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sujet; (17 NOV. 1987) VISHA • She swallowed burning coals |
| Visha - 17.10.1987 - Londres Moldu I take a walk in the town it’s like a deadened street The sidewalk sing your name underneath my feet Echoes of, forgotten of, Baby where’d you go, did you sail away with some distant notion? Darling what we had it cannot be taken, it cannot be stolen And it won’t be forgotten Morrigan apprécie très rarement la vue de son reflet dans le miroir. Pourtant, comme toute fille qui se respecte, elle se doit de passer beaucoup de temps devant celui-ci, pour se maquiller, se coiffer, coordonner ses vêtements. Elle supporte donc la vue de son petit visage mutin lorsqu'elle se prépare, mais ne l'apprécie que dans les rares fois où elle arrive à se convaincre que ce n'est pas elle, devant elle, mais quelqu'un d'autre. Elle sourit, aussi, parfois, lorsqu'elle admire un énième nouveau tatouage. Enfin, elle sourit beaucoup les rares soirs où elle a le courage de se travestir. Elle a commencé il y a un an. Elle ne sait plus pourquoi, comment, ça a commencé. Peut-être un jour où elle a mis tous ses cheveux dans un chapeau, elle s'est imaginée les cheveux courts, et tout a dérapé, parce qu'elle avait un manteau un peu masculin, et que comme ça, de dos, en retirant ses talons on pourrait, presque, presque, presque y croire. C'était juste ça, au début, essayer de voir comment cela pourrait faire si elle s'habillait un peu moins en poupée. C'était nostalgique, c'était pour... c'était pour le vieux temps, voilà. Quand elle jouait aux garçons avec Marius, c'était en écho à cela. Juste ça. Elle contrôle cette histoire, elle contrôle parfaitement ce qu'il se passe. Elle est une femme, elle est une femme magnifique, elle est lesbienne, elle aime Adele, tout va bien. Elle deviendra Médicomage et finira vieille fille pendant que son frère fera la fierté de la famille. Mais au moins elle n'en sera pas la honte.
Aujourd'hui elle a une seconde garde robe cachée derrière la première, elle a de la réserve de potion éphémère pour passer pour un homme, elle a des perruques. Au début c'était une fois par mois, et encore, pendant cinq minutes. Puis elle a commencé par parcourir son appartement pendant des heures dans cette apparence qui lui était si confortable. Dernièrement, c'est presque tous les deux jours qu'elle va se risquer, en apnée, dans les rues du Londres moldu les plus éloignées de tout territoire connu. Elle se dit que, au pire, tout sorcier qu'elle croisera là-bas ne sera pas assez influent pour qu'il soit écouté, ou qu'elle pourra toujours acheter son silence d'une manière ou d'une autre. Ce qui compte, c'est qu'elle ne croise ni Adele, ni aucun membre de sa famille. Heureusement, aucun d'eux n'est du genre à se risquer de ce côté-ci de la frontière. Aujourd'hui Morrigan se tient devant un bar moldu. Jusque là elle n'a toujours fait que marcher dans la rue, et personne ne l'a jamais regardée, sauf la fois où elle a oublié d'immobiliser tous ses tatouages magiques. Qu'ils sont fades les moldus avec leur encre immobile. Mais aujourd'hui, elle va passer au niveau au dessus. Elle a tout prévu, le changement de voix est compris dans la potion, elle peut y arriver. Elle va juste rentrer dans ce bar, commander un truc, s'asseoir, boire ce truc et repartir. Elle a récupéré de la monnaie hier. Cinquante livres cela devrait suffire pour prendre un verre non ? Non ? Inspire, expire, Morrigan, tout va bien se passer, le mec t'as bien dit qu'avec cinquante livres tu étais tranquille pour manger quelque part. Alors un verre... La clochette à l'entrée manque de lui faire sortir le cœur par la bouche, mais elle finit par arriver jusqu'au bar. Elle ne sait pas exactement comment puisqu'elle n'arrive pas à voir quoi que ce soit de façon claire. Elle panique, et comme d'habitude cela la rend complètement handicapée. Même en temps que sorcière elle est habituée à être avec Adèle à faire remuer les noms de leur parent pour ne pas payer de la soirée dans quelque chose de bien plus branché et distingué que ce boui-boui obscur. Le barman la regarde et lui demande abruptement : « Et ce sera quoi pour toi, bonhomme ? » Elle doit vraiment avoir l'air complètement à l'ouest pour qu'on lui parle comme ça. En d'autre circonstances elle lui aurait fait avaler son ton condescendant, mais elle n'est pas en état. « Heu, je, je regarde la carte attendez. » Il hausse un sourcil en l'entendant, mais ne fait pas plus attention pendant qu'elle fixe le tableau derrière lui, même si le peu qu'elle arrive à y voir lui est absolument compréhensible. Finalement, elle attrape le nom de la commande de sa voisine et balance avec un sourire au tenancier : « Ce sera un Cola-Coca pour moi s'il vous plait. » Elle a du mal dire un truc parce qu'il la regarde comme si elle était une cracmolle, mais tant pis, au moins il a l'air d'avoir compris.
Morrigan trouve enfin le moment pour respirer et s'adosse au comptoir de façon qu'elle trouve particulièrement virile. On y croyait presque, malgré la maigreur de ses bras. Merci les tatouages, quand même. La fille à côté d'elle la regarde, elle doit vraiment avoir dit une connerie avec sa commande... Attends... Elle la regarde encore, cette fille, et soudain, ça y est, elle ne respire plus. Blacksmith. Elle l'a pas vu depuis, quoi, trois ans, cette pauvre tâche ? Cette petite orpheline vulgaire, hétérosexuelle, qu'elle a vu plusieurs fois rouler des patins à son imbécile de mec dans les escaliers de l'école ? Moche comme un pou, au style plus que douteux, avec l'air d'un pitbull continuellement vexé ? Qu'est-ce qu'elle fout ici cette branleuse ? Les insultes affluent dans sa tête pour essayer de cacher quel point il n'y a absolument plus rien qui fonctionne dans son cerveau. Mais visiblement, chez l'autre, ça fonctionne très bien puisqu'un « Bagshot ? » timide lui échappe des lèvres.
