pas sous les doigts qui emprisonnent sa paume, se concentre pour ne pas même songer aux mouvements de contraction de son patient bien mal-lotie avec elle. Lorsqu’elle lâcha sa baguette, elle savait que c’était loin d’être terminé, cependant, la pause était nécessaire, tant pour lui que pour elle. Il était indispensable qu’elle se repose pour assurer la réussite totale de ce type de sortilège. Elle est épuisée, tourmentée, mais ses prunelles caressent la scène qui s’offre à elle. Une fois n’est pas coutume, ses joues se colorent vivement sous la pensée que la serviette aurait put tomber plus bas. Le moulage de celle-ci sur le corps de l’infortuné est propice à l’imagination, un songe qu’elle ne peut empêcher et voile ses iris. C’est mauvais. Très mauvais. Se sent-elle si seule pour entrevoir l’impossible ? Ladáh se secoue mentalement, s’évade, s’enferme. Elle a besoin d’apaiser la tension qui noue son corps entier. Le froid l’aide à mieux penser, la ramène sur terre.

Quand elle quitte la salle de bain, elle bénie l’homme qu’il lui annonce la fin proche de la famine. Ses doigts démêlent sa trop longue chevelure, qu’elle tresse à la va vite tout en se rapprochant du canapé et des plateaux qu’elle a commandé. L’odeur de la nourriture lui arrache un soupir de contentement tandis qu’elle s’installe au sol, attrape ce qu’elle considère comme sa part. Contrairement à son vis-à-vis, elle mange lentement, elle ne connaît pas la même faim que lui, ne l’a même jamais connu. Pour autant, n’a jamais été une grande mangeuse, et ce, malgré le sport qu’elle exerce. Appétit de vivet doré gloussaient parfois ses frères quand elle se contente de manger moitié moins qu’eux. Pour autant, la russe n’est pas proche de l’anorexie, trouve ses formes où elles se doivent d’être, plutôt bien proportionné, mais moins que les anglaises un peu plus en chair qu’elle. Un instant, elle s’arrête de manger, joue avec sa fourchette, les lèvres s’étirant sous cette étrange façon que possède son compagnon à dévorer ses plats. La minute écoulée, elle reprend sa fourchette et déguste la cuisine anglaise. Rien à voir avec ce qu’elle mange habituellement lorsqu’elle rentre à Herpo Creek. Leur elfe de maison a bien tenté de s’accoutumer au pays, rien n’y fait, les habitants de l’immense demeure préfèrent les plats traditionnels de chez eux, les pâtisseries plus encore.

Sous la question, repose sa fourchette et observe de sa place les plaies qu’elle peut voir. « Il faut que tes plaies soient à l’air pendant un moment.  » assure t’elle, reportant son attention sur son assiette loin d’être terminée. Et parce que la vue est plaisante, mais plutôt se damner que de répondre cela. Puis une proposition. Les yeux de Ladáh glissent sur son assiette encore pleine. A t’elle encore faim ? Il y a de la place pour le dessert. Et la perspective de mains venant dénouer ses épaules, est aussi alléchante qu’intéressante. « продан ! vendu / deal ! » s’exclame t’elle en lui permettant de prendre son assiette. « Fais une pause avant de manger le reste, tu vas finir par te faire éclater le ventre.  » rappelle t’elle, quand elle s’empare de l’assiette de dessert. Plus de gourmandise que de besoin, quand ses yeux se ferment sous le plaisir. Plaisir coupable. « Que Baba Yaga me pardonne…  » murmure t’elle pour elle-même.

Et lorsqu’elle termine enfin, la sorcière se redresse, fait le tour de la chambre, ramasse son bric-à-brac encore au sol. Une légère pression sur les orteils lui rappelle qu’elle n’a pas enlevé tous les bouts de verre incrustés sous sa peau. Maudits soient les moldus ! Ses phalanges récupèrent sa baguette délaissée sur le matelas, avant de venir s’asseoir sur le canapé où elle peut s’occuper de ses pieds bien moins douloureux que les blessures de son compagnon d’infortune. Le silence, alors qu’un léger sortilège attire les bouts de verres qu’elle délaisse sur sa serviette. Certains se sont broyés sous sa peau. Mais enfin, elle questionne, curieuse. « Comment c’était Londres ? Je veux dire, avant ça ?  » Elle est arrivée récemment, moins de deux ans. Pas depuis assez longtemps pour avoir connue ce pays sous autre chose que la dictature. Elle tourne le visage vers lui, curieuse.
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Elle parle une drôle de langue, mais Alan avait déjà remarqué son accent très peu marqué, légèrement exotique, pas du tout du coin. Il comprend cependant qu'elle accepte le marché quand elle lui tend son assiette qu'il s'empresse d'engloutir tout comme la sienne. Ses plaies ont besoin de respirer et soit, Alan les laisse respirer. Il écoute son médecin improvisé qui a été suffisamment bonne pour sauver ce qu'il y avait à sauver. Il en garderait sans doute des cicatrices, mais au moins sa mobilité lui reviendrait au bout d'un moment. Sans elle encore une fois, il serait sans doute mort à la fois de froid, des brûlures et de la fin. Tout ça si un Mangemort ne lui avait pas mit la main dessus avant.

