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sujet; asiana + where the wild things are |
OUTCAST • all hail the underdogs Indiana Alderton | Asiana + wild thingsI'm alone, and you're looking for your anyone. Some will die too late, and somebody too soon. Hi, I am just a shape in the shadow of greats. Hi, I am just a voice in the choir of saints. Oh, all the souls that nobody could save and just like a light, we faded away.
30 SEPT. Les centaines d'âmes adultes qui forgent la communauté sorcière engendrent un volume d'ordures conséquent, parmi lequel un flot continu d'enfants que la guerre fait orphelins. Esseulés, oubliés. Le gang enrôle les plus talentueux d'entre eux- Les mots de Mood lui taraudent encore les pensées des heures après qu'il les ait formulés. C'était une sorte de discours sordide pour une cérémonie de départ à base de passage à tabac, allocution brutalement achevée sur un -mais se défait des inutilités agglutinées à ses troupes. Débarrassez-moi de ça. Ce n'est pas le genre d'évènement équivalant à la décision d'un membre de quitter le gang — c'est plutôt le gang qui le quitte. La différence semble subtile à l'oreille, mais est flagrante et cruelle en réalité : ceux qui ont le cran de partir sont suffisamment doués pour encaisser les coups et survivre à coups dont ils écopent. Les autres sont ces créatures trop fragiles, trop peu rentables pour être préservées, conservées. Alors on les achève. La "cérémonie de départ", c'est une mise à mort, ni plus ni moins. Déchaînement de brutalité aux accents presque révérencieux, torture réfléchie, pesée, condamnation.
Ce soir, numéro Deux a fait disparaître sur ordre de Mood le corps de Rue ; gamine devenue poids pour le groupe plutôt que plus-value. Avant ça Indie a cogné de ses mains, de ses talons, écrasé, tapé comme les autres dans les côtes et les dents de la victime au sol, parce qu'on ne dit pas non au leader. Elle a serré les mâchoires si fort qu'elle les aurait sûrement entendues grincer si l'air n'était déjà saturé des craquements des os et les cris de la frêle condamnée. Ferme les yeux, lui a durement recommandé son quasi mentor — Quatre ou Scarecrow, comme on l'appelle. C'est qu'elle s'est terrée dans l'ombre d'un tombeau isolé une fois le gang dispersé et le corps jeté dans la tamise, côté sorcier ; s'est autorisée à trembler de tous ses membres, de colère, de révolte, de honte, de tristesse, étouffant ses larmes en se mordant la lippe jusqu'au sang. Et que contre toute attente, il l'a trouvée là. Ferme les yeux, a-t-il répété, et efface son visage de tes pensées. On crève tous un jour, certains plus tôt que d'autres. Tu veux être la prochaine ? Son timbre dur est un rappel à l'ordre. Pleure pas les morts, Mist. Ils en ont fini, eux. Le sort des vivants est le pire. Constat d'enfoiré. Mais quelques heures plus tard, étendue au fond du caveau partagé avec deux autres orphelins en guise de refuge pour la nuit, Indie, songe que Crow n’a pas tort. Des relents fétides d’humus et d’odeurs corporelles saturent l’atmosphère à présent que les torches ont été éteintes ; les parois de terre soutenues par des étais s’ouvrent en arrière sur d’autres tunnels dont on a éteint les torches et qui portent l’écho déformé des sons résonnant dans les autres tombes liées. La gamine a les yeux grands ouverts dans le noir et une angoisse tenace au creux de la gorge, incapable de trouver le sommeil.
Elle enjambe une masse endormie aux ronflements sonores, pour atteindre la sortie. S’arrête au passage pour vérifier que l’autre gosse qu’on leur a collé deux jours plus tôt respire encore — il est si raide et silencieux, dans ce décor morbide et avec son visage creusé, émacié, il a tout d’un macchabée en putréfaction. Le couvercle de pierre plus qu’aux trois quarts fermé au-dessus d’eux rechigne à bouger quand la demi-vélane se hisse sur la pointe des pieds pour le déplacer, mais elle s’engouffre à travers la mince ouverture et à se hisse à l’air libre. Ses articulations craquent de partout à cause de l’humidité automnale, ses yeux picotent d’avoir trop pleuré, un mal de crâne à damner Merlin la travaille et elle ne rêve que d’un bain chaud. Tout va plutôt bien, quoi ; comparé au corps méconnaissable de Rue qui mâche des algues quelque part au fond du fleuve, du moins. Un frisson secoue Indie et elle se glisse entre les sépultures, quittant le refuge d'âmes en perdition qu'est Wuthering Heights Cemetery.
Les rues ne sont jamais tout à fait vides et calmes. Pour se donner bonne conscience, Mist sème sur son passage un nuage de brume qui prend de court les égarés trainant dehors à cette heure indécente. Tandis qu’ils chancèlent à travers la brouillasse, elle les allège des bourses accrochées à leur taille et de tout ce qui peut être attrapé en pince, d’un index et d’un majeur subtilement glissés dans les larges poches des robes de sorciers. Pique même aux mendiants sur son passage le contenu des pots qu’ils ont posés au sol pour la charité des passants. Crow lui foutra sûrement une raclée en ne la trouvant pas à l’aube, alors autant limiter la casse en prétendant être sortie plus tôt spécifiquement pour commencer le boulot. Cela dit, elle espère gratter un festin nocturne, se laver et s’offrir quelques petites heures de sommeil avant de rejoindre le Path pour une nouvelle journée de pillage.
La maison sur laquelle elle jette son dévolu est plus ou moins désertée ; ça s’voit aux courriers et journaux lâchés par les hiboux sur le rebord de l’une des fenêtres, au gazon qui se déploie inégalement, à l’araignée audacieuse qui dentelle son immense toile juste sur la porte d’entrée. Sûrement des sorciers participant à la bataille de Pré-au-Lard. Indie se voûte pour ne pas déchirer son œuvre et s’attaque à la serrure en y concentrant des particules d’eau volées à l’air, qu’elle fait ensuite geler pour briser le verrou ; sa baguette œuvre simultanément à rendre muets d’éventuels sorts d’alarmes. Elle ne connait que deux trois sorts de survie et des sortilèges spécifiques, apanage de voleurs ; les maisons ne sont pas vraiment son domaine d'ailleurs, Crow lui a juste appris le minimum en constatant avec agacement son incapacité à s’endormir au cimetière. Quand elle referme derrière elle, le silence paisible d’un foyer en sommeil étouffe les chansons scandées dans le lointain par quelque buvard désabusé. Indie a la peau hérissée de frissons sous son blouson mouillé. Il fait froid, dedans ; c’est l’aspect négatif quand on squatte une maison vide d’habitants et donc, de feu de cheminée depuis longtemps.
Elle prend ses aises, la gamine. S’enroule dans le jeté du canapé, active la cheminée. Les flammes projettent un jeu de lumières et d’ombres superbe qu’elle ne se lasse jamais d’admirer, élevant ses paumes glacées et ses articulations douloureuses pour que la chaleur les apaise.
C’est l’instinct qui lui souffle qu’elle n’est pas seule — quelque chose ou quelqu’un vient de se poster silencieusement quelque part pour l’observer. Indie prétend n’en rien savoir, se triturant les méninges pour déterminer quelle conduite adopter. C’est sûrement un sorcier sans toit comme elle, ou quelque voleur profitant de l’aubaine. Ce soir, pas de lune. Son hydrokinésie est à son minimum et, à première vue, les réserve d’eau accessible sont très limitées. Le calcul est simple, même s’il l’agace : vaut mieux qu’elle se tire. Mais elle veut savoir… c’est plus fort qu’elle. Peut-être la menace n’est-elle pas terrible et dans ce cas, elle pourrait trancher entre fuir ou faire fuir, en fonction de ce qui se présente, non ? Indie se relève comme si de rien n’était et lâche le jeté au sol, rabat sa capuche sur sa tête avant de contourner le comptoir de la cuisine pour faire couler l’eau, prétendant se servir un verre. Son cœur pulse à un rythme profond et sourd sur lequel se calent ses mouvements calculés, concentrés. Cherchant à discerner ce qui l’a alertée, elle scrute à l’aide de son hydrokinésie la composition de tout ce qui l’entoure.