C'est comme une gifle dans la gueule. Elle s'éloigne du comptoir, prête à déguerpir dans un « Non, mauvaise personne ! » précipité. Elle va pour s'enfouir vers la sortie, elle peut encore s'enfuir, Sasha n'a aucune preuve, elle ne peut rien dire à personne. Il n'y aura qu'à nier en bloc, tout nier en bloc. Mais elle sent une main sur son bras, une poigne qu'elle déloge aussi avec brusquerie, se tournant vers elle en lâchant un : « Ne me touche pas Blacksmith ! » Et c'est là, tout est là dans la façon haineuse et méprisante qu'elle a de lui jeter son nom de famille à la gueule. Elles sont de retour à Poudlard, Morrigan vient de faire malencontreusement glisser un seau d'eau sur le couple qui lui sort par les yeux et elles s'insultent du regard. Comme au bon vieux temps, sauf que la voix de Morrigan tremble comme jamais. Elle n'a pas l'air du serpent convoitant sa cible. Non, elle a le regard de la proie qui sera prête à toutes les violences et à tous les risques pour sauver sa peau. Elle est terrifiée, et cela se sent, elle sait que cela se sent. Blacksmith a toujours eu le flair pour comprendre ses émotions, même lorsqu'elle le voulait le moins. Et c'était cela qui la rendait aussi haïssable. |
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WIZARD • always the first casuality Adidja Zabini | viktor heidelberg You, with your switching sides And your wildfire lies and your humiliation, You have pointed out my flaws again As if I don't already see them, I walk with my head down Trying to block you out 'cause I'll never impress you, I just wanna feel okay again, All you are is mean And a liar, and pathetic, and alone in life And mean, and mean, and mean, and mean. C'est Morrigan Bagshot. What. The. Actual. Fuck. Sasha comprend bien pourquoi elle veut épargner sa sale tête de pétasse famélique au monde. En fait, elle est plutôt heureuse parce que ça fait des années qu'elle dit à qui veut l'entendre que personne ne mérite de croiser le regard de Morrigan fucking bitch Bagshot et qu'elle ferait mieux de porter un sortilège permanent d'illusion pour épargner les pauvres innocents qui peuplent encore la planète. Aucune insulte n'est trop hostile à l'encontre de Bagshot, qui a fait de sa vie un enfer pendant des années. Avant qu'elle aille à Poudlard, comme tous ceux qui allaient à Poudlard à l'orphelinat Blacksmith, la vieille Gouttesec l'a prise à part pour vérifier qu'elle était bien prête à subir les injures, les mauvais sorts et les regards méprisants des autres. En tant qu'orpheline, en tant que femme, en tant que sang-de-bourbe. Bagshot et sa chienne de Bones ne se sont jamais privées de rappeler à Sasha tout ça. Les robes d'occasion, le manque de famille, le sang teinté de boue, les manières pas du tout adaptées au monde sorcier et le reste. Sasha les a détestées ardemment pour ça pendant toute sa scolarité. Parce qu'elle voulait juste faire ses preuves et qu'à chaque fois, les regards pernicieux de grosses vaches de Bones et Bagshot la ramenaient plus bas que terre. Sasha les a toujours détestées, toutes les deux.
Quatre ans plus tard, elle les déteste encore, avec la même flamme. Évidemment, elle ne les a pas croisées depuis (plutôt crever que les croiser par hasard dans la rue), elles sont en train de faire fuck knows what fuck knows where, certainement un truc posh débile de sorcières de sang-pur — oops, de sang impie, Sasha a appris que c'était une insulte qui marchait à tous les coups avec ces connasses de sorcières wannabe. Bref, rien à foutre d'elles, elle les déteste, elle ne pense plus à eux parce que de toutes façons, elles n'ont rien en commun, comme elles le lui ont rappelé pendant des années. Sauf que voilà, y'a Morrigan Bagshot dans un bar moldu, à côté d'elle, et ce n'est pas tout à fait Morrigan Bagshot parce que... eh bien... on dirait un homme. What. The. Actual. Fuck. Elle aurait pu se tromper de personne, évidemment. Ça aurait pu être un Döppelganger ou son frère jumeau ou fuck knows; sauf que quand elle prononcer son nom de famille, la personne en face d'elle est agitée d'un long frisson anxieux et lâche un « Non, mauvaise personne ! » si peu convaincant que Sasha se sent arquer un sourcil, “ fuck off ” commente-t-elle à mi-voix avec un sourire. Oh mon dieu. Elle va tellement, tellement raconter ça à Hestia, elle va adorer se fiche de Bagshot avec elle. Que fait-elle ici, à s'encanailler avec des atours d'homme? Un défi? Ou alors juste une quête d'adrénaline? Est-ce que Bones l'observe depuis l'autre bout du bar? What kind of white people kinky bullshit is that? Bagshot essaie de partir mais Sasha est plus vive qu'elle, elle se sent d'humeur un peu cruelle, pour lui faire payer la monnaie de sa pièce: elle lui attrape le bras mais Bagshot la repousse franchement avec une moue tellement dégoûtée que Sasha a envie de lui briser les dents une à une pour qu'elle ne puisse plus jamais ouvrir la bouche sans avoir honte. « Ne me touche pas Blacksmith ! » Ah-ah! semble crier le visage de Sasha, avant qu'il ne s'affaisse légèrement. Sa main est retombée le long de son corps, elle observe Morrigan.
Elle ne ressemble pas du tout à Morrigan Bagshot. Enfin, si, évidemment, mais le visage... est entièrement différent. Elle a l'ombre d'une barbe sur la lippe, à peine; la mâchoire un peu plus carrée, et le chapeau donne l'impression qu'elle a les cheveux plus courts. Elle n'est plus l'adolescent famélique qu'elle était à dix-sept ans: elle est devenue une jeune femme famélique à l'air un peu angoissé, comme si elle s'attendait à ce que sa mère apparaisse à côté d'elle pour lui hurler dessus d'aller enfiler une robe. Sasha la regarde d'un air appuyé de la tête au pied, ses jambes trop maigres et ses épaules pathétiques, et arque un sourcil. “ Bah alors, Bagshot, faudrait se mettre au régime: on verrait presque que t'as des seins, dis donc. ” Mais sa voix, sensée être sifflante, cruelle et mortifiante, tombe un peu à plat. Elle sent l'angoisse de Morrigan qui lui pique la peau, sa peur qui lui hérisse l'échine, et cette nervosité étrange. Elle est bien loin de la pétasse qui se pensait reine des abeilles à Poudlard. Mais Sasha considère qu'elle ne pouvait que s'améliorer à partir de là donc ça lui convient un peu, de voir Morrigan comme une pauvre proie en danger que comme une grosse salope manipulatrice et dangereuse. D'un air tout à fait détendu, elle s'empare de la bouteille de Coca qu'elle a laissé sur le comptoir, à côté du cocktail qu'elle a commandé (regarde l'alcool lui tord le ventre, et elle se souvient pourquoi elle a commandé un soda ensuite; enceinte, enceinte, enceinte), et glisse la paille entre ses lèvres sans lâcher Bagshot du regard. “ J'aime bien ta veste, ” concède-t-elle, avant de détourner les yeux puis le visage puis le corps, lui tournant ostensiblement le dos pour ne plus avoir à supporter son sale petit regard. Elle a grandi, cinq ans ont passé, elle la déteste toujours autant mais sans doute pas autant qu'elle le pense. Sasha n'est pas stupide. Elle sait qu'elle n'aimera jamais Morrigan Bagshot, à cause des brimades, de la haine et des préjugés, à cause de sa fausse perfection, à cause de Bones et à cause de sa sale tête. Elle ne l'aimera jamais alors elle préfère l'ignorer. De toutes façons, elles vivent deux vies différentes dans deux mondes très différents, qui ne sont pas prêts à entrer en collision. Autant complètement tourner la page, finir le chapitre, fermer le bouquin et ne plus jamais lui adresser un regard qu'entretenir une haine qui ne mènera nulle part. Putain, elle raconte vraiment des conneries. Pour être tout à fait honnête, Sasha a juste envie de hurler pour que tous les regards se tournent sur elle, puis sur Bagshot, juste pour l'embarrasser, la confronter à la honte qu'elle lui a fait subir pendant sept ans. Elle a envie de montrer à tous ses moldus ses bottes démodées, sa veste stylée mais trop grande, son air de biche égarée, ses maigres épaules et ses petits genoux, elle a envie qu'ils se moquent d'elle, qui rient en voyant cette femme qui veut faire croire qu'elle est un homme.
