Son père avait frotté son avant-bras toute la soirée avec insistance, et Astoria se doutait bien que quelque chose, quelque part, se passait. Quand elle lui avait demandé ce qui n'allait pas avec sa Marque, et pourquoi il ne rejoignait pas le Seigneur, il s'était contenté de sourire d'un air énigmatique, en disant qu'il avait une autre mission, ailleurs, dont il ne pouvait partager la teneur avec elle. Astoria pensait plutôt qu'il fuyait quelque chose, mais évidemment, elle gardait ses pensées pour elle. Le dîner s'était plutôt bien déroulé, entre conversations inintéressantes et minauderies bien-pensantes. Eirene était restée dormir, le long repas se finissant aux petites heures de la nuit. C'était une nuit paisible de septembre. Rien d'anormal.
La première secousse réveilla Astoria avec brutalité. Elle avait le sommeil léger, depuis son séjour chez les Insurgés. Elle essaya de se convaincre que c'était un rêve — en vain. La seconde secousse la tira de son lit, la troisième faillit la faire tomber parterre. En sortant la tête dans le couloir à l'étage, elle vit le visage tout aussi surpris de sa soeur Daphne et de l'invitée de la soirée, Eirene dans les deux chambres en face de la sienne. “ Vous avez aussi senti ça? ” dit-elle un peu inutilement. La quatrième secousse fit tant trembler les murs qu'un tableau se décrocha et tomba parterre, hurlant au blasphème. “ Est-ce-- ” Une vive lumière rouge tira son ombre sur le sol et Astoria fit volte-face, entrant à nouveau dans sa chambre et courant jusqu'à la fenêtre pour chercher l'origine de la lumière, suivie des deux autres sorcières.
Des dizaines de baguettes levées. La protection blanchâtre filandreuse entourant la propriété Greengrass se défaisant, à un rythme insupportablement lent. Et la peur s'infiltrant dans son coeur. “ J'espère qu'ils vont tomber sur le Filet du Diable. ” Il y a des flammes dans le jardin. Le Filet du Diable.
Machinalement, Astoria tourne la tête vers sa grande soeur. Elle ne sait pas quoi faire de la peur et de l'adrénaline et de la colère et de la peur qui hurlent dans ses veines. Alors sa grande soeur doit avoir la solution, non? “ Qu'est-ce qu'on fait maintenant? ” À savoir: on essaie de fuir, ou on se bat?

Elle a perdu toute notion de temps. Sa baguette tape régulièrement sur le gramophone enchanté où se trouve les enregistrements et elle tape un rythme sur la table basse avec sa main libre, assise par terre devant le sofa de la bibliothèque, une bouteille vide pas loin, elle a l’impression de n’exister que par les notes qui quittent sa bouche. Le showcase est terminé. Les invitées dorment à l’étage, paisiblement, ses parents aussi, il n’y a qu’Alastar pour lui tenir compagnie, qu’Alastar pour l’écouter jouer d’autres morceaux. Sombres, torturés, mal travaillés, bordéliques à souhait. Uniquement des chansons brouillonnes composées depuis deux jours, depuis qu’elle s’enfonce, depuis que Theo a disparu. Elle refuse d’en parler, elle ne fait que chanter, avec sa voix mal assurée et ses sens engourdis. Elle refuse d’en parler, de peur de dire qu’elle s’inflige potion sur potion, faisant descendre le tout avec des doses monstrueuses d’orviétan, dans l’espoir d’accélérer ce que les Mangemorts cherchaient à faire depuis des lustres maintenant, dans l’espoir d’avoir une bribe d’information concernant son fiancé. Elle ne se voit pas expliquer ça. Elle ne se voit pas dire à Alastar combien Theo lui manque, comme un trou dans son âme, comme un froid polaire la heurtant et la rongeant, combien l'inquiétude la ronge jusqu'à la moelle, la rendant folle - littéralement folle, pas quand l’homme qui l’écoute voulait qu’elle s’éloigne de Nott pour des raisons de publicité.