Il se contenta de grogner lorsqu'elle lui proposa de faire une pause avant de manger le reste. Son ventre allait très bien, il connaissait ses limites et celle de l'explosion était pour le moment assez loin. En général les Insurgés trouvaient de quoi manger à leur faim, mais il y avait une différence entre manger suffisamment de mauvaises choses et enfin avoir un repas digne de ce nom. Alan comptait bien rattraper tous les repas dignes de ce nom qu'il avait raté, n'était pas Poufsouffle qui voulait ! En vérité la seule chose qui détourna son attention de son assiette fut le murmure légèrement suggestif qu'elle laissa échapper lorsqu'elle entama son dessert. Il la dévisagea, pas certains des signaux contradictoires que lui envoyaient son corps, puis il fini par trouver une alternative.

-C'est qui, Baba Yaga ?

Elle se lève et prend de quoi s'occuper de ses pieds meurtris. Il ne s'était même pas rendu compte qu'elle l'avait aidé en étant elle-même blessée. Elle monta encore un peu plus dans son estime pour le coup et il attaqua son dessert avec un air songeur, en savourant chaque cuillère bien plus lentement que le plat principal et reposant finalement couverts et plateau sur le chariot qui avait apporté leur repas.

Sa question le décontenança un peu, voir totalement même. Comment était Londres avant ça ? Avant la guerre, elle voulait dire ? Il s'assombrit légèrement, pas certain de vouloir en parler. Pas certain de pouvoir s'en souvenir non plus. Londres avant guerre n'était qu'une utopie perdue quelque part dans un passé qui semblait ne jamais avoir existé.

-Londres avant tout ça c'était une illusion, visiblement, lâcha-t-il amèrement. Des gens heureux et joyeux dans des rues bondées. Des enfants qu'on avait pas peur de perdre de vue et des trottoirs propres. Beaucoup plus de boutiques dans le chemin de traverse. Les né-moldus n'avaient pas peur de l'être et personne n'avait besoin de refuge. Par contre le gouvernement à toujours été cons, y a des trucs qui changent pas... C'était juste beaucoup moins fous. Il eut un rire jaune. Avant au moins ils faisaient semblant d'avoir une morale.

Alan se leva du canapé en grimaçant légèrement à cause de ses côtes et de sa jambe, puis il le contourna en lui intimant de rester assise. Il passa derrière le canapé pour arriver derrière elle et tâcha de se souvenir de la bonne façon de masser des épaules. Il se rappelait le faire après certains match de Quidditch difficiles, à Poudlard, sur sa collègue batteuse. Il était devenu plutôt bon à force. Il posa doucement ses mains sur ses épaules, songeant que ça serait plus simple sans son pull, mais qu'il ne ferait pas le difficile pour cette fois. Il commença alors à la masser, d'abord en douceur par crainte de mal faire, puis plus franchement lorsqu'il retrouva le bon rythme.

-D'où tu viens ?

Depuis son dos, il pouvait apercevoir le tatouage qu'elle portait sur sa nuque, dévoilé grâce à la tresse qu'elle s'était faîte en sortant de la douche. Sans réfléchir, l'une de ses mains quitta son épaule pour glisser sur son cou, presque comme une caresse de ses mains rugueuses pour caresser le tatouage du pouce.

-Pourquoi ce tatouage ? Il représente quelque chose en particulier ?

Alan se méfiait des gens tatoués de manière générale. En revanche, il appréciait de sentir la peau satinée du cou de Ladáh contre sa main et devait résister à l'envie de l'explorer plus encore. Le problème était qu'elle était jeune et magnifique et qu'il avait beau se sentir bien plus vieux, il ne pouvait se dissimuler le fait qu'il n'avait pas touché une telle femme depuis bien trop longtemps. Cependant, harceler sa sauveuse ne serait clairement pas une bonne façon de la remercier et après que son pouce ne soit remonter frôler son oreille, Alan fit redescendre sa main sur son épaule, sagement, reprenant son massage malgré l'envie sans doute parfaitement visible dans le regard qu'il portait sur elle et qu'elle ne pouvait sentir, à moins que celui-ci ne soit suffisamment fort pour lui brûler la nuque. La tension sembla soudainement monter d'un cran dans la chambre, pour l'insurgé qui se sentit alors bien seul.
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Avec un plaisir coupable, un remord presque feint, Ladáh déguste son dessert. Il ne vaut pas ceux que l’elfe de la famille prépare avec savoir-faire et un soin tout particulier pour satisfaire le reste du clan Zaïtsev. Celui-ci est loin d’être artisanal, mais demeure tout de même agréable sous la langue. C’est une nouvelle découverte pour la russe qui n’a pas encore achevé son parcours gastronomique britannique. Une originalité qu’elle garde en mémoire afin de demander à son serviteur de le préparer de nouveau, en bien mieux. Une nouvelle cuillérée ne vaut pas la même réaction, mais l’incite à définitivement adopter le dessert, dont elle s’apprête à prendre une troisième bouchée lorsque la question la prend au dépourvu. Qui est Baba Yaga ? Un compatriote aurait reçut une paire de gifle pour une telle question, cependant, la russe n’oublie pas le lieu dans lequel elle se trouve. Laissant sa cuillère en bouche, elle prend le temps de la réflexion, cherche les mots les plus adéquats pour expliquer qui est l’ancêtre qu’elle vénère, au même titre que certains autres sorciers slaves. La cuillère reposée sur l’assiette, et un regard qui met au défi de voler le reste de son dessert, Ladáh fait enfin face au sorcier. « Baba Yaga, c’est…  Eh bien, vous, vous avez Merlin. Chez moi, c’est Baba Yaga qui est célèbre. C’était une sorcière très puissante, crainte, mais respectée. On raconte qu’elle avait des griffes de fer en guise d’ongles. Elle est une source d’inspiration pour de nombreuses sorcières. » Elle n’en dit pas plus, car s’aventurer dans plus de précisions serait bien trop long et nécessiterait un cours d’histoire qu’elle n’a pas envie de préparer, malgré l’intérêt qu’elle porte au partage d’information et de culture.  Elle reprend sa cuillère, veille jalousement sur le dessert qu’elle ne laissera pour rien au monde à son vis-à-vis. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien, pas même une miette.