Mais ce serait cruel et Sasha laisse la cruauté aux sales connasses. I can't fucking believe I'm taking the high road with Morrigan fucking ugly bitch Bagshot, pense-t-elle juste amèrement, sirotant son Coca d'un air sombre alors que le barman en pose un nouveau devant elle. Ne voyant plus le client qui vient de commander, son regard tombe sur Sasha, l'air exaspéré: “ vous allez payer pour votre pote ou quoi? — QuOI? ” s'écrie-t-elle, exaspérée, n'arrivant pas à croire qu'en plus de la faire chier jusque dans le futur, Morrigan Bagshot va aussi lui faire payer son Coca à deux livres cinquante. |
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| Visha - 17.10.1987 - Londres Moldu I take a walk in the town it’s like a deadened street The sidewalk sing your name underneath my feet Echoes of, forgotten of, Baby where’d you go, did you sail away with some distant notion? Darling what we had it cannot be taken, it cannot be stolen And it won’t be forgotten Sasha va la ridiculiser. Elle le sent de la façon qu'elle a de la fixer, de la juger du regard de haut en bas, on s'attendrait presque à la voir se mettre à rire de façon machiavélique. Elle la tient, elle tient son bourreau entre ses doigts et il suffirait de presque rien pour la ridiculiser. Pour toutes les fois où Morrigan l'a fait, et avec joie. Alors c'est sûr, c'est certain, cette sale moldue va se venger. Elle va rire, la pointer du doigt, envoyer tout le bar contre elle, envoyer des hiboux à toute leur promo et surtout elle va se jeter sur l'occasion et va prévenir Adèle. Elle va tout lui dire, et Adèle ne voudra plus jamais la voir, plus jamais la regarder. Elle se fera déshériter par sa mère, et même Basil, du haut de ses six ans, va pouvoir rire à pleine gorge du ridicule de sa « grande soeur ». Morrigan est là, terrifiée, et elle attend de quelle manière elle va se faire exécuter. « Bah alors, Bagshot, faudrait se mettre au régime: on verrait presque que t'as des seins, dis donc » Voilà, ça commence, ahahah, qu'est-ce qu'on se marre. C'était typiquement le genre de choses qu'elles se balançaient à Poudlard. Même si Blacksmith ne savait pas que chaque remarque sur son poids empêchait Morrigan de manger pendant plusieurs longues heures. Oui, même Blacksmith, cette sale petite brute, a le pouvoir de lui faire du mal. Et en cet instant, elle lui en fait beaucoup. Lorsqu'elle est en homme, c'est peut-être le seul moment où Morrigan ne pense pas à son poids. Elle se disait, d'ailleurs, qu'elle irait bien dans un restaurant moldu le lendemain, pour essayer. Elle a déjà pris un hot-dog dans un petit kiosque l'avant-veille, et elle l'avait mangé avec une facilité qui l'avait déconcerté. Elle réalise, au fur et à mesure, à quel point se travestir lui fait du bien, et c'est chaque jour plus douloureux de voir les effets de la potions s'estomper et de pouvoir, en effet, revoir pousser ces maudits seins qu'elle aurait préféré ne jamais avoir. Morrigan attend donc sagement la suite, habituée à réprimée le haut-le-cœur qu'est sa vie depuis ses douze ans. Vas-y, commence à ameuter la foule, Mlle l'obèse, agite donc tes gros nibards pour dire à tout le monde que Morrigan n'est qu'un sale travesti. Ou une sale travestie. Elle n'arrive plus trop à déterminer à quels moments elle se travesti ou non, Morrigan. Elles se haïssent du regard et la future médicomage entend parfaitement bien toutes les insultes que son ancienne camarade pense tout bas. Elle espère que la réciproque est vraie. Parce que les insultes filent et fusent dans son cerveau comme autant de moyens de ne pas céder complètement à la panique. Elle la regarde prendre son verre. Elle va faire quoi, faire un toast en l'honneur de son ridicule ? Sérieusement ? Elle se tient prête, les yeux comme des éclairs, jugeant Sasha de toute la hauteur de sa maigreur de mannequin. « J'aime bien ta veste. »
Hein quoi ?
« J'aime bien ta veste. » Pardon ? Blacksmith a des goûts vestimentaires maintenant ? L'insulte va plus vite que le reste son cerveau, qui commence doucement à réaliser ce qu'il se passe, alors que Sasha se détourne complètement d'elle pour retourner à son soda. Et elle reste là, comme une conne, les bras ballants, le cerveau en ébullition de ne rien y comprendre. Elle fait quoi là, Blacksmith ? Elle joue à quoi, elle fait mumuse avec ses nerfs ? Elle fait l'innocente avant de tout balancer à tout le monde ? Ou alors quoi, Morrigan ne vaut même pas la peine qu'on se moque d'elle ? Ah ah ah, elle se travesti, la pauvre, y a même pas besoin de passer par dessus ? Mais pour qui elle se prend l'orpheline, là ? Mais Morrigan reste quand même comme une conne, bras ballants, sans savoir quoi faire. Elle est rarement sans Adèle, la petite blonde, très rarement, et surtout elle est jamais vraiment seule. Elle a toujours quelqu'un qu'elle peut imiter, ou suivre, ce qui lui permet de toujours savoir se positionner par rapport aux choses. Mais ici, sans sa jupe, sans Adèle, chez les moldus, elle n'a aucun appui sur lequel fonder son personnage qu'elle a conçu selon toutes les règles féminines qu'elle a bien voulu intégrer. Elle n'a plus à jouer à la petite fille parfaite, aujourd'hui, et du coup, elle ne sait pas trop comment on fait. Voire pas du tout. Et elle n'avait pas prévu de se retrouver aussi débile lorsqu'elle avait commencé à acheter des potions masculinisantes à l'Allée des Embrumes.
C'est le barman qui la réveille de son coma dans un « Vous allez payer pour votre pote ou quoi ? » qui lui donne envie de rétorquer un truc du genre Qui est l'amie de ce singe?. Mais cela lui rappelle aussi qu'elle n'a pas payé pour sa consommation, et elle a été bien assez élevée pour que cela la gêne horriblement de partir comme ça. Alors, sans regarder Sasha, elle revient le comptoir : « Non, non, c'est bon, combien je vous dois ? -Deux livres cinquante. » Elle réprime un froncement de sourcil face à la petitesse de la somme, puis commence à ouvrir son porte-feuille spécial moldu. Elle a surtout des billets mais elle doit bien avoir des pièces. Tout en sentant le regard de Sasha sur elle, ce qui lui donne de sérieuses sueurs froides, elle passe bien deux minutes à regarder toutes les pièces à la recherche d'une pièce de deux. Elle manque d'ailleurs de lui filer cinquante-deux centimes par mégarde, avant de se rappeler des cours de moldu qu'avait pris une de ses amies. Finalement, elle pose les deux cinquante sur le comptoir, sous le regard atterré d'un barman qui devait définitivement la prendre pour une folle. Ou un fou, selon son point de vue.