Le showcase est terminé, le diner aussi, la soirée s’est bien passée, de quoi présenter le nouvel acte solo de Night Fury, de quoi la faire bien voir dans les hautes sphères… Elle soupire. Elle n’a pas la moindre idée de l’heure qu’il est. Tard, sans doute. Elle sursaute alors qu’un bruit attire son attention, la dérangeant entre deux chansons, alors qu’elle envisageait de fouiller ses poches à la recherche de quelques cachets pour dreamer. « T’as entendu ? » souffle-t-elle à Alastar, fronçant les sourcils, peinant pour se redresser. Quelque chose lui dit que ce n’était pas les quelques gorilles engagés par l’Irlandais pour assurer la sécurité qui sont responsables du ramdam dehors. Peut-être la présence des lumières, gerbes assurément provoquées par des sortilèges, que l’on voit au loin à travers les hautes fenêtres du manoir. « What the fu… » demande-t-elle avant de se faire interrompre par sa propre surprise. Sur la ligne d’horizon, il y a du feu, du carnage, des ombres qui s’en détachent.

Et soudain, la demeure toute entière tremble comme si la terre cherchait à engouffrer les lieux. Et soudain les vitres cédèrent sous l’onde de choc, envoyant des échardes de verre partout dans la pièce dans un fracas immonde, presque assez pour couvrir la voix d'Aswad Shafiq appelant sa fille, paniqué

Les bombardements avaient déjà commencé, mais personne n'avait encore réussi à pénétrer dans les immenses et luxueuses propriétés des sang purs lorsqu'un transplanage nous amena à Herpo Creek. Ce soir encore j'étais accompagné par une jeune Weasley motivée et pleine de talent qui goûtait sans doute à l'atmosphère fébrile sans aucun plaisir alors que je cherchais une ligne de conduite à adopter. Nous ne pouvions pas sauver tout le monde alors que nous n'étions que deux, certains des riches locataires des environs allaient devoir se débrouiller seuls le temps que nous réussissions à maîtriser la situation ailleurs.

Soudain, je pointais ma baguette vers l'une des maisons dont les défenses, sans doute plus fragile que les autres, venaient de céder sous les cris victorieux d'un groupe de belliqueux.

-Là-bas !

Je commençai alors à courir vers la maison, me dirigeant directement vers l'arrière. Puis que les protections magiques avaient sauté, les barrières physiques n'avaient plus qu'à être escaladées à la moldu pour passer. Ou bien par un moyen plus radical, si on estimait qu'il n'était plus l'heure de respecter les propriétés.

-Bombarda !

La portion de grillage visée explosa à plusieurs mètres de nous et je me précipitais dans la brèche, espérant que Mafalda avait eu le bon sens de me suivre.

-Tu te souviens de ce que je t'ai expliqué sur l'ascencio ?

Je comptais passer directement à l'étage, pas le temps de monter les marches. Une fenêtre cassée de plus ou de moins ne ferait pas la différence de toute façon. Le tout était de bien doser son sortilège pour ne pas finir écrasé au dessus ou en dessous de la fenêtre. Heureusement, c'était un exercice à maîtriser lorsqu'on comptait entrer dans la police magique et il se trouvait que mes notes avaient toujours été excellentes pour ce genre d'activités physico-magiques. J'explosais la fenêtre d'un sort avant de me lancer le premier pour pouvoir réceptionner Mafalda en cas de problème.

Sous-sols du Centuries – Le mépris lui coule presque par les oreilles ; la vélane fait de son mieux pour se montrer polie, et elle y arrive tout juste. Son ton ne trompe personne en vérité. La présence d'Adele Bones la hérisse au plus haut point. Maksim n'était pas disponible et c'est elle qui parle pour lui, ce soir. Tom, l'homme de main en qui elle fait le plus confiance, son bras droit dans beaucoup de situations, fignole les détails de la dernière partie du plan visant à débusquer la taupe du Ministère inflitrée dans leurs rangs. Anastasiya hoche la tête, approuve ce qu'il dit – elle n'écoute que d'une oreille – et garde les yeux baissés sur le parchemin étalé sous ses yeux. Face à elle, Adele ajoute ça et là des broutilles qui auraient pu être oubliées. Elle pousse un soupir, ouvre la bouche, quand – « Excusez-moi de vous interrompre, on vient de m'apprendre que Herpo Creek est attaqué. » Un grand sorcier aux allures d'armoire à glace vient de pénétrer dans le sous-sol protégé du Centuries où a lieu la réunion. Elle hausse un sourcil, dubitative, peu certaine de ce qu'elle doit faire de cette information. Que peut-elle y faire, elle ?