Le silence, cet éternel compagnon, s’impose de nouveau, tandis qu’elle prend soin de ses pieds, s’assure de l’absence de débris de verre qui pourrait causer des dommages irréparables. Au moins chez les sorciers, on ensorcelle les chaussons, on s’amuse à inciter les jambes à faire l’inverse de ce que l’on demande, l’originalité est de mise. Mais puisqu’elle danse dans le monde moldu, doit elle se venger de la même façon ? S’abaisser à cela la répugne, pourtant, elle envisage déjà des représailles plus… caractérielles. Petite rancunière qui ne laissera pas passer une autre manche de la sorte. Enfin, son attention revient vers la voix qui s’élève, qui répond à l’interrogation qu’elle se pose depuis des années. « C’est le lot de tous les gouvernements.  » répond-elle en haussant les épaules. Elle ne préfère pas parler du sien, la situation en Russie n’est pas pour plaire non plus. « Ce devait être sympathique comme vie.  » Pas comme chez elle, où tout était froid, de la naissance à la mort. Les   дефект defekt / né-moldu étaient ceux qui souffraient le plus, quand une personne telle que l’héritière Zaïtseva, vivait plus que bien. Elle en avait bien conscience. Allait-elle s’en plaindre ? Éduquée égoïstement, non, elle n’irait pas le faire.

La sorcière leva un regard interrogatif lorsque son compagnon se leva, notant au passage les grimaces et difficulté à marcher. Une surveillance de son travail, de l’état de son patient improvisé. Mais lorsqu’il passa derrière elle, elle put constater qu’il tenait parole, les mains posées sur ses épaules agissant alors comme un décontractant sur les nœuds qui faisaient souffrir ses épaules. Un soupir de contentement franchit ses lèvres lorsque les premiers cercles caressèrent sa peau malgré le pull, pour se faire plus rudes après. C’était horriblement bon. Penchant la nuque en avant, Ladáh entreprit de totalement se laisser aller, améliorant certainement le travail de l’homme derrière elle, fermant les yeux sous le passage de ses doigts. « Saint-Petersbourg, en Russie. » lâcha t’elle laconiquement. Elle n’avait pas honte d’être russe, c’était même plutôt une fierté, mais elle ne tenait pas une seconde à rentrer au pays. Rentrer signifiait se replacer sous l’autorité du père, un homme dont elle préférait se tenir aussi éloignée que possible. Mais suivre son frère n’avait pas non plus été le meilleur des choix : pour complaire à la figure paternelle, il se mettait à lui ressembler. De chantages affectifs à ordres instillés, il n’y avait qu’un pas pour qu’il se mette lui aussi à punir les siens de la seule manière qu’ils connaissaient tous sans exception. Par sa faute, Ladáh était en train de se perdre. Par sa faute, elle était devenue une créature qu’elle n’aimait pas. Cette guerre, qui n’avait rien à voir avec eux, avait finit par devenir la leur, Alekseï les poussant en ce sens, les obligeant tous à porter cette marque infâme, à porter loyauté envers la moitié d’un homme dont les ambitions étaient néfastes. Mais au moins n’avaient-ils pas perdu leur humanité, refusant furieusement la possession d’un rebut. Leur elfe de maison les satisfaisait amplement.

Ses paupières s’ouvrirent à l’instant même où le pouce toucha le tatouage de sa nuque, lui arrachant un délicieux frisson qu’elle ne put retenir malgré tous ses efforts. Inspirant doucement, veillant à calmer le remue-ménage de son corps, apaisant les papillons, un exercice bien plus difficile qu’il n’y paraissait en réalité. « La marque familiale. C’est un symbole, le signe de l’appartenance à notre семья. Il me semble que c’est l’équivalent de vos armoiries.  » Une pause, alors qu’elle se retient de respirer quand les doigts dérivent, que le trouble la gagne. « Chez nous, les tatouages ont leur importance, ils racontent une histoire, ils sont les symboles de notre vie. Tu ne croiseras jamais un russe qui n’en possède pas.  » Elle-même en possédait plusieurs, en plus de la marque familiale, à la naissance de son pouce gauche, elle portait fièrement la rune de l’hydre. Peu de personnes en comprenaient réellement le symbole, seul un de ses demi-frères avait vu juste.