Impossible de boire, alors Morrigan regarde juste son verre un petit moment avant de brusquement se tourner vers Sasha : « Je t'interdis de dire à qui que ce soit ce que tu viens de voir. De toute manière, personne ne te croirait, et je peux te promettre que tu regretterais tout ce que tu pourrais essayer de faire. » Elle lève le menton et la fusille de regard, avec ce petit air de princesse capricieuse. Mais sa poigne est tremblante et nerveuse sur le verre, et sa mâchoire masculine claque presque de stress à chaque mot prononcé. Morrigan a appris à être méchante, la plus méchante possible, dès qu'elle se trouve en situation de danger. Elle a donc été très méchante ces dernières années. Surtout avec Sasha. Elle ne comprend pas Sasha, et cela lui donne envie de vomir que toute sa vie soit peut-être en train de se jouer sur le bon plaisir de cette pauvre conne. |
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WIZARD • always the first casuality Adidja Zabini | « Non, non, c'est bon, combien je vous dois ? — Deux livres cinquante. » Sasha la regarde genre j'espère bien, connasse. Il y a un certain mépris, aussi, dans son regard, genre tu touches aux sodas, toi, maintenant? et puis finalement, elle arrête avec les conversations de regards et elle lui tourne ostensiblement le dos, cherchant dans la foule la personne qu'elle est sensée rencontrer ce soir. Son attention est attirée par le bruit de ferraille contre ferraille... monnaie sur comptoir. Elle est en train de... chercher les bonnes pièces, apparemment, pour payer sa consommation. Sasha pourrait presque la prendre en pitié et l'aider, sélectionnant la pièce de deux livres et celle de cinquante pennies pour que ça aille plus vite: le bruit qu'elle fait en faisant glisser les pièces qu'elle a déjà parcouru du regard l'agace. Sauf qu'elle n'a aucune pitié pour Bagshot. C'est une connasse. Une connasse, Sasha. Ne l'oublie pas. Même si les cheveux courts lui vont plutôt bien, il ne faut pas perdre de vue que c'est la plus grosse pute anorexique que t'aies jamais rencontré dans ta vie. Et Dieu sait combien t'en fréquentes des putes, à cause du boulot de Turkish.
En parlant de lui... il faut qu'elle aille à ce rendez-vous, qu'elle trouve celui qui va lui vendre une quantité plutôt impressionnante de drogues plus tard dans la semaine. Turkish l'a envoyée pour négocier le prix. C'est un homme avisé: il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre que Sasha et les potentiels clients, ça marchait toujours... par la crainte ou l'admiration. Non, elle ne va pas laisser cette connasse de Bagshot lui ruiner la soirée comme ça, autant l'oublier, tourner la page, putain, pourquoi elle la regarde, Sasha sent son regard sur sa nuque? Il faut qu'elle l'arrête? ELLE EST EN TRAIN DE RUINER SA SOIRÉE PROFESSIONNELLE. « Je t'interdis de dire à qui que ce soit ce que tu viens de voir. De toute manière, personne ne te croirait, et je peux te promettre que tu regretterais tout ce que tu pourrais essayer de faire. — Woah, arrête, je suis en train de me pisser dessus. ” Elle lève les yeux au ciel. Il y a quelques années, ça aurait peut-être pu lui faire peur, même si elle ne l'aurait jamais avoué. Il y a quelques années, elle aurait peut-être hésité avant de parler.
Sauf que merde, elle n'a pas le temps pour ça et elles sont adultes, maintenant. Elle va pas se gêner pour lui dire le fond de sa pensée. C'est bizarre, elles se sont envoyées des horreurs au visage pendant des années, communiquant par regards foudroyants et vomissement d'injures colorées. Mais là, c'est différent. Pas d'injures, quelque chose d'un peu plus subtil, moins de haine, plus de mépris. Beaucoup de mépris et d'agacement, même. Morrigan Bagshot fait ressortir le pire côté de sa personnalité. “ Écoute, je sais pas comment ça se passe, sur la planète Bagshot, mais faut que je t'explique: j'en ai rien à carrer de toi, de ta vie, du fait que tu te travestis la nuit et investis des bars moldus pour le frisson d'adrénaline ou j'sais pas quoi. J'en ai rien. À. Foutre. J'ai autre chose à faire, d'autres gens à voir et, Dieu merci, des gens qu'en ont rien à foutre de tes petites lubies de pétasse. Maintenant, je me dois de t'avertir que ce que tu tiens dans la main est une boisson sucrée qui contient plusieurs millions de calories donc si j'étais toi, je reposerais gentiment mon verre sur l'comptoir sinon tu vas passer la nuit à vomir pour purger tout ça. ” Elle lui adresse un sourire étrangement chaleureux et sympathique, franchement éclatant, même si sa voix est restée dure et cruelle tout du long: mais Bagshot l'aime bien comme ça, non? “ Et puis, franchement, qu'est-ce que ça peut me faire que tu joues le drag king? Fais ce que tu veux, je m'en branle. Au moins, te regarder est supportable plus de cinq secondes, c'est un record personnel pour toi, non? ” |
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| Visha - 17.10.1987 - Londres Moldu I take a walk in the town it’s like a deadened street The sidewalk sing your name underneath my feet Echoes of, forgotten of, Baby where’d you go, did you sail away with some distant notion? Darling what we had it cannot be taken, it cannot be stolen And it won’t be forgotten En temps normal, Sasha aurait eu plus peur que cela. Pas que la gryffondor soit vraiment craintive, mais Morrigan se souvient de son expression enragée de proie blessée. Sauf qu'actuellement, elle a l'impression que les rôles sont inversés, et elle n'aime pas ça, elle n'aime tellement pas ça qu'elle le nie complètement. Elle vient de faire la grande, de menacer la Blacksmith, mais elle sent qu'il manque quelque chose. Il manque Adèle. Morrigan n'a jamais été seule pour effrayer Sasha, elle a toujours eu Adèle, ou une autre fille de leur clique, et de là venait leur force. Elles étaient là, avec leur jupe et leurs cheveux longs à sourire de leurs lèvres bien maquillées face aux trolls du fond de la classe. C'était pour cela que cela marchait. Mais maintenant Morrigan est seule et elle se sent comme la fois où elle croyait que les toilettes étaient vides et que Sasha l'a vue se faire vomir. Elle n'oubliera jamais le regard qu'elle lui a lancé ce jour-là. Voilà. Elle a l'impression que Sasha est en train de la regarder se faire vomir et, bizarrement, cela ne lui fait pas peur. « Écoute, je sais pas comment ça se passe, sur la planète Bagshot, mais faut que je t'explique: j'en ai rien à carrer de toi, de ta vie, du fait que tu te travestis la nuit et investis des bars moldus pour le frisson d'adrénaline ou j'sais pas quoi. » Morrigan reste un peu sonnée, comme ça, immobile, face à sa petite bizut personnelle qui se met à la mépriser. Elle voudrait l'insulter de tous les noms mais dans sa tête il y a surtout une drôle de pensée qui traine. « Je ne me travestis pas. » Pas vraiment. Pas comment elle dit, pas comme elle le pense. Non, cette sensation n'est pas se travestir. Mais elle n'arrive pas à aller au fond de cette pensée, pour l'instant, et cela l'empêche de passer ses lèvres. Et puis, Sasha s'en fout. « J'en ai rien. À. Foutre. » Oui on a compris. « J'ai autre chose à faire, d'autres gens à voir et, Dieu merci, des gens qu'en ont rien à foutre de tes petites lubies de pétasse. » Morrigan ne sait plus trop si elle est blanche de rage, rouge de honte ou verte de dégoût d'elle-même. Elle a enfin, sous ses yeux, le mépris qu'elle mérite. Elle, la sale travestie, ce garçon avec des jupes, cette espèce d'hybride qui est regardée de haut même par ses souffre-douleurs une fois son maquillage retiré. Et elle se sent à nu, tout à coup, avec son pantalon, sa barbe, les traits qu'elle a magiquement creusé, les épaules qu'elle a agrandi. Elle s'est habituée à avoir, comme une seconde peau, cette sensation de ne pas être dans le bon corps. Elle s'est habituée à ses murailles, ses montagnes de protection pour ne pas avoir à affronter le monde. Et maintenant qu'elle les retire, parfois, de temps en temps, en secret.... maintenant quoi ? « Maintenant, je me dois de t'avertir que ce que tu tiens dans la main est une boisson sucrée qui contient plusieurs millions de calories donc si j'étais toi, je reposerais gentiment mon verre sur l'comptoir sinon tu vas passer la nuit à vomir pour purger tout ça. » La remarque coule sur elle, insidieuse, s'enfonce dans chacune des ouvertures, chacune des plaies béantes ouvertes par cette situation qui n'aurait jamais du avoir lieu. Sa poigne se crispe sur le verre concerné. Elle ne sait pas pourquoi elle reste. Ah oui. Elle veut l'assurance qu'elle ne dira rien, à personne, jamais. Parce qu'elle ne fait pas confiance à son pseudo-jem'enfoutisme. Elle peut très bien se lever, quitter le bar, et finalement décider de lui pourrir la vie, juste pour le plaisir. Morrigan, à sa place, l'aurait fait. Alors elle reste là, tout simplement, à recevoir des mots qu'elle n'aurait même pas écouté si elle avait été en talons hauts. « Et puis, franchement, qu'est-ce que ça peut me faire que tu joues le drag king? » Je ne joue pas le dragking. Je joue pas. Ce n'est pas un jeu. Ce n'est pas pour pire. C'est moi. Tais-toi, tais-toi. « Fais ce que tu veux, je m'en branle. » On aura compris, merci, tais-toi, tais-toi. « Au moins, te regarder est supportable plus de cinq secondes, c'est un record personnel pour toi, non ? » Pardon ?