« J'y vais. » La surprise étire les traits de la russe, qui se tourne, choquée, vers Bones. « Excuse-moi ? Tu es folle ma pauvre. Que veux-tu aller faire là-bas ? Jouer à la sauveuse ? » Rire effaré. Elles ont des choses plus importantes à régler ce soir. La répartie ne se fait pas attendre : « Ravie d'apprendre que tu détestes la famille Dolohov à ce point, je ne manquerais pas de le dire à Maksim histoire qu'il arrête cette fixette sur toi et te tue de ses propres mains. » C'est la douche froide. L'orgueil et la fierté de Nastya s'enflamment, piqués à vif, et sapent momentanément son bon sens. Ce n'est pas qu'elle craint ce que peut rapporter Bones à Maksim, mais franchement, pour qui elle se prend, celle-là ? « Très bien, le reste attendra notre retour, dans ce cas. » lance-t-elle. Bones s'éclipse et elle lui emboîte le pas.

Herpo Creek – Le quartier n'est plus qu'un champ de sphères lumineuses et crépitantes : les enchantements érigés autour des propriétés des sorciers de l'Elite sont littéralement en train de se dissoudre sous les sortilèges. Le spectacle aurait quelque chose de majestueux, si elle ne se savait pas aussi exposée. Ça lui fait mal de l'admettre, mais Adele est une sorcière bien plus expérimentée qu'elle ne l'est. Sa magie sorcière à elle comporte encore trop de lacunes.
Elle jette un œil autour d'elle. « Où sommes-nous ? Ce n'est pas chez toi, ici. » fait-elle remarquer. Ce n'est pas chez Maksim non plus, et ça l'emmerde de ne pas savoir où elle a atterri. Comment as-tu pu transplaner ici sans problème ? Une explosion se fait entendre à deux rues de là, et Nastya fronce les sourcils, doigts serrés autour de sa baguette. Elle commence déjà à regretter d'être venue. Ce n'est pas sa guerre.

Ils sont plongés dans une semi-pénombre intimiste et la voix éraillée de Nephtys a quelque chose d'ensorcelant, par-dessus l'accompagnement des instruments magiquement animés et les craquements ténus du bois nourrissant les flammes au creux de l'âtre. Ce sont ses tripes posées sur des accords, c'est de la détresse en pagaille, ce sont des paroles à sens unique qui ne réclament aucune autre réponse qu'une écoute muette. Lorsque l'humaine se manifeste plus qu'il ne peut le tolérer, que les paroles et notes s'entremêlent en un imbroglio trop personnel pour être vendable, Alastar se cloisonne dans ses propres pensées. Rumine en songeant au fait qu'Astoria a refusé d'assister au showcase — refusé son invitation. Sous la façade charmante qu'il a affichée ce soir à l'attention des convives de Nephtys, il est on ne peut plus contrarié. Il est contrarié depuis des jours à vrai dire et ça s'amplifie en dépit de son rictus signature, ça enfle bien qu'il le barricade derrière un professionnalisme à toute épreuve. Comme elle s'applique à le faire.

Puis Nephtys le ramène aux murs lourds de pleines rangées de livres et à l'ambiance calfeutrée de la bibliothèque, lorsqu'elle lui fait miroiter un potentiel. Son regard se fige sur la silhouette de plus en plus chétive d'une Night Fury qui s'étiole et, pour ne pas songer à combien le temps la fane, pour faire taire les alarmes mentales et se complaire dans son refus de s'impliquer dans les tourments incessants de la jeune femme, il se cantonne aux notes et aux lyrics exploitables. Il raisonne rentabilité en néantisant ses cernes et le creux de ses joues, par refus de voir l'enveloppe charnelle plutôt que l'âme de l'artiste.

Jusqu'à ce qu'elle recommence à lui fredonner des mots noirs, lourds de sombres auspices.