Là. Un concentré d’approximativement trente, trente-cinq litres d’eau sur pattes se terre à l’orée d’un couloir qu’elle n’a pas encore exploré. Quantité propre à un peu moins de 60kg de viande humaine.
Sitôt qu’elle en a déterminé la position, Mist attaque. Renforce le jet du robinet à son maximum et le fige à un état solide, pics tranchants comme l’acier qui fendent l’air en direction de sa cible. Celui ou celle qu’elle vise se découpe enfin dans la lumière diffuse de la cheminée, mais se déplace assez vite pour éviter ce dont elle le crible — Indiana interrompt la course de ses projectiles avant qu’ils n’atteignent le mur et les redirige ; mais sa réserve en eau n’était que pour l’effet de surprise, puisque trop limitée pour être utilisée à long terme. C’est un homme. Plus grand qu’elle, carrure élancée mais solide — le feu dessine aléatoirement les muscles tendus de ses bras, selon ses mouvements, et si elle ne distingue pas son visage, elle a tôt fait de s’apercevoir qu’il a trop d’expérience pour reculer. Tant pis. De sa seconde main l’adolescente attire à elle un nouveau filet l’eau pour le faire claquer telle une corde et empêcher son adversaire d’avancer ; l’élément claque à toute vitesse, fauchant un vase au passage et l’envoyant s’éclater au sol, qu’il parsème de verre brisé. Elle profite de la diversion pour bondir vers la fenêtre au-dessus de l’évier, mais n’a que le temps de l’ouvrir à la hâte. Il la percute de toute sa masse, la projetant contre le comptoir dont elle se prend le rebord dans la hanche. Le contenu de ses poches pleines se répand par terre et elle jure silencieusement d’avoir largué son butin. La douleur est brève ; Indie a vu bien plus et ne s’en émeut pas, faisant aussitôt volte-face pour répliquer. Le jet continu du robinet lui sert de nouveau d’arme mais cette fois, c’est pour le façonner autour du cou de son agresseur qu’elle en use, cherchant à le déstabiliser pour échapper à sa prise et se jeter à l’extérieur. Mais il refuse de la lâcher. Elle resserre sa prise, il renforce aussitôt la sienne et d’une impulsion sur ses épaules, fait l’arrière de sa tête heurter violemment les placards muraux, une, deux, trois fois. Belle bosse en prévision pour s’assortir aux bleus qu’elle collectionne déjà. L’anneau d’eau retrouve sa forme liquide et s’effondre sur les épaules de son vis-à-vis tandis qu’Indie perd sa prise, et en un instant il la prive de toute possibilité de réplique en plaquant ses paumes contre ses mains, croisant leurs doigts pour l’empêcher de mouvoir les siens.
Indie cesse brusquement de se débattre comme une bête en cage lorsque, à travers ses longues mèches blonde éparpillées sur son visage par ses mouvements saccadés, elle finit par voir l’autre. Et le reconnaît aussitôt. Fangs. Bon sang de merde, c’est vraiment Fangs. Numéro Trois. Dunstan. Plus le rang est élevé, plus tu es polie, l’a prévenue Scarecrow quand il l’a forcée à rejoindre le gang. Well, elle vient de piétiner l’ordre en beauté en s’en prenant à l’un des lieutenants de Mood. Il pourrait la buter là, comme ça, lui briser la nuque et on le féliciterait pour ça. J’savais pas- qu'elle se braque aussitôt, sur la défensive. Les mots meurent à la coupe de ses lèvres sèches, qu'elle humecte nerveusement. C’est la première fois qu’elle le voit de si près. Il a les traits figés par une colère glacée ce soir, mais toujours ce regard dur et distant, le même que le jour où il l’a regardée se faire cogner par Mood, sans broncher. C’est con, c’est pas rationnel, mais elle le déteste pour cette fois-là. Et elle se déteste elle, parce que ce soir, elle a fait comme lui. Elle a regardé crever Rue — damn, elle a même aidé à porter les coups. Elle l’aimait bien, Rue, putain. Elle peut pas gommer son image, il est tatoué sur sa rétine et elle se déteste tellement ; y'a eu d'autre fois et pourtant, c'est toujours aussi éprouvant à encaisser. Le regard choqué d’Indie se fait rageur à cette réminiscence et elle se secoue brusquement pour que Fangs la lâche. Mais une fois libérée, elle n’a juste plus l’énergie de courir. Vers où, de toute façon ? Elle est foutue. Alors elle se penche juste en avant pour s’appuyer sur ses genoux, lessivée. |
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30 SEPT. Une jeune recrue a été mise à mort. Une de plus parmi tant d’autres, dans le lot des plus démunis, ceux qui ont une espérance de vie courte, une date de péremption déjà dépassée, une ossature qui les rend incapables de supporter la cruelle réalité. Ce ne sont que des enfants sauvages livrés à eux-mêmes, qui s’entourent de chaos et survivent dans le malheur – ce même mal qui fait écho aux malheurs logés dans leurs cœurs encore juvéniles. L’innocence, ils l’ont perdue ; égarée, arrachée, assassinée. Ils n’ont personne, pour la plupart et ils le savent très bien qu’ils n’ont que la solitude pour les tenir compagnie alors ils s’accrochent à cette famille, ce concept effrayant et malsain qui fait disparaître les plus faibles. C’est plus un système qu’une véritable famille. On dit qu’ils sont beaucoup trop hardcore, les Shadow Moses, qu’ils n’ont plus que la rage en guise de défense contre l’orage qui sème dans leurs têtes. C’est pas grave, c’est vraiment pas grave parce que les insurgés n’ont plus de couilles et les enfants sauvages prennent la relève ; imprévisibles petites créatures prêtes à tout pour grignoter un peu de vie. Ces enfants sont pourris jusqu’à l’os, ils ont l’horreur dans les yeux, l’odeur putride dans les narines – ils n’ont plus d’innocence. Ils n’ont plus de jeunesse non plus, elle s’est arrêtée le jour où ils ont atterri sur le bitume, les dents se fracassant une par une. Ils l’ont perdue le jour où ils sont devenus membres de la famille. Ils l’ont perdue… ils l’ont perdue irrévocablement. Et ils n’ont, maintenant, qu’une coquille osseuse qui fonctionne et un mental qui a vu tant de choses, tant de choses que quelque chose en eux est mort, aussi – un peu.
Et puis Rue a été jetée à l’eau et Aspen a continué à serrer les dents parce qu’ils ne peuvent rien faire d’autre. C’est la règle, c’est le système, c’est la vie – ils sont déjà pourris. Il est déjà pourri et rien ne pourra changer ce fait, pas même s’il haussait la voix et disait à Mood de reconsidérer sa décision. Parce que c’est la loi de la jungle : kill or be killed. Parce qu’ils ne sont que poussière, Mood y compris.
Ses pas le guident hors du cimetière avec un automatisme presque déroutant, il ne se rend compte qu’il a quitté le QG qu’après s’être retrouvé des mètres plus loin, dans une ruelle déserte. Son corps sait où le mener quand son cerveau se perd dans les pensées qui viennent crocheter le verrou ; ce soir-là, il a encore laissé ses pas le mener où bon leur semble parce qu’il n’a pas pu dire non. Il a juste envie de se terrer dans un trou et d’oublier un instant qu’il existe, que demain, il devra retourner sur les toits, il devra reprendre son job et qu’il ne devra surtout pas faire le deuil d’une recrue parce qu’il y en aura d’autres, des comme ça – des gens, faibles, qui viennent et repartent dans les égouts. Il atterrit dans un quartier résidentiel, se change en chien derrière un buisson et s’avance à quatre pattes sur le trottoir, les ongles raclant le sol au moindre de ses mouvements, unique son aux alentours. La maison qu’il repère n’a aucune lumière allumée ; d’habitude il ferait plus de repérage méticuleux mais il est fatigué, il a envie de poser sa tête sur un foutu oreiller juste pour quelques heures. Et après… et après il retourna dans sa réalité et fera comme si rien ne s’était passé. En entrant par la trappe de chien, il trottine dans la cuisine jusqu’au salon et inspecte aussi l’étage. La maison est vide.