Elle se tut, reprenant le rythme lent de sa respiration, savourant le contact des doigts se promenant sur sa peau. Le regard voilé et obstinément ancré sur le sol, la tête suivant délicatement le passage d’une main jusqu’à son oreille. Folie. Pouvait-elle seulement répondre favorablement à ce qui se profilait tout doucement ? Elle en avait l’interdiction formelle. Son corps ne lui appartenait plus, vendu à prix fort à un sang-pur, étranger à tous les égards, collègue de travail et dans le corps mangemort. Elle savait qu’elle ne pourrait jamais aimer l’homme, qu’elle ne pourrait jamais être la parfaite épouse qu’elle se devait d’être. Alors, elle s’insurge contre ce destin tout tracé, délivrant le haut de son corps du pull, s’assurant seulement du regard que son bracelet était toujours en place, cachant fermement la marque funeste. Pratiquement nue au même titre que l’homme qui est toujours dos à elle, elle prend son courage à deux mains, se retourne pour lui faire face, prend appui sur ce canapé. La pudeur marque immédiatement son visage tandis que ses paumes capturent les mains rugueuses, les déposent sur ses côtes. « Je n’ai pas l’habitude de faire ça…  » le sexe occasionnel, l’inconstant. « et je ne sais pas si tu en as envie…  » Sa voix n’est qu’un murmure, un trouble manifeste, alors que ses phalanges caressent ses mains, remontent le long de ses bras. Mais elle, elle se perd déjà dans le bleu de ses yeux, incertaine de la démarche à suivre. La dernière fois qu’elle a osé se perdre dans les bras d’un homme remonte à des années lointaines, et il était sien tout comme elle était sienne. Nouvelle dose de courage finalement, alors que ses lèvres capturent les siennes, timidement.
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Des sujets banaux s'installent entre eux alors qu'ils font connaissance. La vie d'avant la guerre devait être sympathique en effet, mais Alan ne s'en souvenait plus. Il ne voulait pas s'en souvenir. Il avait décidé qu'il laisserait tout ça derrière lui le jour où il avait totalement embrassé la cause des belliqueux. Son passé n'était qu'une suite de souvenirs le rendant bien trop sentimental, faible presque. Il ne pouvait s'embarrasser de tels divertissement alors qu'une guerre faisait rage et que la rage l'alimentait. La rage de vaincre. La rage de liberté. La rage de voir que l'idéal pour lequel il se battait n'embrasait pas autant les foules qu'il ne le devrait. C'était un peu pour eux aussi que Alan et tous les autres guerroyaient. Cependant on pourrait presque croire en l'inutilité d'un tel projet lorsqu'on voyait à quel point la masse Londonienne semblait indifférente à son propre sort, pourtant piétinée, malmenée par un gouvernement qui ne prenait même pas la peine de se trouver des excuses pour les crimes qu'il commettait.

Elle lui explique d'où elle vient et Alan cherche à se rappeler s'il sait où se trouve Saint-Petersbourg exactement. Peine perdue, il ne saurait même pas dire si cette ville était plus à l'ouest ou à l'est de la Russie, ce pays tellement immense qu'il devait bien être capable d'abriter toutes les horreurs et toutes les joies possibles, dispersées d'un bout à l'autre des terres qu'il s'imaginait sèches et gelées en cette période de l'année. Cependant, le pays ne devait pas être si inhospitalier si des gens comme Ladáh y vivait. N'avait-elle pas sauvé un étranger aujourd'hui ? Un véritable étranger, quelqu'un pour qui elle n'avait même pas l'excuse d'être patriote, faisant preuve d'une bonté à la fois si simple et si grande qu'il ne pouvait que regretter de l'avoir menacée auparavant. Voilà où était le problème avec lui. Il tapait d'abord, ensuite éventuellement il réfléchissait.

Elle lui explique alors d'où vient son tatouage pendant que son doigt en redessine les contours. Des armoiries en tatouage, voilà qui lui rappelle un peu trop la violence de l'apposition de la marque des ténèbres et malgré la douceur manifeste de la sorcière qui soupire sous ses mains, Alan considéra que la Russie devait être un pays majoritairement violent. Ne faisaient-ils pas le culte d'une femme aux violents attributs ? Voilà un point de culture que le grand barbu ne pouvait pas comprendre. Si lui-même faisait l'apologie de la violence, ça n'était que pour libérer son pays d'un mal encore plus grand qui étendait ses noires tentacules à travers toutes les terres.

Il s'interrompt dans ses pensées lorsque la jeune femme devant lui retire son pull, lui faisant retirer ses mains de ses épaules au passage. Figé, il se rend alors compte que Ladáh ne porte rien sous son pull et lorsqu'elle se retourne, vers lui, rougissante et aussi nue que lui, elle s'expose enfin à toute l'intensité de l'envie qui brûle dans ses yeux qui la dévorent. Son propre semble ne plus vouloir lui appartenir, Alan se sent comme un animal sauvage dont les envies primaires se retrouvent soudainement exacerbées, mais il serre les dents et se retint encore de toutes ses forces alors que son pouls s'accélère sous la violence de son ressenti.

Seul le canapé les sépare encore lorsqu'elle prend ses mains pour les poser sur sa peau douce et lisse. Sait-elle seulement à quoi elle s'expose ? Il ne l'entend même pas parler, perdu comme il l'était dans la retenue et la contemplation de la jeune femme. Sans doute n'a-t-elle pas idée de la situation dans laquelle elle se trouve, ni de ce qu'elle risque en lui donnant la permission de poser ainsi ses mains sur elle. Les siennes remontent le long de ses bras et Alan sent tout son corps se tendre sous cette caresse pourtant si simple, si humaine. Ses yeux reviennent se planter dans les siens, mais il ne bouge pas lorsqu'elle s'approche de lui, lorsqu'elle pose ses lèvres sur les siennes, tout doucement, timidement.