Alastar se redresse, traits impassibles mais tension effective ; se lève et piétine pesamment un carré de tapis, devant la cheminée sur laquelle il s'appuie d'une main, verre dans l'autre. Il y a un arrière-goût amer qui le taraude depuis des jours, un quelque chose, une intuition ; l'ombre d'une ode néfaste sur laquelle vibrent les cordes vocales de Nephtys, avec une symbiose telle qu'il en vient à se demander si la disparition de son insipide fiancé en est la seule inspiration. Son don pourrait-il être partiellement responsable, insuffler à son subconscient un surplus d'angoisse ? Pour sa part, il s'est terré deux jours durant en Irlande pour échapper au pressentiment flou, avant que les affaires ne le rappellent en Angleterre. Et lorsqu'un « T’as entendu ? » perplexe s'élève, l'appréhension se loge en lui, pesante comme une chape de plomb, lui soufflant qu'il n'aurait pas dû se laisser attirer dans un traquenard par l'appât du profit. Un instant plus tard le calme apparent explose en milliers d'éclats de verre et il n'a que le temps de se jeter au sol en érigeant un Protego, mais qui n'englobe que partiellement Nephtys — trop éloignée. Il n'y a pas d'accalmie, pas même lorsque les fragments des vitres ont achevé leur course ; des bruits d'explosion raisonnent et la terre gronde sourdement, ébranlée. La porte s'ouvre à grand fracas, laissant entrer des hommes de mains alertés et en attente d'ordres, qu'Alastar distille en se redressant pour rejoindre la brune. Les bris craquent désagréablement sous les semelles de ses souliers hors de prix, c'est agaçant ; mais pas plus que ceux qui se sont plantés dans la chair tendre de Nepthys comme dans du beurre. « Kneen, prends deux hommes avec toi, assurez-vous de maintenir Nyssandra Lestrange hors de danger. » Les mercenaires engoncés pour l'occasion dans leurs complets de prétendus sorciers honorables filent pour les uns vers les étages supérieurs, tandis que les autres se regroupent autour du duo. L'un d'eux soutient Ambroise Moriarty, vraisemblablement blessé à la tempe et à moitié assommé. Sans un regard pour eux Alastar examine l'état de la musicienne, un index sous son menton pour s'assurer qu'aucun projectile tranchant n'ait atteint son visage, sa gorge ou ses poumons. « Intacte », décrète-t-il avec un soulagement palpable en dépit des demi-lunes ensanglantées qui parsèment tout le reste de son corps. Elle le repousse brutalement à ce constat, se relève en blessant un peu plus les plantes de ses pieds nus, et il siffle d'agacement. « Tiens-toi tranquille », assène-t-il en cherchant du regard les souliers qu'elle a abandonnés plus loin, les vidant d'un sort avant de la lâcher devant elle. « McMullen, Milligan les parents. Et vous trois— occupez-vous de Night Fury et du gamin. Ne la perdez de vue sous aucun prétexte. » D'un mouvement de menton il enjoint les deux derniers à le suivre (enfin, à lui faire plus précisément office de boucliers humains). Un prénom tourne en boucle dans son esprit et il voudrait croire qu'il ne s'en soucie qu'à cause de la marque qui y est liée — Astra. L'idée de s'attarder ici sans savoir ce qu'il advient d'elle est affreusement déplaisante. Mais lorsqu'il tente de transplaner, des barrières magiques le clouent sur place : le quartier est verrouillé ou du moins, toute sortie est impossible.

Spoiler:

Bombardements à Herpo Creek. Insurgés. Sorciers innocents en danger. Grosso-modo c'est ça. Grosso-modo elle a été tirée de son lit à trois heures du matin pour prêter main forte à l'Élite. Grosso-modo y a deux mois de ça elle ne se serait même pas reconnue - et pas qu'à cause de ses cheveux blonds. Elle se dit que c'est con. Ouais con, d'aller contre les belliqueux qu'elle a toujours considéré comme des alliés. Les belliqueux qu'elle se serait bien vue rejoindre un jour. Elle a l'impression de trahir ceux d'entre eux avec qui elle a su s'entendre par le passé. Mais l'argumentation de JJ a du sens. Tous les sorciers de l'élite ne méritent pas d'être indistinctement frappés. Elle pense à sa sœur qui a fini ses études. Elle pense à son père et à sa belle-mère. Elle aimerait pas qu'on les éradique sans distinction. Elle ne sait même pas ce qu'ils sont véritablement devenus après sa fuite. Elle préfère ne pas réfléchir à l'impact que celle-ci a eu sur leur réputation, sur leur vie. Ils n'habitent pas à Herpo Creek, a priori ils n'y sont pas. Mais ça n'a pas d'importance, Mafalda a suivi JJ sans hésiter, comme l'acolyte d'un superhéros qui suit la marche sans réfléchir. Et pas que parce qu'elle prend doucement l'habitude. Et pas que parce qu'elle pense lui devoir quelque chose, elle qui squatte sa planque sans la moindre gêne. Mais surtout parce qu'elle commence à se laisser convaincre par sa vision des choses, doucement, sûrement elle voit une alternative à la Renaissance du Phénix. Une alternative aussi à la vie de route qui est son quotidien depuis trop longtemps.