En reprenant sa forme humaine, il rentre dans la première salle de bains qu’il trouve et lance un lumos à l’aide de sa baguette pour regarder son reflet dans le miroir. Les blessures de son dernier combat n’ont pas encore guéri mais elles sont superficielles et guériront dans les prochains jours s’il ne retombe pas dans d’autres combats. Ils sont tous amochés, certains plus que d’autres, certains depuis plus longtemps que d’autres. La jungle. Y’a pas moyen qu’ils survivent sans se prendre quelques coups, la magie étant leur plus gros défaut, ils n’ont que les poings et la hargne comme armes. Et puis, il entend, finalement, du bruit. Là, en bas, quelqu’un vient d’entrer dans la maison. Baguette en mains, Aspen quitte la salle de bains et passe comme une ombre jusqu’aux escaliers mais il ne parvient pas à distinguer la silhouette dans la cuisine ; il quitte sa cachette en sautant à travers la rambarde pour atterrir en bas, au moment où il voit des cristaux foncer vers lui. Mais son pas est plus rapide que la vitesse à laquelle on lui lance les cristaux et – oh, il la voit. Ça l’entrave presque dans une stupeur de trouver Mist, putain de Mist, ici, avec lui, qu’il a failli même se prendre l’un des cristaux en pleine face. Elle invoque un nouveau jet d’eau, la bagarre s’étirant sur de longues minutes alors que ses yeux ne quittent pas le corps de Mist d’une seconde. Elle fixe beaucoup trop le point de cible, ses mains aussi prennent une légère direction à droite ou à gauche selon sa trajectoire – Mist est beaucoup trop prévisible. Manque d’expérience sans doute, parce qu’il a décelé, dès le premier jour quelque chose d’imprévisible qui pourrait être létal si elle le travaillait davantage.
Le combat se transforme en corps à corps quand il l’envoie percuter le comptoir mais elle est hargneuse, elle n’en loupe pas un instant, même de désorientation, pour abdiquer. C’est également ce qu’il avait vu, en elle, ce feu qui brûle dans ses entrailles et qui l’empêche de flancher. Mist a quelque chose qui en ferait un digne soldat de Mood mais ses capacités sont gâchées sous les ordres de Crow. Et puis c’est aussi à ce moment-là qu’elle crée un étau d’eau autour de son cou. Et l’horreur passe dans ses yeux même si la partie rationnelle de son cerveau lui répète qu’il n’est pas dans l’eau, qu’il a les pieds cloués à la terre. Mais c’est plus fort que lui, il resserre sa prise encore plus à mesure que l’étau devient de plus en plus perceptible sur la peau de son cou et d’un geste rapide, il met fin à cette mascarade en lui cognant la tête contre les meubles. Ses mains quittent le corps de Mist et l’eau dégouline sur lui, mouillant complètement son tee-shirt. Et puis ses mains reviennent, l’immobilisent mais elle semble avoir lâché prise, probablement parce qu’elle vient de le reconnaître aussi. « J’savais pas- » Il penche sa tête de côté, par habitude, les sourcils froncés. Qu’est-ce que ça veut dire, qu’elle aurait probablement plié l’échine si elle avait su que c’était un Numéro qu’elle avait comme adversaire ? Ah, right, elle répond aux ordres de Crow et ce crétin de mégalomane aime que ses soldats s’écrasent devant lui. Dans le groupe d’Aspen, la politesse est jetée aux ordures : si quelqu’un a quelque chose à lui dire, Aspen préfère qu’il le fasse sans retenue. L’image d’Ivy et Faith traverse sa mémoire, ses meilleurs éléments ; deux filles qui le considèrent plus comme un soldat que leur lieutenant depuis qu’il a découvert leur secret et a décidé de fermer sa gueule.
Il finit par la relâcher pour de bon, secouant ses cheveux pour faire tomber les gouttes d’eau qui s’y étaient coincées. « Dégage. » Dit-il sèchement, sans même prendre la peine de la regarder, tournant les talons en direction du salon. Il soulève le bas de son tee-shirt mouillé dans l’envie de s'en débarrasser complètement mais ses yeux tombent sur la fenêtre et il aperçoit les stries lumineuses qui passent d’une ruelle à une autre. La BPM, ces connards sont tout près de leur maison. Son instinct réagit avant qu’il ne puisse formuler un mot et il s’élance en direction de la cuisine, attrapant Indiana par la taille et tombant tous les deux par terre, le dos d’Aspen collé au comptoir, leur seul bouclier contre les woo. Indiana est pressée contre lui, la main d'Aspen plaquée sur sa bouche malgré ses tentatives pour le mordre et se libérer de sa poigne. « Les woo », murmure-t-il juste avant qu’une lumière passe au-dessus de leurs têtes. Cette fois-ci, Indiana s’immobilise et il écarte sa main de son visage, sans se préoccuper des traces de dents qu’elle lui a laissées. Le contrôle de la BPM dure plusieurs minutes avant que les woo décident de partir emmerder d’autres squatteurs. Il reste pourtant contre le comptoir, avec Mist sur ses genoux, et c’est quand il est vraiment sûr du départ des woo qu’il remonte ses yeux vers elle, le trouble brouillant ses yeux verts. Et sans même s’en rendre compte, ses propres yeux copient la teinte et passent au vert couleur trouble quelques secondes avant de reprendre leur couleur naturelle. |
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Elle est encore sonnée de la rencontre et des heurts, le sang lui pulse violemment aux tempes et sous le rush d'adrénaline mêlée de frustration et de terreur, son palpitant s'agite telle un animal en cage. Et tout à coup — « Dégage. » Juste ça, juste un mot, suprême dédain qui la renvoie des mois en arrière et qui la fait cringer. Il se détourne et Mist reste un instant sur ses gardes, mais il semble bien que ce soit tout, qu'il la congédie sans même un regard. Le goût métallique sur sa langue se teinte d'amertume et un instant, elle est tentée de relancer l'offensive, parce que son ignorance glaciale la brûle. Mais elle revient à la raison ; c'est sa chance. Qu'attend-elle de plus ? Il aurait pu la liquider sans état d'âme, elle ne s'en tire qu'avec son orgueil blessé. Soit. A mouvements vifs, elle récupère son butin au sol, grappillant chacun des gallions pouvant atténuer l'intensité de la raclée qu'elle se prendra en rentrant, et sécurise d'un nœud la bourse cette fois, avant de la glisser dans sa poche. Elle voudrait s'en aller sans un regard elle aussi et pourtant, le sien ne cesse de glisser dans la direction où s'étire l'ombre du numéro Trois. Fangs est si indifférent — c'est épidermique, pour une raison ou pour une autre, ça l'horripile. Elle n'est pas habituée à ça, Indie. Son quotidien à elle est fait de coups d’œil en biais, constants, d'attention indésirable, intérêt constant, latent, qui répugne et qui flatte tout à la fois mais qui, surtout, rend son entourage relativement manipulable. Bien des fois, elle en a usé pour se sauver la mise, bien avant de compter sur son don et son agilité pour s'enfuir ; Fangs, imperturbable et dur, lui donne la désagréable impression d'être désarmée, vulnérable.
Fuck that.