Ce contact le cloue sur place pendant de longs instants, incapable de bouger, incapable de penser plus loin que ces lèvres sur les siennes, ce corps sous ses doigts qui lui semble incroyablement loin. Alors, la violence reprend ses droits sur lui. Parce que depuis le début de la guerre, Alan ne sait pas faire autrement que dans la brusquerie. Parce que la douceur dont elle fait preuve n'est qu'une utopie de plus pour lui.

Lentement le baiser cesse, sans doute par manque de réponse de sa part, mais à peine s'est-elle éloignée qu'il ne la saisit à bras le corps pour la soulever et la faire passer par dessus le canapé, la collant contre lui, immédiatement excité par le contact de sa peau si douce contre la sienne, marquée par les coups et la violence de ces dernières années. C'est lui qui s'approprie alors ses lèvres, sans douceur alors que ses mains glissent sur le satin de sa peau, pas dérangé par la douleur d'un contact contre ses blessures pourtant fraîches. C'était au contraire presque comme si cette douleur ne faisait que l'exciter d'avantage, le rendre plus impatient encore de la faire disparaître sous le plaisir qu'il comptait prendre.

Alan n'a pas besoin de lui dire à quel point il la désire, son corps serré contre le sien s'en charge à sa place alors qu'une de ses mains descend jusqu'à ses fesses de danseuse pour les serrer dans ses paumes, passant directement sous son short qu'il retire rapidement en embrassant tout son corps avec une avidité témoignant de son envie de la posséder. Il oublia rapidement ses scrupules sur la différence d'âge alors qu'il la soulevait à nouveau pour l'emporter sur le lit où il la jeta avant de l'y rejoindre, le regard brûlant de désir pour elle.
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Est-ce la folie qui s’est emparée de la russe, tandis que ses prunelles explorent celles de l’insurgé, cet inconnu pour lequel elle est en train de se compromettre, corps et âme ? Assurément. Ses phalanges à peine tremblantes explorant les quelques parcelles de chair à sa portée, les lèvres n’apportant que de maigres justifications. Les mains auxquelles elle donne un sauf-conduit ne bougent plus d’un centimètre, et pourtant, la chaleur de cette peau sur la sienne lui donne un vague tournis, une réminiscence d’autrefois. Elle aspire à l’exploration mutuelle, mais seules ses propres mains découvrent, caressent, s’emparent. Pas un instant, elle ne le quitte des yeux, tente de déchiffrer l’instant présent, le sentiment de son vis-à-vis face à cette évolution de situation, ce changement de température. Est-ce le désir qu’elle lit ? La colère ? L’incompréhension ? Les trois ensembles certainement, quand ses phalanges s’arrêtent à la nuque, ne vont pas plus loin. Elle tente un coup d’état, dépose ses lèvres sur les siennes et attend une réponse favorable à sa badinerie, ou un rejet funeste qui lui ferait honte à travers tout le corps. Rien. Pas une réaction pour la mettre sur la bonne voie.

La chaleur quitte son corps, tandis que ses pensées tentent de trouver une solution à l’inconfort de la situation. Peut-être serait il préférable de fuir dans la salle de bain avec ses affaires pour se rhabiller et quitter la chambre, définitivement et sans idée de retour. Elle pouvait vivre avec l’idée d’avoir été rejetée, puisqu’ils ne se reverraient certainement pas de sitôt. Alors ses lèvres désertent les siennes, idée en cours pour échapper à cette honte qui la gagne. Ladáh ne le regarde pas, et ses mains quittent le corps de l’individu, comme si elle s’était brûlée à son contact. Il ne lui reste qu’à attraper sa baguette, ses affaires et fuir.

Et pourtant, rien ne se passe comme elle l’a prévu, un hoquet de surprise franchissant brutalement ses lèvres sous la réaction de son compagnon. Elle se sent soulevée puis ses pieds retrouvent la terre ferme. Sa bouche ayant osé protester se retrouve envahie, et contre son bas-ventre, une réaction suffisante pour perturber son self-control, réveille de nouveau les papillons qui brûlent sa chair de l’intérieur. Souffle coupé, sa peau s’éveille au contact des paumes qui s’approprient toute parcelle découverte. Son cœur s’emballe et la pression augmente, tandis qu’elle se presse contre lui, répond plus que favorablement à la violence de l’excitation. Ses mains retrouvent la peau désertée, le contact familier de la peau nue, les gestes destinés à pousser dans les derniers retranchements. La pulpe de ses doigts dérive, découvre des cicatrices qu’elle caresse avant de dériver ailleurs. Ses lèvres se gonflent sous les baisers dénués de douceur. Elle n’est pas une princesse de toute manière, elle ne s’attend pas à de la tendresse et des accolades destinées à atténuer une peur inexistante. De cet homme, elle sait qu’elle récoltera une passion brutale, un instant désespéré de vie dans tout ce chaos.