« Là-bas ! » faut qu'elle se concentre pour repérer la maison dont il parle. Dans ses années de cavale et de combats par intermittence elle n'a jamais vu une situation pareille. Ou plutôt, d'habitude ce sont plutôt ses ennemis qui mènent ce genre d'attaque sur des lieux remplis de civils, pas ses amis. Elle court après le jeune homme qui ne tarde pas à faire sauter le grillage à l'arrière de la maison pour s'y infiltrer. « Tu te souviens de ce que je t'ai expliqué sur l'ascencio ? » Elle hoche la tête. À ce niveau-là elle n'a pas changé, elle est toujours attentive à ce qu'on peut lui apprendre. Encore plus même depuis qu'elle est sortie de Poudlard, depuis que les enseignements se font plus rares. Il fait usage du sortilège pour se propulser vers la fenêtre et elle ne peut qu'admirer l'aise avec lequel il réalise son geste, même si ce n'est pas le moment de rester les bras ballants à regarder quelqu'un d'autre agir. Les explosions sont si puissantes, que certaines font même trembler le sous ses pieds. Elle prend une grande inspiration et suit son exemple, ratant son coup de quelques centimètres vers la droite, mais parvenant à attraper la main que JJ lui tend et à passer la fenêtre brisée au préalable. Fun.

Non vraiment, si des gens ne risquaient pas de mourir à foison ce soir-là elle pourrait dire qu'elle s'amuse. Elle balance un lumos à la va-vite en retrouvant son équilibre dans la pièce qui a tout d'une chambre à coucher. Elle se demande qui habite ici et surtout, si ce sont des gens qu'elle va regretter d'aider. « YO Y'A QUELQU'UN ICI ? » Cela lui semble être le moyen le plus efficace de rameuter les civils qu'ils sont censés sauver. Quoique bien sûr, il y ait toujours le risque qu'on les prenne pour des assaillants. 

Spoiler:

Tes pupilles dilatées fixent le liquide pourpre tournoyer et tournoyer encore dans le ballon que tu agites faiblement entre tes doigts. Tu as appris à aimer le vin rouge, malgré toi, et en partie parce que ton oncle t’a enseigné à en apprécier les arômes tantôt fruités, tantôt acres. Tranquillement, tu reposes le verre sur la surface froide, pour t’emparer d’un second que tu remplis dans un mouvement pressé et habile à la fois. « Cadeau de bienvenue de la demeure Rookwood. Merci Augustus. » Un large sourire s’installe sur ton doux visage, alors que tu tends le verre à Abel, installé sur l’une des chaises hautes de cette cuisine que tu ne quittes définitivement plus – n’est-ce pas devenu au fil des ans la seule pièce de vie commune du Manoir ? Ton oncle et son inséparable animal de compagnie (Bacchus) sont de sortie ce soir, d’après ce que tu as pu comprendre de la missive qu’Augy t’a fait parvenir cet après-midi. Alors, ce fut une sacrée évidence lorsque tu invitas ton ami à te raccompagner une fois les festivités achevées, et une plus grande encore lorsqu’il franchit naturellement la porte d’entrée à tes côtés. Abel est assurément un habitué des lieux – si ton oncle savait ce qu’il se passait dans l’aile Est de sa propre maison – , et le rituel d’ouvrir une des bouteilles à plusieurs centaines de gallions d’Augustus s’est installé entre eux. Because I can