Morrigan, qui jusque là est restée dans un état de choc, les yeux baissés, horrifiée, relève soudain le regard avec un traitre rose qui lui monte aux joues. Elle a les yeux écarquillés, la bouche qui ne se referme que quelques secondes trop tard, et on la voit qui fronce les sourcils, puis lui remonte, comme pour essayer de réaliser ce qui vient de lui tomber dessus. Parce que ce qui vient de lui tomber dessus, c'est un compliment, non ? Un compliment à la Blacksmith, bien sûr, mais un compliment, non ? C'est la première fois qu'on lui dit un compliment, enfin un compliment comme ça, alors qu'elle est un homme aujourd'hui, alors qu'elle panique et qu'elle a l'impression qu'on est en train de nier tout le nouvel être qu'elle pensait enfin découvrir. « Tu... Tu... » bafouille-t-elle, confuse, comme elle n'aurait jamais bafouillé en tant que femme qui connaît si bien son rôle. « Je... » Allez, courage Morrigan, accouche. Insulte-la, je ne sais pas, fais honneur à Adele, ridiculise cette gueuse comme elle vient de te ridiculiser. Montre tes crocs de petite pétasse. On t'aurais pas castré en te rajoutant des couilles quand même ? « Cela ne te dégoûte pas ? » Wow. Quelle rhétorique Morrigan. C'est exactement comme ça que l'on répond à quelqu'un qui vient de t'insulter de tous les noms. Bravo. |
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WIZARD • always the first casuality Adidja Zabini | Est-ce qu'elle est en train de... de rougir? Oui, oui, définitivement, elle est en train de rougir. Super. C'est la cerise sur le gâteau. Sasha a envie de lui envoyer une tarte parce qu'elle n'a pas le droit de rougir, tout d'abord, et ensuite parce que ce n'était pas un compliment, c'était juste une... une constatation! Une constatation, rien de plus, rien de moins! Qu'elle n'aille pas s'imaginer des choses, cette pétasse goudou travestie stupide! Pour lui laisser le temps de se remettre, parce que cette idiote a apparemment besoin de se remettre, Sasha se détourne en prenant une longue, très longue gorgée de son soda, jusqu'à ce que ça lui glace la gorge et le cerveau et le reste, parce qu'elle sent elle-même comme une chaleur lui remonter jusque dans les joues... c'est stupide, bien évidemment. Morrigan est juste prise de court, pas embarrassée ou quoique ce soit. Pourquoi le serait-elle? Elle s'en fout, de son opinion, elle se fout de l'opinion de tout le monde. C'est bien quelque chose que Sasha a toujours un peu admiré chez elle d'ailleurs... Morrigan Bagshot s'en fout du monde et pour une fois, Sasha aimerait que ce soit pas trop le cas. Quand elle aura fini de bégayer, bien sûr. Elle va prendre congé, tiens, cette conversation n'a que trop duré, quand l'autre la prend de court — quelque chose qui deviendra une manie avec les ans: « Cela ne te dégoûte pas ? Et la réponse fuse, irréfléchie: — Ça devrait? ” grogne Sasha en plantant son regard dans le sien, la défiant d'approuver. Le ton est autant désagréable qu'accusateur, ressemble presque à un aboiement hostile; pourtant, en contemplant enfin le visage inquiet et plein de doute de Bagshot, celui de Sasha se détend presque imperceptiblement.
Bizarrement, c'est à ce moment-là qu'elle pense aux deux, trois, cinq, sept tests de grossesse qu'elle a récupéré positifs ce matin-même. Bizarrement, c'est à ce moment-là qu'elle pense au fait qu'elle porte un bébé, enfin pas vraiment un bébé, comment on appelle ça, déjà? un embryon, oui, enfin, un début de bébé quoi. Une préface, un prologue, une introduction, un départ pour un bébé et pour un nouveau chapitre de sa vie. Peut-être qu'il reste encore de la tendresse à partager dans ce monde, c'est cette pensée-là qui la force à accrocher sur ses lèvres une moue qui pourrait presque paraître sympathique si on plissait les yeux très fort. “ Non, ça ne me dégoûte pas, reprend-t-elle. Si ça te fait te sentir bien et si ça te rends jolie au passage, ça ne fait d'mal à personne, non? ” Elle hausse les épaules, faussement nonchalante, genre je parles de la pluie et du beau temps, lalala, je ne suis pas du tout angoissée à l'idée de t'adresser la parole. “ Tu vas rester plantée là? J'attends quelqu'un, j'vais aller me poser à la table là-bas. Tu veux pas attendre avec moi? Je vais me faire chier, sinon, ” dit-elle d'un ton admirablement dégagé, comme si elle ne la détestait pas au plus profond de son coeur et comme si elle n'était pas complètement pétrifiée à l'idée de faire ce qu'elle vient de faire, fuck, inviter Morrigan Bagshot à passer du temps avec elle? Qu'est-ce qu'il lui arrive? Sans doute que c'est à cause de cette lueur vulnérable et fragile et inquiète et étrange dans ses yeux. Sans doute que c'est à cause du fait que Bagshot a l'air humaine, pour la première fois. Pas moldue, juste humaine. Et peut-être que pour cette lueur de doute, Sasha est capable de le devenir un peu aussi envers elle. |
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| [quote="Viktor Heidelberg"] Visha - 17.10.1987 - Londres Moldu I take a walk in the town it’s like a deadened street The sidewalk sing your name underneath my feet Echoes of, forgotten of, Baby where’d you go, did you sail away with some distant notion? Darling what we had it cannot be taken, it cannot be stolen And it won’t be forgotten « Ça devrait? » C'est tellement simple, tellement abrupt et tellement brutal que, en d'autres circonstances, Morrigan aurait sûrement ri. Mais non, actuellement, Morrigan a le cœur au bord des lèvres et elle a l'impression qu'il y a des larmes qui vont dévaler ses joues à chaque instant. « Non, ça ne me dégoûte pas » Est-ce que cette grosse brute peut seulement commencer à comprendre à quel point elle lui fait du bien ? Pourquoi cela doit-il être Blacksmith qui lui dise ce qu'elle a besoin d'entendre ? «[color=rosybrown Si ça te fait te sentir bien et si ça te rends jolie au passage, ça ne fait d'mal à personne, non?[/color] » Elle étouffe un rire, elle étouffe ses larmes dans un bruit étrange et hybride, tant tout a l'air simple par la bouche de Blacksmith. Et peut-être, peut-être seulement un peu, tant mieux que ce soit elle qui lui dise tout ça. Elle ne sait pas si elle aurait supporté la tendresse et la compassion d'une personne essayant de la rassurer. Parce que Blacksmith n'essaye pas de la rassurer, ce serait trop gentil et civilisé pour son éducation d'orpheline, elle lui dit juste ce qui est vrai, et ce qu'elle pense ; et c'est sûrement cela dont Morrigan a besoin. Bon, n'exagérons pas, elle ne l'apprécie pas pour autant, hein. Et elle réprime véritablement ses larmes, s'il faut tout avouer. Ailleurs, avec quelqu'un d'autre, elle aurait sûrement craqué depuis longtemps. Alors quand l'autre lui propose de l'accompagner boire son verre, elle est à la fois encore sous le choc et encore plus sous le choc, et elle la regarde un moment sans comprendre comment elle a pu lui proposer ça, avant d'acquiescer d'un signe de tête. Elle ne sait même pas pourquoi elle dit oui, elle ne comprend même pas comment elle peut l'apprécier, et elle voudrait qu'Adèle soit là, pour que tout soit plus simple, pour qu'elle la suive juste en riant, et qu'il n'y ai rien de grave, et pas de problème, et jamais d'ennui autre que de la satisfaire.