Ses paupières se ferment sous le mordant des baisers, sous le dernier barrage de sa nudité qui tombe au sol. Elle lui est totalement offerte, mais ne compte pas se conduire en créature soumise. Elle brûle, se trouve au bord du précipice, et s’accroche à ce qu’il lui tombe sous la main, cette virilité manifeste qu’elle cajole sous le tissu dont elle le débarrasse de son autre paume. Et si ses joues rougissent, ce n’est plus de timidité, mais de désir, alors que ses prunelles brillent d’un éclat dangereusement affamé, que ses phalanges réchauffent avec une expertise encore endormie. Trop de temps passé sans avoir consenti à prendre un amant pour réchauffer ses nuits. De nouveau éloignée du sol, son bassin fait une rencontre fortuite, tandis que ses jambes entourent son homme d’une nuit. Elle a faim de lui cette fois, ses lèvres dérobant un peu de chaleur sur sa peau.

Jetée sans ménagement sur le lit, Ladáh se recala comme elle le désirait avant d’accueillir son amant contre elle. S’il espérait la faire attendre, elle aurait prit les choses en main, mais déjà, elle referme les cuisses sur lui, le pousse à l’extrême. Le point de non-retour, et la douleur de l’attente, un désir incontrôlable d’être sienne, de lui appartenir à l’instant même où il s’enfoncera en elle. Et pourtant, elle ne lui laisse pas cet honneur, exerçant une pression pour échanger les rôles, se retrouver maitresse de l’acte, qu’elle ne fait pas plus miroiter, le bassin glissant lentement contre l’évidence masculine. Une délivrance qu’elle savoure, paupières de nouveau closes, bouche légèrement entrouverte sous le souffle qu’elle expire, la satisfaction de défier officieusement son destin.
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Écrasé par le désir, son corps pressé contre les courbes féminines de Ladáh, Alan ne réfléchissait plus. La passion qu'il ressentait n'avait rien d'éthérée, rien de mystérieuse alors que ses mains ne semblaient pas vouloir s'arrêter un seul instant de découvrir chaque parcelle de son corps, l'investissant, se l'appropriant, forçant le barrage de ses lèvres pour organiser la rencontre brutale de sa langue et de la sienne. Cette sensation n'avait rien à voir avec la tendresse qu'il avait pu ressentir pendant ses rares et précédents rapports. Il se sentait ici compressé, opprimé, prêt à exploser comme si son corps pourtant massif ne l'était pas assez pour contenir toute l'intensité de ce qu'elle faisait naître en lui.

S'il avait peur que Ladáh ne cherche à fuir la brutalité de son désir, Alan est rapidement rassuré par son enthousiasme. Elle ne compte visiblement pas se laisser faire une seule seconde. De victime de son désir, elle en devient la maîtresse. Sa main s'aventure sur la preuve de son désir et il laisse échapper un grognement irrépressible contre ses lèvres avant de la soulever pour la jeter sur le lit. Alan est rendu fou par cette femme dont les bras s'ouvrent pour lui, dont les mains le saisissent pour qu'il l'empoigne à nouveau tandis que ses jambes entourent sa taille.

Cependant, profitant d'un nouveau contact de leurs entrejambes qui le déstabilisa, Ladáh reprit le dessus d'un coup de hanches parfaitement divin qui lui déroba la satisfaction de la posséder de lui-même alors qu'elle s'empalait sur sa virilité, lui arrachant un cri de plaisir alors qu'une brûlure bien plus agréable que celles qui l'avaient mené dans ses bras semblait vouloir cramer ses entrailles, carboniser son corps à coup de plaisir, déchirer son épiderme déjà zébré de cicatrices. Cette domination qu'elle revendique, Alan refuse de la lui céder. Ses mains s'emparent de ses hanches dans lesquelles il s'enfonce violemment, agressivement avant de la repousser, l'arrachant à lui pour la plaquer contre le matelas et revenir en elle avec une avidité et une ardeur qu'il était loin d'avoir déjà ressenti avant.

Contre elle, en elle, Alan en oublie qui il est. Il n'est plus cet insurgé rempli de haine contre le monde entier, contre la vie elle-même, contre cette injustice qui éclabousse les rues en même temps que le sang rouge des anglais. Alan n'est plus l'homme en cavale, il n'est plus l'ex rebut, l'ex détenu d'Azkaban. Alan n'est plus cet homme doux qu'il fut un jour, aujourd'hui disparu. Dans ses bras, dans cette chambre, Alan est à nouveau un homme anonyme dont les instincts bestiaux s'assouvissent avec une femme dont la passion semble égaler la sienne, dont la violence répond à son envie et dont il souhaite recueillir le moindre gémissement de plaisir, le moindre cri comme une confession qui se passerait de tout repentir et de toute absolution.

Malgré le plaisir déchirant qu'il prend entre ses cuisses, malgré la chaleur bouillante qu'il retire de la friction entre leur corps enlacés, Alan ne peut ignorer les griffes de la douleur qui lacèrent son côté droit et semblent labourer sa cuisse. Ce n'est pourtant pas une douleur qu'il rejette, mais qu'il recherche, que les cuisses enroulées autour de ses hanches provoquent à force d'exiger toujours plus de passion. Ses grognements s'intensifient donc, mélange de douleur et de plaisir qu'il étouffe en goûtant sa chaire, mordant le cou gracile de son amante, sa main remontant pour s'accrocher à l'un de ses seins, redécouvrant le corps féminin dont les courbes et les reliefs manquaient terriblement à l'homme lorsque son esprit se détachait enfin de toute la violence du conflit qui l'obsédait.