La collision des deux verres émet un tintement familier, une douce symphonie. L’orviétan te fait engloutir la moitié du ballon en deux gorgées et…
Abel et toi partagez un regard. Le temps se suspend en l’air. Et ton cœur, déjà accéléré par tout l’excess que tu t’es envoyé dans les narines ce soir, fait un bond dans ta poitrine. Tu tentes d’ouvrir la bouche, mais aucun mot ne te vient. Tu te contentes de fixer ton amant, persuadée que, tant que personne ne parlera, la situation n’existera pas, tu n’auras pas entendu un drôle de vacarme au dehors. Mais Abel se lève, et c’en est assez pour te faire sortir de ta léthargie. Le verre retombe sur le plan de travail dans un tintement qui, lui, te semble désagréable. Avec empressement tu rejoins la fenêtre de l’entrée, et absolument rien depuis que tu vis un quotidien de luxe et d’excès ne t’a préparé à affronter si brutalement la réalité. Des faisceaux blancs se heurtent à la protection magique entourant la propriété Rookwood. « On doit se casser. »  Tu saisis ta baguette négligemment posée sur le guéridon. La protection saute. Tremblement. « On doit se casser maintenant ! » Les arbres de l’allée menant du grillage à la demeure se courbent sous la force de l’explosion magique. Les vitres vibrent, et tu as à peine le temps de te protéger le visage d’une main tremblante que la fenêtre se répand en mille morceaux dans les airs. Tu sens ta paume te lancer, alors que du sang tombe sur le sol.

Terrifiée, tremblante de la tête aux pieds, tu te tournes vers Abel avec une expression décomposée. L’expression de celle qui vivait si loin de la guerre qu’elle en connaissait à peine l’existence. Non, Adelaïde, ce n'est pas ta guerre, et pourtant tu te dois de la vivre.

Il y a le Navitas, pris à l'excès ce soir, qui coule dans ses vaines ; il y a le vin, rouge et chaud qui coule dans sa gorge ; il y a le regard d'Adelaïde qui croise le sien avec une cette étincelle qu'il lui connait bien. Et puis le bruit, lointain et assourdissant à la fois. Et tout d'un coup, Abel sent la vague d'anxiété qui la submerge : L'étincelle dans son regard a disparue, maintenant elle se raccroche au sien dans l'espoir silencieux qu'il continue d'agir comme si rien ne s'était passé, qu'il lui dirait que tout va bien. Mais il sent un frisson lui remonter le long de la colonne vertébrale, incontrôlable. Tout ne va pas bien. Et alors qu'il se lève et contourne la table pour s'approcher de la fenêtre, elle est déjà près de la porte d'entrée pour regarder aussi.

Au dehors c'est comme une tempête d'étoiles fientes. Sauf que ces étoiles là s'écrasent sur les barrières d'Herpo Creek, les fissurant de part en part. Abel sait déjà ce qu'il va se passer. Elles vont éclater comme une fine paroi de verre ; se volatiliser, dévorées par la magie en train de les attaquer. « On doit se casser. On doit se casser maintenant ! » Abel fait un pas dans sa direction. Elle est trop près de la fenêtre il faut qu'elle recule. Il tend une main vers elle. « Ade... » Mais la fenêtre se brise soudain en millier d'éclats de verres qui explosent dans tous les sens, avant qu'il n'ait pu finir sa phrase, avant qu'il n'ait pu l'atteindre.

Instinctivement, il se retourne pour se proteger. Quand il se redresse juste après que toutes les vitres du manoir Rookwood aient explosées avec fracas - il sent qu'un bout de verre lui a entailler l'épaule, mais rien de bien grave-, il croise encore le regard d'Adelaïde, perdu, désemparée, effrayé. En fait elle a tellement peur que c'est difficile à contenir et qu'il n'arrive plus à réfléchir tellement il doit se concentrer pour ne pas céder à sa terreur. Il s'approche d'elle, et attrape ses mains ruisselante de sang. Le cœur d'Adelaïdebat trop vite. Il voudrait la soigner, mais il n'y arrivera pas si elle ne se calme pas. « Calme-toi... » fait il en cherchant sa baguette à sa ceinture. En fait il n'arrivera à rien si elle ne se calme pas. « Adelaïde, il faut que tu te calmes. » Parce que la seule raison pour la-quelle lui est encore à peu près calme c'est grasse au Navitas, mais si elle continue à paniquer comme ça, il ne tiendra pas longtemps. Il pose une main de chaque côté de son visage et plante son regard dans le sien. « Regarde moi, Ade... J'ai besoin que tu te calmes... que tu n'aies pas peur. Tu comprends ?» Mais au fond de lui Albel sait que ce n'est pas fini ; il sait qu'Adelaïde à raison d'avoir peur. Et au loin on entant d'autres éclats de verres brisés, des explosions et un cri qui déchire la nuit.