Elles s'installent à une table. Morrigan a l'impression d'être un alien mais personne ne la regarder, les moldus sont tellement bêtes qu'ils n'arrivent pas à sentir deux sorcières quand ils en voient. Un silence s'installe. Un long silence, gêné, de deux personnes qui ne s'entendent pas et qui ne savent même pas ce qu'elle font l'une en face de l'autre. Elles n'ont rien à se dire, elles n'ont rien en commun, même pas un lointain ami avec qui elles s'entendraient. Peut-être Marius, en fait, mais Morrigan se refuse à apprendre quoi que ce soit de lui par la bouche de Blacksmith. Ses pensées dérivent dans le silence et alors qu'elle avise de leur reflet dans la vitre, elle réalise soudain qu'elles ont l'air d'un couple et, comme si l'idée lui avait foutu un électrochoc, elle gouta enfin la boisson qu'elle avait prise. Sans même se souvenir des fameuses calories invoquées par la brune devant elle. Elle en attrape une grande gorgée et, juste après, surprise, rejette la tête en arrière pour aviser du verre et de son intérieur pétillant. Et ça pétille, et ça pétille encore contre sa langue et elle avale avec un étrange sourire surpris et amusé. « Je ne savais pas que les moldus faisaient des boissons pétillantes. » Cela lui rappelait les bonbons de son enfance, à l'époque où elle les gobait à la chaine sans même y réfléchir à deux fois. Elle goûte une nouvelle fois, curieuse, sourit encore, et finit par reposer le verre presque en riant, avant de tilter qu'il y a Blacksmith, en face, qui la regarde. Alors elle s'éclaircit la gorge, se redresse. « Hm. » Vite, un sujet de conversation, pour qu'elle ne se moque pas d'elle. « Du coup tu attends quelqu'un ? Ton copain peut-être... Tur...kish c'est ça ? » Elle fait semblant de chercher, elle s'en souvient très bien de son nom, elle le détestait, comme elle détestait tous les hommes mais lui encore plus, sans savoir pourquoi. Le voir avec la Blacksmith était juste tellement dégoûtant. Elle avise du regard de la Blacksmith et, croyant y lire du rejet, elle se referme un peu, bougonnant : « Enfin, tu as peut-être changé depuis hein, j'en sais rien moi. » Comme si, elle, a pu changer. Comme si, elle, a pu sortir de sa relation nocive, toxique et fascinante à la fois. |
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WIZARD • always the first casuality Adidja Zabini | Elle est complètement conne, elle devrait la planter là avec une remarque bien sentie et la rayer complètement de son existence mais, par tous les dieux, son regard. C'est stupide mais Sasha n'avait jamais remarqué les yeux de Morrigan, avant. Combien ils étaient clairs et verts. Beaux, juste beaux, sur un visage respirant non pas la laideur, mais la cruauté. Beaux, juste beaux, et maintenant ils sont humides et fragiles, maintenant s'y reflète une lueur qui tient plus de l'insécurité que de la confiance en soi odieuse qu'elle possédait avant. Et elle est complètement conne, Sasha, pour un regard comme ça, parce qu'elle lui propose d'attendre avec elle à sa table, de passer du temps avec elle, ce qui est sans le moindre doute la plus mauvaise idée qu'elle ait jamais eu ces trois dernières années. Ouais. À part peut-être tomber enceinte. Putain.
Elles prennent place à une table, dans un coin du bar. C'est très gênant. Enfin, Morrigan est très gênante. Elle reste silencieuse, immobile, mal à l'aise, alors que Sasha sirote son soda du bout de sa paille en regrettant le cocktail qu'elle a laissé sur le comptoir du bar. Mais il faut qu'elle pense... qu'elle pense à ce qui grandit en elle. C'est tellement stupide parce que... veut-elle seulement de cet enfant? Non. Si. Elle ne sait pas. La vie est à chérir, non? Elle s'est jamais vue avec une famille Sasha: l'idée la ferait presque rire. Elle, un mari? Elle, une fille? un fils? Et surtout, elle avec Turkish comme mari? Avec son enfant comme fils ou comme fille? L'idée est ridicule et même franchement horrible. Parce que Turkish... Turkish n'est pas quelqu'un de bien. Elle-même n'est pas quelqu'un de bien et aucun enfant ne mérite ça. Ne les mérite eux. Elle tourne la tête vers Morrigan quand celle-ci glousse un peu, en mode bizarre. Elle s'est enfin décidée à toucher à ses calories liquides. « Je ne savais pas que les moldus faisaient des boissons pétillantes. — Oh, Jesus, ” jure Sasha à mi-voix en levant les yeux au ciel, d'une manière tellement moldue que Morrigan doit trouver ça bizarre. Elle ne commente pas plus, pourtant, parce qu'elle veut bien comprendre la surprise de la sang-pure. Elle-même a grandi dans un monde sorcier et moldu à la fois, toujours un peu des deux. L'orphelinat était tenu par des sorciers, mais se situait en plein Londres... combien d'après-midis a-t-elle passé dans le Londres moldu? ou dans les échoppes sorcières dispersées en ville et non sur le Chemin de Traverse, à acheter des bonbons explosifs et des sucreries aux goûts impossibles?