Ça n'était pas de l'amour qu'il ressentait pour cette inconnue, pourtant Alan l'aimait. Il l'aimait comme un homme battu par la vie, battant contre le courant qui l'entraîne peut aimer une femme qui lui fait oublier que le monde extérieur existe, comme si l'intérieur de cette chambre, l'intérieur de ses bras et de ses cuisses contenait un monde à part dans lequel s'échapper avec tout l'abandon dont il était capable, toute la violence pour une fois entièrement dédié à la fuite dont il pouvait faire preuve. Alan aimait la porte de sortie qu'elle représentait et ainsi furieusement enlacé avec elle, il ne pouvait plus faire la différence entre qui d'elle ou de son symbole il aimait le plus.
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Loin de se soumettre à l’idée de la femme subissant les assauts d’un homme avide de chair, Ladáh prend les choses en main, se libère de cette image candide qu’elle renvoie à bien des égards. La passion lui brûle les reins, le désir affole ses lèvres gourmandes, l’envie la pousse à découvrir l’autre. Moment hors du temps, instant du présent, liberté éphémère qu’elle vole à son destin trop calculé, presque impossible à déjouer. La sottise lui fait perdre l’esprit, voilé par ce moment charnel, tandis qu’elle vole le moment de gloire d’un homme prêt à assouvir ses propres pulsions. Son ouïe savoure l’exclamation qu’elle arrache à ses lèvres, et elle-même n’est pas en reste, se délecte de cette chaleur qui prend possession de tout son être, ne réprime aucunement le frisson qui voudrait la déstabiliser. Une victoire de trop courte durée, rattrapée par la brutalité de la possession qui lui arrache un hoquet d’allégresse, se contracte sur la hampe bienvenue. Ses prunelles voilées dardent le visage de l’amant, avant que le flou ne prenne le relais, qu’elle sente de nouveau le vide l’envahir et la tête se cogner contre le matelas.

Retour au point de départ, happée de nouveau par les éclairs du désir qui viennent électrifier chaque membre de son corps. Un océan agité s’empare de son bas ventre, dont elle ne contrôle en aucune façon les vagues, ni même le fracas. Ladáh sent son amant s’aventurer en elle, toujours plus loin, avec la même intensité combattive qu’elle apprécie, ses lèvres ne sauraient mentir, elle ne parvient à retenir plus longtemps son souffle saccadé, ou les quelques gémissements qu’il lui arrache lorsqu’il bute. Ses hanches l’accompagnent, l’aide à trouver un rythme soutenu, néanmoins avide, et bientôt, ce sont ses cuisses qui se referment de nouveau sur lui, ses pieds qui le poussent à chercher plus loin encore, à se fondre totalement en elle. Ses phalanges se referment dans sa chevelure, dont elle agrippe quelques mèches.

Plaisir mutuel, partagé, la cage thoracique prête à exploser. La russe cherche son souffle, étouffe sous la chaleur grandissante, mais pour rien au monde, ne souhaiterait qu’il s’arrête, qu’il se lasse d’elle. Il est le symbole du salut, auquel elle s’accroche désespérément, s’agrippant à lui sans être capable de le lâcher. Un écho de plaisir sous ses lèvres roses, appréciation des morsures qui la font trembler de la tête aux pieds. Elle cherche ses lèvres, tire sur sa chevelure pour faciliter sa tâche et mieux s’emparer de celles-ci, se mêle totalement à lui sans aucune retenue jusqu’à ce que finalement, elle se contracte de nouveau contre lui, resserre l’étau et s’arrange pour changer de nouveau la donne.

Incapable de rester clouée au matelas, délicieuse maitresse, elle reprend sa place initiale, apaise la cadence qui pourrait leur coûter une nuit bien trop courte. Ses courbes rejoignent les siennes, ses mains emprisonnent les siennes pour les porter à ses hanches, sans jamais le laisser décider de la marche à suivre. Ses lèvres dérivent des siennes pour rejoindre son oreille, murmurent son message. « Laisse-moi faire… » supplie t’elle presque quand d’un léger coup de bassin, elle se redresse, apaise la tension et la chaleur sur la blessure de son amant. Ses paumes poussent celles de l’homme à caresser chaque parcelle de peau, à s’approprier chaque courbe quand elle entame une cadence bien plus calme, plus tendre, non moins sulfureuse. Elle a beau aimer sa passion, sa brutalité et sa façon de la posséder, elle n’en demeure pas moins une femme qui apprécie la douceur, montre l’autre facette de cet acte charnel.

Là, elle reprend son souffle, mais l’air qui entre dans ses poumons demeure brûlant. Ses doigts découvrent, explorent, marquent des pauses et reprennent. Elle joue de son bassin pour des mouvements plus amples, pour reprendre peu à peu un rythme plus soutenu. Les minutes peuvent bien défiler, elle cherche à faire durer le temps, à produire une éternité, se penche en avant pour mordiller la lèvre masculine, développer de nouvelles réactions. Ladáh n’entrevoit pas la fin de cet instant, gourmande, avide de cette liberté volée.
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Alan ne sait plus ce qu'il est sensé ressentir, ce qu'il est sensé savoir, ou qui il est sensé être. Est-ce le plaisir qui lui poignarde les hanches ? Sont-ce des blessures qui lui brûlent la peau, qui lui ouvrent les veines ? Est-ce du sang qui goutte de son corps ou bien est-ce la sueur qui résulte de l'action de leurs corps embrasés, enlacés l'un contre l'autre, mêlés à ne plus savoir où s'arrêtait Alan et ou commençait Ladáh. Il ne savait même plus si la douleur mordante de sa cuisse était réelle ou bien une illusion de plus créée par l'intensité de ce que Ladáh voulait lui faire ressentir. Il ne savait plus si c'était de l'air qu'il respirait, ou bien Ladáh qui se faisait fumée pour qu'il s'en empoisonne peu à peu.