Mâchoire crispée, paquets en poche, Indie tourne résolument les talons et s'apprête à se barrer par la fenêtre, n'ayant aucune envie de passer à côté de cet enfoiré pour en plus devoir s'embêter à bidouiller les sorts de la porte d'entrée. Elle est à genoux sur la paillasse lorsque des bras l'agrippent par la taille et l'arrachent à son perchoir, sans préavis. C'est par réflexe qu'elle fout un coup de coude en arrière, plante ses dents dans la main qui se plaque sur sa bouche et son nez, les yeux écarquillés par la panique. Ce mytho. Ce putain de mytho ! Il l'a entubée en lui faisant croire qu'elle était sauve, seulement pour l'attaquer par derrière ? ça dure à peine — quelques secondes durant lesquels les pensées se bousculent, chaotiques, tandis qu'ils s'écrasent au sol. Coincée par la prise qu'il exerce sur elle, Indie ferme les yeux en s'attendant à un impact brutal contre le sol, mais non — c'est contre une épaule qu'elle s'écrase, et si ça n'a rien d'agréable, elle n'en échappe pas moins à un choc plus rude. Brève temps mort, presque inexistant, avant qu'elle ne recommence à se débattre. « Les woo », il murmure soudain, et tel un code imparable l'avertissement la fige. La position est inconfortable — elle est affalée en travers d'Aspen, nuque tendue pour que sa tempe ne se retrouve pas pressée contre la clavicule de l'autre, jambe droite repliée dans l'espace restreint qui les sépare de l'angle du comptoir et la seconde coincée entre eux deux, genou enfoncé dans les côtes de Fangs ; elle tente de se déplacer lentement et silencieusement, galère à cause de la pression de fer qu'il raffermit en pensant peut-être qu'elle compte faire quelque chose d'inconsidéré (comme quoi, s'enfuir en hurlant ? Pour qui la prend-il ?). Mais elle parvient enfin à dégager suffisamment son genou pour le pauser au sol, à gauche de son geôlier. Sa cheville est coincée sous elle, contre la cuisse de Fangs, mais déjà le sang circule de nouveau et elle cesse de gigoter. Le visage toujours à moitié recouvert par la paume brûlante de son vis-à-vis, elle lève les yeux pour voir les survoler la lumière des policiers en faction. Les faisceaux lumineux glissent en large de la fenêtre sans s'arrêter. L'espace d'un instant, le temps se suspend, jusqu'à ce que s'éloigne le son des pas, des voix, et les jappements des chiens.
Depuis que la bataille fait rage à Pré-au-Lard, le couvre-feu imposé aux autres zones sorcières implique des tours de garde par les quelques woo renvoyés en arrière pour le maintien de l'ordre, et il n'est plus question de faire montre d'une once de clémence. S'ils sont déjà cruels à la base, les rumeurs disent que les ordres sont désormais de servir un allé simple en salle de torture, quel que soit le crime. Pas le temps de gérer des interrogatoires basiques lorsque chaque sorcier est vu comme un potentiel allié de l'insurrection, envoyé en quête de vivres ou pour de radicaliser des esprits faibles.
Le silence retombe tout à fait et elle finit par s'apercevoir que numéro Trois a cessé de la bâillonner. Il a la tête penchée sur le côté, comme un chiot curieux ; mimétisme de la forme canine dont on le dit friand ? Les prunelles de l'adolescente croisent les siennes, remontent vers les mèches qui s'éclaircissent en se teintant de vert, sombrent dans les iris restés fixés sur elle, chutent sur les lèvres en contrebas et, comme si elle s'était brûlée, Indie bascule volontairement sur la gauche pour s'éloigner. Elle prend appui sur ses bras pour se glisser sur le sol, les yeux plissés par la méfiance mais refusant de se dérober. C'est la première fois qu'elle a toute son attention et c'est déconcertant. Indie inspire et se jette à l'eau. J'comptais pas empiéter sur le territoire des Breaches, qu'elle souffle sur la défensive, sans trop savoir pourquoi elle ne parle pas plus fort. Probablement le contrecoup de la proximité des woo. La dernière fois qu'elle a empiété sur un territoire, c'est Crow qui l'a chopée, et elle s'est retrouvée à manger la poussière aux pieds de Mood avant d'être intégrée au gang, bon gré mal gré. Je cherchais juste un squat pour la nuit. Et pourquoi pas le cimetière ? Elle peut pas dire parce que le fantôme du regard de Rue me tue, elle a pas le droit. Y'a un nouveau gosse dans mon caveau, il- Il quoi ? ronfle, et y'a ce fichu écho ok ? C'est chiant, elle conclut pitoyablement en s'énervant un peu, inutilement, serrant les lèvres avec amertume comme pour le défier de lui ordonner de rentrer. Et puis j'en ai marre de puer la mort. Ton plus léger, épaules qui se haussent négligemment, pour masquer le fait qu'elle cherchait un coin ou se terrer pour fuir l'angoisse et la culpabilité et pour oublier qu'elle se déteste, qu'elle les déteste tous, Mood et ses Numéros et leur engouement pour les passages à tabac. Elle est fatiguée, Indie, trop pour se chercher une nouvelle piaule, risquer de tomber sur un autre type des Breaches, devoir se battre et s'expliquer encore. Elle est fatiguée, elle veut un bain, un lit, confort volé, elle veut oublier combien son monde est dégueulasse. Alors elle joue de son héritage, se mordille la lippe, paupières paresseuses et regard d'en bas, à travers l'écrin de ses cils clairs ; elle déroule le fil des charmes légués par sa mère, de façon un brin expérimentale, avec une maladresse plus attendrissante et craquante que tout à fait ravageuse — elle apprend encore, mais jusqu'à présent ça a toujours suffi. J'peux rester ? Murmure, encore, et ses lèvres pleines s'ourlent d'une moue un peu boudeuse. |
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Il la regarde s’écarter de lui, les membres endoloris à cause de leur position inconfortable, lui-même avait un genou pressé contre ses côtes et se retrouve maintenant avec des traces de dents dans la paume ; la dentition de Mist est étonnamment en bon état et bien taillée, pour une vie dans la rue. Elle est aussi hostile qu’il est méfiant, leurs regards ne cessent de se croiser dans les secondes qui suivent le départ des woo. Good, elle n’est pas inconsciente au point de baisser sa garde même devant un numéro. Mais plus il l’observe, plus sa propre hostilité s’étiole, remplacée par cette même curiosité qui l’avait poussé à demander le nom de cette fille à Fox, quand il l’avait croisée dans le jeu. Mais Aspen ne la comprend pas, cette curiosité, il ne devrait même pas être curieux d’une recrue qui se retrouvera probablement morte dans quelques jours. Surtout qu’elle semble penser qu’il est la pire des pourritures et qu’elle le regarde comme une merde collée à ses chaussures ; ça accentue encore plus son froncement de sourcils qui prennent la même teinte que ses cheveux devenus verts. « J'comptais pas empiéter sur le territoire des Breaches », il arque un sourcil, de nouveau intrigué. Si elle savait à quel point il se talque les aisselles de cette histoire de respect et de règles – fuck the system, Aspen n’en a rien à foutre. « Je cherchais juste un squat pour la nuit. » Il hausse les épaules, le regard glissant sur le côté, finalement quittant ce vert trouble mais c’est plus fort que lui, ses yeux reviennent sur Indie. Elle est belle, malgré les blessures et l’adrénaline qui déforment ses traits – probablement ce qu’il trouve beau, chez elle, et pas uniquement sa bouille que les autres membres du gang commentent. Les filles comme les mecs lui trouvent quelque chose, Aspen n’avait pas vraiment compris ce que c’était, parce qu’il la trouvait tout bonnement ordinaire et fade mais là, sous l’éclat de la nuit, frôlant le danger d’être découverts… il comprend ce qu’ils lui trouvent. Probablement les yeux. « Les autres sont au nord, ils vont rien capter. » Il croise les bras sur son torse, continue à la toiser. « Y'a un nouveau gosse dans mon caveau, il- ronfle, et y'a ce fichu écho ok ? C'est chiant. » Il roule des yeux. « Mets-le KO et il arrêtera de ronfler. »