Le repas s’est bien passé pour une fois. Leur père a été étrangement silencieux, son bras le rappelant souvent à lui. Astoria a remarqué, lui a dit et comme d’habitude, ne se perdant pas son sourire a répondu de la manière la plus sèche possible. Daphne n’a rien dit, même si elle n’est pas d’accord avec le fait qu’il soit en retrait. S’il se passe quelque chose, il est de son devoir d’aller sur le terrain. C’est ce qu’un bon mangemort ferait. Ils ont continué de manger, Hortense animant la conversation en posant des questions à Eirene. C’est une soirée agréable et Daphne se couche confiante. Ses cauchemars l’assaillent comme d’habitude, mais pour une fois, ce n’est pas ça qui la réveille. Son lit a tremblé. Ce n’est pas Archi non plus, il est bien trop petit pour faire autant de mouvement. Elle s’oblige à sortir de son sommeil. Elle tend l’oreille, mais c’est le calme plat pourtant, elle sent une angoisse monter en elle. Daphne se lève au bout de la troisième secousse. Non, ce n’était pas un rêve. Instinctivement, elle prend sa baguette posée sur sa table de chevet et ouvre la porte de sa chambre. Elle tombe nez à nez avec Astoria et Eirene. “ Vous avez aussi senti ça? ” Daphne hoche la tête. “ Est-ce-- ” Elles suivent Astoria dans sa chambre, à la fenêtre. La barrière qui entoure la propriété s’effrite, tombe. L’adrénaline commence à glisser dans les veines de Daphne. Tu sens la férocité du combat, Fox ? Tu sais qu’il est temps. Bats-toi. “ J'espère qu'ils vont tomber sur le Filet du Diable. ” Le feu s’élève donnant tort à sa sœur. “ Qu'est-ce qu'on fait maintenant? ” Battez-vous. Allez, Fox. « On va réveiller maman. Et on les évacue. » les, ça comprend Wyatt aussi. Daphne bouge de nouveau, sort de la chambre de sa sœur et va dans celle de ses parents. Les deux sont déjà levés. Hortense a un air paniqué sur le visage et Wyatt s’affaire. Il s’habille et prend sa baguette. « Tu vas te battre ? » Il ne répond pas et attrape Hortense par le bras. « Prenez votre mère et partez d’ici. » Daphne hoche la tête. Il en est hors de question, elle veut se battre. « On sort maman de là, mais je reviens me battre. Peu importe ce qu’il se passe. » Elle se tourne vers Astoria et Eirene. « Faut que vous vous mettiez en sécurité. » Ils descendent les escaliers du Manoir. Wyatt appelle Dummy qui a pour ordre de faire transplaner ceux qui doivent être mis en sécurité. « Dummy ne peut pas transplaner, Maître Greengrass. » Couine l’elfe. « Une autre magie empêche Dummy de transplaner. » Daphne entend son père jurer alors que tout le manoir s’ébranle de nouveau. La peur commence à s’infiltrer dans le cœur de Daphne. Elle ne veut pas qu’on fasse du mal à sa mère et à Tori et à Eirene. Et ton père ? « Pas le choix, on doit sortir. » Sa mère pourrait être une cible facile, à quoi pense son père ? « Ou on fait diversion. On les attaque pendant que les autres s’enfuient de l’autre côté ? » « Passez par derrière. On s’occupe de devant. » Daphne hoche la tête et intime à sa mère d’obéir. De même avec les deux autres, loin d’elle l’idée de demander si elles veulent se joindre au combat.

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