Elle est son passage vers une réalité alternative qui ne peut exister sans elle. Une réalité qui n'existe que lorsque sa virilité tendue par le désir, presque le besoin qu'il ressent envers elle, écarte les parois de son intimité accueillante. Pendant ce moment, elle est tout pour lui. Elle est cet incendie ravageur qui se répand depuis ses reins jusqu'à ses épaules auxquelles elle s'accroche avec l'énergie de celle qui recherche l'abandon par dessus tout. Elle est à la fois femme soumise à son plaisir, à la violence animale dont il fait preuve et maîtresse exigeante, forçant ses lèvres à rencontrer les siennes à nouveau sans hésiter à agripper ses cheveux avec autant de force qu'il peut lui même en faire preuve.

Ce baiser le renverse, le retourne et sans le comprendre il se retrouve sur le dos comme le chien soumis qui dévoile son ventre à son supérieur. Les hanches de cette femme sont un aller simple vers le plaisir qui semble le traverser à chaque mouvement comme un millier de piques qui le traversent de part en part en lui volant son souffle et son point d'ancrage avec le monde réel. L'animal sauvage se fait alors bête apprivoisée lorsque le murmure que ses lèvres délivrent dans son oreille apaise le dragon qui semblaient décider à arracher ses viscères de l'intérieur. Même sa brûlure lui semble moins douloureuse, la pression moins intense, mais le désir et le plaisir toujours aussi violent, désormais en lancinante collaboration avec l'impatience qui s'empare de ses muscles.

De nouveau, ses mains sont à la fois prisonnières de celles de Ladáh et plus libre que jamais, exploratrices d'un corps qu'il découvre et caresse avec empressement, avec faim, presque. Bientôt, ses lèvres se font aventurières également, s'aventurant sur la peau si lisse de sa compagne, dénuée de marques en dehors des tatouages qu'elle porte. Alan se redresse, mais lui laisse la satisfaction d'être au dessus, de contrôler le rythme bien trop lent à son goût de leur échange. Sa main remonte dans son dos jusqu'à sa nuque alors que ses dents s'emparent délicatement de l'un des tétons tendus de son amante. Il le goûte et l'aspire entre ses lèvres, sa langue en redessinant la forme avec volupté.

Le contraste des mains de Ladáh se promenant sur son épiderme désormais frissonnant et des siennes, calleuses et sèches le frappa alors. Elle semblait n'avoir jamais rien vécu de plus intense que le sauvetage d'un inconnu dans la rue qui était désormais en train de profiter outrageusement de son corps, du plaisir qui lui giflait l'âme et les sens malgré le ralentissement que la jeune femme lui imposait. Il retourne ensuite à la conquête de ses lèvres, toujours aussi quémandeur, toujours aussi désireux de profiter de ce qu'elle lui donnait alors que son corps semblait sur le point d'imploser.

Il se laisse retomber sur le matelas, sur le dos, ses mains redescendant pour suivre le déhanché presque hypnotique de son amante alors que l'impatience se fait cruelle, mordante. Apprivoisé, peut-être, mais jamais domestiqué. Alan conservera toujours au fond de lui ce tigre en cage qui tourne, qui ne supporte plus la domination, qui ne veut plus subir l'outrage d'être l'inférieur. Cependant ce n'est pas une impression de domination qu'il tire de cette activité, mais une impression de partage, au contraire. Le ton de Ladáh s'était fait suppliant, plus tôt. Une demande plus qu'un ordre. Une supplique pour qu'il lui laisse l'occasion de lui apprendre cette douceur qui lui manquait.

Pendant un instant, Alan sembla l'atteindre, son bassin répondant au sien tandis que son esprit était déjà ailleurs, loin d'ici, perdu sans doute dans cet espace entre leur mouvement, perdu dans les contractions qu'il ressent autour de son sexe et perdu dans l'existence même. Pendant un instant, Alan n'est plus Alan, mais tout simplement un homme qui accompagne une femme sur les voies du plaisir, à la fois guidé et guide. Puis le tigre, l'ami du dragon se manifeste, se jette contre les barreaux de sa cage et refuse l'oubli qui le menace, réveillé par la douleur bien présente dans sa jambe. Alan empoigne à nouveau Ladáh, mais il a compris à demi-mot ce qu'elle attendait de lui. Lorsqu'il reprend le dessus, ce n'est pas avec violence malgré l'insistance de cette nature sauvage qui l'habite, mais avec respect pour elle, pour le plaisir qu'elle peut et qu'elle doit ressentir elle aussi. Il la cajole, sa sauveuse, il l'embrasse alors que chaque mouvement de ses hanches devenues plus souples le rapproche un peu plus de la délivrance, de cette instant d'ultime chaleur, d'ultime plaisir. Ce moment dont il connaît la destination, loin dans les hauteurs, perdu dans les soupirs et dans les gémissement que lui arrache cette femme qui l'empoigne de toute la force de son désir.
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