sujet; (SEPT. 1997) LUNE • Was what I did so wrong that you had to leave me alone ?

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(SEPT. 1997) LUNE • Was what I did so wrong that you had to leave me alone ? - Page 2 Empty
Cornelius Fudge & Ludovic BagmanMake up for the time you wasted. Come slowly. Claim back the boy you left behind and Close the white book. Unplug the brain from the game. It's time to wipe out to the bar get on the fame
Ludo menace très souvent de se tuer. C’est ridicule à dire mais des menaces de se jeter par la fenêtre, il a déjà du en faire mille à Cornelius. Il les hurle à travers la pièce dans toute une diatribe sur Christiane, son infidélité, sa froideur, sa radinerie, bref, c’est noyé dans un flot de parole comme si ce n’était rien. Le plus souvent, d’ailleurs, Cornelius traite ça comme si ce n’était rien. Il le fait avec tout, mais c’est encore plus flagrant lorsqu’il traite les menaces de suicide de son amant avec une petite blague discrète. Ludo ne s’en est jamais véritablement formalisé. Il est bien au-delà de ce genre de considération avec Fudge, et ils savent tous deux qu’il ne le pense jamais, quand il dit ce genre de choses. Ludovic est bien trop amoureux et fasciné par sa propre personne pour oser priver le monde de sa présence.
Il y a cependant quelque chose de proprement terrifiant dans la façon qu’il a de lui murmurer, si simplement ou je me tue. Parce que cette fois-ci, il le pense. Cornelius est là, sous ses yeux, il est la première lumière de sa vie depuis des mois, et sa présence lui fait réaliser, brusquement, à quel point il se sent vide et sec. Il ne veut que lui, à présent, et il sait que sans lui, il ne survivrait pas. Il ne tiendrait pas une semaine de plus sans sa présence, après avoir de nouveau goûté ses lèvres et, surtout, ce sentiment intoxicant et exaltant qui le prend dès qu’il est entre ses doigts. En d’autres circonstances, Ludo aurait été diablement satisfait de sentir la détresse de Cornelius : bien fait, se serait-il dit. Pourtant là maintenant, il a le cœur au bord des lèvres, et il n’a qu’une crainte, c’est d’être de nouveau, pour la centième, millième fois, dédaigné le droit à l’exclusivité. Combien de fois a-t-il demandé, sans succès, à être le seul ? A se débarrasser de Christiane, définitivement ? Il a tenu des années comme ça, Ludo, à n’être que l’amant, toujours persuadé d’être le plus important et de ne pas avoir besoin de ce genre de chose pour savoir qui des deux était le véritable amour de Cornelius. Cela ne l’a jamais empêché d’implorer la séparation, jour après jour, sans jamais faiblir, dans une obsession presque maladie, un désir de possessivité presque absurde.
Jamais, cependant, avant ce jour, n’a-t-il ressenti la nécessité absolue que cet homme n’appartienne qu’à lui, et personne d’autre. Jamais  ne s’est-il véritablement, profondément dit, qu’il ne serait pas capable de vivre sans lui.

« Tu n’es pas au courant ? » Ludo fronce les sourcils. Il ne s’attendait pas à… ce genre de réaction. Qu’il s’énerve. Cornelius n’était pas vraiment le genre d’homme à s’énerver, surtout dans ce genre de situation. Il s’était attendu à du dédain, du mépris, de la condescendance, voire même une ingénue préoccupation mais ce choc-là, non. « Tu t’es aussi peu tenu informé ? » Lentement, Ludo revient de sa joie et de sa fragilité, sentant pointer l’insulte sur ses remarques. En d’autres circonstances, il lui aurait déjà explosé à la figure mais là, il cligne encore les yeux, éberlué de le voir réagir ainsi. Qu’est-ce qu’il a raté de si important ? Son esprit, conditionné, refuse d’accepter ce que l’ancien ministre sous-entend. « Tu es au courant qu’il y a une guerre en Angleterre au moins ?  » … Une quoi ? Mais que se passe-t-il ? Ludo a l’impression qu’on est en train de le plonger sous l’eau, encore, brusquement, et déjà il sent qu’il a du mal à respirer. Il sert les poings pour retenir les tremblements qui commencent à monter alors que Cornelius se redresse et s’éloigne de lui. C’est un cauchemar, il doit se réveiller c’est un cauchemar, c’est un-
« Christiane et moi… avons déjà divorcé Ludo. » rêve ? C’est comme le choc de respirer de nouveau après avoir passé deux minutes sous l’eau dans la cuvette des chiottes sous le large sourire de gosses plus vieux qui jalousent tes talents sur le stade. Ludo papillonne des yeux, abasourdi, sentant déjà un sourire se profiler sur son visage. Son cœur bat à mille à l’heure, il fixe, encore, encore, Cornelius, sans arriver à y croire. Il n’est plus marié. Il l’a espéré durant des années entières, que ce moment arrive et là, et là c’est fait. « Il y a un an, plus ou moins. » Un rire nerveux agite Ludo. Il ne se formalise pas, de comprendre qu’il ne l’a pas fait pour lui. Il sent juste l’adrénaline monter encore, comme une flèche, et l’excitation prendre définitivement le contrôle de son corps alors qu’il comprend que plus personne d’autre ne possède Cornelius à sa place. C’est fini, la chasse est finie, il est enfin arrivé au terminus. La quête est achevé. Il a réussi. Le reste des réflexions de Cornelius n’arrivent pas jusqu’au cerveau de Bagman. Il est au septième ciel.
De toute manière, Ludo s’en moque bien, de l’état de Cornelius, tant que lui a ce qu’il veut.