« Et puis j'en ai marre de puer la mort. » À ça, il ne peut rien répliquer, lui-même sentant probablement aussi mauvais qu’elle. Ils sont tellement habitués, depuis des années, qu’ils ne s’attardent plus sur leur hygiène, au point qu’ils sont capables de se croire au paradis quand ils prennent finalement un bain. Les risques du métier, les rats des villes ne sont pas censés vivre confortablement, non, eux sont voués à trimer dur pour un maigre butin qu’ils vont ensuite redonner à leur patron. La loi de la jungle. Le silence s’étire, après qu’elle ait mentionné sa mauvaise odeur mais plus il fixe son visage, plus il voit le changement étrange qui s’y opère. Ses yeux se froncent davantage parce qu’elle adopte une expression… beaucoup trop étrange. Ce n’est plus joli, il ignore ce qu’elle veut lui faire passer comme message en le regardant de cette façon ; c’est creepy, putain. « J'peux rester ? » Elle le regarde toujours avec cette même expression dont il ne parvient pas à détacher les yeux mais qui le rend encore plus hostile à son égard. « What the fuck is wrong with your face ? » Balance-t-il sans même prendre la peine de murmurer, conscient que les woo sont partis depuis longtemps maintenant. Il hésite même à ajouter you’re ugly mais sa propre expression sert de miroir à ses pensées. « Ouais, tu peux, y’a assez de place dans cette baraque, ajoute-t-il en se relevant complètement et en la regardant de haut. Va te laver d’abord, j’irai après. Tu pues. » Sans lui accorder un autre regard, il s’étire, avant de se mettre à fouiller dans les placards de la cuisine. Il sait qu’elle le fixe, probablement se retenant de lui sauter à la gorge mais quand il met la main sur un paquet de céréales, il oublie même la présence de Mist. La recherche du lait est plus délicate, la maison semble vidée de tous produits laitiers. Il finit par s’affaler sur une chaise, une main plongeant dans le paquet et quand il avale sa première bouchée, il remarque finalement qu’Indie a disparu, le bruit du jet d’eau en fond sonore. |
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« What the fuck is wrong with your face ? » Et sa tonalité trop forte et sèche claque, brise le moment. Indie cligne des yeux, une, deux, trois fois, les mots s'assemblent prennent sens dans son esprit, et le charme s'effondre, verrouillé, hargneusement cloitré en elle-même tandis que le "the fuck is wrong with you !?" flirte à la lisière de ses lèvres, seulement pour être ravalé (de travers). C'est ça, c'est de nouveau là, l'indifférence, teintée de dégoût cette fois. Elle exècre. La honte crépite à ses joues et les rosit, assortie à la vexation dont elle s'étrangle, demi-vélane horrifiée de s'entendre critiquer, confrontée à la rebuffade pour la première fois de sa courte (ou trop longue) vie. Comment ose-t-il ? Ce mec est anormal, elle décide. C'est pas elle le problème, c'est forcément lui. Ouais, tu peux, y’a assez de place dans cette baraque. Va te laver d’abord, j’irai après. Tu pues. Elle aurait pu être soulagée d'être tranquille pour les heures à venir, si elle ne se sentait surtout surtout insultée. Alors elle renifle avec dédain et, faussement sucrée, persiffle de sa voix claire, qui teinte à l'oreille comme du cristal mais ne sait exprimer que le langage sale propre à la rue : Nope, ce parfum d'charogne c'est juste ta gueule qui est trop près d'ton nez. Et puis elle se rappelle brusquement — hiérarchie, numéros, insoumission, correction —, Crow tout en l'entourant de sa sombre attention le lui a ancré dans le crâne à coups de poings à chaque fois qu'elle faisait mine de l'oublier ; alors elle songe m'kay girl, get the hell outta here before he breaks your goddamn neck et se barre dans le couloir menant à l'espace chambre et salle de bains, des fois qu'il prendrait finalement à ce weirdo l'envie de la remettre à sa place.
Elle ne comprend pas son fonctionnement, ça l'agace. Ne parvient pas à déterminer par quel bout le prendre. ça la déstabilise, ce qu'elle déteste. Indie ouvre quelques portes au hasard, tombe sur un garde-manger qui la fait saliver, puis une chambre, et enfin sur la salle d'eau recherchée, et verrouille derrière elle. Elle entre dans la baignoire toute vêtue, ajuste l'eau et ôte lentement ses vêtements en attendant que le jet chauffe. Le tissu colore rapidement le fond du bac, crasse et sang se diluant à ses pieds tandis qu'elle laisse l'eau emporter, simultanément, ses préoccupations. Elle ne veut pas s'agacer à l'encontre de l'autre énergumène alors qu'elle se voit enfin offrir l'opportunité de se détendre, alors elle le chasse de ses pensées. Ses fringues sont savonnées, purgées, puis elle s'applique à en extraire l'eau, appelant à elle les molécules d'hydrogène et d'oxygène liées agglutinées au tissu, jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'humide. Sa tache accomplie, elle envoie le linge en direction du lavabo pour l'étendre plus tard, s'attèle à se frotter elle-même énergiquement et, une fois satisfaite, remplit la baignoire d'eau claire et de sels de bain, jusqu'aux rebords, s'y coulant ensuite avec délice. Ici il n'y a plus de pression, plus d'ordres, il n'y a plus ni Crow ni Mood ni Aspen, seulement elle et cette étendue pure qui l'énergise. Elle s'oublie, Indie, rit des clapotis que font ses doigts à la surface, ajoute des tonnes de savon jusqu'à pouvoir souffler sur d'énormes bulles, retombe en enfance lorsqu'elle brise la surface couverte de mousse immaculée pour se recroqueviller contre le fond en émail. Rue cesse enfin de la talonner lorsqu'elle se laisse happer par son élément comme par une étreinte, réconforter comme par les bras de cette mère qu'elle n'a plus, s'appliquant à rester en apnée jusqu'à ce que ses poumons supplient pour une bouffée d'oxygène. |
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La moitié du paquet gobée, il le traîne avec lui en errant dans le salon, jetant des coups d’œil par les fenêtres, repérant les différentes sorties qui pourraient leur être utiles, si jamais les woo décidaient de revenir. Ou même les proprios, d’ailleurs – intrigué, il passe devant la cheminée et fixe la photo de famille dont les membres le dévisagent. Papa, maman et leurs jumelles aux couettes ; il les toise narquoisement lorsqu’il les voit s’affoler, ne reconnaissant pas cet intrus qui se pavane dans leur maison. Et d’un coup, il enfonce son poing dans le verre, envoyant valser le cadre. Plus de famille belle et souriante qui le dévisage, on le laisse errer sans jugement tel un zonard venu juste pour piller les placards. En relevant la tête en direction des escaliers, il grimace : ça fait une bonne demi-heure qu’elle est dans la salle de bain. Il repose son paquet sur la table, et remonte les marches. Quand il passe devant la porte de la salle de bain, une douce odeur de coquelicots s’en échappe ; il jurerait même avoir vu passer de la mousse rouge sous la porte. « Dépêche », beugle-t-il en donnant un coup de pied sur la porte avant de se diriger vers une autre pièce, les toilettes, pour soulager sa vessie. L’eau continue à couler dans la pièce adjacente et putain, il espère qu’elle ne s’est pas noyée parce que devoir se traîner son corps jusqu’au cimetière ne l’enchante pas vraiment. Il retourne devant la porte, s’y adosse.