Bref, elle fait de son mieux pour garder un visage neutre et détaché, parce que l'expression sur le visage de Morrigan est franchement hilarante mais elle ne va pas lui faire le plaisir de se foutre de sa gueule « Hm. » Sasha sourit en coin mais fait disparaître le sourire traître en glissant sa paille entre ses lèvres pour finir rapidement son verre. Elle a toujours été du genre à consommer trop vite, à bouffer trop vite, à boire trop vite. Réflexe de l'animal qui a peur de manquer de nourriture. « Du coup tu attends quelqu'un ? Ton copain peut-être... Tur...kish c'est ça ? » Elle arque un sourcil, surprise — mais pas de la mauvaise manière, que Morrigan se souvienne de son nom... ou l'ait jamais su. « Enfin, tu as peut-être changé depuis hein, j'en sais rien moi. » Bon... au moins elle fait des efforts pour lancer la conversation, on peut pas s'attendre à ce qu'elle soit cordiale en plus. “ Ouais, Turkish. On est toujours ensemble. ” Elle joue avec la paille et les glaçons au fond de son verre, pas mal à l'aise, juste un peu nerveuse. Comme à chaque fois qu'elle parle de lui, vraiment. “ Et nan, j'attends quelqu'un d'autre. Un, euh... collègue. Ouais, un collègue. Enfin, un collègue de Turkish. Mais de toutes façons on travaille ensemble. Bref. Si tu vois un gars qu'a rien à faire là avec un tatouage en forme de croix sur la joue, alors c'est lui. ”
Elle titille toujours ses glaçons avec sa paille et puis, trouvant le bruit agaçant, arrête brusquement en repoussant le verre. “ Pensées, sur les tatouages faciaux? ” Et putain c'est tellement artificiel qu'elle grimace, grogne et détourne le regard brusquement. “ Désolée, j'essaie juste de faire la conversation. Je sais qu't'aimes bien les tatouages, non? Tiens j'm'en suis fait un y'a un mois mais il faut que j'y retourne faire des retouches, j'crois, il fait un peu n'importe quoi... ” Elle se débarrasse enfin de sa veste en cuir, qu'elle met sur le dossier de sa chaise, et relève la manche de son pull pour lui montrer son poignet, où un lion se balade le long de ses veines avec l'attitude d'une bête en cage, l'air patibulaire. “ Il était sensé rugir, fait-elle piteusement, l'air franchement déçue (Elle essaie d'oublier la petite voix qui lui rappelle que le lion est sensible à ses humeurs et que ça fait des mois qu'elle a l'impression d'être en cage). Mais il fait que la tête. C'est de la merde. Voilà. ” Voilà. Ouais, voilà, c'était sa participation à la conversation, c'est au tour de Morrigan maintenant d'essayer de lui prouver qu'elle est définitivement humaine et pas un monstre de moqueries cruelles. |
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| Visha - 17.10.1987 - Londres Moldu I take a walk in the town it’s like a deadened street The sidewalk sing your name underneath my feet Echoes of, forgotten of, Baby where’d you go, did you sail away with some distant notion? Darling what we had it cannot be taken, it cannot be stolen And it won’t be forgotten Sans savoir pourquoi, sa réponse l'horripile. « Ouais, Turkish. On est toujours ensemble. » Même s'il est con, débile, qu'il fera jamais rien de sa vie et qu'il ne sait rien articuler correctement ? Non mais qui es-tu, Morrigan, pour parler ? N'empêche qu'elle se disait, parfois, qu'elle ferait un homme bien plus crédible que tous ces... toutes ces espèces de... Oh ta gueule Bagshot, juste ta gueule. « Et nan, j'attends quelqu'un d'autre. Un, euh... collègue. Ouais, un collègue. Enfin, un collègue de Turkish. Mais de toutes façons on travaille ensemble. Bref. Si tu vois un gars qu'a rien à faire là avec un tatouage en forme de croix sur la joue, alors c'est lui. » Ca a l'air complexe tout ça... Morrigan la fixe un instant sans rien dire, avant de balancer un : « Oh. » qui ne sait visiblement pas où se mettre. Elle n'ose pas lui demander dans quoi elle travaille, de peur de se sentir obligée de se moquer, ou quelque chose comme ça. La petite voix d'Adèle continue de lui susurrer de reprendre les armes, d'écraser cette mal-peignée, et de venir rire avec elle du tour qu'elle lui a joué... Mais elle reste là, verre en main, à observer Blacksmith dans sa gêne et ses doutes. Elle ne sait pas si elle s'inquiète pour elle, ou si elle a juste une curiosité maladive. Elle s'est toujours un peu trop mêlé des affaires de Sasha.
« Pensées, sur les tatouages faciaux ? » Morrigan sursaute presque, tirée de ses pensées, fronçant un peu les sourcils face à la question. Puis elle se souvient que, en effet, elle est couverte de tatouages des pieds à la tête. Son visage semble épargné, mais c'est surtout parce qu'elle se sent le plus souvent couverte de maquillage et cela compense les tatouages absents. Elle a cependant quelques lignes et signes qui remontent jusqu'à son oreille. Elle sait que Sasha sait depuis longtemps, pour les tatouages. Durant Poudlard elle les avait surtout cachés de ses parents et des profs, et elle avait trop poursuivi Sasha pour qu'elle ignore ce genre de chose. Elle réalise, cependant, qu'elle ne sait rien d'autre, si elle s'en souvient seulement. Elle sait pour ses vêtements d'hommes, ses sortilèges d'illusion, elle sait pour ses escapades les plus secrètes, mais doit ignorer que, bien de ces tatouages, elle les a fait elle-même. Elle ne sait pas quoi répondre, un peu embarrassée, et l'autre a l'air de prendre cela pour de la réticence. « Désolée, j'essaie juste de faire la conversation. Je sais qu't'aimes bien les tatouages, non? Tiens j'm'en suis fait un y'a un mois mais il faut que j'y retourne faire des retouches, j'crois, il fait un peu n'importe quoi... » C'est bizarre, de la voir faire des efforts, comme ça, pour qu'elles se parlent. Mais qu'est-ce qu'elles font ? Qu'est-ce qu'elles fichent ? Mais Morrigan ne cherche pas plus loin, elle ne cherche pas à réfléchir et se penche en avant lorsqu'elle remonte son poignet, curieuse malgré elle de ce qu'elle va y découvrir. Un lion. Cela lui arrache un petit rire, bien plus amusé que moqueur, presque attendri. Typical. « Il était sensé rugir. » Sa déception est si honnête que Morrigan ne sait pas si elle doit sourire de cette inhabituelle faiblesse chez son ancienne victime, ou si elle doit compatir. Elle choisit de sourire, sans trop savoir pourquoi. Elle se penche encore pour analyser le travail, ses doigts s'avancent un instant, comme pour toucher le lion, mais se ravise à quelques centimètres, remontant rapidement pour se gratter une mâchoire à la barbe naissante. Elle cache sa gêne d'une explication : « Il lui manque quelques détails et un peu de couleur, mais globalement il est joli. Le sortilège est peut-être un peu foiré, ça devrait pouvoir effectivement se rattraper facilement. » Elle s'agite en disant cela, ses yeux brillent et elle a vraiment l'air d'oublier ce qu'elles font là. Sa voix grave la met en confiance, sa main sur sa mâchoire carrée la rassure, et parler de tatouages la fait se plonger dans son élément. « Mais il fait que la tête. C'est de la merde. Voilà. » Morrigan a un petit rire et détache enfin son regard du bras pour revenir vers les yeux, orageux, de la Blacksmith. « C'est rien de grave, je pourrai te l'arranger si tu veux. » Elle ne réalise pas ce qu'elle dit, le côté promesse, le côté on-se-revoit, ou même le fait de proposer un véritable lien. Elle a plutôt peur qu'on la prenne pour une amateure, et avance plutôt son propre bras droit, complètement recouvert d'une reconstitution d'une forêt magique, respirant sous le souffle du vent, habitée par des loups, des chouettes et autre chauve-souris. Elle n'a pas pris la peine de l'immobiliser. Comme tout tatoueur et photographe qui se respecte, elle a fait en sorte que les moldus ne puissent pas voir la vie des représentations qui recouvrent son corps. « J'ai fait celui-là, pour te donner une idée. Je ne vais pas te charcuter le bras, promis. » Et elle sourit encore, et le petit rire grave auquel elle s'habitue un peu trop retentit encore.