Lorsque l’autre finit de se plaindre, Ludo éclate de rire, les yeux brillants, alors qu’il recule hors du lit pour se lever. « Wow tu es… tu es vraiment… divorcé. » Le mot lui semble si étranger, maintenant, entre ses lèvres, il rit encore sans avoir l’air d’y croire. Il lance un regard à Cornelius, lui sourit subliment. « Mais pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ? » Il se passe la main dans les cheveux, cherchant encore à digérer l’annonce, les yeux naviguant un peu partout dans la pièce comme pour se reconnecter avec la réalité. Puis, d’un mouvement brusque il regarde de nouveau son invité. L’adrénaline, encore une fois, fait pomper en lui une vague d’énergie. « Mais du coup, rien ne m’empêche de partir ! » Partir. Ce mot, encore, lui semble merveilleusement exotique, et il n’arrive pas à croire lui-même à sa propre situation alors qu’il ouvre brusquement son placard pour en sortir son sac de voyage, qu’il remplit aussitôt avec tout ce qu’il trouve de vêtements et de babioles à l’intérieur de l’espace de rangement. Tout en le faisant, il prend tout de même la peine de répondre : « J’arrive pas à y croire… Mais tu sais faut pas le prendre personnellement hein, j’ai un peu vécu en reclus dernièrement hein. Je n’ai plus de baguette, et je n’ai pas revu Eric depuis six mois, donc j’ai accès à aucune nouvelle, surtout celles du monde magique. Cet imbécile m’a tenu au courant pour ta… situation, mais bien sûr il n’a rien dit sur le mariage. » Il explique tout ça l’air de rien, et c’est tout à coup flagrant que, depuis le début, il n’a pas utilisé la magie un seul instant. Il n’a même plus l’instinct de chercher sa baguette lorsqu’il veut chercher quelque chose, et fait sa valise avec toute l’expertise du moldu qui n’a aucune magie pour plier les vêtements à sa place. Alors qu’il se précipite dans la salle de bain pour récupérer ses affaires de soin, il lance à travers la petite pièce : « Bon du coup, tu m’emmènes où ? On va au resto ? Ton hôtel ? Tu es seul hein, dis-moi que tu es seul sinon je te jure je tape un scandale et je te réserve pour la semaine, le mois, que dis-je, l’année à venir ! » Il rit encore avant de ressurgir, les bras plein qu’il vide dans le sac. Il est fébrile, hyperactif, il ne prête plus vraiment attention à ce qu’il se passe autour de lui : « Oh non ! Non ! Je veux qu’on reste à l’hôtel, qu’on commande du room service. Je veux pouvoir te faire l’amour toute la journée, sans interruption, et manger de nouveau nu en écoutant la radio. » Il le dévore un instant du regard avant de finir de fermer son sac.

« Bon bah je suis prêt. On y va ? »

Il rayonne, de nouveau, le Ludo, droit et fier aux pieds de son sac, plus alerte et vivant qu’il ne l’a été depuis un an ; et sur la table le livre n’a pas bougé ; et dans le tiroir le paquet de cartes reste à sa place.
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