Et attend. Attend. Attend. À force de se tenir aussi près de bonnes odeurs et de propreté, il se sent encore plus sale mais Indie n’en sort toujours pas, probablement morte. Il ne comprend pas pourquoi elle met aussi longtemps : tu entres, tu te laves et tu te casses. Quel est le plaisir de se tenir sous le jet d’eau, de s’y plonger entièrement, pendant des heures ? Il donne de nouveaux coups de pied sur la porte, ponctuant ses coups par des mots rageurs : « T’es morte ou quoi ? J’vais pas traîner ton cadavre jusqu’au QG, t’es trop lourde. » Mais toujours pas d’Indie, pire, il a l’impression que les odeurs se sont intensifiées, il voit clairement de la mousse passer à travers la porte et atterrir sur ses chaussures. Définitivement morte. Ou si elle ne l’est pas, il va la tuer lui-même. D’un coup de baguette, il déverrouille la porte et entre dans la pièce beaucoup trop chargée en couleurs ; la mousse vole de tous les côtés, une chaleur étouffante y règne, les nombreuses odeurs florales piquent son nez par manque d’habitude mais il focalise son attention sur la baignoire. Il trouve Indie, oui, sauf qu’elle est plongée dans l’eau, il n’aperçoit que le haut de son crâne et instantanément, ses propres cheveux deviennent blonds quand il s’avance jusqu’à elle. « T’es vraiment morte, huh ? » En se penchant en avant, il passe sa main sous l’aisselle d’Indie et la tire soudainement hors de l’eau, plaçant son visage tout près du sien sans le vouloir. Ses yeux grands ouverts (si verts) le foudroient mais il ne la lâche pas. « Pas encore morte, huh ? » La mousse est partout, dans ses cheveux, sur son visage et surtout sur son corps – et puis le regard d’Aspen glisse sur sa poitrine, à moitié couverte par la mousse mais il remonte ses yeux sur son visage et la relâche dans l’eau avec un grognement. Il fait quelques pas dans la pièce pour ouvrir un placard et en tire quelques serviettes qu’il balance par terre, près de la baignoire avant de reprendre sa position initiale : dans le couloir, adossé à la porte, bras croisés, s’ennuyant à mourir. |
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Crow lui a reproché quantité de fois d'être trop dissipée. Mais on lui donne pas souvent le droit d'avoir 16 ans, à Indie, et quand l'occasion se présente, c'est plus fort qu'elle — elle savoure. Ce sont des richards visiblement, les proprio. Ils ont toutes sortes de produits dont elle ne connait pas trop les marques, mais qui la font sourire de délice lorsqu'elle se penche pour humer les rebords des bouteilles. Plus d'une fois elle vide le bain pour le remplir à nouveau, testant de nouvelles fragrances. Il y a à l'avant un bac où reposent des produits masculins, et à l'arrière de la baignoire un espace réservé à tous ceux des femmes de la maison — c'est eux qu'elle vide consciencieusement, les uns après les autres. Avec leurs senteurs délicates qui la font se sentir humaine à nouveau et girly, même, au point de la faire glousser de satisfaction. Sur ses lèvres, un air sans queue ni tête, sans paroles non plus ; elle chantonne par réflexe mais ne connait pas vraiment de musique, faute d'être une abonnée des concerts ou d'avoir ne serait-ce qu'une radio à portée de main. C'est fou, les gens ne se rendent probablement pas compte ; tout est banal, commun à leurs yeux, mais pour elle qui est toujours privée de tout, un rien est synonyme de luxe.
Son regard émerveillé s'attarde sur les plaies et contusions que l'eau fait disparaître progressivement, après qu'elle l'ait gorgée du contenu d'une énième bouteille dont elle ne sait pas lire l'étiquette. Elle s'en empare quand même et, la tenant à bout de bras, Indie prétend déchiffrer les mots inscrits à l'encre noire, inventant un texte à défaut d'être apte à lire l'ancien. Et puis sans crier gare ça lui fout le blues, de devoir faire semblant, alors elle s'arrête et hésite, mais fléchit : elle approche la bouteille... tente de reconnaître les lettres, épelant avec hésitation. ça lui a toujours semblé incroyablement complexe, la lecture. Ses bases datent d'une éternité et elle a toujours en tête a et bé donnent ab, ce qui est ridicule, really, parce que pourquoi a et bé ne donneraient pas tout bonnement abé ? Et puis ash la nargue, parce qu'il ne dit pas asherbe, bien sûr, on dit herbe, pourtant à quoi bon le foutre là si on ne le prononce pas ? Sans parler de toutes ces lettres qui se ressemblent et se confondent, les m et les n, les p et les b et tous leurs crétins de copains du putain d'alphabet. Nevaeh lui manque tellement dans ces moments-là — elle lisait pas fluidement, sa Neva, mais elle arrivait à lui expliquer un peu tout ça. Elle disait pas èm et a donnent ma, sa jumelle, mais mmm et a donnent ma, et ça avait plus de sens comme ça. De toute façon c'est trop tard maintenant, elle sera bientôt une adulte Indie, et si elle sait toujours pas lire à cet âge, c'est foutu pour elle, right ?
Déprimant, déprimant, déprimant. Pour la peine elle vide de nouveau le bain, mais quand elle tente de le remplir l'eau est glaciale — r.i.p au ballon d'eau chaude. Elle rigole comme une gosse, fait craquer ses doigts. Oh you think you can fuck with me right ? qu'elle menace le robinet marqué de rouge, qui refuse de collaborer. Et tandis que l'eau s'écoule, Mist se concentre pour manipuler la température, l'augmentant à sa guise : à excès. Ses cheveux blonds lui collent aux tempes et la pièce est embuée, les surface des miroirs et fenêtres couvertes d'un voile opaque. Elle se laisse tomber dans l'eau brûlante avec un gros SPLASH, sans trop se soucier de tout tremper autour d'elle. Le robinet coule et coule et coule sans qu'elle ne l'arrête, nuque contre le rebord elle s'amuse à faire flotter des cylindres d'eau, essaye de jongler sur un coup de tête et pousse un léger cri amusé quand tout dégringole et éclabousse copieusement le sol. Finalement, elle se laisse couler à nouveau entre deux eaux et elle pourrait presque s'endormir là, vraiment. Elle somnole, même — mais sa félicité est brusquement interrompue par une main qui lui agrippe le bras et l'extirpe de son cocon liquide.
What the hell ! elle s'exclame, outrée d'avoir été dérangée. Pas encore morte, huh ? Elle lâche un hmpf dubitatif. Why would you care ? Mais probablement qu'elle a pris trop de temps, d'accord. Crow l'aurait buté, si c'était lui : la salle de bain est un vrai bordel, elle se mordille tout à coup la lèvre, coupable, mais troque vite l'expression contre un air effronté. Mais numéro Trois ne fait pas de commentaire. Elle attrape l'une des serviettes qu'il a envoyées sans un regard et s'extirpe du bain tandis qu'il farfouille dans son coin, s'enroule dans le tissu cotonneux en le regardant s'agiter puis quitter la pièce. Indie tire la langue à sa nuque qui s'éloigne. Party pooper, qu'elle chuchote, mais elle récupère quand même ses vêtements pour céder la place. C'est libre. Elle passe sans le regarder, partant droit vers la chambre qu'elle a remarquée un peu plus tôt. ça la tente pas trop d'enfiler de nouveau ses vieilles fringues, même décrassées ; avec un peu de chance le contenu des armoires lui ira ? Elle adore les (si rares) séances d'essayage, Indie, surtout quand la marchandise est gratuite. |
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Elle ne met pas longtemps avant de quitter la salle de bain, entortillée dans une serviette, passant devant lui (il glisse un « souka » sur son passage, plus par habitude) pour s’enfermer dans l’une des chambres à coucher ; il détache son regard de la silhouette qui disparaît et rentre à son tour, verrouillant la porte. Le. Bordel. Qu’elle. A. Foutu. Il y a de l’eau absolument partout, les bulles de savon couleur arc-en-ciel qui flottent çà et là, la mousse couvrant le miroir ; ses chaussures aussi sont trempées, maintenant. Il les enlève d’abord et les dépose sur un radiateur après avoir lancé un sort pour le mettre en marche et se tourne pour de bon vers la baignoire (géante) remplie d’eau. Il prend quand même son courage à deux mains et se déshabille en vitesse avant de renouveler l'eau de la baignoire – elle est froide. Fuck it, il ne s’y allonge même pas, se sentant comme dans un lieu hostile, incapable de se laisser aller dans un bain dont Indie semblait si épanouie pourtant. C’est pas grave, il est habitué aux douches froides et rapides ; il jette un coup d’œil aux nombreux flacons vides tout autour de la baignoire et ses yeux tombent immédiatement sur un qui porte une étiquette française. Son français est incorrect, par manque de pratique, mais il reconnaît certains mots, les souvenirs de sa mère lui enseignant sa langue refont surface. L’odeur n’est pas mauvaise non plus, il décide de s’en mettre dans les cheveux qui retrouvent leur noir de jais naturel, le produit rendant ses mèches inhabituellement plus brillantes et soyeuses – l’odeur lui plaît, bizarrement, et rien que ce fait le dérange, au point qu’il veuille se rincer en vitesse, se frottant le corps avant de sortir.