Elle les regarde, ces deux bras. Et elle vibre, elle frémit en voyant la taille du sien, elle rougirait presque de honte d'avoir été jusqu'à se donner des doigts masculins pour être réaliste. Plus le temps passe plus elle passe de temps devant le miroir à peaufiner tous les détails de ses illusions, jusqu'à ce que parfois elle ne se reconnaisse juste plus. L'émotion, soudain, lui bloque la gorge, lui étouffe la respiration. Elle se sent à l'aise, bien trop à l'aise, même avec Blacksmith, juste parce qu'elle est elle-même ou plutôt lui-même. Elle n'a plus besoin d'être méchante ou mesquine, elle n'a plus besoin de descendre qui que ce soit pour exister. Elle peut même communiquer avec quelqu'un sans l'ombre d'Adèle dans son dos. La main qu'elle a tendu se baisse de nouveau, attrape son visage essaye, vainement, de dissimuler ses traits contractés. Pourquoi Sasha ? Pourquoi elle ? Pourquoi c'est avec elle qu'elle doit apprendre à parler, à vivre comme ça ? Pourquoi c'est elle qui s'en moque, qui la regarde comme si c'était normal, comme si c'était rien d'important ? Pourquoi c'est elle qui lui donne confiance, comme ça ? Pourquoi doit-elle lui être reconnaissante ? Pourquoi doit-elle être à l'aise ? Elle veut juste la détester, la rejeter, sortir la protection de son maquillage, de ses talons, de ses jupes qui volent et des regards qui la gênent. Laissez-la se noyer dans le mensonge. Elle ne veut pas voir la vérité, elle ne veut pas découvrir enfin ce qu'elle veut depuis des années. Pas ici, pas avec elle. Ce n'est pas juste.
« Désolé. » murmure-t-il, un peu tremblant. « Je voulais pas... te gêner avec ça... c'est juste que... » La main se déplace, dévoile enfin un regard bleu qui se fige sur elle, à la fois libéré et paniqué. « Je crois que, je crois que je suis vraiment pas une femme. » Il a un rire, sidéré, effaré de ce qu'il se met à dire. « Et je crois que je suis dans la grosse merde. » Et je sais pas pourquoi, je sais que bizarrement, tu vas comprendre. |
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WIZARD • always the first casuality Adidja Zabini | « C'est rien de grave, je pourrai te l'arranger si tu veux. » Un sourire moqueur s'étire sur les lèvres de Sasha, c'est plus fort qu'elle. Elle veut bien faire des efforts pour faire la conversation, mais de là à laisser Morrigan lui tendre des pièges et se foutre de sa gueule... mais avant qu'elle ait eu le temps de dire quoique ce soit, l'autre lui tend son bras et lui montre un tatouage, que Sasha observe avec admiration. Elle aime bien le style du dessin, et l'animation est vraiment gentil: elle serait presque tentée d'effleurer la peau pour voir les arbres s'agiter, mais elle se retient en se rendant compte que c'est le bras de Morrigan. Enfin son bras... pas vraiment. Il est un peu musclé, et il y a un duvet de poils, et veineux comme seuls savent l'être les bras masculins. Sasha se demande combien de sortilèges d'Illusion Morrigan utilise pour ce résultat. C'est très bien réussi, et elle trouve ça joli. « J'ai fait celui-là, pour te donner une idée. Je ne vais pas te charcuter le bras, promis. » Sasha arque un sourcil, cette fois prête à lui dire: t'es sérieuse, en fait? mais l'expression sur le visage de Morrigan l'arrête. Elle est intriguée, d'abord, Sasha, se penche presque en avant pour bien étudier son visage; puis se retient, la laisse faire son drama interne, reporte plutôt son attention sur le tatouage sur le bras. Elle plie le coude, la main se pose sur le visage et enfin, Sasha se permet de l'observer, maintenant que les yeux bleus sont cachés; elle la regarde pas dans les yeux, mais détaille tout son visage.
Elle est beau, dans le genre nerd hot. Sasha remarque enfin plutôt que l'expression bitchy et mesquine qu'elle portait constamment à Poudlard, elle a l'air de douter; de souffrir, même. Elle est trop grande pour sa peau, ou trop différente pour ce corps peut-être. Sasha ressent un peu de pitié pour elle, pour lui. Elle comprend la douleur, qu'elle lit sur son visage et ses yeux ensuite, sans même que Bagshot ait besoin de la formuler. « Désolé. » Il tremble de tous ses membres et Sasha ne dit rien, dodeline de la tête comme pour l'excuser sans trop y penser. « Je voulais pas... te gêner avec ça... c'est juste que... » Il montre à nouveau ses yeux, et Sasha lui rend son regard intense; et si celui de Bagshot est rempli de doute, dans celui de l'orpheline brûlent des feux ardents et déterminés. Des putains de volcans. « Je crois que, je crois que je suis vraiment pas une femme. » Il rit et Sasha sourit. Pas un sourire moqueur, le genre de sourire un peu compatissant, un peu amusé aussi. « Et je crois que je suis dans la grosse merde. — À cause de ta famille. ” La question tombe à plat. Pas besoin de confirmation. Finalement, Sasha en a marre qu'il tremble, et elle pose sa main sur son avant-bras pour le forcer à le déplier: elle l'étend sur la table pour suivre, du bout du doigt qui touche à peine sa peau, le tatouage. Il y a des chauve-souris, des loups. Sasha se demandent si ils peuplent aussi les cauchemars de Bagshot. Elle est soudainement rappelée qu'à part une escapade nocturne illégale dans la Forêt Interdite, elle n'a jamais campé dehors, dans une forêt. Elle pense qu'elle n'aimerait pas trop l'expérience. Une forêt, c'est le genre d'endroit où on se Perd.
Elle retire sa main qui enserre toujours son bras, un peu en dessous su coude, et les doigts qui effleuraient jusque là sans vraiment la toucher la peau de Bagshot, se rétractent. “ J'aime bien ton style. Ouais, j'aimerais bien que tu t'occupes de mon lion. Tu m'fais un prix d'amie, hein? ” Elle plante de nouveau son regard dans celui de Bagshot. “ Moi aussi je suis dans la merde, dit-elle, parce qu'en échange de sa confidence, elle peut bien lui donner la sienne. Je suis enceinte. De Turkish. J'imagine que tu vois tout de suite le problème. ” Elle grimace, détourne les yeux de ceux de Bagshot; elle a peur d'y voir luire du jugement, ou pire, du mépris. “ Je crois que je vais le quitter. Il va pas aimer et je sais pas où aller mais il le faut. Je peux pas... je peux pas élever un gamin avec lui, tu vois? Bref, on s'en fout. J'suis dans la merde. Toi aussi, t'es dans une sacrée merde, Bagshot. Mais tu sais quoi? ” Elle lui adresse un petit sourire en coin, genre j'me fous de ta gueule, alors qu'elle n'a jamais été plus sérieuse de toute sa vie. Elle prend son verre de Coca quasi fini, le lève comme pour un toast. “ On va s'en sortir, et je bois à ça. ” Elle finit d'une traite le soda, le repose sur la table. “ Aussi... je connais quelqu'un, euh, comme toi. Côté moldu, en revanche. Mais, euh... 'fin s'tu veux je peux te présenter. No big deal, hein. Mais. Voilà. Tu vas t'en sortir, Bagshot. J'vais m'en sortir. Désespère pas- et oh, tu veux pas arrêter de trembler? ” Elle lui balance un coup dans le dos genre one of the lads, lui pince l'épaule puis se détourne. Genre j'm'en fous. Mais elle s'en fout pas.
Elle en a pas fini de pas s'en foutre. |
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| | | | | (17 NOV. 1987) VISHA • She swallowed burning coals | |
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