Une serviette autour de sa taille, il s’approche du miroir dont les traces de mousse ont fini par se dissoudre pour dévoiler un reflet qu’il n’avait pas vu depuis plusieurs mois. Sa peau est toujours aussi foncée mais plus propre maintenant, les traces de suie et de sang disparues. Il s’attarde surtout aux hématomes sur son torse, vieux et nouveaux, superposés les uns aux autres tant les rats des égouts n’ont pas de répit. Il quitte la salle de bain, d’abord en sortant juste sa tête pour inspecter le couloir, histoire d’être sûr que Mist ne traîne pas dans les parages – il entend du bruit en bas de toute façon, mademoiselle a fini de s’habiller (voler les fringues d’une autre – probablement une morte) pour fouiner dans la cuisine. En se glissant dans le couloir, il vérifie chacune des pièces, tombant d’abord dans les chambres des petites filles avant celle des parents ; le paternel aura probablement quelque chose de potable. Ou pas. En fouillant dans les tiroirs, il constate que le bourge est très petit – plus petit que Mylan et il ne pensait pas qu’un jour il trouverait un autre nabot. « Putain », grommelle-t-il en balançant des vêtements en l’air, son massacre masquant celui d’Indie quelques instants plus tôt. Soit il remet ses vieilles fringues pleines de boue et de sang, soit il enfile quelque chose de propre mais petit pour lui. S’il ne sentait pas lui-même le propre il reprendrait sans hésitation ses vêtements mais maintenant… Et putain, c’est quand il se plaint que les miracles arrivent : là, dans une malle enterrée sous d’autres, il tombe sur un tee-shirt large, à peu près à sa taille et un pantalon (qui lui arrive au-dessus des chevilles). Il les enfile, au diable d’avoir un pantalon court, il retournera dans sa tombe plus tard et mettra quelque chose d’autre.
Après être descendu en bas, une nouvelle odeur l’attaque cette fois-ci mais de nourriture fraîche et en train de cuire ; il avance discrètement, pieds nus, les bras croisés sur son torse, les sourcils froncés derrière ses mèches pas complètement séchées. Indie est dos à lui, vêtue d’une tunique bleue qui tombe jusqu’à ses genoux, les mains occupées avec des instruments de cuisine. « Tu prépares quoi ? » Elle semble surprise de l’entendre, se retournant avec une spatule pointée en sa direction. Il arque un sourcil mais ses yeux tombent sur les aliments qu’elle fait flamber dans la poêle ; même en ayant avalé tout le paquet de céréales, ce n’est rien comparé à de la vraie bouffe. Mais c’est probablement empoisonné. |
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Souka. ça lui court le long de l'échine, s'y accroche même lorsqu'elle échappe au regard noir de son compagnon d'infortune.
Ils sont pas spécialement pudiques, les rats du cimetière. ça fait longtemps qu'Indie ne sait plus ce que veut dire intimité, à force de se laver à la va-vite dans l'eau glacée d'une rivière avec trois, quatre autres blaireaux aussi crasseux qu'elle, lorsqu'ils ne supportent plus leur état de saleté au point de trouver le courage de faire rincette en plein air en dépit de l'approche de l'hiver. Elle n'use pas de ses pouvoirs pour réchauffer l'eau dans ces moments-là : c'est inconfortable, même risqué, mais pas question qu'elle se retrouve à jouer le putain de cumulus pour toute la marmaille de Wuthering Heights Cemetery et leur donnant une bonne raison de squatter ses baignades.
En fin d'année l'hygiène passe vraiment à la trappe, pour le Path. Les journées sont plus courtes, alors ils redoublent d'efforts pour rester tout aussi productifs tant que les rues sont occupées (avec la guerre, les gens se méfient tant qu'il se réfugient chez eux dès que l'horizon engloutit le soleil). Et puis, crevés, frigorifiés, ils se blottissent les uns contre les autres pour produire un peu de chaleur, tapis au plus profond de leurs caveaux. Y'en a toujours qui claquent durant les nuits les plus froides. Parfois dans leur sommeil, pour les plus chanceux, parfois au terme de plusieurs nuit de fièvre et de délire. Quand ça traine, Mood exige qu'on euthanasie. Sélection naturelle, qu'il dit, de son ton détaché, quand il fait basculer un corps raide du bout de sa chaussure déchirée avant de claquer des doigts pour que numéro Deux le débarrasse du macchabée.
Alors les pickpockets et les marmots du Path envient les Breaches, durant les fêtes de fin d'année. Parce qu'eux, ils bossent la nuit au lieu de se geler les miches à rester immobiles ; et surtout parce qu'ils pillent des demeures chauffées. Certaines, abandonnées, deviennent même des refuges. Ils peuvent prendre soin d'eux, un peu. C'est pas grand-chose, puisque les membres de Shadow Moses passent toujours plus de temps à courir et à dépouiller la populace qu'à se la couler douce, mais c'est déjà pas mal — c'est pas dans la rue qu'on peut se dégoter une douche ou un pantalon de rechange.
Tandis que numéro Trois occupe la salle de bains, Mist toise la chambre trop rose des gosses pour se réfugier dans celle des parents ; laisse ses doigts glisser sur les portes en bois massif de l'armoire. C'est comme découvrir un trésor et elle reste un instant paumée devant tant de choix, tentée... tellement tentée de s'oublier. Si elle était seule, elle aurait sans doute un peu tout essayé, pour se mentir le temps d'une soirée, même si elle ne s'imagine vraiment pas domestiquée — à vivre tout le temps comme quelqu'un d'honnête, prisonnière du train-train quotidien. C'est juste sympa de temps à autres, mais le balais-boulot-dodo et la routine ne l'attirent pas du tout. Parce qu'elle n'est pas seule, Indie ne s'attarde pas. Pudique peut-être pas, mais elle a l'instinct de survie et c'est pas une bonne chose de sembler girly, quand on évolue au sein d'un gang de gosses mal élevés et autres racailles sans éducation. Les pseudo compliments injurieux constituent un lot quotidien, les regards salaces sont pleinement assumés et les mains se baladent aisément, si on ne réplique pas vite fait d'une bonne droite. Et puis c'est aussi une question de crédibilité. Elle ne peut pas apparaitre devant numéro Trois (ou n'importe quel autre SM à vrai dire) comme une nunuche, on ne la prendrait plus jamais au sérieux après ça. Indiana tire à elle une tunique, prise au pif. C'est confortable, ça ne dessine aucune courbe, pratique. Sa main se referme sur un pantalon en toile et- se suspend. Retombe. Elle se mord la lippe, hésitante. Si c'était quelqu'un d'autre elle ne se poserait même pas la question, enfilerait trois couches de vêtements pour étouffer tout regard lubrique.
Mais le Dunstan ne la regarde même pas anyway (ça la gonfle tellement (qui parle de contradiction ?)).
Ok. No need to overthink it, elle referme l'armoire d'un mouvement brusque sans enfiler de bas et non, c'est pas du tout lié à l'autre emmerdeur. Vraiment pas.
Son estomac gargouille bruyamment, lui donnant une bonne excuse pour penser à autre chose, et elle retourne à la cuisine. Le sol est mouillé là où ils se sont battus, d'un mouvement de poignet un peu négligeant elle sèche le carrelage, puis s'attelle à farfouiller. Avec un peu de chance y'aurait quelque chose de déjà prêt ? ... Ha, évidemment que non. Tout ce qu'elle trouve, c'est un vieux plat gâté, resté là trop longtemps pour que les sorts de conservation lui permettent de tenir encore. Au moins, tout ce qui est au placard est bon, et les viandes et poissons rangés dans la jarre pleine de glace ont l'air impec. Avec un soupire désabusé elle se résigne à se retrousser les manches, même si elle déteste ça, jouer la femme au foyer.
ça devait être ça, sa vie : s'occuper d'une maison. Peut-être bosser en tant que serveuse dans une taverne du coin. Ou faire le ménage dans les boutiques la nuit. Parce qu'elle était trop conne pour mériter Poudlard ou un métier un brin intellectuel, selon la philosophie de son père. ça fait longtemps qu'Indie ne pleure plus à la pensée de son paternel (ce salaud qu'elle aimait pourtant beaucoup trop), de son frère, de sa jumelle, tous disparus. ça fait longtemps qu'elle a appris à cloîtrer les sentiments tout au fond, même si ça la bouffe encore qu'ils l'aient laissée seule. Mais le chaudron et la poêle qu'elle sort claquent un peu trop fort contre le sol quand elle les pose, témoins des émotions refoulées derrière son visage de marbre. Elle accroche le premier dans l'âtre, use de sa baguette pour allumer le feu. Ses mouvements sont maladroits, habitudes perdues qui reviennent par la force des choses, et elle s'applique, le bout de la langue coincée entre les dents. Y'a aucun plaisir, elle déteste vraiment cuisiner, mais elle aime beaucoup trop manger pour accepter de se louper, pour une fois qu'il y a des ingrédients à foison et de quoi avaler un vrai repas. Découpe un peu grossière mais efficace, légumes colorés, sorts mineurs pour accélérer le travail, glace de la viande évaporée pour faciliter la cuisson, ça prend forme vite et bien. Ce n'est pas de l'art, mais quand elle goûte, ajuste le sel et ajoute des épices avant de recouvrir pour laisser le tout cuir tranquillement, elle est assez satisfaite, bien qu'elle n'aime jamais vraiment ce qu'elle prépare. Elle met un moment à s'apercevoir que quelque part entre les coups de couteau et le touillage de sauce, Aspen Dunstan est réapparu dans le décor, avec des vêtements propres, sûrement attiré par l'odeur. « Tu prépares quoi ? » Elle sursaute, passe à deux doigts de lui envoyer l'ustensile à la face, se calme. (Souka. ça la travaille encore — curiosité). Indie serre les dents. J'ai quoi en échange ? Elle ne lui donne pas le temps de rétorquer, annonce ses conditions : Le lit des parents pour la nuit, la moitié du butin de la maison et une réponse. Elle demande beaucoup pour un repas si simple, mais c'est au cas où il déciderait de négocier. Si elle peut rentrer au cimetière les poches pleines, peut-être que Crow acceptera de lui laisser un day off (hm, c'est beau de rêver) et de ne pas trop l'amocher, mais c'est l'élément auquel elle s'attend à devoir renoncer. C'est quoi, souka ? Pas qu'elle ne sache pas, en réalité. Elle ne comprend juste pas comment il connait, lui, avec ses traits d'asiatique et son nom de british (elle comprend pas non plus pourquoi ça roule si bien sur sa langue de clébard, susurré du bout des lèvres d'une façon qui la fait frissonner). Elle ne sait rien de lui, en fait. ça l'intrigue, du coup, même s'il a juste dû apprendre ça dans la rue, puisqu'à défaut d'être instruits ils ont un sacré panel d'injures à leur actif. |
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OUTCAST • all hail the underdogs Aspen Dunstan | Asiana + wild thingsI'm alone, and you're looking for your anyone. Some will die too late, and somebody too soon. Hi, I am just a shape in the shadow of greats. Hi, I am just a voice in the choir of saints. Oh, all the souls that nobody could save and just like a light, we faded away.
« J'ai quoi en échange ? Elle ne met pas beaucoup de temps avant d'imposer ses conditions, la gueuse. Le lit des parents pour la nuit, la moitié du butin de la maison et une réponse. » Il hausse les épaules devant sa liste de conditions ; il se serait attendu à quelque chose d’autre. Comme lui demander de parler en bien d’elle à Mood et lui filer une meilleure position – c’est ce que les gens lui demandent habituellement. Mais non, Indie s’en talque les aisselles, elle exige juste des choses simples. C’est agaçant qu’elle ne soit pas comme tout le monde. « Je m’en branle du lit des parents et pareil du butin. » C’est l’avantage d’être un numéro, il a plus de responsabilités mais les boulots pourris sont relégués aux autres ; Aspen s’occupe du cambriolage, pas juste d’un simple butin d’une maison inconnue. « Qu'est-ce tu voulais m'demander ? » Fait-il, les bras croisés en attendant sa question. « C'est quoi, souka ? » Ses sourcils disparaissent sous les mèches qui lui tombaient sur le front, à cause de la surprise. Et surtout de la curiosité parce qu’elle prononce les consonnes à la russe, sans trop de difficultés ; lui qui a passé des mois à apprendre des insultes russes à ses comparses, ça le surprend qu’elle ait réussi une prononciation correcte dès le premier essai. Peut-être que ce n’est pas son premier essai, justement. Ses sourcils se froncent, il pourrait facilement mentir, dire que c’est quelque chose qu’il a entendu dans la rue – mais c’est un mensonge éhonté puisque de nombreux membres du gang savent qu’il a des origines russes. Erreur de jeunesse, lorsqu’il était arrivé dans le gang : il pensait impressionner ses nouveaux alliés en les insultant en russe mais il a fallu s’expliquer pourquoi et comment un bridé cause russe. Il dément le mensonge en se passant une main dans les cheveux, repoussant mèches mouillées en arrière. « Mon père était russe. » Nivkhe d’origine, qu’il précise mentalement, juste de nationalité russe. « Et toi ? Me fais pas croire que c’est la première fois que tu dis souka. Pochemu ty ne odela bryuki ? » C’est un peu un test pour savoir si ses tripes lui disent la vérité ou si elle a juste eu un coup de chance ; ça serait étrange qu’elle lui réponde en russe. Les langues que son père lui a apprises ont permis à Aspen de tenir le coup toutes ces années ; les berceuses russes, il se les répétait tous les soirs. Une façon de se sentir proche de sa famille, en s’entraînant à pratiquer la langue même s’il parle principalement le familier.
Pourquoi t’as pas mis un pantalon, qu’il lui a demandé, les yeux suivant la silhouette d’Indie quand elle lui tourne le dos, de nouveau occupée avec les ingrédients. C’est un peu inconscient de suivre tous les petits détails qu’il remarque, dans cette petite cuisine étrangère, avec une Indie les jambes découvertes. Les boucles blondes lui tombant dans le dos lui donnent envie de passer ses doigts dedans, d’y démêler les mèches, de passer ses doigts calleux sur son crâne doux pour lui faire tourner la tête – stop, il détourne les yeux, suivant le mouvement de ses mains sur la planche à découper. En quelques pas, il s’approche d’Indie, se tenant derrière elle avec une certaine distance pour ne pas rendre la proximité inconfortable.
En dénouant ses bras, il en fait passer un par-dessus l’épaule d’Indie pour montrer du doigt les poivrons qu’elle découpe, la grimace rendant ses traits juvéniles maintenant qu’il a fait tomber le masque du lieutenant. « J’aime pas les poivrons », crus et cuits, petit il refusait même de manger quoique ce soit ayant été touché par un poivron. Il n’sait pas non plus pourquoi il prend la peine de chipoter, lui qui serait capable d’en bouffer maintenant les yeux fermés. Mais c’est probablement juste une envie de chipoter, d’embêter puérilement Mist, parce qu’il a beau compter dix-neuf années à son actif, parce qu’il a beau être le numéro trois d’un gang, Aspen reste un gamin. Le genre de gamin qui a grandi trop vite et qui retrouve une part juvénile dès qu’on le balance dans un environnement trop familier. Parce que c’est quelque chose qui lui manque – la famille, sa mère malade, son frère disparu, sa famille adoptive… C’est pas évident de toujours porter un numéro quand on est avant tout un être-humain avec des émotions. Il est un peu coincé dans le passé maintenant que ses pieds sont cloués dans le présent, incapable de penser au futur parce que l’espérance de vie des street rats est faible.
Sois utile et mets la table dit soudainement la voix de Heath de ses souvenirs, son frère aîné qui était habitué à préparer le repas, sous le regard émerveillé d’un Aspen aux cheveux arc-en-ciel. Il s’écarte d’Indie et glisse ses yeux sur les différents comptoirs, ouvrant et refermant des portes, jusqu’à mettre la main sur deux assiettes qui feront l’affaire. Les couverts ensuite, il les dépose sur la table sans vraiment les disposer correctement. « C’est quoi ton histoire ? » Qu’il demande soudainement, le dos tourné à Indie. Ce n’est pas la vérité qu’il demande – parce qu’ils ne savent que balancer des mensonges, les rats des égouts. Mais son histoire enjolivée ou pas, quelque chose, ce qu’elle raconte à chaque fois que quelqu’un lui pose la question. C’est récurrent, dans la rue, de se partager des histoires, peu importe si elles sont réelles ou si on les a pas vraiment vécues. L’important c’est de raconter quelque chose, de garder une trace dans le récit ; c’est tout ce qu’ils sont et c’est tout ce qu’ils resteront : des pages déchirées dans un récit mal-écrit. |
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